...
Cher Mabrouck,
Tu vas rire : j'ai failli écrire une critique de ton dernier livre, alors même que je t'avais promis que je ne le ferais pas, que tu n'entendrais jamais parler d'un quelconque avis de ma part au sujet du Petit Malik. Tu vois je ne suis pas très fiable (je te l'ai déjà dit), j'ai quand même failli manquer à ma parole... en fait j'ai même songé une seconde à écrire une critique en forme de lettre pour toi, afin de désamorcer la bombe en te faisant éclater de rire (et sans doute aussi un peu pour que tu me tresses encore quelques couronnes que je ne mérite pas). Et puis bon. Je me suis dit que l'idée était complètement éculée, Federer sait combien de fois ç'a déjà été fait par d'autres.
Cela dit rien à faire, je n'ai quand même pas pu m'empêcher de t'en toucher un mot en particulier. T'avais qu'à écrire un mauvais livre. Ou bien un qui te ressemblait un peu moins, qui m'aurait moins fait me dire que tu avais touché à quelque chose de fort et d'intime à travers cette histoire en apparence légère et enfantine (à ce propos avoue-le : tu espérais bien récupérer un peu du succès de Titeuf, hein ?). C'est vrai qu'on ne se connait pas tant que ça et que tu n'es pas mon meilleur ami écrivain du monde, il n'empêche que j'ai eu le sentiment de beaucoup plus te retrouver dans Le petit Malik - par rapport au Poids d'une âme. Facile à dire (on ne se connaissait carrément pas du tout à l'époque où je n'ai pas critiqué ton premier livre), n'empêche que je le maintiens : dans Le petit Mabrouck (oups désolé : lapsus) je retrouve beaucoup plus le Malik (enfin non : le Mabrouck) de nos échanges, celui qui me fait mourir de rire toutes les deux phrases (et encore je suis sévère), celui dont la fantaisie n'a d'égale que le regard acéré. Tu y donnes l'impression d'être totalement décomplexé en comparaison avec Le poids d'une âme, bon livre à la construction parfois un peu rigide... alors que là, cette fois, on se lâche (ce qui ne signifie pas qu'on fait n'importe quoi... juste qu'on le fait à fond). C'est sans doute parce que je ne suis pas du tout comme ça que j'ai une telle admiration pour les gens qui parviennent à dire des choses fortes et parfois dures tout en conservant leur plus beau sourire, les gens qui réussissent à donner l'impression de manier un humour très bon enfant... alors qu'ils ne se privent pas de balancer ce faisant.
C'est un peu ça que j'ai vu dans Le petit Malik, même si pas que. C'est évidemment et avant tout un roman initiatique souvent très drôle, c'est évidemment et avant tout un livre qui s'avale d'une traite et fait du bien là où il passe (c'est à dire - ne nous y trompons pas - tout près du coeur). Mais c'est également une manière de jeter un regard décalé sur notre société, de la remettre en perspective. A l'heure où l'on est en train de nous pondre une adaptation du vrai petit (tu sais, l'autre là - Nicolas) dont on peut d'ores et déjà être sûr qu'elle sera passéiste, réactionnaire et acclamée par Télérama... Le petit Malik revêt un côté presque salutaire - lui au moins il ressemble vraiment aux enfants d'aujourd'hui et pas au fantasme d'un enfant idéalisé il y a je ne sais combien d'années dans un monde qui ressemble de moins en moins au nôtre. J'ignore si tu as pensé à ça en écrivant ton livre, mais le fait qu'il sorte à ce moment là me parait une heureuse coïncidence.
Voilà plus ou moins ce que je pouvais te dire à presque brûle-pourpoint (en fait je l'ai fini il y a déjà quelques temps, simplement je ne savais pas comment t'en parler). Ne t'inquiète pas : je ne dirai à personne que ton nouveau roman est excellent, extrêmement bien rythmé, inspiré, et susceptible de convertir un nombre considérable de lecteurs au malikisme (cette secte que tu sembles avoir fondée sur Facebook). La qualité et la finesse du Petit Malik, sois en sûr, resteront entre nous. Si d'aventure quelqu'un venait à acheter ce livre par ma faute, je préfère que tu saches que ce sera indépendant de ma volonté et que je ne ferai absolument rien pour qu'il se vende. Une promesse est une promesse.
Bien à toi,
ThomThom
P.S. : pour le baby... je t'attends de pied ferme, Papi.
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Cher Mabrouck,
Tu vas rire : j'ai failli écrire une critique de ton dernier livre, alors même que je t'avais promis que je ne le ferais pas, que tu n'entendrais jamais parler d'un quelconque avis de ma part au sujet du Petit Malik. Tu vois je ne suis pas très fiable (je te l'ai déjà dit), j'ai quand même failli manquer à ma parole... en fait j'ai même songé une seconde à écrire une critique en forme de lettre pour toi, afin de désamorcer la bombe en te faisant éclater de rire (et sans doute aussi un peu pour que tu me tresses encore quelques couronnes que je ne mérite pas). Et puis bon. Je me suis dit que l'idée était complètement éculée, Federer sait combien de fois ç'a déjà été fait par d'autres.
Cela dit rien à faire, je n'ai quand même pas pu m'empêcher de t'en toucher un mot en particulier. T'avais qu'à écrire un mauvais livre. Ou bien un qui te ressemblait un peu moins, qui m'aurait moins fait me dire que tu avais touché à quelque chose de fort et d'intime à travers cette histoire en apparence légère et enfantine (à ce propos avoue-le : tu espérais bien récupérer un peu du succès de Titeuf, hein ?). C'est vrai qu'on ne se connait pas tant que ça et que tu n'es pas mon meilleur ami écrivain du monde, il n'empêche que j'ai eu le sentiment de beaucoup plus te retrouver dans Le petit Malik - par rapport au Poids d'une âme. Facile à dire (on ne se connaissait carrément pas du tout à l'époque où je n'ai pas critiqué ton premier livre), n'empêche que je le maintiens : dans Le petit Mabrouck (oups désolé : lapsus) je retrouve beaucoup plus le Malik (enfin non : le Mabrouck) de nos échanges, celui qui me fait mourir de rire toutes les deux phrases (et encore je suis sévère), celui dont la fantaisie n'a d'égale que le regard acéré. Tu y donnes l'impression d'être totalement décomplexé en comparaison avec Le poids d'une âme, bon livre à la construction parfois un peu rigide... alors que là, cette fois, on se lâche (ce qui ne signifie pas qu'on fait n'importe quoi... juste qu'on le fait à fond). C'est sans doute parce que je ne suis pas du tout comme ça que j'ai une telle admiration pour les gens qui parviennent à dire des choses fortes et parfois dures tout en conservant leur plus beau sourire, les gens qui réussissent à donner l'impression de manier un humour très bon enfant... alors qu'ils ne se privent pas de balancer ce faisant.
C'est un peu ça que j'ai vu dans Le petit Malik, même si pas que. C'est évidemment et avant tout un roman initiatique souvent très drôle, c'est évidemment et avant tout un livre qui s'avale d'une traite et fait du bien là où il passe (c'est à dire - ne nous y trompons pas - tout près du coeur). Mais c'est également une manière de jeter un regard décalé sur notre société, de la remettre en perspective. A l'heure où l'on est en train de nous pondre une adaptation du vrai petit (tu sais, l'autre là - Nicolas) dont on peut d'ores et déjà être sûr qu'elle sera passéiste, réactionnaire et acclamée par Télérama... Le petit Malik revêt un côté presque salutaire - lui au moins il ressemble vraiment aux enfants d'aujourd'hui et pas au fantasme d'un enfant idéalisé il y a je ne sais combien d'années dans un monde qui ressemble de moins en moins au nôtre. J'ignore si tu as pensé à ça en écrivant ton livre, mais le fait qu'il sorte à ce moment là me parait une heureuse coïncidence.
Voilà plus ou moins ce que je pouvais te dire à presque brûle-pourpoint (en fait je l'ai fini il y a déjà quelques temps, simplement je ne savais pas comment t'en parler). Ne t'inquiète pas : je ne dirai à personne que ton nouveau roman est excellent, extrêmement bien rythmé, inspiré, et susceptible de convertir un nombre considérable de lecteurs au malikisme (cette secte que tu sembles avoir fondée sur Facebook). La qualité et la finesse du Petit Malik, sois en sûr, resteront entre nous. Si d'aventure quelqu'un venait à acheter ce livre par ma faute, je préfère que tu saches que ce sera indépendant de ma volonté et que je ne ferai absolument rien pour qu'il se vende. Une promesse est une promesse.
Bien à toi,
ThomThom
P.S. : pour le baby... je t'attends de pied ferme, Papi.
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Hé, je vois que tu as enfin découvert le vrai Dieu. Bravo ! ;-)
RépondreSupprimerOuais... enfin la suprématie de Dieu n'est tout de même plus ce qu'elle était :-)
RépondreSupprimerPfff... encore un livre. Mais ça fait trop mal à la tête !
RépondreSupprimerNon non, pas celui-là, c'est juré !
RépondreSupprimerVoilà un moyen très subtil de mettre fin tout de suite aux éventuelles soupçons de collusion qui pourraient entourer ta crit.. ,enfin ta lett.., enfin ton billet quoi !
RépondreSupprimerLes débats du week-end t'auraient-ils inspiré (ou te connaissant, tu aurais été capable de prévoir la discussion de ce wwek-end, et donc d'écrire dans ce sens à l'avance. Non ?)
En tout cas, il donne envie ce billet, mais je te promets que je ne te balancerai pas ;-)
Y'a des deux :-)
RépondreSupprimerEn fait les débats du week-end n'ont eu aucune influence sur ce billet précis (je l'ai écrit il y a plus d'un mois)... c'est plutôt l'inverse : ils ont fait écho à des questions que je me suis souvent posé. Il se trouve que si je n'ai vraiment jamais cherché à "copiner", les hasards de la vie ont fait que j'ai un certains nombres d'amis ou de copains écrivains, sans doute beaucoup plus que la plupart des blogueurs. Et du coup évidemment, je me suis posé la question même pas des reproches de "collusion"... mais tout simplement de ma propre intégrité, de mon propre regard sur leur travail, de s'il était (ou non) influencé par mes sentiments amicaux. Devais-je parler de leurs livres ou risque d'être suspect y compris vis-à-vis de moi-même ? Et d'un autre côté... les hasards de la vie (encore) ont fait que je possède un blog recevant plusieurs milliers de visites par semaine, ce serait vraiment trop bête si je ne parlais pas de ces livres sous prétextes que les auteurs - qui en plus ne sont pas des stars pouvant de se passer d'une bonne critique de plus - sont des potes (je sais : on dirait du Sarkozy cette phrase :))... bref, je cherche encore aujourd'hui un équilibre forcément branlant... quand je n'aime pas le livre de tel ou tel pote, je n'en parle pas sur le blog. Ma complaisance s'arrête ici. Et j'essaie dans le même ordre idée de ne pas clamer sur tous les toits que je suis pote avec machin ou bidule, sans pour autant m'en cacher lorsque c'est le cas et que tout le monde le sait, tombant dans l'hypocrisie de certains journalistes. C'est l'angle que j'ai choisi pour le dernier Blondel (tout le monde sait qu'on est amis, il commente régulièrement mon blog...) ou pour ce livre-ci (Mabrouck m'ayant fait l'honneur d'écrire sur son blog qu'on était "potes de mails", faire comme-ci c'était n'importe quel écrivain serait prendre les gens pour des cons qu'ils ne sont pas).
(bonne idée, hein, de me lancer sur le sujet ? ;-)
J'avais beaucoup aimé le premier roman de cet auteur ; par contre, j'ignorais totalement qu'il y en avait un second.
RépondreSupprimerBBB.
Merci de cette réponse très claire (et je te rassure, tu es beaucoup plus avancé que sarkozy sur ces questions !).
RépondreSupprimerComme toi, je suis en train de lire le roman d'un auteur avec qui j'ai échangé par mail, et je me demande pour le moment si je dois l'annoncer ou non, et si oui, comment ? Bon, cela ne m'empeche pas de dormir (je suis loin d'avoir un public aussi nombreux que toi ;-) mais il va falloir que je tranche...
BBB. >>> j'ai trouvé qu'on en parlait (hélas) assez peu...
RépondreSupprimerYohan >>> je suppose que ça dépend de la fréquence de l'échange, de ce sur quoi il portait... échanger une dizaine de mails, ce n'est pas pareil qu'en échanger le double, correspondre, ce n'est pas pareil qu'être ami... bon, ensuite il est possible que je sois le seul à voir ces nuances :-))
bah moi je le connais pas Malik, non Mabrouk, enfin je l'ai croisé sur facebook et il me fait rire (c'est pour te déculpabiliser au cas ou je lirai son bouquin !).
RépondreSupprimerJe me suis posé la question des "collusions" forcément (très à la mode ce week end) En fait je n'ai pas beaucoup de copain écrivain mais virtuellement j'en ai croisé quelques uns. J'ai donc tranché avec moi même au moment où j'ai lu le (premier) roman de gaëlle, si j'aime j'en parle, si j'aime pas, silence (comme c'est ce que je fais le plus souvent anyway, ça passe inaperçu chez moi, chez toi évidemment ;-D)
:-)
RépondreSupprimerDe toute façon de nos jours, entre les blogs, Facebook, les rencontres avec les lecteurs... rien n'est plus facile de devenir copain avec un écrivain. On ne va quand même pas les contourner ;-)
Elle est vachement jolie cette lettre.
RépondreSupprimerJe note ce titre. Et hop. (une citation d'Achille Talon est cachée dans ce commentaire... Saurez-vous la retrouver ?)
:-)
Euh... le ":-)" ???
RépondreSupprimer:-D
"et hop" thom, et hop... tss tss tss
RépondreSupprimerThom, j'adore ta critique et je le mets en lien sur mon blog. Comme toi, je n'ai presque pas dit que j'avais aimé Le petit Malik juste quelques allusions...
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