dimanche 17 mai 2009

Fringe - There We Go Again...

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Or donc Fringe reprenait en avril pour se conclure mardi dernier (avant de débarquer en France, c'est assez rare pour être souligné, dans quelques semaines), dans une indifférence inversement proportionnelle à l'enthousiasme que suscita son lancement en septembre - soit donc quasi générale. C'est que Fringe, tout comme True Blood et Dollhouse (1), fait partie de ces nouveautés saisonnières très attendues et/car lancées à grand renfort de réclame putassière... qui une fois diffusées en laissèrent plus d'un sceptiques. De ces trois-là, la nouvelle série de J.J. Abrams est d'ailleurs probablement celle qui a eu le plus de succès tout en s'attirant les plus mauvaises critiques - au premier rang des quelques un injuste procès en manque d'originalité. Injuste car appliqué à un producteur, Abrams, que tout le monde jusqu'ici trouvait génial lorsqu'il remplaçait Dawson par une jolie fille, mixait James Bond et Mission Impossible ou acceptait une commande s'inspire de Survivor... bref : lorsqu'il avait des idées ni plus ni moins originales que celle-ci mais que ça générait des bénéfices (2)

Epargnons-nous un retour sur le pitch, déjà évoqué il y a quelques mois, pour noter que si la reprise de Fringe n'a plongé personne dans l'euphorie elle a néanmoins eu le mérite de nous faire nous rendre compte que cette série pourtant durement critiquée nous avait un peu manqué. C'est que le show TV est un sport de fond et que la messe n'est jamais dite avant le season final ! Non seulement on était en droit d'espérer des éclaircissement sur une première partie de saison un peu confuse, sur ce qu'était au juste le Pattern, sur ses liens supposés avec l'amusant Dr Bishop (John Noble, égal à lui-même - c'est à dire excellent)... mais en plus pouvait-on s'attendre à ce que ça bouge un peu, à ce que l'intrigue débute en fait - vu qu'on avait la désagréable impression jusqu'ici qu'elle nous tourbillonnait au-dessus de la tête sans jamais vraiment se préoccuper de nous.

De ce point de vue force est de reconnaître que c'est un peu raté : Fringe, c'est un peu le jeune premier qui n'en finit plus d'être prometteur puis de décevoir puis de laisser espérer puis de redécevoir. Comme le notait je ne sais plus qui (qu'il se manifeste) on attend la suite, puis la suite de la suite, puis la suite de la suite de la suite... sans que jamais le cycle paraisse réellement prêt à se rompre, mais paradoxalement : sans jamais non plus s'en désintéresser. Si l'intrigue n'est jamais totalement prenante, il y a incontestablement quelque chose dans l'atmosphère de cette série qui ne lasse de fasciner. Sans parler de cette esthétique bleuté qui lui sied à ravir, de la mise en scène souvent exceptionnelle (Alex Graves, bien connu des fans de West Wing et des Nine, en a réalisé la plupart des épisodes)... des notions rarement mises au premier plan en matière de séries télés qui se retrouvent pourtant ici principales garantes de l'attention du spectateur (du moins de la mienne). Il est d'autant plus regrettable que l'intrigue ne suive pas toujours et se perde parfois en ellipses, et c'est là peut-être que réside la véritable ressemblance entre Fringe et Alias : tout comme la célèbre série d'espionnage, Fringe a une narration très éclatée, alternant des épisodes stand-alone et d'autres réellement sériels, distillant tout un tas de mystères mais peinant à les relier entre eux. On se souviendra d'ailleurs que ce fonctionnement particulièrement déstabilisant était sans doute LE défaut d'Alias... et qu'il était balayé dans la seconde saison. Il est tout à fait plausible que Fringe suive la même direction dès septembre, c'est en tout cas ce que laissent supposer les (très bons) derniers épisodes. Quoi ? On attendrait donc la suite de la suite de la suite de la suite ? Bah... oui. Pourquoi pas ? Après tout : que savions des enjeux d'Alias et de Lost arrivés à la fin de la saison un ? Quasiment rien. Le fait est que Fringe a LE truc. Ce truc indicible qui fait qu'on continue à la regarder, qu'on la critique souvent après mais qu'au final on s'aperçoit qu'on a dévoré goulument chaque épisode. Appelons ça le charme. Ou comme vous voudrez. Toujours est-il qu'on n'a pas spécialement envie que ça s'arrête, et qu'au terme de cette seconde partie on se sent encore d'humeur indulgente.

Car le fait est aussi qu'à force de regarder des séries haute-volée on finit sans doute par devenir particulièrement regardant sur la qualité. L'autre point commun entre Fringe, True Blood et Dollhouse, c'est d'avoir toutes trois été créées par des auteurs/producteurs connus, identifiés et même respectés, chacun possédant un chef-d’œuvre sur C.V. (Lost pour J.J. Abrams - même s'il l'a vite lâchée - Six Feet Under pour Alan Ball et Buffy pour Joss Whedon). Pour eux, c'est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Bonne parce que les réactions assez critiques provoquées par leurs dernières productions prouvent que la plupart des gens les considèrent enfin comme de véritables artistes, et non plus comme de simples show-runners. Mauvaise parce que le corolaire de cela, c'est que le public est désormais devenu vis à vis de leurs travaux aussi exigeant qu'il le serait face au nouveau film de son cinéaste préféré - quitte à se montrer inutilement sévère.


👍 Fringe (saison 01, partie II)
créée J.J. Abrams, Alex Kurtzman & Roberto Orsi
FOX, 2009


(1) On reparlera bien sûr de ces deux-là...
(2) Fringe est en effet la série la plus chère de l'année...
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8 commentaires:

  1. C'est marrant, je t'ai trouvé généreux sur la première partie et dur sur la seconde, que perso j'ai trouvé excellente (surtout le final). Cela dit je suis d'accord sur la conclusion générale : cette série a le souffle et le potentiel pour devenir aussi énorme que Lost. Reste à perfectionner l'écriture (certaines intrigues sont vraiment moyennes), parce que sinon niveau mise en scène, esthétique, personnages, c'est du très bon.

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  2. Disons que comme d'habitude je cherche à avoir une vue d'ensemble de la saison plutôt que de rester sur la "dernière impression". C'est vrai que la seconde partie est carrément transcendée par ses trois derniers épisodes... mais il y a le reste, aussi, à prendre en compte ;-)

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  3. J'ai pour l'instant seulement vu le pilote, que je n'ai pas trop aimé. Apparemment, ça s'arrange par la suite. Je vous redirai ce que j'en pense.

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  4. Le final est carrément poussif en effet. A se demander comment un truc pareil a peu convaincre la Fox ! Mais ça s'arranger nettement après (enfin pas tout de suite après, quand même, faut être patient...).

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  5. j'attends avec impatience que tu parles de true blood... j'ai plutot bien accroché a la premiere saison. par contre dollhouse, ai pas été plus loin que le pilote pour l'instant ^^

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  6. En fait j'ai écrit l'article sur True Blood depuis des lustres, mais je n'ai jamais le temps de le poster :-/ Enfin je le ferai en guise de piqûre de rappel avant la saison 2 (qui commence mi-juin)

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  7. La notion d'opposition entre stand alone et histoire globale est effectivement le principal défaut de Fringe.

    Tout à fait en phase avec ton analyse sur la "reconnaissance" des créateurs de séries comme véritables auteurs/artistes.

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  8. C'est une de mes vieilles marottes... et c'est vrai que ça se vérifie souvent. Ils suffit de voir comment les mots "Joss Whedon" peuvent provoquer l'hystérie (y compris chez moi, d'ailleurs ^^)

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