S'ouvrant sur le truc le plus mielleux qu'il ait jamais enregistré ("Ol'55", qui deviendra plus tard un hit des... Eagles - ça ne s'invente pas) et se refermant sur un instrumental navigant entre jazz et country, le premier album d'un Tom Waits alors tout gamin (vingt-quatre ans) n'est ni le plus beau (Nighthawks at the Diner), ni le plus fou (Mule Variations), ni le meilleur (Blue Valentine). C'est même probablement un de ses albums les moins intéressants, simple recueil de chansons parfois jolies ("I Hope I Won't Fall In Love With You", "Virginia Avenue") mais valant plus par la voix déjà grandiose de celui qui allait devenir notre Maître à tous que par leur qualité intrinsèque. C'est dans ces interprétations souvent sur le fil que se retrouve évidemment le plus la patte de Tom Waits, ainsi bien sûr que dans le côté foutraque et inclassable de l'ouvrage - magma jazz / folk / pop que la presse peina alors à étiqueter (comme on la comprend) et qui ne pourrait être éventuellement rapproché que du Tim Buckley "cul entre deux chaises" de Happy Sad (en moins génial et en moins onirique).
Pour le reste... si vous vénérez Waits et ne connaissez pas ce premier opus, mieux vaut bien vous préparer avant même de l'écouter : il s'agit clairement d'un album mineur, un peu lisse parfois en terme de production (c'est l'arrivée de l'indispensable Bones Howe (1), à l'album suivant, qui va changer la donne et emmener Waits dans les sphères qu'on lui connait), dont le principal mérite est de souligner à quel point l'art de l'artiste va évoluer durant les années qui suivront. Car oui : en dehors du fait que certaines chansons sont vraiment charmantes ("Midnight Lullaby", les ballades "Martha" et "Rosie"), Closing Time est un disque intéressant dans la mesure où il montre que la grâce d'un génie inaccessaible n'est pas la seule à intervenir au sein d'une oeuvre : un jeune sonwgriter plutôt doué peut devenir un auteur majeur à force de travail, de persévérance et de courage artistique. Il y a, qualitativement parlant, un gouffre entre Closing Time, disque aussi attachant que dispensable, et The Heart of Saturday Night, excellent album paru seulement un an plus tard. Et entre ce même Closing Time et Nighthawks at the Diner (deux ans après), c'est carrément tout un monde, qu'on entrevoit déjà à l'horizon en 1973, ici avec un "Ice Cream Man" déjanté (le premier vrai grand titre de Tom Waits), là avec un "Little Trip to Heaven" dont l'ambigüité annonce les chefs-d'oeuvre à venir.
Aussi soit : c'est peut-être une réédition dispensable. D'un autre côté qu'aurions-nous dit face à une énième réédition de Swordfishtrombones ou de n'importe quel classique du bonhomme ? Au moins ici, la réédition fait-elle acte de mémoire. C'est suffisamment rare pour être souligné.
Découvrez Tom Waits!
(1) Qui deviendra à partir de The Heart of Saturday Night et jusqu'à Heartattack & Vine (inclus) le producteur fétiche de Tom Waits.
Pour le reste... si vous vénérez Waits et ne connaissez pas ce premier opus, mieux vaut bien vous préparer avant même de l'écouter : il s'agit clairement d'un album mineur, un peu lisse parfois en terme de production (c'est l'arrivée de l'indispensable Bones Howe (1), à l'album suivant, qui va changer la donne et emmener Waits dans les sphères qu'on lui connait), dont le principal mérite est de souligner à quel point l'art de l'artiste va évoluer durant les années qui suivront. Car oui : en dehors du fait que certaines chansons sont vraiment charmantes ("Midnight Lullaby", les ballades "Martha" et "Rosie"), Closing Time est un disque intéressant dans la mesure où il montre que la grâce d'un génie inaccessaible n'est pas la seule à intervenir au sein d'une oeuvre : un jeune sonwgriter plutôt doué peut devenir un auteur majeur à force de travail, de persévérance et de courage artistique. Il y a, qualitativement parlant, un gouffre entre Closing Time, disque aussi attachant que dispensable, et The Heart of Saturday Night, excellent album paru seulement un an plus tard. Et entre ce même Closing Time et Nighthawks at the Diner (deux ans après), c'est carrément tout un monde, qu'on entrevoit déjà à l'horizon en 1973, ici avec un "Ice Cream Man" déjanté (le premier vrai grand titre de Tom Waits), là avec un "Little Trip to Heaven" dont l'ambigüité annonce les chefs-d'oeuvre à venir.
Aussi soit : c'est peut-être une réédition dispensable. D'un autre côté qu'aurions-nous dit face à une énième réédition de Swordfishtrombones ou de n'importe quel classique du bonhomme ? Au moins ici, la réédition fait-elle acte de mémoire. C'est suffisamment rare pour être souligné.
Découvrez Tom Waits!
👍 Closing Time (réédition)
Tom Waits | Asylum, 1973
(1) Qui deviendra à partir de The Heart of Saturday Night et jusqu'à Heartattack & Vine (inclus) le producteur fétiche de Tom Waits.
Par hasard, c'est le premier disque de Waits que j'ai écouté (je ne savais pas que c'était vraiment son premier à lui), et comme je ne connaissais pas les chef-d'oeuvre à venir, j'avais été complètement emballé. Je me revois encore chantant Ol'55 dans ma voiture (qui n'était pas encore une Zaphmobile ;-)
RépondreSupprimerMais c'est vrai que je ne l'écoute que rarement aujourd'hui.
Ah, nostalgie ! Tiens, je vais le réécouter :)
Ca faisait moi aussi très longtemps que je n'avais pas jeté une oreille dessus... d'ailleurs c'est sans doute le seul Tom Waits que je n'écoute pas au moins une ou deux fois par an...
RépondreSupprimerJe le trouve un peu ennuyeux, mais de jolies choses ici ou là, cependant.
RépondreSupprimerBBB.
Mon pauvre Thom, le meilleur Tom Waits c'est bien entendu Swordfishtrombones sans aucune contestation possible.
RépondreSupprimerSinon celui-ci est le Waits que j'écoute le moins, peut être à cause de voix trop claire.
Je ne trouve pas la voix beaucoup plus claire que sur les deux d'après... si ?
RépondreSupprimerPour la contestation, bof... entre un chef d'oeuvre et un autre chef d'oeuvre, ça n'a pas grande importance de toute façon...
Si ça intéresse quelqu'un, il est en écoute sur deezer. Bonne journée, Thomas. H.
RépondreSupprimerInfo précieuse !
RépondreSupprimerJe l'écoute tellement rarement... que je ne m'en souviens même plus ! Faudrait que je m'y remette... mais bon, c'est vrai que Tom Waits a sorti tant d'albums - et tant de grands albums -qu'on pense rarement à Closing Time quand on se dit "je m'écoutreai bien un peu de Tom Waits..."
RépondreSupprimerJe m'écoutreai... pfff....
RépondreSupprimerJe parierai même que beaucoup de gens qui adorent Tom Waits ne l'ont pas...
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