Ouille que ça fait mal. Le premier titre de Title of Record, passée l'intro, est assez monstrueux. La voix rivalise dangereusement avec quelques casseroles bien de chez nous (Richard Patrick... Bruel ?), la rythmique est rigide (trop), les paroles sont supra-connes... ce septième épisode de Ten Years After a bien failli se conclure sur une fin de non recevoir. Voilà des années que je n'avais plus écouté le second album de Filter intégralement, et j'ai bien failli remettre ça à dans quelques années encore. Heureusement le deuxième titre est d'un tout autre acabit, et le troisième meilleur encore - une petite bombe electro-metal fort justement baptisée "It's Gonna Kill Me". C'est rageur, un peu bourrin et un peu pop en même temps... dans la droite ligne de Short Bus, très culte premier opus de l'homme qui voulait être calife à la place du Reznor.
En vieillissant bien sûr, impossible de s'éclater exactement comme à l'époque à l'écoute d'un indus-rock-pop très conventionnel lorgnant tour à tour vers Whale et Skinny Puppy ; on est loin des noirs anathèmes de Nine Inch Nails ou du bourrinage jubilatoire de Ministry, avec lesquels Richard Patrick ne rivalisa jamais qu'aux yeux des néophytes en matière d'agression industrielle. Il n'empêche que dans sa folie furieuse - car Patrick est un authentique psychopathe - le personnage demeure éminemment sympathique en dépit de prises de positions politiques souvent indéfendables et d'une propension sur-développée à se prendre pour les Beatles ET Nine Inch Nails à lui tout seul quand il peine toujours, seize ans après son premier maxi, à chanter juste. Il est vrai que les dingues ont toujours eu bonne presse dans ces pages - celui-ci ne fait exception à la règle.
Surtout, Title of Record demeure dix ans après un album agréable - même si l'honnêteté m'oblige à reconnaître que je l'apprécie infiniment moins qu'alors. Certes "Take a Picture" est devenue insupportable (façon de parler : elle l'était sans doute pour beaucoup depuis toujours), avec sa mélodie niaise et sa rythmique pompée sur les Corrs. Mais dès qu'il revient à des choses plus couillues, Filter témoigne d'une incontestable force de frappe qu'on peinera par la suite à retrouver sur ses albums suivants (le moyen The Amalgamut en 2002 et Anthems for the Dead en 2008 - tellement marquant qu'il m'a fallu faire appel à allmusic pour retrouver son titre) : c'est un "Captain Bligh" magistralement dédié à Reznor, façon je te jette le gant et la main avec, ou un "I Will Lead You" à l'héroïsme touchant. Moins catchy, la fin de l'album n'en est d'ailleurs que plus intéressante, entre le ténébreux "Cancer" et le floydien "I'm Not the Only One". Il y avait manifestement là des pistes à travailler que Richard Patrick, dans sa folie des grandeurs, a a priori négligées. C'est qu'il n'est pas facile d'être un artiste exigeant à la démarche captivante lorsqu'on nourrit comme principal rêve de vendre des tonnes d'albums et de passer en rotation lourde sur MTV. Assez ironiquement, c'est en atteignant les objectifs qu'il s'était fixé et avait toujours revendiqués que le non-groupe a perdu la considération de tous ceux qui l'avaient adoré à la fin des années quatre-vingt-dix. Désormais devenu un très bon vendeur de disques dans son pays d'origine, Richard Patrcik n'intéresse de fait plus grand monde en dehors. A qui la faute ?
Une fois encore le dommage collatéral de cette rubrique saute aux oreilles : on part pour voir l'évolution de nos goûts au fil des années, et l'on se retrouve à observer avec dédain certains carrières (de moins en moins) artistiques.
En vieillissant bien sûr, impossible de s'éclater exactement comme à l'époque à l'écoute d'un indus-rock-pop très conventionnel lorgnant tour à tour vers Whale et Skinny Puppy ; on est loin des noirs anathèmes de Nine Inch Nails ou du bourrinage jubilatoire de Ministry, avec lesquels Richard Patrick ne rivalisa jamais qu'aux yeux des néophytes en matière d'agression industrielle. Il n'empêche que dans sa folie furieuse - car Patrick est un authentique psychopathe - le personnage demeure éminemment sympathique en dépit de prises de positions politiques souvent indéfendables et d'une propension sur-développée à se prendre pour les Beatles ET Nine Inch Nails à lui tout seul quand il peine toujours, seize ans après son premier maxi, à chanter juste. Il est vrai que les dingues ont toujours eu bonne presse dans ces pages - celui-ci ne fait exception à la règle.
Surtout, Title of Record demeure dix ans après un album agréable - même si l'honnêteté m'oblige à reconnaître que je l'apprécie infiniment moins qu'alors. Certes "Take a Picture" est devenue insupportable (façon de parler : elle l'était sans doute pour beaucoup depuis toujours), avec sa mélodie niaise et sa rythmique pompée sur les Corrs. Mais dès qu'il revient à des choses plus couillues, Filter témoigne d'une incontestable force de frappe qu'on peinera par la suite à retrouver sur ses albums suivants (le moyen The Amalgamut en 2002 et Anthems for the Dead en 2008 - tellement marquant qu'il m'a fallu faire appel à allmusic pour retrouver son titre) : c'est un "Captain Bligh" magistralement dédié à Reznor, façon je te jette le gant et la main avec, ou un "I Will Lead You" à l'héroïsme touchant. Moins catchy, la fin de l'album n'en est d'ailleurs que plus intéressante, entre le ténébreux "Cancer" et le floydien "I'm Not the Only One". Il y avait manifestement là des pistes à travailler que Richard Patrick, dans sa folie des grandeurs, a a priori négligées. C'est qu'il n'est pas facile d'être un artiste exigeant à la démarche captivante lorsqu'on nourrit comme principal rêve de vendre des tonnes d'albums et de passer en rotation lourde sur MTV. Assez ironiquement, c'est en atteignant les objectifs qu'il s'était fixé et avait toujours revendiqués que le non-groupe a perdu la considération de tous ceux qui l'avaient adoré à la fin des années quatre-vingt-dix. Désormais devenu un très bon vendeur de disques dans son pays d'origine, Richard Patrcik n'intéresse de fait plus grand monde en dehors. A qui la faute ?
Une fois encore le dommage collatéral de cette rubrique saute aux oreilles : on part pour voir l'évolution de nos goûts au fil des années, et l'on se retrouve à observer avec dédain certains carrières (de moins en moins) artistiques.
👍 Title of Record
Filter | Reprise, 1999
Berk...
RépondreSupprimerCa, c'est du com' !
RépondreSupprimerEn même temps on parle de Filter!
RépondreSupprimerQue ça m'évoque un mot, vu ce que c'est, c'est déjà énorme!
Je trouve que tu exagères un peu...
RépondreSupprimerAttends...même quand il fait de la pop ce mec est un gros bourrin sans la moindre finesse. Et il chante mal, mais mal...
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