[Taux de spoil : 10 %] Si vous doutiez encore que les séries contemporaines pouvaient se montrer bien plus ambitieuses et créatives que bon nombres de films ou de romans, In Treatment devrait achever de vous convaincre tant, conceptuellement parlant, la série créée par Hagai Levi est éblouissante. Exploitant peut-être plus qu'aucune autre avant elle les possibilités du format sériel, elle se joue avec brio des unités de temps et de lieu, crée une empathie remarquable avec les personnages, place le verbe et l'interprétation au premier plan... voilà bien longtemps qu'on n'avait pas croisé programme si original et ambitieux, même sur HBO (qui en diffuse la version américaine 1).
Il s'agit comme son nom l'indique de suivre le quotidien d'un psychothérapeute par le biais de ses consultations régulières avec cinq patients (en fait trois personnes plus un couple), au rythme d'une séance chacun par semaine. Comprendre par-là qu'aux Etats-Unis, In Treatment est diffusée tous les jours sans la moindre pause, chaque lundi confrontant Paul Weston au même patient, chaque mardi au même autre... le vendredi étant systématiquement réservé à sa propre thérapie à lui, sorte de worst of de la semaine lui permettant de prendre la parole de manière plus soutenue (car s'il est bavard pour un psy... il n'en reste pas moins silencieux la plupart du temps).
Les premiers épisodes sont assez exceptionnels et Gabriel Byrne, tour à tour bienveillant et taquin, rassurant et incisif, n'y est pas pour rien. Un peu en rade de rôles marquants depuis quinze ans, il adopte enfin ici une partition à sa mesure, jouant énormément avec le regard et les mimiques et laissant deviner une palette quasiment infinie. Si les has-been du grand écran se ruent sur le petit depuis quelques années, aucun n'est à ce jour arrivé à la cheville de Byrne - qui trouve peut-être là le rôle de sa vie. Et face à lui tout le monde est au diapason, qu'il s'agisse de Diane West (primée pour le rôle de Gina, la psy en retraite), de la jeune Mia Wasikowska (qui incarnera d'ailleurs, et cela n'a rien d'une surprise vu son talent, Alice dans l'adaptation de Burton à paraître au printemps prochain), de Blair Underwood (le jubilatoire méchant de Dirty Sexy Money) ou de l'excellente Melissa George (vue dans Alias ou Grey's Anatomy, et qui trouve enfin un rôle à la hauteur de son talent - elle qui était surtout connue pour sa pelle monumentalement roulée à Laura Harring dans Mulholland Drive).
Las. Si un concept remarquable et un casting de haute volée peuvent suffire à un film d'une heure trente, il en faut plus pour tenir la distance dans une saison de quarante-trois épisodes. "Plus" ne signifiant pas "trop"... mis à part apparemment pour les scénaristes d'In Treatment, qui commencent à se laisser un peu aller en milieu de saison. Quelque part on les comprend : c'est une gageure que de suffisamment exciter le téléspectateur pour qu'il revienne quotidiennement pendant neuf semaines, et force est de reconnaître que le concept de cette série-ci ne se prête pas vraiment aux twist-endings haletants. Comprendre, cependant, n'est pas excuser. Et si dès le départ quelques situations semblaient un peu clichés et n'étaient sauvées que par l'interprétation (l'ado sportive qui a une liaison avec son coach et, bien entendu, LE transfert érotique de Laura) le fait que l'histoire d'amour non consommée entre Laura et Paul prenne de plus en plus d'importance au fil des épisodes fait autant de mal au spectateur exigeant qu'il a on l'imagine fait de bien aux audiences. Supportable tant qu'elle était circonscrite à l'épisode du lundi, cette intrigue de seconde zone faisant peu de cas du parti pris réaliste présidant au concept (tout comme de la psychothérapie en générale) devient carrément usante dès lors qu'elle commence à bouffer les épisodes du mardi et (évidemment) du vendredi 2.
Cette histoire devenue au bout d'une dizaine d'épisodes l'arc principal de la série, le désintérêt va croissant, et ce qui partait pour être une série de très grande classe devient peu à peu un simple ovni télévisuel que l'on suit avec une curiosité plus ou moins amusée. Il y avait pourtant là, potentiellement, de quoi faire quelque chose d'extraordinaire. Ce qu'est, paraît-il, la saison 2.
Nous verrons donc, In Treatment demeurant suffisamment originale pour susciter notre intérêt en seconde instance...
(1) Hagai Levi a en effet d'abord créé ce concept - avec malheureusement moins de moyens pour ses colossales ambitions - chez lui, en Israël, sous le titre de BeTipul.
(2) "Evidemment" parce que l'épisode du vendredi est celui où Paul va chez sa psy, et qu'il est assez logique qu'il parle de Laura avec elle.
Il s'agit comme son nom l'indique de suivre le quotidien d'un psychothérapeute par le biais de ses consultations régulières avec cinq patients (en fait trois personnes plus un couple), au rythme d'une séance chacun par semaine. Comprendre par-là qu'aux Etats-Unis, In Treatment est diffusée tous les jours sans la moindre pause, chaque lundi confrontant Paul Weston au même patient, chaque mardi au même autre... le vendredi étant systématiquement réservé à sa propre thérapie à lui, sorte de worst of de la semaine lui permettant de prendre la parole de manière plus soutenue (car s'il est bavard pour un psy... il n'en reste pas moins silencieux la plupart du temps).
Les premiers épisodes sont assez exceptionnels et Gabriel Byrne, tour à tour bienveillant et taquin, rassurant et incisif, n'y est pas pour rien. Un peu en rade de rôles marquants depuis quinze ans, il adopte enfin ici une partition à sa mesure, jouant énormément avec le regard et les mimiques et laissant deviner une palette quasiment infinie. Si les has-been du grand écran se ruent sur le petit depuis quelques années, aucun n'est à ce jour arrivé à la cheville de Byrne - qui trouve peut-être là le rôle de sa vie. Et face à lui tout le monde est au diapason, qu'il s'agisse de Diane West (primée pour le rôle de Gina, la psy en retraite), de la jeune Mia Wasikowska (qui incarnera d'ailleurs, et cela n'a rien d'une surprise vu son talent, Alice dans l'adaptation de Burton à paraître au printemps prochain), de Blair Underwood (le jubilatoire méchant de Dirty Sexy Money) ou de l'excellente Melissa George (vue dans Alias ou Grey's Anatomy, et qui trouve enfin un rôle à la hauteur de son talent - elle qui était surtout connue pour sa pelle monumentalement roulée à Laura Harring dans Mulholland Drive).
Las. Si un concept remarquable et un casting de haute volée peuvent suffire à un film d'une heure trente, il en faut plus pour tenir la distance dans une saison de quarante-trois épisodes. "Plus" ne signifiant pas "trop"... mis à part apparemment pour les scénaristes d'In Treatment, qui commencent à se laisser un peu aller en milieu de saison. Quelque part on les comprend : c'est une gageure que de suffisamment exciter le téléspectateur pour qu'il revienne quotidiennement pendant neuf semaines, et force est de reconnaître que le concept de cette série-ci ne se prête pas vraiment aux twist-endings haletants. Comprendre, cependant, n'est pas excuser. Et si dès le départ quelques situations semblaient un peu clichés et n'étaient sauvées que par l'interprétation (l'ado sportive qui a une liaison avec son coach et, bien entendu, LE transfert érotique de Laura) le fait que l'histoire d'amour non consommée entre Laura et Paul prenne de plus en plus d'importance au fil des épisodes fait autant de mal au spectateur exigeant qu'il a on l'imagine fait de bien aux audiences. Supportable tant qu'elle était circonscrite à l'épisode du lundi, cette intrigue de seconde zone faisant peu de cas du parti pris réaliste présidant au concept (tout comme de la psychothérapie en générale) devient carrément usante dès lors qu'elle commence à bouffer les épisodes du mardi et (évidemment) du vendredi 2.
Cette histoire devenue au bout d'une dizaine d'épisodes l'arc principal de la série, le désintérêt va croissant, et ce qui partait pour être une série de très grande classe devient peu à peu un simple ovni télévisuel que l'on suit avec une curiosité plus ou moins amusée. Il y avait pourtant là, potentiellement, de quoi faire quelque chose d'extraordinaire. Ce qu'est, paraît-il, la saison 2.
Nous verrons donc, In Treatment demeurant suffisamment originale pour susciter notre intérêt en seconde instance...
✋ In Treatment [En analyse] (saison 1)
créée par Hagai Levi
HBO, 2008
(1) Hagai Levi a en effet d'abord créé ce concept - avec malheureusement moins de moyens pour ses colossales ambitions - chez lui, en Israël, sous le titre de BeTipul.
(2) "Evidemment" parce que l'épisode du vendredi est celui où Paul va chez sa psy, et qu'il est assez logique qu'il parle de Laura avec elle.
Tu es vraiment très sévère. Du moins, dans la note, car tu ne manques pas de faire des compliments à cette série que je trouve, personnellement, remarquable (je ne dois pas être le seul, elle s'est plutôt bien classée au jeu des "hot shorts").
RépondreSupprimerCordialement.
Je fais des compliments, oui... et ce n'est pas contre-indiqué vis-à-vis d'un 3/6. Cette note exprime en fait très bien mes sentiments mitigés à l'égard de cette série, qui a plein de qualités, propose plusieurs très beaux épisodes... et d'autres franchement chiants et sans intérêt.
RépondreSupprimerPar contre si je vous suis sur Lost, beaucoup moins sur In Treatment qui est pour moi une des meilleures séries du moment...
RépondreSupprimerEffectivement on n'est pas trop d'accord - pour moi cette série est très loin du podium... surtout comparée justement avec les meilleures séries de la saison, Breaking Bad, Dexter, 24...
RépondreSupprimerA part le personnage de Sophie la saison 1 ne m'a pas laissé de souvenir mémorable (même si j'avais beaucoup aimé). La 2 est par contre exceptionnelle, Paul se met vraiment en danger et les patients sont beaucoup plus crédibles.
RépondreSupprimerJe n'ai vu que le début de la saison 2 (la première semaine, en fait). C'est en effet très bon... mais bon, le début de la saison 1 était très bon aussi...
RépondreSupprimerJe peux comprendre...
RépondreSupprimerN'importe quoi. C'est une des séries les plus intelligentes du moment et vous la traitez limite comme Grey's Anatomie. Faut quand même pas trop se foutre du lecteur.
RépondreSupprimerVous caricaturez tellement mon propos que j'ignore quoi vous répondre. On ne peut pas nier les qualités d'In Treatment, mais on ne peut pas nier non plus le côté un peu casse-pied et envahissant de l'histoire d'amour (d'ailleurs personne ne l'a fait ci-dessus, même ceux qui aimaient). Fin du débat (si tant est qu'il y en ait eu un...)
RépondreSupprimerDisons qu'on peut ne pas trouver l'histoire d'amour niaise ou pathos, on peut même aimer ces passages. Mais on ne peut pas nier, en effet, qu'elle forme la trame principale de la première saison.
RépondreSupprimerMerci JC . Mais en même temps... on frôle tout de même le surréalisme, car je n'ai jamais dit ça... non plus ! Je n'ai jamais dit que l'histoire était niaise ni rien de ce genre (au contraire, cette histoire est plutôt subtile et bien menée). Juste qu'elle n'était pas nécessaire et prenait trop de place dans l'intrigue.
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