Cinq ans et demi. Presque six. Un mandat de Bush un quart C'est le temps, proprement délirant eu égard à son habituelle productivité, qu'il a fallu au plus grand groupe punk en activité pour accoucher de son septième album. Et si le précédent s'intitulait Indestructible, on a bel et bien failli perdre Rancid entre temps. Entre la dépression de son chanteur, le vrai-faux cancer de son bassiste et le départ de son batteur... le groupe passa principalement les six dernières années à décaler son nouvel opus et à démentir les rumeurs de split (toujours nombreuses à l'heure actuelle), et ses rares parutions (une compile de B Sides & C Sides et l'opus solo de Tim Armstrong en 2007) eurent plus l'heur d'inquiéter que de rassurer. Carbonisé, Rancid ? C'est ce qui se murmurait en off. Que le groupe était au bout du roulot. Que les problèmes personnels de ses membres allaient avoir sa peau. Que les jours de Matt Freeman étaient comptés, et que quand sans son génial bassiste le groupe était fini.
Et voici donc Let the Dominoes Fall. Matt Freeman est en pleine forme - son cancer était une erreur de diagnostic. Tim Armstrong semble revigoré par son passage chez les Aggrolites (1). Lars Frederiksen est égal à lui-même (comprendre par-là qu'il est toujours l'une des plus grandes voix du punk). Brett Reed est parti, mais franchement c'est à peine si on le sent tant Branden Steineckert, viré des excellents The Used, a parfaitement négocié sa succession (en bon Jason Newsted du punk il a eu le bonheur d'intégrer un groupe dont il était le fan number one).
Les choses vont mieux et ça se sent. Si à la première écoute Let the Dominoes Fall déroute un peu, parce que sans doute moins immédiat que par le passé, et aussi (surtout ?) parce que faisant suite à deux des plus grands disques de la décennie (R.A.N.C.I.D. et Indestructible), quelques écoutes suffisent à l'imposer comme le disque de punk-rock cool et pertinent qu'on était en droit d'attendre d'un groupe atteignant cette année les vingt ans de carrière. Moins revendicative, plus posée, la plume d'Armstrong semble être revenue à l'essentiel, ces chroniques de la vie des sans grades l'ayant imposé depuis longtemps comme un genre de Springsteen à crête. On écoute l'émouvant "Civilian Ways" et le quasi rockabilly "Dominoes Fall" en se disant que décidément, il est étonnant qu'un collectif à la palette aussi large soit toujours plus ou moins resté en marge du mainstream, intéressant principalement le public punk en dépit de critiques éternellement élogieuses de la presse rock dite généraliste. Sans doute le prix à payer pour conserver cette intrégrité si indiscutable et si rare de nos jours qu'on se sent chaque fois obligé de la souligner, de peur qu'un commentateur de mauvais poil ne confonde l'immense Armstrong avec le premier Green Day (ou Blink, ou Sum 41, ou Good Charlotte) venu. Après tout, si Rancid n'est jamais devenu le groupe numéro 1 dans le monde, c'est moins parce qu'il n'en a pas eu l'occasion que parce qu'il a refusé de l'être. On notera d'ailleurs que le séjour chez une major, qui avait tant inquiété en 2003, est aujourd'hui révolu : planqué sur Hellcat Records, Rancid est désormais son propre patron, et en cela le choix de Branden Steineckert pour tenir les fûts ne tient pas du hasard - Rancid puise dans ses sympathies underground plutôt que d'aller chercher un batteur trop orienté mainstream (2). Et lorsqu'il faut faire une guest, ce n'est pas une star à la mode qu'il va chercher, c'est Booker T. Jones himself ("Up to No Good"). La simple présence de cette légende vivante sur Let the Dominoes Fall en dit long sur le rayonnement de Rancid.
Alors oui, l'album déroule. Révèle tranquillement son lot du futurs classiques, certains typiques du gang californien ("Last One to Die" aurait pu figurer sur Indestructible, "Disconnected" sur Let's Go!), d'autres plus étonnants mais particulièrement réussis ("New Orleans", la redoutable descente - là aussi très rockabilly - de "L.A. River"). Sans oublier bien sûr cette relecture goguenarde de "Guns of Brixton" ("It ain't Worried"), titre que Tim Armstrong avait déjà repris autrefois en duo avec Cypress Hill, ici magnifiée par le savoir-faire des Guns of Berkeley. Sans doute pas aussi indispensable qu'un R.A.N.C.I.D., mais bien entendu plus que recommandable - comme tout album du groupe punk ultime.
(1) le groupe skin avec qui il enregistra A Poet's Life.
(2) une rumeur prétendit un moment que Brett Reed serait remplacé par... Travis Barker, ex-Blink 182 connu pour avoir bossé avec Tim Armstrong au sein des redoutables Transplants.
Et voici donc Let the Dominoes Fall. Matt Freeman est en pleine forme - son cancer était une erreur de diagnostic. Tim Armstrong semble revigoré par son passage chez les Aggrolites (1). Lars Frederiksen est égal à lui-même (comprendre par-là qu'il est toujours l'une des plus grandes voix du punk). Brett Reed est parti, mais franchement c'est à peine si on le sent tant Branden Steineckert, viré des excellents The Used, a parfaitement négocié sa succession (en bon Jason Newsted du punk il a eu le bonheur d'intégrer un groupe dont il était le fan number one).
Les choses vont mieux et ça se sent. Si à la première écoute Let the Dominoes Fall déroute un peu, parce que sans doute moins immédiat que par le passé, et aussi (surtout ?) parce que faisant suite à deux des plus grands disques de la décennie (R.A.N.C.I.D. et Indestructible), quelques écoutes suffisent à l'imposer comme le disque de punk-rock cool et pertinent qu'on était en droit d'attendre d'un groupe atteignant cette année les vingt ans de carrière. Moins revendicative, plus posée, la plume d'Armstrong semble être revenue à l'essentiel, ces chroniques de la vie des sans grades l'ayant imposé depuis longtemps comme un genre de Springsteen à crête. On écoute l'émouvant "Civilian Ways" et le quasi rockabilly "Dominoes Fall" en se disant que décidément, il est étonnant qu'un collectif à la palette aussi large soit toujours plus ou moins resté en marge du mainstream, intéressant principalement le public punk en dépit de critiques éternellement élogieuses de la presse rock dite généraliste. Sans doute le prix à payer pour conserver cette intrégrité si indiscutable et si rare de nos jours qu'on se sent chaque fois obligé de la souligner, de peur qu'un commentateur de mauvais poil ne confonde l'immense Armstrong avec le premier Green Day (ou Blink, ou Sum 41, ou Good Charlotte) venu. Après tout, si Rancid n'est jamais devenu le groupe numéro 1 dans le monde, c'est moins parce qu'il n'en a pas eu l'occasion que parce qu'il a refusé de l'être. On notera d'ailleurs que le séjour chez une major, qui avait tant inquiété en 2003, est aujourd'hui révolu : planqué sur Hellcat Records, Rancid est désormais son propre patron, et en cela le choix de Branden Steineckert pour tenir les fûts ne tient pas du hasard - Rancid puise dans ses sympathies underground plutôt que d'aller chercher un batteur trop orienté mainstream (2). Et lorsqu'il faut faire une guest, ce n'est pas une star à la mode qu'il va chercher, c'est Booker T. Jones himself ("Up to No Good"). La simple présence de cette légende vivante sur Let the Dominoes Fall en dit long sur le rayonnement de Rancid.
Alors oui, l'album déroule. Révèle tranquillement son lot du futurs classiques, certains typiques du gang californien ("Last One to Die" aurait pu figurer sur Indestructible, "Disconnected" sur Let's Go!), d'autres plus étonnants mais particulièrement réussis ("New Orleans", la redoutable descente - là aussi très rockabilly - de "L.A. River"). Sans oublier bien sûr cette relecture goguenarde de "Guns of Brixton" ("It ain't Worried"), titre que Tim Armstrong avait déjà repris autrefois en duo avec Cypress Hill, ici magnifiée par le savoir-faire des Guns of Berkeley. Sans doute pas aussi indispensable qu'un R.A.N.C.I.D., mais bien entendu plus que recommandable - comme tout album du groupe punk ultime.
👍👍 Let the Dominoes Fall
Rancid | Hellcat, 2009
(1) le groupe skin avec qui il enregistra A Poet's Life.
(2) une rumeur prétendit un moment que Brett Reed serait remplacé par... Travis Barker, ex-Blink 182 connu pour avoir bossé avec Tim Armstrong au sein des redoutables Transplants.
Je ferai pas le mauvais jeu de mot: Rancid, groupe ranci... même si c'est pas le punk que j'apprécie au plus au point. M'enfin, là n'est pas le problème!!!
RépondreSupprimerNan surtout, c'est quand lisant y'a qq jours la chro de Klak, me suis dit, tiens bientôt Thom va s'y mettre aussi.
Donc je vous le dit, Thom devient de plus en plus prévisible. Par contre pour glorifier du zombies y'a plus personnes! Pourtant, je suis pas sectaire, des zombies qui font du punk, ça me va... Tiens ça me fait penser aux Misfits :P
Ah ça c'est une nouvelle qui me fait super plaisir. Pas encore écouté, et j'avais peur d'être déçu ! Je me le choppe dans la semaine ;)
RépondreSupprimerAu fait Thomas, t'es peut être déjà au courant, mais tous les blogs "Blogger" qui utilisent comme toi le module de commentaires intégrés au lieu de la moche pop up, ne sont plus accessible par la majorité des versions d'Internet Explorer. Ca fait plus d'un moi que le bug persiste et Blogger a l'air d'être dans l'impasse pour le corriger. Tu t'en fous peut être mais je prévenais au cas où ;)
RépondreSupprimerHyper déçu à la première écoute (comme Klak apparemment), rien ne se dégageait. Et puis en fait j'ai fini par apprécier le côté très "cool" de cet album, ça groove vachement plus que par le passé, c'est moins coupd'boule et plus vicieux. J'aime bien. Bon c'est pas l'album de l'année (carrément pas même). Mais c'est un bon album qui à mon avis sera de transition, il jette des pistes sur ce que le groupe fera après (je crois). A+
RépondreSupprimerDoc >>> non arrête !!!... tu veux dire que... non... j'y crois pas... tu veux dire que tu arrives à prévoir que quand un de mes groupes préférés va sortir un album, je vais fatalement écrire dessus, que le disque soit bon ou mauvais ? Putain mais... le gouvernement devrait travailler avec toi... le FBI devrait faire appel à tes services !... et donc sinon, il est où Ben Laden ?
RépondreSupprimerBenjamin >>> disons que tu confirmes ce que je soupçonnais depuis quelques jours... tout le problème étant que malheureusement, je n'y peux pas grand-chose... :-((
En fait si j'ai bonne mémoire, déjà "dans le temps", blogger ne marchait parfaitement qu'avec FF. Il semble qu'on soit revenu à cette époque... et bien entendu c'est à mon corps défendant (mais j'ai déjà déménagé en janvier, je vais quand même pas re-bouger ^^)
EL-JAM >>> non, c'est sûr que ce n'est pas le meilleur album de Rancid (ce n'est pas le pire non plus, ceci dit). Vu tout ce que le groupe a traversé depuis six ans, c'est déjà miraculeux que cet album existe. Et s'il n'est pas indispensable, il est loin d'être mauvais et renferme même quelques très bons moments. Mon vrai regret serait que fondamentalement peu de choses le séparent d'Indestructible, alors que jusqu'ici Rancid avait toujours mis un point d'honneur à proposer des albums assez différents les uns des autres. M'enfin. Pour un groupe sur le déclin, on a vu bien pire :-)
Bah si tu peux faire comme moi et revenir au formulaire "pop up" en attendant que Blogger solutionne le problème. Dès que t'as retiré le module, tout refonctionne normalement sous IE. C'est la première plate-forme de blog avec Wordpress, ils peuvent pas "commercialement parlant" ne pas résoudre ce bug ; enfin je touche du bois ;)
RépondreSupprimerAaaaaaaah :-)
RépondreSupprimerEn fait je supposais naïvement (mais logiquement, ceci dit) que repasser en format pop ne changerait rien du tout.
Si tu me dis que oui... j'y vais de ce pas ! Merci Benjamin, heureusement que tu étais là (ah non parce que comme dirait notre Président pour râler, ça, y avait du monde, mais pour proposer... ^^)
Bah j'ai envie de dire, si Monsieur Thomas Le Golb se donnait la peine de venir sur Twitter, tu serais déjà au courant depuis deux semaines ;)
RépondreSupprimer(Non plutôt crever je sais, lol)
Plutôt crever la gueule ouverte et dans d'atroces souffrances, pour être exact ^^
RépondreSupprimerah oui, j'avais pas suivit la vie privée des rancid durant ces 6 ans.
RépondreSupprimerrupture de tim et brody dale, mort du frere de lars avant indestructible, depression de tim, fux cancer de matt pour celui là, j'espere qu'ils attendront pas d'autres tuiles pour sortir le prochain ...
Ah, moi j'avais pas la mort du frère de Lars. Putain mais que fait Voici ? ^^
RépondreSupprimerfignon fait le tour des plateaux et rancid que dale !
RépondreSupprimersinon otherside le dernier titre de indestructible est dédié au frere de lars
Peut-être que si Rancid rédigeait un hommage à Fignon...
RépondreSupprimer"fignon fait le tour des plateaux et rancid que DALE !"
RépondreSupprimerZ'ont un rapport avec "Twin Peaks", Rancid ?
(comment ça, je me suis trompé d'article ?)
C'est le groupe préféré de Léo ! Tu l'ignorais ? :D
RépondreSupprimerm'en souvient, maintenant de cet article. Je l'avais commencé, puis ne connaissant pas le groupe, j'étais passé a autre chose... erreur maintenant réparé, vu que c'est une de mes réjouissances de fin d'année ;D
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