Soyons franc : la première écoute du nouvel opus des Horrors a de quoi perturber. Où est passé notre petit groupe trash, celui qui éructait sur Strange House (voir cette sélection) à la façon d'un Birthday Party revisité par les Dolls et les comic-books ? Ces affreux garçons qui terrorisèrent la prude Albion avec un clip censuré ("Gloves"), nous enchantèrent via un single sanguinolent ("Sheena Is a Parasite"), pour au final rester dans les mémoires comme l'un des collectifs les plus talentueux et prometteurs apparus ces dernières années ? Devant le marasme évident du revival rock'n'roll, c'est en lui que nous avions placé la plupart de nos espoirs... et le moins qu'on puisse dire à la première écoute de cet opus c'est qu'on peut être inquiet...
Il y avait pourtant de quoi être aguiché : un somptueux single de plus de sept minutes ravivant des souvenirs magazinesques longtemps refoulés ("Sea within a Sea") ; un producteur pour le moins inattendu tant dans ce rôle que sur ce genre de disque (Geoff Barrow, de Portishead)... n'empêche que dès les premières notes de "Mirror's Image", on est pour le moins secoué : c'est comme si les Horrors s'étaient savamment appliqués à virer de leur musique tout ce qu'on aimait dedans. Son côté frappadingue, sa brutalité classe, son anticonformisme. En 2007, ils étaient un gang de bébés monstres seuls sur leur créneau. Deux ans plus tard, on les jurerait devenus des ados tentant de s'inscruster dans une teuf à laquelle Interpol, Editors et les Killers ne les ont pas invités. Et il faut attendre le cinquième titre (et quel titre !), "New Ice Age", pour retrouver ce chant bravache et sarcastique sur nappes de guitares crades que l'on avait adoré sur Strange House.
Alors quoi ? En quête de respectabilité, nos Horrors ? Les bouffons du revival post-punk rêvaient-ils donc secrètement de faire la première d'Interpol ?
Ni l'un ni l'autre, ou bien les deux à la fois. Si comparaison avec Interpol il y a, c'est finalement en terme de gestion de carrière : les new-yorkais aussi, après un premier album unaniment acclamé par la critique, avaient embrayés sur le languide Antics et considérablement déstabilisé. C'est ce même chemin boueux que semblent avoir décidé d'emprunter les Horrors, proposant un second opus si radicalement différent du précédent qu'il conviendrait presque de l'appréhender comme un debut-album. Du coup, si durant les premières écoutes ont oscille en permanence entre l'intérêt et le rejet, force est d'admettre qu'on finit par craquer. Oui : Primary Colours, ne fût-ce que par son titre, se révèle nettement plus raccord avec la new-wave ou assimilé trustant les ondes depuis cinq ans. Mais l'idée semble moins de racoler sur les terre des Killers que de leur faire la nique avec le sourire - et dans le genre on ne peut nier que le sardonique "Who Can Say" soit une réponse persuasive.
Car si Primary Colours se veut sans doute plus dans l'air du temps (on pourrait difficilement prétendre le contraire), il ne se veut pas pour autant commercial ni putassier... cela dit si l'on avait été plus attentif le simple fait que Barrow y ait accolé son nom était en soi une garantie d'intégrité. En fait, plus on l'écoute plus on se rend compte de son incroyable richesse et de son impressionnant niveau d'ambition. S'il disposait d'un seul avantage sur son prédécesseur (et à vrai dire il est loin d'en avoir si peu), ce serait à coup sûr sa densité : quelques claviers eighties d'assez mauvais goût (donc très raccords avec l'esprit gothico-kitsch du groupe) ne suffisent pas à masquer la qualités d'arrangements souvent inspirés ("Three Decades", "Scarlet Fields") et des audaces de productions comme on voit assez rarement (sinon jamais) dans le genre ("I Only Think of You"). Rarement new-wave aura été si remarquablement produite, et rarement disque estampillé revival aura autant apporté au genre qu'il entend ressusciter (littéralement). Au point qu'on en oublierait presque de rappeler un élément pourtant un tout petit peu important : le répertoire de ce disque est tout simplement fantastique. Les Horrors parviennent à trousser des chansons encore plus exceptionnelles que par le passé. Il ne faudrait pas non plus trop idéaliser Strange House, même s'il est installé avec le temps : ce premier jet, assez linéaire, ne renfermait finalement que trois ou quatre grandes chansons, avec beaucoup de bruit autour. Primary Colours, lui, ne referme que des morceaux exceptionnels. Entre Depeche Mode trash et Nick Cave des débuts. "I Can't Control Myself", "Mirror's Image", "Sea Within a Sea"... sont autant de bonnes raisons de renvoyer les Editors à leur bac à sable. Rien que ça mériterait déjà le respect. Alors si en plus le disque tient la distance...
Il y avait pourtant de quoi être aguiché : un somptueux single de plus de sept minutes ravivant des souvenirs magazinesques longtemps refoulés ("Sea within a Sea") ; un producteur pour le moins inattendu tant dans ce rôle que sur ce genre de disque (Geoff Barrow, de Portishead)... n'empêche que dès les premières notes de "Mirror's Image", on est pour le moins secoué : c'est comme si les Horrors s'étaient savamment appliqués à virer de leur musique tout ce qu'on aimait dedans. Son côté frappadingue, sa brutalité classe, son anticonformisme. En 2007, ils étaient un gang de bébés monstres seuls sur leur créneau. Deux ans plus tard, on les jurerait devenus des ados tentant de s'inscruster dans une teuf à laquelle Interpol, Editors et les Killers ne les ont pas invités. Et il faut attendre le cinquième titre (et quel titre !), "New Ice Age", pour retrouver ce chant bravache et sarcastique sur nappes de guitares crades que l'on avait adoré sur Strange House.
Alors quoi ? En quête de respectabilité, nos Horrors ? Les bouffons du revival post-punk rêvaient-ils donc secrètement de faire la première d'Interpol ?
Ni l'un ni l'autre, ou bien les deux à la fois. Si comparaison avec Interpol il y a, c'est finalement en terme de gestion de carrière : les new-yorkais aussi, après un premier album unaniment acclamé par la critique, avaient embrayés sur le languide Antics et considérablement déstabilisé. C'est ce même chemin boueux que semblent avoir décidé d'emprunter les Horrors, proposant un second opus si radicalement différent du précédent qu'il conviendrait presque de l'appréhender comme un debut-album. Du coup, si durant les premières écoutes ont oscille en permanence entre l'intérêt et le rejet, force est d'admettre qu'on finit par craquer. Oui : Primary Colours, ne fût-ce que par son titre, se révèle nettement plus raccord avec la new-wave ou assimilé trustant les ondes depuis cinq ans. Mais l'idée semble moins de racoler sur les terre des Killers que de leur faire la nique avec le sourire - et dans le genre on ne peut nier que le sardonique "Who Can Say" soit une réponse persuasive.
Car si Primary Colours se veut sans doute plus dans l'air du temps (on pourrait difficilement prétendre le contraire), il ne se veut pas pour autant commercial ni putassier... cela dit si l'on avait été plus attentif le simple fait que Barrow y ait accolé son nom était en soi une garantie d'intégrité. En fait, plus on l'écoute plus on se rend compte de son incroyable richesse et de son impressionnant niveau d'ambition. S'il disposait d'un seul avantage sur son prédécesseur (et à vrai dire il est loin d'en avoir si peu), ce serait à coup sûr sa densité : quelques claviers eighties d'assez mauvais goût (donc très raccords avec l'esprit gothico-kitsch du groupe) ne suffisent pas à masquer la qualités d'arrangements souvent inspirés ("Three Decades", "Scarlet Fields") et des audaces de productions comme on voit assez rarement (sinon jamais) dans le genre ("I Only Think of You"). Rarement new-wave aura été si remarquablement produite, et rarement disque estampillé revival aura autant apporté au genre qu'il entend ressusciter (littéralement). Au point qu'on en oublierait presque de rappeler un élément pourtant un tout petit peu important : le répertoire de ce disque est tout simplement fantastique. Les Horrors parviennent à trousser des chansons encore plus exceptionnelles que par le passé. Il ne faudrait pas non plus trop idéaliser Strange House, même s'il est installé avec le temps : ce premier jet, assez linéaire, ne renfermait finalement que trois ou quatre grandes chansons, avec beaucoup de bruit autour. Primary Colours, lui, ne referme que des morceaux exceptionnels. Entre Depeche Mode trash et Nick Cave des débuts. "I Can't Control Myself", "Mirror's Image", "Sea Within a Sea"... sont autant de bonnes raisons de renvoyer les Editors à leur bac à sable. Rien que ça mériterait déjà le respect. Alors si en plus le disque tient la distance...
👍👍 Primary Colours
The Horrors | XL Recordings, 2009
Hé bien, en boucle au magasin de Yosemite à qui j'ai serré la pince ce week end, et encensé sur ton blog: il va falloir que j'y écoute de plus pret... Il semble que ce disque soit annonciateur d'un mouvement plus plaisant que celui du new rock lancé (?) par franz ferdinand and co...
RépondreSupprimerEncore une fois, on me coupe l'herbe sous le pied...
RépondreSupprimerJe voulais être le premier de la blogo à écrire sur ce disque et splash !
Ceci étant dit : complètement vierge du premier album, j'ai bêtement ricané au vu du bon de préco tendu par le repré avant sa sortie... et surtout avant d'écouter : si les horribles gars en jeans slims et cheveux crêpés avaient violemment de quoi me répugner, une seule écoute a suffit à me chambouler...
La rencontre de Ian Curtis avec MyBloodyValentine s'est excessivement bien passée.
Les titres sont tous plus incroyables les uns que les autres, d'une grande classe ! Si tous les titres goths et cold de l'époque avaient été produits de la sorte, j'en aurai écouté plus souvent...
Magnifique !
(Il faut que je me penche sur le premier opus quand même !)
(au passage ça fait déjà quelques temps que les blogs (du moins certains) ont parlé de ce disque)
RépondreSupprimerJe n'ai pas bien compris la référence à DM mais on s'en fout, c'est un excellent album de psyché garage.
Profitons-en le prochain sera probablement mauvais.
KMS : je parle avec des temps normaux de sorties physiques (je ne l'ai pas croisé souvent ces 15 derniers jours)
RépondreSupprimer:-)
Oui parce que bon... c'est vrai que moi aussi, j'ai quand même lu un certain nombre d'articles sur le sujet :-)
RépondreSupprimermettons que je n'ai rien dit...
RépondreSupprimer(et que l'album est sorti il y a 15 jours...)
:-)
En tout cas je l'ai acheté il y a 10 jours (vous voyez M'sieur le juge je ne suis pas un pirate).
RépondreSupprimerhttp://twitpic.com/4s2iw
Tu peux présenter un reçu à l'audience, j'espère ? :-)
RépondreSupprimerm'en fous ! :-)
RépondreSupprimer(on me l'a donné^^)
Personne n'a dit que sur certains titres (Mirror image; New ice age entre autres) la voix du chanteur avait un coté Brett Anderson des deux premiers Suede. Ou alors ce sont mes oreilles?
RépondreSupprimerNon, c'est pas faux... j'ai eu cette impression à un moment mais je me suis dit que c'étaient mes oreilles...
RépondreSupprimersalut thom
RépondreSupprimerje voulais pondre mon article avant de lire le tiens.
moi je suis pas toujours partant pour ce son voilé cher à my bloody valentine, si c'est beau sur scarlet fields, c'est insupportable sur i only think of you.
en tout cas c'est sûr que the horrors a bien réussi sa transition entre le coup de couteau strange house et l'empoisonement primary colours.
je ne croierais pas une seconde qu'ils aient voulu chasser sur les terres de the killers :-)
je laisse un lien vers mon article
http://lebaldesvauriens.over-blog.com/article-31669301.html
Bah moi je l'ai cru... mais c'est aussi parce qu'à l'origine, les Horrors avaient ce côté "next big thing" à l'anglaise dont on ne sait pas toujours quoi quoiqu'on pense de l'album. J'aime beaucoup ton article :-)
RépondreSupprimerJ'avais trouvé assez drôle lors de la sortie de leur single, ce clin d'oeil fait à la "sheena" des Ramones ;-).
RépondreSupprimerC'est vrai qu'y en a marre de Sheena à la fin, merde, quoi :-D
RépondreSupprimer"Primary Colours, lui, ne referme que des morceaux exceptionnels": tu y es peut etre allé un peu fort. Mais rien que pour le dernier morceau, ce disque mérite la place que tu lui accordes dans ton classement...
RépondreSupprimer(que, si tu as remarqué, je suis en train d'explorer méthodiquement... maintenant, la question, vais je noter ces albums sur le CDB de GT??)
Ecoute... un peu fort peut-être, mais rétrospectivement je trouve quand même qu'il y a très peu de choses à jeter...
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