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De deux choses l’une : soit vous faites partie de cette étrange minorité de gens en France ayant un goût certain pour le rock’n’roll, et vous n’en pouvez plus de tous ces groupes pullulant depuis sept ans maintenant, qui sonnent soi-disant garage et revivalisent à peu près tout ce qui s’est joué avec des guitares depuis 1965. Soit vous appartenez au reste de la population du pays, vous n’avez rien à secouer du rock et vous en pouvez encore moins de cette mode interminable, vous ne pouvez même plus supporter le son d’une guitare et d’ailleurs vous vous réfugiez dans les disques d’Hélène Ségara et leurs nappes de synthé (si douces, si rassurantes) pour noyer votre chagrin. Dans l’un comme l’autre de ces cas vous n’aurez aucune envie de jeter une oreille sur Vincent Vincent & The Villains, vous trouverez le nom débile et l’idée d’un groupe rétro-60’s découvert en première partie des Kooks vous révulsera d’entrée de jeu. Rassurez-vous : le courageux rédacteur de Culturofil (c’est moi) a pensé comme vous quand on lui a suggéré d’écouter ce disque. Néanmoins comme c’est un pro (la preuve : il écrit ses papiers à la troisième personne) il a décidé de faire un effort, juste comme ça – parce qu’il faisait beau et que l’idée de disséquer le dernier Portishead lui faisait mal au crâne par avance.
Quelle ne fut pas sa surprise de se retrouver à siffloter avec enthousiasme au bout de seulement deux écoutes ! Aussi incroyable que cela puisse paraître, Vincent et ses sbires sont parvenus à publier un disque tout à fait agréable, plutôt personnel et en tout cas des plus attachants. On ne sait pas trop d’où ils sortent (à vrai dire on s’en fout un peu) mais leur musique ensoleillée colle parfaitement aux effluves printanières et au climat du moment. L’intro quasi flamenco de "Beast" annonce la couleur vive, vous entendez ça et soudain le doute n’est plus permis : bientôt les filles vont ressortir leurs robes courtes pour aller danser, si vous savez vous montrer persuasif vous saurez peut-être même convaincre Brenda de vous accompagner samedi soir au drive-in. Ah oui, précision utile : vous vivez bel et bien à la fin des années cinquante. Ooby Dooby, le premier quarante-cinq tours de Roy Orbison, tourne non-stop dans votre mange-disque et ça ne vous fait franchement ni chaud ni froid que vos parents trouvent cette musique passablement malsaine (de toute façon vos parents sont des cons – et des vieux de surcroît).
Serait-ce donc au tour du rockabilly d’avoir son petit revival ? Ca semble bien parti pour. Et honnêtement…avec des disques de ce calibre on ne dira pas non. Car s’ils ne risquent pas de changer la face de musique (ni même de l’éclabousser un tout petit peu) Vincent Vincent & The Villains sont parvenus à publier l’incarnation parfaite de ce qu’on appelle un disque sympathique. Soit donc une petite compilation de chansons pop sans prétention qui rapidement ne veulent plus sortir du crâne. Improbable (mais charmante) rencontre entre Bill Haley et Madness, "I'm Alive" est le genre de morceau idéal pour la route des vacances (surtout si les embouteillages commencent à vous taper sur le système) ; quant aux "Pretty Girl" et autres "On My Own" ils évoquent Richie Valens (mais si, vous connaissez – « Para bailar la bamba… » – ça vous revient ?)… si un millier de groupes sonnaient comme ça ce serait sans doute insupportable, mais les Villains étant seuls sur le créneau… ça passe comme une lettre à la poste.
Il faut dire que ces drôles de loustics n’ayant de vilains que le nom (quoiqu’ils auraient sans doute fait figure de dangereux délinquants…en 1957) ont un atout maître dans leur jeu : Vincent Vincent, bien sûr ! Etrange bonhomme qu’on imagine volontiers gesticulant à outrance sur scène, le leader du groupe ne chante pas – il interprète. Comme tout musicien pop anglais d’aujourd’hui il a énormément écouté Morrissey (et plus spécialement, on le suppose, Your Arsenal – son album… rockabilly) ; il en a retenu l’essentiel : ne jamais bêtement chanter. Arracher chaque morceau à sa mélodie pour en faire une authentique performance. Cinema, titre le moins léger de l’édifice, donne une impressionnante illustration de son art : interprétation baroque, tonitruante, à la fois mélodramatique et désopilante tant elle verse dans l’excès. Les amateurs de Julien Doré apprécieront (voilà exactement le genre d’album qu’on attendait de lui).
Soit : Gospel Bombs n’a rien du disque parfait. Ce n’est pas l’album de l’année. Ni du mois - même pas de la semaine. Certains titres sont un peu dessous, la production n’est pas toujours très égale d’une chanson à l’autre, et pour ne rien vous cacher tous ceux qui l’ont entendu cherchent encore le gospel. Mais l’ensemble est si agréable, si à contre-courant, si rayonnant et si plein de bonne humeur qu’il vous sera probablement difficile de résister. Pourquoi ? Eh bien… parce que vous n’êtes pas neurasthéniques et qu’il est possible que, parfois, vous vous amusiez à écouter de la musique. Enfin c’est ce qu’on vous souhaite.
De deux choses l’une : soit vous faites partie de cette étrange minorité de gens en France ayant un goût certain pour le rock’n’roll, et vous n’en pouvez plus de tous ces groupes pullulant depuis sept ans maintenant, qui sonnent soi-disant garage et revivalisent à peu près tout ce qui s’est joué avec des guitares depuis 1965. Soit vous appartenez au reste de la population du pays, vous n’avez rien à secouer du rock et vous en pouvez encore moins de cette mode interminable, vous ne pouvez même plus supporter le son d’une guitare et d’ailleurs vous vous réfugiez dans les disques d’Hélène Ségara et leurs nappes de synthé (si douces, si rassurantes) pour noyer votre chagrin. Dans l’un comme l’autre de ces cas vous n’aurez aucune envie de jeter une oreille sur Vincent Vincent & The Villains, vous trouverez le nom débile et l’idée d’un groupe rétro-60’s découvert en première partie des Kooks vous révulsera d’entrée de jeu. Rassurez-vous : le courageux rédacteur de Culturofil (c’est moi) a pensé comme vous quand on lui a suggéré d’écouter ce disque. Néanmoins comme c’est un pro (la preuve : il écrit ses papiers à la troisième personne) il a décidé de faire un effort, juste comme ça – parce qu’il faisait beau et que l’idée de disséquer le dernier Portishead lui faisait mal au crâne par avance.
Quelle ne fut pas sa surprise de se retrouver à siffloter avec enthousiasme au bout de seulement deux écoutes ! Aussi incroyable que cela puisse paraître, Vincent et ses sbires sont parvenus à publier un disque tout à fait agréable, plutôt personnel et en tout cas des plus attachants. On ne sait pas trop d’où ils sortent (à vrai dire on s’en fout un peu) mais leur musique ensoleillée colle parfaitement aux effluves printanières et au climat du moment. L’intro quasi flamenco de "Beast" annonce la couleur vive, vous entendez ça et soudain le doute n’est plus permis : bientôt les filles vont ressortir leurs robes courtes pour aller danser, si vous savez vous montrer persuasif vous saurez peut-être même convaincre Brenda de vous accompagner samedi soir au drive-in. Ah oui, précision utile : vous vivez bel et bien à la fin des années cinquante. Ooby Dooby, le premier quarante-cinq tours de Roy Orbison, tourne non-stop dans votre mange-disque et ça ne vous fait franchement ni chaud ni froid que vos parents trouvent cette musique passablement malsaine (de toute façon vos parents sont des cons – et des vieux de surcroît).
Serait-ce donc au tour du rockabilly d’avoir son petit revival ? Ca semble bien parti pour. Et honnêtement…avec des disques de ce calibre on ne dira pas non. Car s’ils ne risquent pas de changer la face de musique (ni même de l’éclabousser un tout petit peu) Vincent Vincent & The Villains sont parvenus à publier l’incarnation parfaite de ce qu’on appelle un disque sympathique. Soit donc une petite compilation de chansons pop sans prétention qui rapidement ne veulent plus sortir du crâne. Improbable (mais charmante) rencontre entre Bill Haley et Madness, "I'm Alive" est le genre de morceau idéal pour la route des vacances (surtout si les embouteillages commencent à vous taper sur le système) ; quant aux "Pretty Girl" et autres "On My Own" ils évoquent Richie Valens (mais si, vous connaissez – « Para bailar la bamba… » – ça vous revient ?)… si un millier de groupes sonnaient comme ça ce serait sans doute insupportable, mais les Villains étant seuls sur le créneau… ça passe comme une lettre à la poste.
Il faut dire que ces drôles de loustics n’ayant de vilains que le nom (quoiqu’ils auraient sans doute fait figure de dangereux délinquants…en 1957) ont un atout maître dans leur jeu : Vincent Vincent, bien sûr ! Etrange bonhomme qu’on imagine volontiers gesticulant à outrance sur scène, le leader du groupe ne chante pas – il interprète. Comme tout musicien pop anglais d’aujourd’hui il a énormément écouté Morrissey (et plus spécialement, on le suppose, Your Arsenal – son album… rockabilly) ; il en a retenu l’essentiel : ne jamais bêtement chanter. Arracher chaque morceau à sa mélodie pour en faire une authentique performance. Cinema, titre le moins léger de l’édifice, donne une impressionnante illustration de son art : interprétation baroque, tonitruante, à la fois mélodramatique et désopilante tant elle verse dans l’excès. Les amateurs de Julien Doré apprécieront (voilà exactement le genre d’album qu’on attendait de lui).
Soit : Gospel Bombs n’a rien du disque parfait. Ce n’est pas l’album de l’année. Ni du mois - même pas de la semaine. Certains titres sont un peu dessous, la production n’est pas toujours très égale d’une chanson à l’autre, et pour ne rien vous cacher tous ceux qui l’ont entendu cherchent encore le gospel. Mais l’ensemble est si agréable, si à contre-courant, si rayonnant et si plein de bonne humeur qu’il vous sera probablement difficile de résister. Pourquoi ? Eh bien… parce que vous n’êtes pas neurasthéniques et qu’il est possible que, parfois, vous vous amusiez à écouter de la musique. Enfin c’est ce qu’on vous souhaite.
👍 Gospel Bombs
Vincent Vincent & The Villains | Parlophone/EMI, 2008
Connaît pas, mais à la première écoute c'est plutôt pas mal.
RépondreSupprimerVu en live il y a longtemps, c'était épouvantable...
RépondreSupprimerDans le genre, j'avais très largement préféré Blah Blah Blah (pas le meilleur nom du monde, j'en conviens...)
J'ai vu quelques extraits live et en effet, ça ne m'a pas spécialement intéressé. Reste que l'album est frais et très sympa, et que finalement un an après, je l'écoute plus souvent que d'autres que j'ai carrément encensés...
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