Dommage collatéral de la monumentale grève des scénaristes de 2007, l'année 2008 aura été marquée par un dramatique manque d'inspiration, d'auteurs, de concepts neufs au sein de l'industrie hollywoodienne - ce en cinéma comme en séries. A l'évidence, si la saison 2008-09 a été moyenne pour beaucoup d'anciens titres et n'a pas vraiment permis à la relève de s'imposer (si ce n'est peut-être Breaking Bad), c'est en grande partie parce que la grève d'il y a deux ans a laissé des traces profondes. Signe ultime de cette baisse de régime : les chaînes américaines ont multiplié depuis un an les adaptations de concepts étrangers, au nombre desquelles In Treatment (à la base une série israëlienne 1), Worst Week et bien sûr Life on Mars, série plutôt appréciée par-ici à en juger sa jolie seizième place dans notre Odyssée des séries.
Et dans ce cas précis, l'adaptation a de quoi laisser perplexe : durant le premier épisode, on n'est pas dans la relecture (façon The Office) mais dans le décalcomanie, au point qu'on est presque gêné pour le grand David Kelley (à l'origine du projet et à l'écriture du pilote avant de s'en faire dégager sans ménagement par la prod). Passée la transposition (à grand coup d'images choc et toc : les tours jumelles sont encore debout) de Manchester à New York, et oublié le plaisir de retrouver Michael Imperioli 2, excellent dans le rôle du bourru Ray Carling, on doit se pincer pour le croire ; quel était l'intérêt d'une telle adaptation si c'était pour faire exactement la même chose en plus clinquant (licence Hollywood oblige) ?
Aussi ceux qui ont vu la version anglaise n'éprouveront-ils aucune nécessité de regarder ce remake, sauf à vouloir absolument inviter des amis en vue d'organiser un tournoi des sept différences. L'histoire est toujours la même : en 2008, Sam Tyler enquête sur un serial-killer qui vient de s'en prendre à sa petite amie. Témoignant de sa fureur d'une manière typiquement masculine (il roule à toute blinde dans sa grosse voiture en écoutant la musique à donf'), il est éjecté lors d'un accident sur fond de "Life on Mars?" et se réveille en 1973, année de sortie de ce 45 tours 3. Légèrement perturbé (on le serait à moins) il finit bon an mal an par rejoindre le commissariat auquel il est affilié, pour constater que ses prédécesseurs des seventies enquêtent sur un tueur aux méthodes très similaires... et Tyler de se mettre à leur filer un coup de main via des techniques dont ils ne soupçonnent bien entendu pas même l'existence.
Ici pourtant s'arrêtent les similitudes (et c'est heureux), car si l'intrigue demeure sensiblement la même le style s'avère dès l'épisode 2 radicalement différent. La saison originale était un objet télévisuel non-identifié, mélangeant fantastique, thriller, comédie de moeurs, et louchant plus souvent sur le burlesque que sur le premier degré. Sa plus grande force était aussi à la longue sa plus grande faiblesse : jouant en permanence sur le décalage entre les méthodes de Tyler et le mode de pensée pour le moins obtus de ses comparses, elle en devenait un brin répétitive dans la saison 2, comme si son incroyable originalité avait fini par devenir un poids plutôt qu'un avantage. Life on Mars version US, elle, joue clairement dans une autre catégorie : nettement plus axée polar, elle semble préférer au décalage la référence appuyée, dupliquant moins l'esthétique de la série originelle que celle des polars cultes de l'époque (Serpico en tête, bien sûr, et Magnum Force aussi, évidemment 4). Finalement tout aussi too much (il faut voire comment Imperioli est grimé !), le résultat n'en est pas moins efficace, servi il est vrai par une réalisation de haute tenue (Gary Fleder, connu pour avoir mis en scène un paquet d'épisodes de The Shield, n'y est pas pour rien). Reste qu'évidemment, le concept manque du brin de fraîcheur qui donnerait envie de crier à la série de premier ordre. Pour préférer Life on Mars US à sa version britanique, il faudrait vraiment être totalement réfractaire à toute série non-américaine, ce qui n'est évidemment le genre de la maison.
Et dans ce cas précis, l'adaptation a de quoi laisser perplexe : durant le premier épisode, on n'est pas dans la relecture (façon The Office) mais dans le décalcomanie, au point qu'on est presque gêné pour le grand David Kelley (à l'origine du projet et à l'écriture du pilote avant de s'en faire dégager sans ménagement par la prod). Passée la transposition (à grand coup d'images choc et toc : les tours jumelles sont encore debout) de Manchester à New York, et oublié le plaisir de retrouver Michael Imperioli 2, excellent dans le rôle du bourru Ray Carling, on doit se pincer pour le croire ; quel était l'intérêt d'une telle adaptation si c'était pour faire exactement la même chose en plus clinquant (licence Hollywood oblige) ?
Aussi ceux qui ont vu la version anglaise n'éprouveront-ils aucune nécessité de regarder ce remake, sauf à vouloir absolument inviter des amis en vue d'organiser un tournoi des sept différences. L'histoire est toujours la même : en 2008, Sam Tyler enquête sur un serial-killer qui vient de s'en prendre à sa petite amie. Témoignant de sa fureur d'une manière typiquement masculine (il roule à toute blinde dans sa grosse voiture en écoutant la musique à donf'), il est éjecté lors d'un accident sur fond de "Life on Mars?" et se réveille en 1973, année de sortie de ce 45 tours 3. Légèrement perturbé (on le serait à moins) il finit bon an mal an par rejoindre le commissariat auquel il est affilié, pour constater que ses prédécesseurs des seventies enquêtent sur un tueur aux méthodes très similaires... et Tyler de se mettre à leur filer un coup de main via des techniques dont ils ne soupçonnent bien entendu pas même l'existence.
Ici pourtant s'arrêtent les similitudes (et c'est heureux), car si l'intrigue demeure sensiblement la même le style s'avère dès l'épisode 2 radicalement différent. La saison originale était un objet télévisuel non-identifié, mélangeant fantastique, thriller, comédie de moeurs, et louchant plus souvent sur le burlesque que sur le premier degré. Sa plus grande force était aussi à la longue sa plus grande faiblesse : jouant en permanence sur le décalage entre les méthodes de Tyler et le mode de pensée pour le moins obtus de ses comparses, elle en devenait un brin répétitive dans la saison 2, comme si son incroyable originalité avait fini par devenir un poids plutôt qu'un avantage. Life on Mars version US, elle, joue clairement dans une autre catégorie : nettement plus axée polar, elle semble préférer au décalage la référence appuyée, dupliquant moins l'esthétique de la série originelle que celle des polars cultes de l'époque (Serpico en tête, bien sûr, et Magnum Force aussi, évidemment 4). Finalement tout aussi too much (il faut voire comment Imperioli est grimé !), le résultat n'en est pas moins efficace, servi il est vrai par une réalisation de haute tenue (Gary Fleder, connu pour avoir mis en scène un paquet d'épisodes de The Shield, n'y est pas pour rien). Reste qu'évidemment, le concept manque du brin de fraîcheur qui donnerait envie de crier à la série de premier ordre. Pour préférer Life on Mars US à sa version britanique, il faudrait vraiment être totalement réfractaire à toute série non-américaine, ce qui n'est évidemment le genre de la maison.
👍👍 Life on Mars (saisons 1 & 2)
créée par Matthew Graham, Tony Jordan & Ashley Pharoah
BBC One, 2006-07
👍 Life on Mars [US] (saison 1)
adaptée par Josh Appelbaum
ABC, 2008-09
(1) Oui... même Israël a de meilleures séries que la France !
(2) Notre Chris Moltisanti adoré dans Les Soprano, of course...
(3) Deux ans après la version LP, comme chacun sait, et qui fut aussi accessoirement l'un des tous premiers clips de l'histoire de la musique.
(4) Tous deux sont sortis en 1973.
(2) Notre Chris Moltisanti adoré dans Les Soprano, of course...
(3) Deux ans après la version LP, comme chacun sait, et qui fut aussi accessoirement l'un des tous premiers clips de l'histoire de la musique.
(4) Tous deux sont sortis en 1973.
Donc, si j'ai bien compris, les fans de la série britannique (dont je suis) peuvent s'en passer, mais en fin de compte, c'est pas mal, c'est ça ? Et c'est bien Michael Imperioli avec la moustache ? Quel choc !!
RépondreSupprimerEuh... oui voilà, t'as plus ou moins compris ^^
RépondreSupprimerDisons que ça se laisse regarder sans déplaisir et que si on n'a pas vu la série originale, ce doit je pense être assez jouissif (d'ailleurs les critiques étaient très bonnes partout). Ils ont réussi notamment à injecter un ton très américain (très Serpico, en fait) qui permet d'en faire une oeuvre un peu plus personnelle qu'un simple remake... et puis il faut bien le dire quitte à faire bondir certains fans, les acteurs sont bien meilleurs dans cette nouvelle version. Il n'empêche que ça reste tout de même trop proche de l'original pour présenter un quelconque intérêt si on a vu la première série (surtout si on l'a vue récemment... moi je me la suis refaite dans la foulée pour comparer). Par définition l'originale, même avec ses défauts (je pense notamment à sa chute à la limite du ridicule), ne peut pas être surclassée par la copie. Au mieux on fait ce que j'ai fait : on le regarde par curiosité. Mais franchement, dans une saison où on a eu Dollhouse et Breaking Bad, ça relève plus du bouche-trou estival.
Et oui, c'est bien Imperioli :)
Je confirme. L'adaptation est bien foutue, mais ça reste dispensable.
RépondreSupprimerla photo de Michael Imperioli me fait penser au clip de "Sabotage" des Beastie Boys :P
RépondreSupprimerJ'adore Michael Imperioli (surtout avec sa moustache très beastie boys en effet), mais je vais d'abord tester la version originale, bien sûr!
RépondreSupprimerSysT
Eh bien moi, je préfère la version américaine (serais-je fou ?). Certes, les anglais ont pour eux le privilège de l'originalité, la création du concept. Mais, sans doute pour des raisons budgétaires, leur série m'a souvent semblé "cheap". Acteurs parfois très mauvais (à l'exception de l'impeccable John Simm), en tout cas peu crédibles, décors en carton pâte, et des années 70, finalement, peu exploitée au-delà de l'introduction (ou, pour être exact : exploitée, mais toujours de la même manière). La version américaine est plus intéressante, bien mieux jouée, plus crédible. Il n'y a pas le côté fantaisiste et très anglais, mais il y a à la place une qualité de mise-en-scène, de décors, de jeu et d'intrigues (à mon avis) incomparables.
RépondreSupprimerBonne soirée.
Disons que ça se défend... mais pour moi c'est presque une question de "hiérarchisation"...
RépondreSupprimerDe mon point de vue, c'est moins une question d'importance de qualité plus objective. Ce n'est pas parce qu'il a inventé la guitare que l'inventeur de la guitare jouait mieux qu'Hendrix :o)
RépondreSupprimerBonne nuit.
Je ne savais pas que les auteurs de Life on Mars avaient carrément inventé les séries télé ;-)
RépondreSupprimerah ben c'est bizarre quand même, pourquoi un simple décalque même meilleur que l'original (que j'ai bien aimé mais qui faisait parfois effectivement cheap)les américains ont-ils des problèmes avec les idées ?
RépondreSupprimerEh bien, comme je le disais en introduction... c'est en grande partie la faute à la grève des scénaristes de 2007/08. Elle a sévèrement amputé les séries en cours, mais elle aussi frappé les "nouveaux projets" (généralement développés à partir de janvier, pour diffusion des pilotes au printemps où à l'été). Du coup, les studios ont misé sur des projets sûrs et éprouvés, et surtout peu coûteux. Mais bon, c'est passage, à voir les premières annonces de la rentrée 2009 (Flashforward, la nouvelle série V), les budgets vont de nouveau saigner :-)
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