Ian Hunter n'est pas mort !

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Un titre en forme de boutade à l'adresse de l'ami Civil Servant, qui ne manquera pas de sembler énigmatique au jeune qui passera par-là... et pour cause : on n'écoute plus guère Mott The Hoople aujourd'hui, ça ne se fait pas, c'est vulgaire, c'est ringard. Rien que le nom (en lice pour le titre de nom de groupe le plus ridicule de tous les temps) ne fait pas envie. Enfin évidemment ça... c'était avant que le groupe annonce qu'il allait se reformer en octobre le temps de deux concerts dont on sait déjà qu'ils raviront Rock & Folk et navreront tous les autres - à la limite là n'est pas la question. La question... ce serait plutôt de réhabiliter un groupe somme toute important dans les seventies, pas révolutionnaire pour deux sous mais qui sut peut-être mieux qu'aucun autre jouer les working-class heroes - d'où son prodigieux succès dans l'Angleterre de l'époque.

Dirigé par un authentique intellectuel aux vrais faux airs de péquenot (le mec du titre qui n'est pas mort), ce groupe-ci n'avait ni style ni classe... mais quelle morgue ! Rugueux, teigneux... ses quatre premiers albums semblent dévorés par une furia communicative, mélangeant le Dylan de Blonde On Blonde à un rythm & blues graisseux pour un résultat des plus sauvages, hard-rock avant l'heure, trop peut-être au vu des ventes ridicules qui en découleront. Il faut dire aussi que la production est pour le moins inégale, Brain Caper (1971) étant aussi excellent que Mott The Hoople (1969) pataud.

La rencontre avec Bowie sera à la fois le meilleur et le pire qui puisse leur arriver... le meilleur étant la reconnaissance mondiale (via le hit "All the Young Dudes"), et le pire étant... la reconnaissance mondiale, via un album du même nom tout à fait mineur, produit par une paire Bowie / Ronson visiblement îvre ce jour-là. Glamouze ennuyeux, All the Young Dudes n'arrive pas à la cheville des deux albums suivants... mais sera à cause de Bowie remasterisé un nombre incalculable de fois, tandis que Mott et The Hoople seront pour leur part (et à l'instar de tout le reste de la discographie) éternellement snobés par l'histoire du rock.

Deux disques pas forcément moins glam, du reste, mais nettement plus durs et bien plus groovy - plus proche de T-Rex que de Sweet en somme. Il faut dire qu'entre temps, Ian Hunter a obtenu la main mise sur le groupe et relégué les autres au rang de cover-band (de luxe, forcément de luxe, vu la qualité instrumentale d'un guitariste comme Mick Ralphs). Trente-cinq après on arrive toujours pas à lui en vouloir, tant les titres de cette paire multiplatine restent encore aujourd'hui joussifs - surtout ceux de Mott (légèrement meilleur que The Hoople). Cycle du temps oblige, ce qui sonnait comme le comble du rock'n'roll moderne en 1973 semble désormais parfaitement désué - Mott n'ayant pas connu la même postérité que T-Rex ou même Sweet (il faut dire que paradoxalement, les premiers albums folk-rock du groupe de Hunter ont eu bien plus d'influence - notamment sur Joe Strummer - que leurs hits du milieu des seventies). Il n'empêche qu'entre la fougue de "Violence" et la délicate perversité de "Ballad of Mott the Hoople", il y a largement de quoi faire, Mott étant sans doute l'Autre Album Glam A Posséder Absolument (avec Ziggy évidemment, For Your Pleasure also, les trois premiers T-Rex... que vous avez déjà, du moins on l'espère (1)). Et bien entendu - mais cela va sans dire - vous ne perdrez pas votre temps à écouter KMS et BBB., qui ne manqueront pas de vous dire que c'est mineur et sans intérêt. Non mais.

Découvrez la playlist MOTT THE HOOPLE de thomthom1293

Trois albums pour découvrir Mott The Hoople :

👍👍👍 Brain Capers (Atlantic, 1971)

👑 Mott (1973)

👍👍👍 The Hoople (Columbia, 1974)

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(1) pour Sweet, Slade et Gary Glitter, de bons greatest hits feront l'affaire