The Noisettes - Rétro de la semaine dernière

...

Les Noisettes et moi, on s'est reniflé les fesses pendant quelques temps sans trop savoir si ç'allait le faire. Etait-ce cette pochette rappelant à notre souvenir les pires heures des années 90 et des Destiny's Child ? Le côté violemment mainstream (quelle jolie antiphrase) de certains titres ? Pourtant, les Noisettes sont précédées d'un following n'ayant pas grand-chose à voir avec la première bouse FM venue : réputation de bêtes de scène, apologie par Cissie Blues et un titre de leur précédent album, "Scratch Your Name", illustrant l'ultime épisode des Soprano... ce qui est loin d'être un détail quand on sait le soin maniaque que David Chase mettait à choisir les rares plages musicales présentes dans sa série... ouais bon, ok, c'est vrai aussi que le titre qu'on aura le plus entendu en six saisons est "Con te partiro", résumant à lui seul l'inculture crasse dans laquelle évoluent Tony et Carmella Soprano. Or justement : le titre des Noisettes utilisé pour l'occasion déchirait les enceintes de la voiture d'Anthony Jr. Mine de rien c'était un signe, AJ (pour les intimes et amateurs de V.O.) étant l'archétype du jeune de son temps.

Et donc les Noisettes, précisément, ont tout du pur produit de leur époque. Si, pris individuellement, la new soul, le R&B et le rock post-punk ont été les trois styles les plus populaires de la décennie, Wild Young Hearts le bien nommé les amalgame ici à la perfection, sorte d'album gigogne sautant sans vergogne de l'un à l'autre... et gagnant sur tous les tableaux tant le trio emmené par Shingai Shoniwa semble à l'aise dans tous les registres. A se demander combien de personnes, parmi celles qui se procureront le disque suite à l'écoute du discoïde (et terriblement efficace) single "Don't Upset the Rythm", pourront adhérer à l'intégralité de l'opus. Pas des masses, sans doute, et pour un peu que les radios diffusent ledit single (ce qu'elles font peut-être déjà - je n'écoute pas la radio) nombreux seront ceux qui risquent de déchanter en croyant se procurer l'album de la nouvelle sensation R&B ! Notez d'ailleurs que le principe est si joliment pervers qu'il y a voir à parier que le groupe, rock avant tout (en témoigne son véhément premier album), l'a fait tout exprès pour brouiller les pistes et rendre son ouvrage inclassable. Avouons que réussir à éclater Rihanna ET les Strokes dans le même album, ce n'est pas courant, surtout quand le dernier tiers des titres louche sur Amy Winehouse (sans l'atteindre, certes, mais en pilant sur la place la plupart de ses clones - on raconte que Duffy aurait fait une tentative de suicide après avoir entendu "Every Now & Then").

On m'opposera que les Noisettes sont bien mignonnes (accord douteux, puisqu'en réalité il n'y a qu'une fille dans le groupe), que leur disque est joli et plutôt fun, mais qu'au final elles n'apportent pas grand-chose aux styles qu'elles abordent. Soit. Mais en cela, elles ne sont comme je le disais plus haut que de purs produits de leur époque. Epoque qui est au fun, à la légèreté, à l'éclectisme et au revival. Dans le genre, Wild Young Hearts pourrait fort bien être vu comme un manifeste. Un disque mineur, sans aucun doute, un peu racoleur parfois, on ne peut pas le nier. Mais dans vingt ans, lorsqu'on nous demandera ce que les gens écoutaient dans les années 2000, le ressortir nous épargnera un long discours (ou un article à polémiques). Wild Young Hearts, ou le best of imaginaire d'une décennie fantôme.

👍 Wild Young Hearts 

Noisettes | Vertigo, 2009