Une fois n'est pas coutume nous ne bouderons pas notre plaisir, ne nous ne montrerons pointilleux ni ne relativiserons notre enthousiasme : oui, en apprenant la signature des Parisiens de We Insist! sur le très bon label allemand Exile on Mainsteam, l'auteur de ces lignes a ronronné de plaisir. Quiconque a déjà jeté une oreille sur un de leurs précédents opus (l'excellent Oh! Things Are so Corruptible en 2007 en tête) comprendra pourquoi. Dérangé, parfois dérangeant, torturé et inclassable, We Insist! n'est rien d'autre qu'un des tous meilleurs groupes français en activité. Et vient, comme c'est désormais son habitude depuis quelques années, de publier un disque de haute volée – pour ne pas dire carrément de haute voltige.
L'espace d'un instant long comme la première écoute de The Babel Inside Was Terrible se profile la tentation d'affirmer qu'il abat les cloisons entre les genres. Ce n'est pas faux ; c'est cependant inexact. Tout au mieux une formule toute faite dont on peine à se détacher quand on le devrait. Car dans les faits, voilà bien des années que ces cloisons n'existent plus vraiment. C'est même peut-être l'enseignement majeur des années 2000 : les chapelles existent toujours, prospèrent grâce aux forums ou à myspace, mais musicalement parlant les frontières séparant les grands courants ont été réduites en bouillies durant la dernière décennie, ouvrant ainsi la porte (ou disons : ce qu'il en reste) à une génération suffisamment décomplexée pour ne même plus se poser ces questions autrefois essentielles : « Fais-je du rock ? Du hardcore ? Du metal ? Autre chose ? Et si oui, quoi ? » ; une génération dont The Babel Inside Was Terrible est on ne peut plus représentatif. Voilà bien longtemps que les différences entre hardcore et metal ne sont plus guère que théoriques (le Black Flag de la fin, déjà...), le rattachement à l'un ou l'autre des genres se faisant plus souvent pour des raisons d'éthique (ou, ne nous leurrons pas, de pose) que pour les proverbiales divergences musicales. Je ne parle évidemment pas d'Iron Maiden ou de The Exploited ; plutôt de la zone intermédiaire entre les deux, de plus en plus riche et de plus en plus passionnante. L'un des albums les plus furieux de l'année, Youthanize de The Color Of Violence, en est une bonne illustration : impossible de déterminer si l'on est face à un disque de thrash ultra abrasif ou de hardcore incroyablement heavy. Dans un registre différent, c'est un constat similaire qu'impose l'écoute de The Babel Inside Was Terrible.
Remarquablement produit (ce qui n'était malheureusement pas toujours le cas des précédents albums du groupe, principalement faute de moyens), voici un disque qui si situe pile-poil au carrefour des styles, des genres et des influences. "Déjà-vu" donne le ton que la suite vient renforcer : We Insist!, qu'on a connu autrefois se goinfrant chez Mr Bungle ou picorant chez Joy Division, a en 2009 placé son curseur dans le sillage de trois des groupes les plus influents de la décennie. At The Drive-in, fleuron du post-hardcore contemporain dont le Relationship of Command a traumatisé toute une génération s'essayant depuis (en vain) à en reproduire l'intensité ; Tool, maîtres incontestés du heavy cérébral, sinueux et hanté, qui n'ont pas usurpé leur surnom de « Pink Floyd du metal » et demeurent l'influence majeure de We Insist! ; et enfin Queen Of The Stone Age, sans doute le plus grand groupe de rock'n'roll en activité. De grands noms n'impliquant pas toujours de grands albums (on ne compte plus les ersatz de ces trois pointures), dont les influences sont ici transcendées par un mélange savoir-faire remarquable et de spontanéité parfaitement dosée.
La technique et l'intensité sont rarement compatibles (je ne vous apprends rien). Les rares fois où elles se rencontrent, comme chez les groupes susnommés ou encore au sein des excellents 31Knots (dont We Insist! assura un temps la première partie, ce qui n'étonnera personne tant la parenté semble évidente), on aboutit à des œuvres d'une force et d'une violence insoutenables. Vous aurez déduit de vous-même que c'est le cas sur The Babel Inside Was Terrible. Non pas un disque « violent » au sens de l'agression sonore (l'album est sans doute corsé pour certaines oreilles, mais il reste largement écoutable de par son sens de la mélodie presque « pop »), mais en terme de charge émotionnelle. "In a Maze", "Dead Dog", "Cogent Stories"... sont autant de morceaux sur la brèche, aux harmonies impeccables mais fragiles et aux guitares funambules. King Crimson n'est jamais loin... un King Crimson revisité par le garage-punk, la cold-wave et le metal le plus raffiné. La sophistication oui, la précision chirurgicale d'accord, mais le rock'n'roll avant tout, dont le flambeau semble porté à bout de bras par un chant écorché et poignant même dans lorsqu'il se fait cri. We Insist! a beau avoir déjà quelques beaux ouvrages à son CV, on peine à croire qu'il s'agit du même groupe qui il y a deux ans à peine publiait Oh ! Things Are So Corruptible. Si tel est le cas, vingt-quatre mois lui ont suffi pour parfaitement atteindre l'âge adulte - c'est aussi vrai dans la production que dans le soin apporté à l'écriture. Ce qui est sûr et certain en tout cas, c'est que le groupe vient de franchir un cap considérable et s'étendant bien au-delà d'une signature sur un label aussi respecté soit-il. Prometteur depuis Inner Pond (2002), intéressant depuis Crude (2004) et passionnant depuis Things..., We Insist! vient désormais de passer dans la catégorie des têtes d'affiches. Sinon dans les faits, du moins à nos yeux. Et nous avons une excellente vue...
L'espace d'un instant long comme la première écoute de The Babel Inside Was Terrible se profile la tentation d'affirmer qu'il abat les cloisons entre les genres. Ce n'est pas faux ; c'est cependant inexact. Tout au mieux une formule toute faite dont on peine à se détacher quand on le devrait. Car dans les faits, voilà bien des années que ces cloisons n'existent plus vraiment. C'est même peut-être l'enseignement majeur des années 2000 : les chapelles existent toujours, prospèrent grâce aux forums ou à myspace, mais musicalement parlant les frontières séparant les grands courants ont été réduites en bouillies durant la dernière décennie, ouvrant ainsi la porte (ou disons : ce qu'il en reste) à une génération suffisamment décomplexée pour ne même plus se poser ces questions autrefois essentielles : « Fais-je du rock ? Du hardcore ? Du metal ? Autre chose ? Et si oui, quoi ? » ; une génération dont The Babel Inside Was Terrible est on ne peut plus représentatif. Voilà bien longtemps que les différences entre hardcore et metal ne sont plus guère que théoriques (le Black Flag de la fin, déjà...), le rattachement à l'un ou l'autre des genres se faisant plus souvent pour des raisons d'éthique (ou, ne nous leurrons pas, de pose) que pour les proverbiales divergences musicales. Je ne parle évidemment pas d'Iron Maiden ou de The Exploited ; plutôt de la zone intermédiaire entre les deux, de plus en plus riche et de plus en plus passionnante. L'un des albums les plus furieux de l'année, Youthanize de The Color Of Violence, en est une bonne illustration : impossible de déterminer si l'on est face à un disque de thrash ultra abrasif ou de hardcore incroyablement heavy. Dans un registre différent, c'est un constat similaire qu'impose l'écoute de The Babel Inside Was Terrible.
Remarquablement produit (ce qui n'était malheureusement pas toujours le cas des précédents albums du groupe, principalement faute de moyens), voici un disque qui si situe pile-poil au carrefour des styles, des genres et des influences. "Déjà-vu" donne le ton que la suite vient renforcer : We Insist!, qu'on a connu autrefois se goinfrant chez Mr Bungle ou picorant chez Joy Division, a en 2009 placé son curseur dans le sillage de trois des groupes les plus influents de la décennie. At The Drive-in, fleuron du post-hardcore contemporain dont le Relationship of Command a traumatisé toute une génération s'essayant depuis (en vain) à en reproduire l'intensité ; Tool, maîtres incontestés du heavy cérébral, sinueux et hanté, qui n'ont pas usurpé leur surnom de « Pink Floyd du metal » et demeurent l'influence majeure de We Insist! ; et enfin Queen Of The Stone Age, sans doute le plus grand groupe de rock'n'roll en activité. De grands noms n'impliquant pas toujours de grands albums (on ne compte plus les ersatz de ces trois pointures), dont les influences sont ici transcendées par un mélange savoir-faire remarquable et de spontanéité parfaitement dosée.
La technique et l'intensité sont rarement compatibles (je ne vous apprends rien). Les rares fois où elles se rencontrent, comme chez les groupes susnommés ou encore au sein des excellents 31Knots (dont We Insist! assura un temps la première partie, ce qui n'étonnera personne tant la parenté semble évidente), on aboutit à des œuvres d'une force et d'une violence insoutenables. Vous aurez déduit de vous-même que c'est le cas sur The Babel Inside Was Terrible. Non pas un disque « violent » au sens de l'agression sonore (l'album est sans doute corsé pour certaines oreilles, mais il reste largement écoutable de par son sens de la mélodie presque « pop »), mais en terme de charge émotionnelle. "In a Maze", "Dead Dog", "Cogent Stories"... sont autant de morceaux sur la brèche, aux harmonies impeccables mais fragiles et aux guitares funambules. King Crimson n'est jamais loin... un King Crimson revisité par le garage-punk, la cold-wave et le metal le plus raffiné. La sophistication oui, la précision chirurgicale d'accord, mais le rock'n'roll avant tout, dont le flambeau semble porté à bout de bras par un chant écorché et poignant même dans lorsqu'il se fait cri. We Insist! a beau avoir déjà quelques beaux ouvrages à son CV, on peine à croire qu'il s'agit du même groupe qui il y a deux ans à peine publiait Oh ! Things Are So Corruptible. Si tel est le cas, vingt-quatre mois lui ont suffi pour parfaitement atteindre l'âge adulte - c'est aussi vrai dans la production que dans le soin apporté à l'écriture. Ce qui est sûr et certain en tout cas, c'est que le groupe vient de franchir un cap considérable et s'étendant bien au-delà d'une signature sur un label aussi respecté soit-il. Prometteur depuis Inner Pond (2002), intéressant depuis Crude (2004) et passionnant depuis Things..., We Insist! vient désormais de passer dans la catégorie des têtes d'affiches. Sinon dans les faits, du moins à nos yeux. Et nous avons une excellente vue...
👍👍👍 The Babel Inside Was Terrible
We Insist! | Exile on Mainstream, 2009
Pff... ça sert à rien de me corrompre en utilisant des tas de mots clés activant pavloviennement mon appétit : on les trouve pas sur rapidshare...
RépondreSupprimerOula... ATDI, TOOL et QOTSA!!! Rien que ça???
RépondreSupprimerBon, et on le chope comment, cet album (à part en l'achetant chez Exile)? ;-)
SysT
Ca m'étonnerait qu'il soit à ce point à trouvable. Il est sorti en Allemagne et dans quelques autres pays depuis plusieurs mois déjà (chercher sur les sites de ces pays me semblent une idée judicieuse). En France je crois qu'il sort à la fin du mois, ce qui explique qu'il ne soit pas pour l'instant sur les sites de streaming du cru.
RépondreSupprimerTrès très bon groupe, We insist. J'ai hâte d'écouter ce nouvel opus.
RépondreSupprimerJe suppose que leur nom est tiré du classique et revendicatif We insist ! Freedom now suite de Max Roch?
RépondreSupprimerhttp://jazzbluesandco.over-blog.com/article-5834703.html
Je ne sais pas mais vu le côté rageur et lettré à la fois de leurs albums, ça ne me surprendrait pas outre mesure.
RépondreSupprimerCela sera mon second achat via Itunes alors ...pour une fois que je me laisse influencer comme cela ...sinon c'est introuvable au Canada !
RépondreSupprimerMerci
Oui... c'est sûr qu'au Canada c'est mal barré ^^
RépondreSupprimerC'est Shériff fais moi peur qui a été sauvé ?
RépondreSupprimerJe ne réponds pas à ce genre d'indiscrétions ^^
RépondreSupprimerTrop impatient de l'écouter aussi, mais pas été foutu de le trouver pour l'instant ;)
RépondreSupprimerJ'ai dès le départ accroché sur ce groupe et avec une production digne de ce nom "Oh ! Things Are So Corruptible" aurait pu être un très grand disque.
Enfin cette chronique me fait bien saliver.
Tiens, puisque Benjamin remonte le fil : j'ai vu qu'ils étaient encore à la Maro le 25...pour 11 petits euros. Ne nous privons pas ;-)
RépondreSupprimerBenjamin F. >>> après vérif il est officiellement sorti en France aujourd'hui... ceci explique donc cela !
RépondreSupprimerEL-JAM >>> tu y vas, toi ?
C'est possible, oui. Et toi ?
RépondreSupprimerC'est possible, oui...
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