Dans un monde merveilleux, tout le monde connaîtrait The Kingsbury Manx et le groupe de Chappell Hill, Caroline du Nord, serait aussi populaire que MGMT. Car entre nous, dans le genre pop légère et insouciante, The Kingsbury Manx en vaut bien un autre. Voire plusieurs. En fait : n'importe quel groupe pop aimerait avoir sur son dernier album au moins une chanson qui soit aussi bonne qu' "Over the Oeuvre" (second morceau de cette nouvelle livraison).
Hélas, c'est bien malheureux, mais nous ne vivons pas dans un monde merveilleux. Nous vivons même - je pense que vous en conviendrez - dans un monde assez pourri, monde dans lequel bien évidemment personne n'a rien à carrer du groupe de Bill Taylor, de sa pop beatlesienne ou de la qualité extraordinaire de Let You Down (2001) - un des meilleurs albums inconnus de la décennie. Dans ce monde souvent grotesque, les majors versent des larmes de crocodiles sur la diversité musicale perdue, mais elles laissent les quatorze tubes en puissance d'Ascenseur ouvert ! paraître sur un label obscur (Odessa Records) et préfèrent promouvoir des horreurs. Eh oui : bienvenu dans un monde où les bons groupes pop connus ne sont que des exceptions confirmant une règle stupide.
Car rien sur Ascenseur ouvert ! ne justifie vraiment le statut underground et relativement culte du Kingsbury Manx. Objectivement, cet album, soutenu par une promo digne de ce nom, pourrait s'écouler à des millions et des millions d'exemplaires. Sa pop y est racée, bucolique, charmante. Les mélodies sont limpides, la production remarquable de discrète sophistication. Même les textes sont très bons. A l'instar du récent opus d'Elvis Perkins In Derland (en moins magistral, mais tout aussi séduisant), Ascenseur ouvert ! fait partie de ces albums au potentiel fédérateur voire commercial tout à fait convaincant qui ne toucheront que quelques auditeurs égarés, passionnés suivant avec intérêt la carrière du groupe ou auditeurs tombant par hasard sur un extrait ici-même (en fait non, même pas, puisqu'il faudrait pour cela en trouver un extrait...). C'est absurde, c'est même écœurant. Mais c'est comme ça. Les pépites "If You're on the Mend, I'm on the Move" ou "The Whip & The World" semblent condamnées à relever du plaisir solitaire. Dans un pays où Elliott Smith et Iron & Wine (les deux influences majeures de ce disque) sont eux-mêmes relativement confidentiels, cela semble inévitable. Il fut un temps où lorsque Tim Buckley enregistrait des choses aussi subtiles et touchantes que "Minos Maze" on lui reprochait de ne pas assez vendre, alors qu'il vendait trois fois plus que ses équivalents contemporains. Si Buckley publait ses albums aujourd'hui, y aurait-il plus de mille personnes pour les entendre ?...
Quelques titres sur myspace (dont "Walk on the Water" et "Well, Whatever", extraits de cet album)
Hélas, c'est bien malheureux, mais nous ne vivons pas dans un monde merveilleux. Nous vivons même - je pense que vous en conviendrez - dans un monde assez pourri, monde dans lequel bien évidemment personne n'a rien à carrer du groupe de Bill Taylor, de sa pop beatlesienne ou de la qualité extraordinaire de Let You Down (2001) - un des meilleurs albums inconnus de la décennie. Dans ce monde souvent grotesque, les majors versent des larmes de crocodiles sur la diversité musicale perdue, mais elles laissent les quatorze tubes en puissance d'Ascenseur ouvert ! paraître sur un label obscur (Odessa Records) et préfèrent promouvoir des horreurs. Eh oui : bienvenu dans un monde où les bons groupes pop connus ne sont que des exceptions confirmant une règle stupide.
Car rien sur Ascenseur ouvert ! ne justifie vraiment le statut underground et relativement culte du Kingsbury Manx. Objectivement, cet album, soutenu par une promo digne de ce nom, pourrait s'écouler à des millions et des millions d'exemplaires. Sa pop y est racée, bucolique, charmante. Les mélodies sont limpides, la production remarquable de discrète sophistication. Même les textes sont très bons. A l'instar du récent opus d'Elvis Perkins In Derland (en moins magistral, mais tout aussi séduisant), Ascenseur ouvert ! fait partie de ces albums au potentiel fédérateur voire commercial tout à fait convaincant qui ne toucheront que quelques auditeurs égarés, passionnés suivant avec intérêt la carrière du groupe ou auditeurs tombant par hasard sur un extrait ici-même (en fait non, même pas, puisqu'il faudrait pour cela en trouver un extrait...). C'est absurde, c'est même écœurant. Mais c'est comme ça. Les pépites "If You're on the Mend, I'm on the Move" ou "The Whip & The World" semblent condamnées à relever du plaisir solitaire. Dans un pays où Elliott Smith et Iron & Wine (les deux influences majeures de ce disque) sont eux-mêmes relativement confidentiels, cela semble inévitable. Il fut un temps où lorsque Tim Buckley enregistrait des choses aussi subtiles et touchantes que "Minos Maze" on lui reprochait de ne pas assez vendre, alors qu'il vendait trois fois plus que ses équivalents contemporains. Si Buckley publait ses albums aujourd'hui, y aurait-il plus de mille personnes pour les entendre ?...
Quelques titres sur myspace (dont "Walk on the Water" et "Well, Whatever", extraits de cet album)
👍👍 Ascenseur ouvert!
The Kingsbury Max | Odessa Records, 2009
L'ascenseur s'est refermé sur moi. J'écoute l'album en boucle depuis deux semaines. Somptueux !
RépondreSupprimerEt voilà mon Thierry qui vient me faire plaisir en cet ennuyeux lundi matin. Merci :)
RépondreSupprimerPas entendu l'album, mais les titres du space font très envie. Merci ;-)
RépondreSupprimerDe rien :)
RépondreSupprimerTim Buckley serait perdu dans la masse inimaginable de nouveaux disques qui sortent tous les jours comme les Kingsbury Manks et bien d'autres. Trop de disques, pas assez de temps, moins de public pour chaque disque.
RépondreSupprimerElliott Smith n'est pas si confidentiel (Iron & Wine complètement mais c'est un peu normal, musique plus exigeante).
Les KM je trouve qu'ils leur manquent la petite étincelle pour qu'on en parle sur les blogs musicaux noyés dans les nouveautés et qu'ils soient un peu plus connus comme tu le souhaiterais (en même temps, de mémoire, le premier album avait été disque du mois chez R&F c'est même comme ça que je l'ai acheté)(par contre le 2ème est chiant et j'ai arrêté là)(il faudra que j'écoute celui là si j'ai le temps)
J'aime bien cet album. Il demande à être réécouter plusieurs fois, mais pour l'instant, je le trouve plus abouti que les autres, plus touchant, moins inégal, aussi.
RépondreSupprimerBBB.
Ah tiens c'est drôle, je cherchais des critiques de cet album et je suis atterrit ici. Ya pas grand chose à ajouter, un album magnifique comme tous les autres des Kingsbury Manx.
RépondreSupprimerPar contre c'est quoi ce "Let it Snow!" ?? Ca ne serait pas plutôt Let You down par hasard?
KMS >>> d'accord sur Buckley. Sur Elliott Smith... je serais curieux de voir combien d'albums il a vendu en France de son vivant, quand même. Enfin Iron & Wine, musique plus exigeante... c'est pas faux, en même temps Our Endless Numbered Days, à lui seul, contient quand même quelques pépites pop qui ne choqueraient pas ma mère...
RépondreSupprimerBBB. >>> parfaitement d'accord.
Anne >>> c'est marrant... et étonnant, l'article datant d'aujourd'hui, qu'il soit déjà référencé !
Pour Let You Down... tu as évidemment raison, encore un lapsus de ma part. "Let It Snow", c'est ce vieux hit de Sinatra... je me demande d'ailleurs pourquoi mon inconscient a relié les deux. Enfin : à l'époque d'Internet, je trouve ce genre de lapsus presque rassurant, un peu d'humanité dans ce monde de brutes ^^
Thom ? Humain ? AH AH AH !
RépondreSupprimerTrès beau d'après ce que j'entends sur leur MySpace! Et KMS a raison: si Internet nous permet de découvrir des nouvelles musiques, on se rend vite compte qu'il y a tellement de disques à écouter que l'on doit forcément passer sur pas mal de bonnes choses, ce qui est dommage finalement.
RépondreSupprimerSerious Moon >>> :-)
RépondreSupprimerLeroy Brown >>> en même temps faut pas se fier à KMS, il écoute probablement deux fois plus de trucs que nous deux réunis ;-)
"Band on the run" : The Wingsbury Manx ? ^^
RépondreSupprimerTu m'incites à réécouter "Aztec discipline" et "The rise and fall of the south", entendus distraitement il y a quelques années chez un ami...
D'accord avec KMS sur le fait qu'il n'y ait pas vraiment l'étincelle qui en fasse un groupe "essentiel"... mais pas du tout d'accord sur "Let you down" ("let it snow, let it snow" looool), qui est un trèèès bon album ! là-dessus, je te suis, Thom ;-)
Ce qui m'intrigue, et c'était déjà ce qui m'avait fait dresser-froncer les sourcils dans ta chronique de leur 1er album, c'est que tu cherches à insister sur la dimension "pop" du groupe, qui ne me saute pas aux oreilles autant que toi, et ce n'est d'ailleurs pas ce que je cherche quand je les écoute.
Leur musique est certes pétrie de références pop, mais les ingrédients folk, psychédéliques, ou "alt-country" (comme qu'on dit) sont tout aussi importants, et brouillent cette dimension "pop"... C'est quand même bien trop envapé et "à l'ouest", que ce soit les compos ou la production, pour avoir le potentiel commercial que tu veux bien leur donner ("Pageant square" en rotation lourde à la radio ? Eeeeeuh...)(dubitation)
Ce n'est bien évidemment pas du tout un reproche que je leur fais, mais Wilco, au hasard, est infiniment plus pop et "accrocheur", non ? Kingsbury Manx, ça plane, ça vogue, c'est hors du temps... Quand j'avais découvert "Let you down", cet édredon sonore, j'avais vraiment l'impression que le monde s'était arrêté pendant 45 minutes... Et aucun "hook" un peu trop explicite ne m'avait fait atterrir avant ;-)
Ben... je sais pas, oui, sans doute Wilco est-il parfois plus pop. Et Adam Green aussi. Et Whiskeytown parfois plus rock... ce n'est pas ce qui catapulte automatiquement The Kingsbury Manx dans la catégorie alt-country. Encore, dans le premier, soit, il y a une influence folk vraiment patente... dans celui-ci, j'entends surtout les mélodies les plus suaves d'Elliott Smith ou les musiques les plus champêtre des Beatles...
RépondreSupprimeradam green c'est pas pop, c'est juste mauvais ^^
RépondreSupprimeren tout cas l'album que j'ai écouté, et je me suis forcé, et je doute de renouveler l'expérience avec un autre :-/
C'était lequel ? Parce que bon... je veux bien qu'on tresse des couronnes à Julie Doiron (elle le mérite), mais quand on écoute son dernier album, difficile de ne pas penser à... Adam Green, Kimya Dawson, bref toute la bande des Moldy Peaches...
RépondreSupprimerQuand même Friends of mine est très très bien. Par contre les suivants sont de pire en pire.
RépondreSupprimerUn p'tit Meat Puppets cuvée 2009 !? Comme d'habitude ... ;-)
RépondreSupprimergreen, ça doit être sixes & sevens, le dernier paru, qu'est-ce que j'ai pu me faire chier dans ce disque, mais alors à un point...
RépondreSupprimeret quand il a sorti son 1er disque, julie doiron en était déjà à son 6e LP :-)
KMS >>> tout à fait d'accord sur Friends of Mine.
RépondreSupprimerThierry >>> merci :)
Arbobo >>> et alors ? Quand Bowie a sorti Outside c'était son 18e, ça n'empêche qu'il était fortement influencé par Tricky et NIN :-) Ce n'est pas faire offense à Julie Doiron que de dire que sur son dernier album elle puise une bonne part de son inspiration chez les antifolkeux new-yorkais qui ont émergés au début des années 2000, c'est comme ça, point. Tout ce qui compte c'est que l'album soit bon (et il l'est, il est même très bon) ^^
Adam Green s'est un peu perdu en chemin (je crois qu'il est un peu fou), mais les deux premiers sont effectivement géniaux (j'aime moins l'album des Moldy). C'est vrai que le dernier Doiron (comme Woke myself up avant lui) a un côté Kimya Dawson (plus que Green) et qu'on ne peut pas trop le retourner dans l'autre sens (parce qu'avant Kimya, personne ne sonnait Kimya, alors que depuis, enfin suivez mon regard). C'est en tout cas un fort bel album (celui de Doiron hein, pas celui de Kimya qui apparemment a renoncé à faire de la musique pour quelqu'un d'autre que son gosse).
RépondreSupprimerJe n'aime pas écouté Alphabutt, en fait. Mais de la musique pour enfants c'était pas déjà ce qu'elle faisait avant ? :-)
RépondreSupprimer"Je n'ai même pas"... pfffiou...
RépondreSupprimerFaut aimer, quoi. Moi je préférais quand ses comptines étaient quand même plus vicieuses (à la façon de celles de Doiron sur son dernier justement).
RépondreSupprimer"Je n'aime pas" est une contradiction de "Je n'ai même pas" ! J'apprends de ces trucs, sur le Golb...
RépondreSupprimerJe ne sais pas si "vicieuse" est vraiment le bon mot pour qualifier la musique de Kimya Dawson...
RépondreSupprimerDu coup je suis en train d'écouter Alphabutt... ben c'est du Kimya Dawson avec des enfants pour les choeurs, quoi...
Au fait, Serious Moon , par "suivez mon regard"... tu pensais à qui ? Soko ? :-)
RépondreSupprimerA part le deuxième album - un peu en dedans - les albums de Kingsbury Manx sont des merveilles et des joyaux pop américains (dans le sens altcountry de Midlake (version 2°album)) et sont magistraux.
RépondreSupprimerOui, ils méritent une meilleure distribution quand on sait qu'ils ont justement commencé par être distribués sur une major !
non, le monde ne tourne pas rond.
> "par "suivez mon regard"... tu pensais à qui ? Soko ? :-)"
RépondreSupprimerPar exemple.
Yosemite >>> c'est vrai qu'ils avaient commencé par la case major... encore pire...
RépondreSupprimerSerious Moon >>> c'est sûr qu'en ce qui la concerne elle s'est pas foulé. Paraîtrait que le cours du papier calque ne connaît pas la crise...
Excellente vanne!
RépondreSupprimerMusicalement ça ne vaut rien. Bon, Kimya Dawson non plus, mais elle a un univers propre et une singularité que ce vulgaire décalcomanie n'aura jamais.
Le pire étant qu'elle ait pu bénéficier d'un buzz énorme louant l'originalité de sa musique, ça fait quand même de la peine pour l'artiste originale, qui elle continue à n'intéresser que quelques passionnés en France.
RépondreSupprimerCa, c'est de la morgue ! Laisse-moi deviner : c'est ton ex et elle t'a brisé le coeur ? :-D
RépondreSupprimerCa aurait pu, mais non :)
RépondreSupprimernon, pas "encore pire"
RépondreSupprimeril y a 10 ans, ces gens-là faisaient donc encore leur travail (surtout chez EMI avec Labels ou Delabel)...
C'est maintenant que Kingsbury Manx devrait être encore dans les circuits...
Mais bien sûr, pour squeezer tous les inefficaces et vilains intermédiaires, Internet permet de commander l'album directement chez Odessa pour la modique somme de 12$ + frais de ports : en gros, 15€ pour nourrir l'artiste et son "mécène"... c'est pas mal !
(c'est vrai que le vinyle est un peu plus cher mais ne boudons pas notre plaisir !)
Je découvre à l'occasion de cet article un groupe que apparemment tout le monde connait (mais j'étais jeune, moi, en 2000)... en tout cas j'aime beaucoup, merci pour l'article. A+
RépondreSupprimerYosemite >>> c'est vrai que quand on parlait de retour au mécénat...
RépondreSupprimerEL-JAM >>> You're welcome !
maintenant, il ne nous reste plus qu'à créer le buzz internet autour de KM et ils finiront par être distribués... et on râlera car ils seront distribués ! ^^
RépondreSupprimerça me fait penser à cet excellent groupe lyonnais :
http://www.myspace.com/selarmusic
Bonne écoute !
Bah oui, évidemment qu'on va râler après, sans quoi on ne serait pas de vrais snobs :-)
RépondreSupprimerJe vais aller écouter ça. Au risque que je dise plus tard, quand ils seront connus, que rien ne vaut leur premier EP autoproduit ;-)
Quand je pense que le 4ème album autoproduit va bientôt sortir et qu'ils méritent la gloire...
RépondreSupprimerje ris !
^^ (comme dirait GT)
Je m'inscris en faux ! A l'origine, c'est Arbobo qui nous a contaminé avec ses "^^" !
RépondreSupprimerau temps pour moi
RépondreSupprimer^^