samedi 17 octobre 2009

Yann Moix - Spoil Me, Tender...

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Honnêtement ? Je n'avais aucune envie de lire le fameux bouquin de Moix sur Michael Jackson. J'aime pourtant l'un et l'autre. Mais Moix commence à me fatiguer un peu. Alors que tout a toujours tendu à nous rapprocher, Yann et moi, depuis quelques années, nous éloignons irrémédiablement. Je devrais en faire un livre, tiens. Un livre à la Moix, bien sûr - dans lequel je m'insinuerai dans sa tête pour essayer de mieux parler de moi. Ce pourrait être amusant, les célébrissimes ":" en moins - mon truc à moi vous l'aurez remarqué c'est plutôt la multiplication des tirets (fondamentalement cela dit, j’utilise les tirets comme il utilise les deux points).

Je n'avais donc aucune envie de lire Cinquante ans dans la peau de Michael Jackson. Ça suintait tellement l'opportunisme ! Edith Stein, peu importe ce que vaut le livre au final, ç'a le mérite de se jouer à contre-temps. Mais Bambi. Sérieusement ? Notez que quelque part c'est assez ironique : la thèse du contre-temps, c'est exactement celle que Moix défend dans un bouquin que j'ai lu parce que le destin (ce farceur) me l'a collé dans les mains par le plus grands des hasards (bah non en fait, puisque c'est le Destin). Celle de Michael Jackson l'homme à l'envers, régressant de l'âge adulte quand il était enfant à l'enfance une fois devenu adulte. Du moonwalk à la trajectoire de sa célébrité, de sa fortune à sa pédophilie supposée (et niée, probablement à juste à titre d'ailleurs mais ceci n'engage à vrai dire que moi)... tout y passe, analysé par cet unique prisme barthesque en Diable. Difficile de ne pas adhérer tant le propos est pertinent. Et lorsqu'il ne l'est pas il est drôle, ce qui est toujours ça de pris.

Dès lors pourquoi ce ton un peu réservé, puisque le livre semble réussi ? Oui, oui, il l'est. Réussi le livre. Et réservé le ton. Le premier parce qu'assez jubilatoire, prenant les hagiographies récentes à contre-pied et proposant ce que les auteurs contemporains proposent trop rarement : une vraie vision. D'un personnage en l’occurrence, mais ça marche aussi pour l'histoire - d'une certaine manière. Le second ? Le ton réservé ? Eh bien parce que quelque part, Cinquante ans dans la peau de Michael Jackson confirme ce que l'on supposait hélas depuis Mort & Vie d'Edith Stein : Yann Moix n'est plus un auteur - plus un romancier en tout cas. Il n'est plus qu'un inventeur (génial) de concept (géniaux) qu'il développe rapidement dans des livres aussi fulgurants que paresseux. Ce ne serait pas grave en soi s'il n'éprouvait pas en parallèle le besoin viscéral de faire cinquante télés, dix radios et vingt interviews de presse écrite pour s'auto-citer en permanence.

Il y a quelques années, au moment de la sortie de Podium, je me rappelle l'avoir vu dans une émission (chez Ardisson je crois...) métamorphosant une simple interview promotionnelle en véritable bande-annonce racontant (sans s'en apercevoir ?) plusieurs des meilleurs moments du livre. Je me suis dit en rigolant qu'il était trop fier de son bouquin, de son concept, et qu'au moins ça changeait des écrivains passant leur vie à s'excuser de demander pardon. En 2009 hélas, Moix est passé du côté obscur de la force médiatique - et croyez-moi : il y fait très très noir. Si vous avez été captivé par une de ses interviews sur le sujet, par exemple celle-ci, ou si les critiques parues vous ont intéressé... ne vous emmerdez pas à acheter le livre - quasiment tout est déjà dedans. N'allez pas non plus lire l'article écrit par ledit Moix après la mort de Bambi - ce n'est qu'un énorme spoiler. Voilà donc pour le ton réservé : Cinquante ans dans la peau de Michael Jackson est un très bon bouquin. Le problème c'est qu'avant même de l'ouvrir je savais déjà tout ce qu'il y avait dedans.


👍 Cinquante ans dans la peau de Michael Jackson 
Yann Moix | Grasset, 2009

6 commentaires:

  1. Très bien, un qui ne rejoindra pas ma PAL, pour une fois !!!

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  2. Comme toujours, on a un peu la sensation que Yann Moix dilapide un talent (réel).
    J'ai lu ce livre, et comment dire ? C'est amusant, bien écrit, original. Mais cela reste très superficiel, aussi.

    BBB.

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  3. Je dirais plutôt l'inverse. Enfin je ne sais pas. J'ai le sentiment que partant de quelque chose de totalement superficiel (en effet), il parvient à toucher un fond inattendu.

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  4. toi et moix c'est fini ? ;-)

    (je t'embrasse cette fois)

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  5. Je n'ai jamais lu un bouquin de ce type, dont le seul film que j'ai vu (Podium - d'ailleurs il y en a bientôt un autre, avec Dubosc... C'est dire le niveau...) m'a profondément déplu à cause de son mépris pour les personnages, de son cynisme arrogant et décourageant, de son point de vue surplombant et plein de morgue sur les couches populaires, sur ce qu'elles écoutent. Vraiment pas envie de lire quoi que ce soit du mec qui a commis Podium, cette daube abjecte (certes, Pooelvorde, cabot se plaisant dans les rôles de types médiocres et détestables, y est aussi sans doute pour beaucoup)... Et puis franchement, quel opportunisme que cette sortie d'un bouquin autour de Michael Jackson...

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  6. Lhisbei >>> non, ce n'est pas fini. Tous les couples connaissent des hauts et des bas... ^^

    Ska >>> je n'ai pas vraiment d'avis sur le film (mais le contraire t'eut sans doute étonné venant de moi !). Mais le roman Podium m'a paru d'une grande finesse et d'une rare pertinence dans le regard qu'il jette sur notre époque faite de gloires éphémères et de quête désespérée de célébrité. Un thème que l'on retrouve en filigrane dans tous les livres suivants, Moix semblant éprouver un besoin profond d'écrire depuis quelques temps sur des personnages réellement exceptionnels, comme un contre-poids à la tendance contemporaine voulant faire de tout ringard sur le retour une personnalité culte. Mais Podium était beaucoup plus touchant et nuancé que le film, et nettement mieux écrit que le film était filmé aussi.

    Après sur l'opportunisme... je me suis posé la question. Disons que c'est sans doute l'assurance de bonnes ventes, on ne peut pas dire le contraire. Mais d'un autre côté un auteur peut bien puiser où il veut l'inspiration, non ? En l'occurrence, on ne pourra assurément pas accuser Moix d'avoir livrer un bouquin de plus sur le sujet ; sa lecture du mythe Jackson est y sacrément personnelle. Maintenant, et sur ce point le procès en opportunisme n'est pas usurpé, il n'est pas certain qu'il était nécessaire de faire un livre sur quelque chose dont on pouvait faire un très bon article, ni d'en accélérer à ce point la parution.

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