dimanche 14 juin 2009

True Blood - The Pretty Things Are Going to Hell

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C'est bien connu : les vampires sont parmi de nous depuis des siècles et on nous cache la vérité, nous faisant croire qu'il s'agit d'un mythe alors que nombre de morts suspectes peuvent leur être imputés. A leur décharge que leur ferions-nous subir s'ils révélaient leur existence et tentaient de s'intégrer parmi nous ? C'est la question à laquelle tente de répondre True Blood, nouvelle série phare de HBO adaptée des romans (très moyens) de Charmaine Lewis (Sookie Stackhouse & The Vampire Mysteries). L'invention du Tru Blood, boisson à base de sang synthétique disponible dans tous les bons supermarchés, vient changer la donne pour nos amis vampires comme pour leurs voisins les mortels. Un amendement est voté pour leur reconnaître les mêmes droits qu'à tous les américains. Et voici que deux peuples dont l'un est terrifié par l'autre se retrouvent à cohabiter.

Sookie Stackhouse n'est pas facile à situer au milieu de toute cette histoire. Capable bien malgré elle d'entendre les pensées des gens, la jeune femme mène une vie un peu vide à Bon Temps, charmant patelin de Louisianne, entre une grand-mère adorable et un frère playboy, un boulot routinier au bar le Merlotte et un rôle de mascotte du coin qui ne lui convient guère. Jusqu'au jour où... comme on pouvait s'y attendre, elle tombe amoureuse d'un vampire. Il est grand, fort, beau, sent bon la cendre froide. Il s'appelle Bill et il tente en vain de s'intégrer dans une petite société qui (évidemment) le rejette Il est d'ailleurs bien le seul : le moins qu'on puisse dire c'est que tous ses semblables ne partagent pas ce désir de normalisation, beaucoup refusant de se nourrir de sang synthétique (c'est un peu leur malbouffe à eux).

Difficile de résumer ce postulat de départ sans une pointe d'ironie : le défaut majeur de True Blood, c'est que les deux premiers épisodes sont charmants mais tout à fait prévisibles. Ce qui d'ailleurs n'est pas un véritable défaut en soi : après tout une série repose sur des principes évolutifs, progressifs... le problème de celle-ci étant qu'à en juger par les audiences, beaucoup ont décroché après l'épisode deux, un véritable tort tant l'univers ne fait que se révéler au fil de la saison dans son ensemble, bien plus complexe qu'il y parait, aussi poisseux que son générique ou son décor. Petit à petit les personnages dévoilent un aspect tout à fait twinpeaksien, ce côté personne n'est ce qu'il semble être (la jeune vierge est une obsédée sexuelle, le vampire est hypersensible, l'homo est une force de la nature, la grand-mère s'avère bien plus ouverte et tolérante que son petit fils...) sans doute un brin schématique, mais qui fait merveille dans la moiteur du Bayou ; d'abord périphérique, l'intrigue thriller révèle petit à petit une menace bien plus vaste (et quasi métaphysique), quant au décorum... coloré, musical (les accents - parfois à couper au couteau - sont partie intégrantes de la série, du moins en VO) et inventif (les auteurs exploitent toutes les possibilités de cette intégration des vampires, bien au-delà de ce que proposait les bouquins de Lewis), il est étonnant de richesse et parfois suffocant de poésie en dépit de quelques passages un brin gnagnan.

Comment expliquer dès lors que True Blood , dont la seconde saison commence ce soir-même, ait été si fraîchement accueillie par la critique ? Le style y est pour beaucoup : quoique pourvu d'aspérités franchement dérangeantes par moment (fornication et masturbation y sont omniprésentes, le comble de l'extase pour la bourgeoise de Louisiane étant de se taper un vampire), il faut se pincer pour croire que cette série à l'image lisse et à la construction ultra-formatée est une production HBO... et plus encore une œuvre de Sa Majesté Alan Ball. Le créateur de Six Feet Under, série considérée par des gens très sérieux (mais pas par Le Golb) comme la meilleure de tous les temps, qui semble avoir eu envie de se faire plaisir en proposant quelque chose de radicalement différent pour son très attendu retour sur les écrans. Par bien des aspects True Blood semble avoir été calibrée pour les grands networks, dont elle reprend les figures imposées (alternance de scènes comiques et tragiques, twist-endings obligatoires...) pour mieux les exploser dans sa second moitié. De fait si l'on y retrouve pas grand-chose de la profondeur de Six Feet Under (la seule série qui m'ait jamais fait pleurer) il est injuste de croire, comme semble l'avoir fait la critique, que True Blood est pour autant dépourvue d'ambition. Bien au contraire : Alan Ball essaie de proposer une vraie grande série populaire, de respecter tous les codes du genre sans jamais s'y enfermer... difficile de ce point de vue de trouver l'exercice râté. Car si True Blood n'est définitivement pas SFU (et à la limite : tant mieux), son atmosphère singulière comme son ton moitié midinette moitié trash, son casting brillantissime comme sa chronique de moeurs cinglantes, ses dialogues remarquables comme sa photographie... en font une production largement supérieur à ce qui peut se faire en la matière. Distillant le vice dans un programme en apparence compassé, Ball confirme son don pour la satire et réussit la bizarre prouesse de réaliser une série un peu meilleure à chaque nouvel épisode. Et qui, à la manière des vampires qu'elle met en scène, dégage une aura sexy et mystérieuse à laquelle il devient peu à peu impossible de résister...


👍👍 True Blood (saison 1)
créée par Alan Ball
HBO, 2008

29 commentaires:

  1. Je note!

    Merci Thom

    SysT

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  2. C'est une chouette série. Pas une grande, mais une chouette qui joue assez bien avec les clichés et tout. Je ne serais peut-être pas monté à 5/6, quand même.

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  3. Ce soir aux States tu veux dire ?

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  4. Ca passe chez nous cette chose ?... Où et quand ?... Si c'est du supérieur (comme l'était "6 feet under", enfin pas tout à fait donc)je veux aller voir !

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  5. Sauf erreur de ma part, en France, c'est passé sur une des chaînes du bouquet Orange TV en début d'année. Je suppose que ça passera sur le hertzien à la rentrée...

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  6. moi j'ai réellement adoré la série. et ce, dès le générique, que je trouve génialissime. apres je trouve parfois sookie bien niaise, mais dans l'ensemble les persos sont bien.
    ce que j'aime bien, "côté message", cest le parallèle qu'on peut faire entre dé-ségrégation et la volonté d'intégrer ces vampires à la société. du coup c'est d'autant plus troublant d'entendre des arguments anti vampire dans la bouche de persos blacks : c'est des propos qu'on pourrait entendre dans la bouche de racitstes de base.

    et c'est vrai que comme tu l'as dit, il y a un enorme travail sur les accents, on se sent vraiment dans le fin fond de la Louisiane. A regarder en VO, donc!

    enfin je me pose une question : vu toutes les scenes erotico-sexuelles, ca risque pas de passer en prime time, en France?

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  7. Thom > Orange Cinemax Séries, c'est bien ça.

    Titi > n'attends pas trop quand même, on est (très) loin de Six Feet Under :)

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  8. Pyrox >>> tu verras Sookie dans les bouquins... encore plus gratinée ^^

    Effectivement je vois mal la série passer en prime en France (ni aux USA, d'ailleurs... où elle passe certes en prime, mais sur le câble). De toute façon pour l'instant, renseignement pris, il semble qu'aucune chaîne hertzienne ne l'ait achetée. Ca règle la question.

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  9. comme dit Pyrox ce qui rend cette serie attachante c'est de rejouer la ségrégation des années 50 et 60 (et avant) dans le Sud justement avec d'autres catégories de gens, ici les vampires, qui sont devenus les "nègres" de la majorité de la population américaine

    le générique (avec ses images quasi subliminales) et la musique sont aussi très recommendables pour une série renouant avec des personnages moins barrés que dans Dexter, SFU ou autres délires lynchiens, une histoire plus prévisible (quoique le patron du Merlotte....)mais toujours une attention portée aux 4/5 personnages principaux qui permet de ramifier le scénario et d'ouvrir d'autres pistes rapidement

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  10. C'est marrant parce que moi, l'allégorie de la ségrégation n'est vraiment pas ce que j'ai retenu de la série, c'est un aspect mais réel mais un peu déjà-vu quand même (qui a dit V ? V, c'est vrai... mais il y aurait des dizaines d'exemples). J'ai été beaucoup plus marqué par les personnages, et là-dessus tu as raison de souligner que ceux de TB sont finalement bien moins barrés que ceux de SFU, en dépit de leurs caractéristiques pourtant "surnaturelles". Sookie, Sam, Tara et bien sûr Bill... ce sont finalement des gens très simples, voire même simplistes par moment...

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  11. Personnellement au début je trouvais quand même ça particulièrement mauvais. Ca s'arrange après, mais les deux premiers épisodes sont d'une nullité assez dingue.

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  12. Pffff ! j'ai perdu mon commentaire !! C'est quoi cette fenêtre !

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  13. Bon, j'ai la flemme de tout retaper...
    Elle est sur ma liste de séries à voir, c'est tout :-)

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  14. T'as même perdu une lettre de ton prénom :-D

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  15. Si, peut-être que ça passera à 22h, comme Nip/Tuck. Sinon, je note (et je me doute) que c'est très différent de 6 feet, mais bon, je suis très friande de nouveauté (même si j'ai pas le temps), le sujet semble affriolant, la réal soignée...

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  16. Affriolant...

    Et j'ai même pas mis la photo du Vampire Bill ! ;-)

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  17. au niveau scenes "crues", si j'en juge par les quelques épisodes que j'ai vu de Nip/Tuck, true blood est au dessus, dans ce qui est suggéré et montré

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  18. T'as vraiment pas dû voir beaucoup de Nip/Tuck :-)

    Non, True Blood est très soft à côté des aventures de McNamara & Troy ;-)

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  19. Je n'avais eu que des échos négatifs de cette série, maintenant je vais devoir la regarder, c'est malin ;-)

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  20. Elle a carrément était étrillée par la critique, tu peux le dire ^^

    Je crois qu'il y a eu un effet boule de neige : le fait que ce soit Alan Ball (= on attend un chef-d'oeuvre) + le fait que ça passe sur HBO + le fait qu'il y ait un côté délibérément commercial... tout ça mis bout à bout à fait que beaucoup ont (à mon avis) totalement zappé le second degré de l'ensemble. Après soit : ce n'est sans doute pas LA série de la décennie... mais c'est vraiment efficace, bien foutu et bien joué...

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  21. bah celle-ci est sur ma liste depuis que je sais qu'elle existe (les vampires c'est mon truc de toute façon ;-)) là j'en ai une autre sous le coude de série vampiresque mais anglaise on va voir ce que ça donne (being human :-))

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  22. Moi c'est l'inverse : c'est Being Human qui est sur ma liste ;-)

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  23. Je viens de voir six épisodes... Je continue, ça me plait beaucoup... Ton petit parallèle avec Twin Peaks au niveau des personnages est assez fondé...

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  24. Merci ^^

    C'est sans doute plus schématique que dans Twin Peaks, mais je trouve effectivement qu'il y a de ça.

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  25. Je suis en train de la regarder, et pour l'instant je suis bien séduit (épisode 7). Tu dis mi midinette mi trash, c'est exactement ça. Je suis régulièrement étonné par les dialogues bien cul cul, un passage bien mélo, 5 s après, étonné par du cul bien trash. Et assez surpris de là où ils osent aller, par exemple la grand mère, je pensais pas qu'ils auraient osés... Et puis le côté second degré aussi, qu'est ce qu'ils sont cons parfois.

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  26. Et encore, tout cela n'est pas grand-chose par rapport à la seconde saison. Merci d'avoir déterré cet article, ça m'a permis de me rappeler une époque (qui me semble un siècle) où cette série n'avait aucun succès (ça s'est très très bien arrangé depuis).

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  27. Bon je déterre à nouveau le sujet. Effectivement bien décevants ces deux premiers épisodes... contrairement à toi, je trouve les acteurs très moyens - surtout en comparaison de ceux choisis dans SFU (les filles surtout)

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