Changement de décor et changement de programme pour cette avant-dernière aventure de Juge Ti. Pour ne pas dire renversement des codes habituels de la série. Après des années à se heurter de manière plus ou moins frontale à la hiérarchie impériale, Ti Jen-Tsie se retrouve de l'autre côté du miroir en devenant le tout nouveau Président de la Cour Métropolitaine de justice. Passons sur l'étonnement que l'on éprouvera à découvrir les arcanes du système judiciaire chinois d'alors, décidément incroyablement en avance sur son temps... à force d'avancer dans la série nous avons eu souvent tendance, ma camarade yueyin et moi, à négliger de rappeler cet aspect pourtant essentiel dont nous avions pris soin de parler au tout début du Judge Dee Golden Challenge. Il n'empêche : nous sommes en 678 ! Cela semble presqu'inconcevable tant l'administration des T'ang a l'air de nous être quasiment contemporaine... pour ne rien vous cacher, la première fois que j'ai lu ce livre (et quelques autres centrés sur ces points), j'ai cru que Van Gulik en avait rajouté.
Ceci posé, notre noble Juge, désormais si puissant que même Beigbeder n'oserait plus se moquer de lui (*), vit dans The Willow Pattern un baptême du feu des plus éprouvants. Décimée par une épidémie de peste sans précédent, la capitale est en état d'urgence et le Président de la Cour - comme le veut l'étiquette - se retrouve en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire Gouverneur exceptionnel de Tch'ang-Ngan. Ce qui ne l'empêchera heureusement pas de continuer à fouiner ici ou là, car comme chacun sait le naturel... etc.
Pas forcément transcendant du strict point de vue policier (les enquête sont relativement simples, surtout comparées à celles - particulièrement retorses - de l'épisode précédent), The Willow Pattern est en revanche un véritable sommet en terme d'écriture et de reconstitution. Si ce terme avait le moindre sens en matière de littérature on serait tenté de dire que la description de la ville en proie à la peste est absolument spectaculaire. Van Gulik, qui sans être un immense styliste a toujours été pourvu d'une très belle plume, écrit sans aucun doute dans la première moitié de ce roman quelques unes de ses plus grandes pages.
Particulièrement sombre et bien plus violent qu'à l'accoutumée (une constante dans les derniers tomes de la série), le texte offre aussi (surtout ?) à l'auteur l'occasion en or de s'adonner à l'un des ses petits plaisirs : les histoires de complot, innombrables dans sa mythologie. Sans surprise, le nouveau poste hautement politique de Ti se prête merveilleusement à ce type de ramifications narratives. Aussi en ajoutant à cela des personnages comme toujours hauts en couleur et une ultime apparition de Ma-Jong aussi truculente qu'émouvante... le cocktail semble presque parfait, sans surprise c'est vrai... mais tellement efficace...
👍👍👍 The Willow Pattern [Le Motif du Saule]
Robert Van Gulik | Penguin, 1965
(*) Désolé... c'était plus fort que moi...
Aie Aie Aie!
RépondreSupprimerje ne dirai qu'une chose:
http://blinkinglights.musicblog.fr/1173811/LOST-IN-TRANSLATION/
Du moment que tu es avec nous le mois prochain pour le final...
RépondreSupprimerJe vais tout faire pour rattraper mon retard...
RépondreSupprimerTu as un bon mois.
RépondreSupprimerhihi un bon mois xavier, pas de panique... hé thom on est assez d'accord sur ce coup là pas vrai... j'aime mieux pour tout dire !!! c'est vraiq ue l'administration impériale chinoise était extraordinairement moderne surout si on la compare au balbutiement européens de la même époque... il est vrai qu'elle a connu des hauts et des bas mais globalemet elle est resté structurellement inchangée de l'empire Qin à la république, ce qui est quasiment incroyable mais pourtant vrai. dis je crois qu'on devrais ajouté le matin du singe et la nuit du tigre à notre challenge, dis hein dis on peut pas s'arréter dans seulemetn un livre c'est pas possible dis !!!!!
RépondreSupprimerOn n'avait pas dit qu'on faisait toutes les nouvelles d'un bloc à la fin ? Enfin je crois...
RépondreSupprimerca y est,j'ai rattrapé mon retard...
RépondreSupprimerCe juge Ti est dans la moyenne, et tient effectivement surtout pour sa description d'une ville sous le joug d'une épidémie terrible.
Pour le reste, je n'ai pas trop vu le coté "complot" (bien plus présent dans le Collier de la Princesse par exemple) ni "les arcanes du système judiciaire chinois d'alors", puisqu'étant dans une situation exceptionelle les jugements sont assez expéditifs...
Plus qu'à se caler pour le dernier tome, alors...
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