C'est une des meilleures nouvelles de la saison qui vient de s'achèver. John Le Carré est de retour au sommet. A la noirceur. A la violence sourde. A l'espionnage. A la politique, quoi.
On n'y croyait plus vraiment tant il semblait avoir renoncé au genre depuis plus de dix ans maintenant, n'était-ce pour occasionnellement le tourner en dérision (Tailor of Panama, Single & Single, Absolute Friends...). C'est dire la surprise de le voir revenir aujourd'hui en pleine forme et surtout en plein dans son époque, s'attaquant enfin frontalement à des thématiques post-11 septembre et prouvant à ceux qui l'imaginaient déjà gâtifiant qu'il demeure le seul et unique maître du roman d'espionnage. Soixante-dix-sept ans et le voilà signant un de ses livres les plus ambitieux, croisant le destin de trois personnages antagonistes dans un Hambourg tout en ruelles sinistres et palaces angoissants, le tout sur fond de guerre sauvage contre le terrorisme et d'amours contrariées.
L'addition pourrait être salée et le récit obèse - c'est exactement l'inverse qui se passe. D'abord parce que Le Carré fait toujours preuve de ce sens de l'épure sur lequel il bâtit autrefois sa légende : style sobre, élégant mais avant tout efficace, entièrement au service d'une mécanique narrative épatante. Ensuite - surtout - parce qu'on y retrouve (enfin) la rigueur documentaire caractérisant tous ses meilleurs romans (The Naive & Sentimental Love, The Russia House), cette manière habile de malaxer la masse d'informations pour la dissoudre dans une intrigue finalement assez simple. Libéré des contraintes et des étiquettes qui l'entravaient autrefois (voilà longtemps maintenant que Le Carré a prouvé qu'il était bien plus qu'un romancier d'espionnage), l'auteur s'autorise même quelques réflexions acides quant au financement du terrorisme ou à la chasse aux clandestins (mais il est vrai que de la part de l'auteur de The Unbearable Truth, essai géo-politique visionnaire, ce n'est guère surprenant), retrouvant la sagacité qu'on lui connaissait dans les années soixante-dix et quatre-vingt. Rarement joyeuse, l'oeuvre de John Le Carré n'a sans doute jamais été aussi sombre et pessimiste, ce au regard de quoi le final d'A Most Wanted Man ne semblera pas si tiré par les cheveux qu'il y paraît : pour éviter de sombrer dans la dépression au terme d'un récit si anxiogène, il fallait bien une dose de licence poétique au bout du compte...
On n'y croyait plus vraiment tant il semblait avoir renoncé au genre depuis plus de dix ans maintenant, n'était-ce pour occasionnellement le tourner en dérision (Tailor of Panama, Single & Single, Absolute Friends...). C'est dire la surprise de le voir revenir aujourd'hui en pleine forme et surtout en plein dans son époque, s'attaquant enfin frontalement à des thématiques post-11 septembre et prouvant à ceux qui l'imaginaient déjà gâtifiant qu'il demeure le seul et unique maître du roman d'espionnage. Soixante-dix-sept ans et le voilà signant un de ses livres les plus ambitieux, croisant le destin de trois personnages antagonistes dans un Hambourg tout en ruelles sinistres et palaces angoissants, le tout sur fond de guerre sauvage contre le terrorisme et d'amours contrariées.
L'addition pourrait être salée et le récit obèse - c'est exactement l'inverse qui se passe. D'abord parce que Le Carré fait toujours preuve de ce sens de l'épure sur lequel il bâtit autrefois sa légende : style sobre, élégant mais avant tout efficace, entièrement au service d'une mécanique narrative épatante. Ensuite - surtout - parce qu'on y retrouve (enfin) la rigueur documentaire caractérisant tous ses meilleurs romans (The Naive & Sentimental Love, The Russia House), cette manière habile de malaxer la masse d'informations pour la dissoudre dans une intrigue finalement assez simple. Libéré des contraintes et des étiquettes qui l'entravaient autrefois (voilà longtemps maintenant que Le Carré a prouvé qu'il était bien plus qu'un romancier d'espionnage), l'auteur s'autorise même quelques réflexions acides quant au financement du terrorisme ou à la chasse aux clandestins (mais il est vrai que de la part de l'auteur de The Unbearable Truth, essai géo-politique visionnaire, ce n'est guère surprenant), retrouvant la sagacité qu'on lui connaissait dans les années soixante-dix et quatre-vingt. Rarement joyeuse, l'oeuvre de John Le Carré n'a sans doute jamais été aussi sombre et pessimiste, ce au regard de quoi le final d'A Most Wanted Man ne semblera pas si tiré par les cheveux qu'il y paraît : pour éviter de sombrer dans la dépression au terme d'un récit si anxiogène, il fallait bien une dose de licence poétique au bout du compte...
👍👍 A Most Wanted Man
John Le Carré | Scribner, 2008
Très bon livre, en effet. Néanmoins, je serais moins indulgent que vous avec la fin, un peu abusive, malgré ce que vous en dites.
RépondreSupprimerBBB.
… Libellus est bien en coma dépassé, mais il peut encore respirer, par l'artifice des commentaires… sur une mise à jour, sévère, du dernier article paru. Ceci est un spam à tirage (très) limité, les happy fews ne s'en offusqueront pas et non plus de notre éloignement en com, pour des raisons sans rapport avec la maj, encore que…
RépondreSupprimerBien à tous.
Lou
[finalement, mon com va bien avec ton article ;)]
Une bonne nouvelle, donc !
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