Chaudement recommandé par Dana Janssen en personne lors de notre récent entretien, signé sur le même label (Crammed, ça tombe bien) et carrément encensé par Pitchwork... que fallait-il de plus pour donner envie de se jeter sur le second opus de Megafaun (le premier publié en France) et d'oublier un nom de groupe pas très heureux et une pochette tellement... ? (*)
Il faut dire que s'il en était besoin Megafaun a un argument de vente encore plus massue : le groupe s'est (re)construit sur les cendres des très cultes DeYarmond Edison, combo folk réduit à cet état poussiéreux le jour où son leader, un certain Justin Vernon, décida de se faire appeler Bon Iver. Or si les albums solos de ce dernier ne m'ont (je l'avoue en rougissant) jamais vraiment enthousiasmé, il en fut tout autrement du superbe Silent Signs – pépite publiée (quasi) anonyment par DYE au milieu des années 2000.
Sans surprise mais avec un réel plaisir, on retrouve sur Gather, Form & Fly une touche folk bien connue et toujours aussi savoureuse, façon cowboys gobeurs de pilules arpentant un far-west aux couleurs chatoyantes. Megafaun, c'est un peu Akron/Family qui aurait fusionné avec The Kingsbury Manx pour accoucher d'un compromis parfait entre expérimentations atmosphériques et pop-folk aux mélodies délicates. Depuis Grandaddy, voilà bien longtemps qu'on n'avait plus croisé de barbus aussi raffinés, ceux-là dérobant à Crosby, Stills, Nash & Young ce qu'ils ont fait de meilleur pour accoucher d'au moins deux titres absolument imparables : "Gun" et surtout "The Fade" - le genre de chanson qui entendue le matin ne vous lâchera plus de toute la journée.
Mais le meilleur de Gather, Form & Fly se situe clairement dans les titres les plus ambiancés, qui à l'instar du Iron & Wine de The Shepherd's Dog tendent à s'approcher de Led Zeppelin période III (quand John Paul Jones prenait ses copains par la main pour leur faire redécouvrir les musiques traditionnelles, s'apprêtant sans le savoir à proposer un cocktail sonique tout à fait inédit). Rien n'est plus difficile que de verser dans l'atmosphérique lorsque l'on part d'une base folk des plus classiques - c'est évidemment ce qui impressionne chez Megafaun. La vaporeuse "Kaufman's Ballad", "The Process" ou "Bella Marie" (instrumental ouvrant l'album) prennent nettement cette direction et atteignent sans problème des sphères connues pour être réservées aux plus grands.
Certes, on arguera que tout ceci est encore un peu trop sous influence pour susciter l'adhésion la plus totale... c'est un fait. "Solid Ground" pourrait être une chanson des Angels Of Light ; "Tides", une d'Akron/Family. Mais en l'état, Gather, Form & Fly reste malgré tout nettement au-dessus de la moyenne de ce qui se produit de nos jours. Pour l'anecdote, l'après-midi où j'ai eu cet album me sont parvenus les promos de deux disques estampillés 2009's Folk Revival. Le genre de hasard qui permet de faire le tri de manière aussi inconsciente que nette entre groupes folk de première division et cloportes sans envergure. Devinez où j'ai rangé Megafaun ?
👍 Gather, Form & Fly
Megafaun | Crammed, 2009
(*) Un jour il faudra vraiment que je parvienne à m'expliquer comment quelqu'un de si peu attiré par la nature peut éprouver paradoxalement une fascination quasi malsaine pour ce que la musique populaire propose de plus champêtre et bucolique..
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Il faut dire que s'il en était besoin Megafaun a un argument de vente encore plus massue : le groupe s'est (re)construit sur les cendres des très cultes DeYarmond Edison, combo folk réduit à cet état poussiéreux le jour où son leader, un certain Justin Vernon, décida de se faire appeler Bon Iver. Or si les albums solos de ce dernier ne m'ont (je l'avoue en rougissant) jamais vraiment enthousiasmé, il en fut tout autrement du superbe Silent Signs – pépite publiée (quasi) anonyment par DYE au milieu des années 2000.
Sans surprise mais avec un réel plaisir, on retrouve sur Gather, Form & Fly une touche folk bien connue et toujours aussi savoureuse, façon cowboys gobeurs de pilules arpentant un far-west aux couleurs chatoyantes. Megafaun, c'est un peu Akron/Family qui aurait fusionné avec The Kingsbury Manx pour accoucher d'un compromis parfait entre expérimentations atmosphériques et pop-folk aux mélodies délicates. Depuis Grandaddy, voilà bien longtemps qu'on n'avait plus croisé de barbus aussi raffinés, ceux-là dérobant à Crosby, Stills, Nash & Young ce qu'ils ont fait de meilleur pour accoucher d'au moins deux titres absolument imparables : "Gun" et surtout "The Fade" - le genre de chanson qui entendue le matin ne vous lâchera plus de toute la journée.
Mais le meilleur de Gather, Form & Fly se situe clairement dans les titres les plus ambiancés, qui à l'instar du Iron & Wine de The Shepherd's Dog tendent à s'approcher de Led Zeppelin période III (quand John Paul Jones prenait ses copains par la main pour leur faire redécouvrir les musiques traditionnelles, s'apprêtant sans le savoir à proposer un cocktail sonique tout à fait inédit). Rien n'est plus difficile que de verser dans l'atmosphérique lorsque l'on part d'une base folk des plus classiques - c'est évidemment ce qui impressionne chez Megafaun. La vaporeuse "Kaufman's Ballad", "The Process" ou "Bella Marie" (instrumental ouvrant l'album) prennent nettement cette direction et atteignent sans problème des sphères connues pour être réservées aux plus grands.
Certes, on arguera que tout ceci est encore un peu trop sous influence pour susciter l'adhésion la plus totale... c'est un fait. "Solid Ground" pourrait être une chanson des Angels Of Light ; "Tides", une d'Akron/Family. Mais en l'état, Gather, Form & Fly reste malgré tout nettement au-dessus de la moyenne de ce qui se produit de nos jours. Pour l'anecdote, l'après-midi où j'ai eu cet album me sont parvenus les promos de deux disques estampillés 2009's Folk Revival. Le genre de hasard qui permet de faire le tri de manière aussi inconsciente que nette entre groupes folk de première division et cloportes sans envergure. Devinez où j'ai rangé Megafaun ?
👍 Gather, Form & Fly
Megafaun | Crammed, 2009
(*) Un jour il faudra vraiment que je parvienne à m'expliquer comment quelqu'un de si peu attiré par la nature peut éprouver paradoxalement une fascination quasi malsaine pour ce que la musique populaire propose de plus champêtre et bucolique..
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Évidemment je ne connais, et évidemment, cela me tente beaucoup (avec de telles références).
RépondreSupprimerBBB.
Effectivement CS&N n'ont qu'à bien se tenir...
RépondreSupprimerTu connais DeYarmond Edison ? Tu m'étonneras toujours...
RépondreSupprimerTrès bon album sinon, bien meilleur que le premier.
Réponse à l'(*): surement parce que dans les disques, la campagne est toujours ensoleillée et sympathique. Chaleureuse sans être étouffante, et emplie d'une nature bienveillante suscitant l'emerveillement.
RépondreSupprimerEn vrai, il fait un temps de merde, on porte des bottes en caoutchouc ridicules, on se prend des branches dans la gueule et on se fait piquer par des bestioles bizarres.
Et même des fois on mets des moon-boots pour aller au lycée. Enfin, je ne vais pas revenir sur ce douloureux souvenir...
RépondreSupprimerAttention, ne parle pas de chaussures, bottes ou bottines, tu vas attirer le Doc FrankNfurter !
RépondreSupprimerJe croyais être le seul à savoir qu'il était un fétichiste des pieds...
RépondreSupprimerIl se trahit par ses commentaires chez moi et chez Mademoiselle Catherine !
RépondreSupprimerDu moment qu'il ne pratique qu'avec moi...
RépondreSupprimerBon album en effet.
RépondreSupprimerCa s'oubliera vite, mais c'est bien sympa sur le moment.
Je ne suis pas convaincu que ça s'oubliera si vite que ça...
RépondreSupprimerraffinés, Grandaddy... ??? (C'est pas non plus Kingsbury mais bon... nonobstant, je suis archi fan des deux)
RépondreSupprimerSinon, je file écouter ça, la petite série de namedropping est fort alléchante...