C'est un cycle infernal un peu triste, mais malheureusement inévitable. Vous êtes jeune, vous êtes beau, vous jouer dans un groupe de rock. Les années de formation sont brèves, mais inestimables. Vous commencez lentement mais sûrement à avoir du succès. Sans même vous en apercevoir, vous publiez un chef-d'oeuvre. C'est la classe. Tant pis sir le ver est déjà dans le fruit, et le bassiste prêt à vous quitter : vous continuez inexorablement votre ascension. Une chanson, puis une autre. Un chef-d'oeuvre, puis un autre. Vous êtes le plus grand groupe de votre génération. Trois classiques de suite. Vous gagnez suffisamment pour vivre, pas assez pour être bouffé par le star système.
En un mot : vous êtes culte. Les gamins ne veulent pas être comme vous, vous n'êtes pas Kurt Cobain, mais ils vous respectent plus encore que leurs véritables idoles. C'est ça, être culte. Et ça vous plaît bien. D'autant que les idoles vieillissent mal, quand les artistes cultes peuvent sans problème accuser le poids des ans (ils sont souvent déjà vieux lorsqu'on les découvre). Le hasard fait bien les choses : vous venez justement d'atteindre, mine de rien, la trentaine. Ce n'est jamais bon signe. Ce n'est pas non plus une fatalité. Votre destin est encore entre vos mains.
Durant deux ou trois ans vous persistez à donner le change avec plus ou moins de bonheur. La mode est passée, les dollars âpremant gagnés avec. L'underground, qui ne vous a jamais oublié, vous tend les bras. Vous vous y plongez résolumment, convaincu que la délivrance se trouve contre sa poitrine moelleuse.
Vous n'en ressortirez plus avant une décennie.
Lorsque vous referez surface, accompagné comme de juste de votre ancien bassiste nourrissant l'espoir de pouvoir à nouveau s'acquitter de son troisième tiers, vous serez d'abord plutôt bien reçu - comme un pote qu'on a pas revu depuis un moment. Votre nouvel album, sans pour autant provoquer l'enthousiasme, sera chaleureusement accueilli. La tournée qui suit également. Hélas ! Personne ne vous le dira alors, mais c'est déjà trop tard. Et lorsque vous voudrez refaire un album, sans autre motivation que de signer de la bonne musique entre copains, vous vous heurterez au mur de l'évidence avec une inexorable violence : ce gamin qui avait adoré votre sixième album en 1997 a désormais une vingtaine d'années et publié son premier opus, du même tonneau, qui explose votre dernier né à tout point de vue. Parce que lui est vraiment jeune. Il se rappelle ce qu'est la candeur, l'insouciance, l'éternelle adolescence rock'n'roll. Ses mélodies ne sentent pas le procédé, mais la spontanéité inhérente à toute power-pop qui se respecte. Ses refrains sont tapageurs, ses riffs simples et efficaces, sa voix ressemble à celle de votre vieux rival des années quatre-vingt.
A côté de ça le vôtre, d'album, fait un peu de peine. Il n'est pas mauvais et contient même quelques très bons moments. Vous avez votre style, inimitable, vous n'êtes pas devenus un naze du jour au lendemain. Simplement l'ensemble est un peu trop produit, un peu trop carré... beaucoup trop réfléchi pour toucher comme vous touchiez il y a quinze ans. C'est un cycle infernal et vous n'y pouvez rien. Votre seul consolation est de vous dire que dans quinze annnées supplémentaires, ce jeune gars sera à votre place tandis qu'une troisième génération vous redécouvrira et vous offrira l'occasion de repartir en tournée aux quatre coin du monde. Sans doute alors votre plus tout jeune rival se rappellera-t-il du vieil adage golbien, jurant mais un peu tard qu'on ne l'y reprendra plus : Tout jeune n'est qu'un futur vieux et tout vieux, un ex-jeune qui a mal tourné.
En un mot : vous êtes culte. Les gamins ne veulent pas être comme vous, vous n'êtes pas Kurt Cobain, mais ils vous respectent plus encore que leurs véritables idoles. C'est ça, être culte. Et ça vous plaît bien. D'autant que les idoles vieillissent mal, quand les artistes cultes peuvent sans problème accuser le poids des ans (ils sont souvent déjà vieux lorsqu'on les découvre). Le hasard fait bien les choses : vous venez justement d'atteindre, mine de rien, la trentaine. Ce n'est jamais bon signe. Ce n'est pas non plus une fatalité. Votre destin est encore entre vos mains.
Durant deux ou trois ans vous persistez à donner le change avec plus ou moins de bonheur. La mode est passée, les dollars âpremant gagnés avec. L'underground, qui ne vous a jamais oublié, vous tend les bras. Vous vous y plongez résolumment, convaincu que la délivrance se trouve contre sa poitrine moelleuse.
Vous n'en ressortirez plus avant une décennie.
Lorsque vous referez surface, accompagné comme de juste de votre ancien bassiste nourrissant l'espoir de pouvoir à nouveau s'acquitter de son troisième tiers, vous serez d'abord plutôt bien reçu - comme un pote qu'on a pas revu depuis un moment. Votre nouvel album, sans pour autant provoquer l'enthousiasme, sera chaleureusement accueilli. La tournée qui suit également. Hélas ! Personne ne vous le dira alors, mais c'est déjà trop tard. Et lorsque vous voudrez refaire un album, sans autre motivation que de signer de la bonne musique entre copains, vous vous heurterez au mur de l'évidence avec une inexorable violence : ce gamin qui avait adoré votre sixième album en 1997 a désormais une vingtaine d'années et publié son premier opus, du même tonneau, qui explose votre dernier né à tout point de vue. Parce que lui est vraiment jeune. Il se rappelle ce qu'est la candeur, l'insouciance, l'éternelle adolescence rock'n'roll. Ses mélodies ne sentent pas le procédé, mais la spontanéité inhérente à toute power-pop qui se respecte. Ses refrains sont tapageurs, ses riffs simples et efficaces, sa voix ressemble à celle de votre vieux rival des années quatre-vingt.
A côté de ça le vôtre, d'album, fait un peu de peine. Il n'est pas mauvais et contient même quelques très bons moments. Vous avez votre style, inimitable, vous n'êtes pas devenus un naze du jour au lendemain. Simplement l'ensemble est un peu trop produit, un peu trop carré... beaucoup trop réfléchi pour toucher comme vous touchiez il y a quinze ans. C'est un cycle infernal et vous n'y pouvez rien. Votre seul consolation est de vous dire que dans quinze annnées supplémentaires, ce jeune gars sera à votre place tandis qu'une troisième génération vous redécouvrira et vous offrira l'occasion de repartir en tournée aux quatre coin du monde. Sans doute alors votre plus tout jeune rival se rappellera-t-il du vieil adage golbien, jurant mais un peu tard qu'on ne l'y reprendra plus : Tout jeune n'est qu'un futur vieux et tout vieux, un ex-jeune qui a mal tourné.
✋ Farm
Dinosaur Jr | Jagjaguwar/PiAS, 2009
👍👍 In the Court of the Wrestling Let's
Let's Wrestle | Stolen Recordings, 2009
Je suis bien d'accord avec vous : la seule solution est en effet de mourir très jeune.
RépondreSupprimerJe trouve pas ça très intéressant Let's Wrestle...
RépondreSupprimerEt puis il y a une personne qui prouve qu'on peut rester jeune : Kristin Hersh !
Arrête il est très très bien ce Dinosaur Jr. Rien de neuf mais de bonnes chansons.
RépondreSupprimerQuand je pense que tu adores cette merde de Rancid (dont je n'ai pas pu dépasser la 3ème chanson, ce ska merdique de groupe de baloche de province touchée de plein fouet par l'exode rural) j'avoue que j'ai du mal à comprendre ce qui t'arrive (je m'inquiète pour toi).
Jolie manière de présenter deux disques, mine de rien. Et on comprend tout à fait de quoi il retourne. Ce Dinosaur JR ne me tentait guère, de toutes facons, trop de bons trucs nouveaux à découvrir...
RépondreSupprimerLyle: kristin Hersh, ok. Mais pour Throwing Muses, on est quand meme en plein dans le sujet...
Vachement original de cracher sur Rancid pour défendre Dinosaur Jr (rapport ? zéro). On sent qu'y a eu de la recherche dans les arguments mine de rien ;)
RépondreSupprimerErnesto >>> oui enfin... il vous reste un peu de temps, vous devez encore connaître la gloire ;-)
RépondreSupprimerLyle >>> Let's Wrestle n'invente rien, ça sonne pas mal comme du Frank Black période Teenager of the Year je trouve... mais c'est frais, dynamique, je trouve ça vraiment sympa.
KMS >>> je laisse de côté tes bassesses sur Rancid (pas envie de me lancer dans une discussion sur le sujet alors qu'on trouve sur Le Golb ou chez Klak un paquet d'articles défendant très bien le sujet). Concernant Dinosaur Jr... j'avoue que je te trouve vraiment très fort sur ce coup, toi qui es généralement si prompt à dégommer les vieilles gloires du rock. Farm n'est pas un mauvais album. M'enfin quand même... "très très bien", c'est Green Mind, pas cet album à la production affreusement lisse qui sonne parfois (excuse le peu !) comme les Goo Goo Dolls (mais si tu n'as jamais écouté les Goo Goo Dolls c'est tout à ton honneur) et dont le moindre refrain est affreusement prévisible. J'adore Dino, et depuis longtemps, mais faut quand même pas déconner, le seul truc "très très bien" dans Farm, c'est sa pochette (et encore : les clins d'oeil à Tolkien sont à la portée de n'importe quel groupe de metal-prog venu...)
Xavier >>> merci d'exister. ;-)
Ce que je trouve triste là-dedans, c'est que quand ils ont sorti Beyond ou même à la fin des années 90, on trouvait plus personne pour les défendre, les Dino. Et là subitement les critiques s'excitent sur Farm, Libé leur accorde quatre pages, entre nous c'est un peu ridicule (même si cet album n'a rien de détestable)
RépondreSupprimer- mais à mon avis c'est parce qu'avant ils étaient pas assez vieux pour avoir droit aux lauriers du groupes de vétérans qu'ont rien perdu de leur folle jeunesse :)
RépondreSupprimerde rien. ca ne me demande qu'un peu d'efforts....
RépondreSupprimerSerious Moon >>> je ne sais pas si tu as raison, mais ton commentaire m'a bien fait rire ;-)
RépondreSupprimerXavier >>> au pluriel quand même à ce que je vois :-)
Moi je suis pas difficile, je kiffe et Rancid et Dinosaur Jr ;)
RépondreSupprimerEt moi, je n'aime ni l'un, ni l'autre.
RépondreSupprimer;)
BBB.
... et heureusement qu'il y a des gens aussi arrangeants que vous deux ;-)
RépondreSupprimer:)
RépondreSupprimerEt sinon "groupe de balloche", c'est ça pas forcément une insulte, y a des gars dans les balloches qui sont de bien meilleurs musiciens que beaucoup de pseudo rockeurs indés (et moins prétentieux en plus). Bon évidemment ils sont vieux et pas trop hype... ;)
Ca c'est pas faux...
RépondreSupprimer