Angel ? Mais si voyons : ce gars pâlot qui ne rit même pas quand il se brûle !

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Si je connais Buffy presque par coeur, j'avoue que je n'avais jamais vraiment pris la peine de regarder son spin-off Angel (qui commence à peu près simultanément à la saison quatre des aventures du Scooby Gang). Il est vrai que la diffusion un peu chaotique sur TFHonte ne m'y a pas trop aidé (ça passait le plus souvent le samedi aprem à l'heure du supermarché), mais je dois bien reconnaître aussi que ce que j'en avais vu m'avait toujours laissé penser que c'était moins bien, une gentille extension plutôt qu'une série vraiment passionnante.

Effectivement c'est une extension (au sens noble du terme, en considérant que spin-off n'a rien de noble puisque le terme désigne le plus souvent l'exploitation commerciale d'un concept ou le recasage d'un comédien dont le cachet a doublé), quoique le terme relève de l'injustice appliqué à une production Whedon : s'il est bien une chose qu'on ne peut pas lui reprocher c'est de produire des personnages et plats secondaires. En fait quand on voit Angel, on se demande surtout pourquoi lui, pourquoi Cordelia et pourquoi Wesley ?... alors que quasiment tous les personnages de Buffy (Oz, Faith, Giles, Spike, Anya... et même seconds et troisièmes rôles) pourraient prétendre à avoir leur propre série. Quant à être moins bien... effectivement et sans préjuger des prochaines saisons, c'est moins bien, moins pensé et moins construit (pour ne pas dire que ça part dans tous les sens)... mais tout de même pas inintéressant et même plutôt pas mal foutu. Son problème étant surtout qu'on a vraiment l'impression durant la première saison que les auteurs ne savent pas du tout où ils vont, tentent d'abord de se démarquer totalement de leur précédente série tout en faisant appel à elle en permanence (et de manière pas toujours très pertinente : les crossovers sont sans doute trop abondants dans les premiers épisodes, et les références à Sunnydale trop nombreuses pour espérer séduire un public n'ayant jamais vu les trois premières saisons de Buffy - on a réellement l'impression de prendre l'histoire en marche)... bref : Angel est à ce stade une série qui se cherche durant un long moment (au moins dix-sept ou dix-huit épisodes).

Et lorsqu'elle parvient à se trouver, il peut arriver par éclat (le temps d'une épisode voire d'une seule séquence) qu'elle surprenne en surpassant Buffy, généralement grâce à ses deux atouts principaux : Angel est sans doute une série plus adulte, bien moins manichéenne, qui offre une vision plus nuancée du "buffyverse" ; les auteurs brodent à longueur de saison sur le décalage dû au caractère-même d'Angel : si Buffy était une jeune fille plutôt cordiale et rigolote se prêtant volontiers au pastiche et autres séquences humoristiques, il est pour sa part un vampire torturé et assez froid ne se montrant drôle qu'à son corps défendant, que ses créateurs ne manquent jamais de tourner en dérision (ce garçon est notamment totalement nul en matière de rapports humains). S'il est vrai que la série est plus sombre que l'originale (surtout vers la fin)... elle est surtout dans un premier temps vachement plus axée sur le comique et la parodie pure (ce que Buffy n'est jamais complètement). La manière dont Whedon et Greenwalt s'attaquent notamment aux polars un peu glauques et un peu sexes des années 80, dont ils déclinent l'esthétique avec un plaisir manifeste (ce générique...), est assez jouissive, de même que leur volonté de revisiter (voire caricaturer) la figure du justicier solitaire s'éloignant dans la nuit (de Mike Hammer à l'Inspecter Harry en passant par Batman, influence majeure d'Angel - qui lui pique même certains de ses gadgets). Si l'ensemble est assez inégal d'un épisode à l'autre (les deux premiers sont même assez éprouvants) et s'il manque un arc narratif digne de ce nom pour cimenter le tout... difficile de ne pas éclater de rire durant certaines séquences (le coup d'Angel qui se trompe de voiture, Spike jouant les doubleurs au début de l'épisode trois, Wesley le rogue demon hunter (*)...). C'est ce qu'on appelle une saison revigorante, et on ne peut que s'étonner que cette mission tombe sur le très monoexpressif ex de l'Exterminatrice, dont l'image romantique se fissure au fur et à mesure que les aventures défilent.

Et puis soudain... ça démarre. Assez ironiquement vu le côté poussif du procédé durant les premiers temps, c'est via un ultime crossover que les choses semblent se décanter subitement. Grâce à Faith, bien entendu, qui semble contaminer la série de toute la noirceur de son âme. Son retour marque aussi celui des avocats de Wolfran & Hart (superméchants désignés dès le pilote mais carrément laissés en plan en cours de saison) et fait prendre à l'intrigue un tour beaucoup plus sombre (en fait son retour amorce carrément l'intrigue principale) qui laisse espérer le meilleur pour la suite (vous m'excuserez le teasing à deux balles, vu que j'ai déjà - un tout petit peu - vu la suite (ce qui n'est pas une excuse pour me spoiler)).

Ah et sinon j'ai pas de chute, mais entre Fashion, Mélanie et Serious Moon ça m'étonnerait bien qu'il n'y ait pas quelqu'un pour s'en charger à ma place !


👍 Angel (saison 1), créée Joss Whedon & David Greenwalt (The WB, 1999-2000)

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(*) Je serais bien en peine de le traduire et de restituer la finesse du running-gag, vous m'excuserez donc de ne pas m'y essayer...