vendredi 31 octobre 2008

The Flaming Lips - Classe alternative

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Ca semble drôlement loin aujourd'hui mais avant de devenir les princes de la pop néo-psychédélique choucroutement incorrecte avec une paire d'albums bizarroïdes encensés par la critique (The Soft Bulletin et Yoshimi Battles the Pink Robots) les excellents Flaming Lips étaient les fleurons de l'indie-rock tel qu'on l'adore sur Le Golb - axe Butthole Surfers / Dinosaur Jr cela va sans dire. C'est d'ailleurs à ces derniers qu'on pense immédiatement lorsque retentit « Turn It On ! », premier titre du sublime Transmissions from the Satellite Heart , qui n'aurait pas dépareillé sur les meilleurs albums du groupe de Jay Mascis (BUG et Green Mind). Les amateurs du genre s'y sentiront de suite à la maison, quant à ceux qui ne connaissent des Lips que le versant expérimento-barré des années deux mille ils risquent pour leur part de tomber des nues en découvrant l'aisance mélodique et la concision pop du père Wayne Coyle en milieu de carrière.

Car Transmissions from the Satellite Heart, pour n'en pas moins proposer une incandescence rare (« She Don't Use Jelly »), n'a rien d'une œuvre de jeunesse ; pas grand monde ne s'en souvient mais le premier Flaming Lips (éponyme) remonte à 1985 (comme le premier Dinosaur Jr d'ailleurs...), et Transmissions... est rien moins que le septième. Plus rigolo encore : il est généralement considéré comme un album de transmission transition... ce qui laisse franchement songeur quant au sens de ce mot appliqué à un groupe susceptible de placer sur le même disque la désopilante « Pilot Can at the Queer of God » et la superbe « Chewin the Apple of Your Eye » ! Et pourtant le qualificatif n'a rien de véritablement usurpé, puisque les Lips viennent effectivement de perdre leur génial guitariste (un certain Jonathan Donahue) ainsi que leur batteur, et se relèvent d'un opus en demi-teinte : Hit to Death in the Future Head, leur premier au sein de l'écurie Warner (intégrée un an plus tôt). On peinera ceci dit à trouver ici le moindre signe de tatônnement et de fébrilité - bien au contraire : si les albums précédents pêchaient parfois par excès d'idées et de bonne volonté (de ce point de vue là les Lips n'ont pas changé d'un iota depuis leurs débuts), Transmissions from the Satellite Heart épate par la densité de sa production (le son est vraiment excellent, tout à la fois lo/fi et clean... une rareté !) et sidère par la cohérence d'un répertoire oscillant avec bonheur entre pop déjantée (« Superhumans »), noise-folk bricolo (« Mother in the Incubator », qui commence comme une complainte et s'achève dans un déluge de saturation) et hymnes en puissance (« She Don't Use Jelly » encore, destiné à devenir un de ces mini-tubes alternatifs comme seuls les Lips du milieu des années quatre-vingt dix en avaient le secret). Replacé dans le contexte discographique c'est encore plus frappant : l'album de transition supposé a des airs d'apothéose de cette première période du groupe, un disque majeur honteusement oublié et uniquement surpassé par son successeur - Clouds Taste Metallic (meilleur album des Flaming Lips dont la réédition est elle aussi au programme).

Si vous ne les avez pas encore ni l'un ni l'autre, vous savez donc ce qu'il vous reste à faire...


👑 Transmissions from the Satellite Heart 
The Flaming Lips | Warner, 1993