Une Angleterre encore sous le choc du Blitz. Une famille nombreuse croûlant sous les secrets et les tabous. Une matriarche aux dons enrobés de mystère. Une petite dernière rebelle. Un enfant illégitime. Des solitudes au milieu de la foule, des mondes intérieurs et des silences génés. Et partout autour, la grisaille. Le désarroi. La ruine. Et encore - et surtout - Graham Joyce aux commandes, envoûtant auteur de The Stormwatcher, qui donne chair, sang... vie à une fresque historique crépusculaire...
Ce qui est ennuyeux avec ce Joyce-là, c'est qu'il écrit tellement bien qu'on a parfois le sentiment qu'il pourrait parfaitement se passer d'une histoire. Un grand conteur assurément... un conteur avant tout qui en un clignement de sourcil vous fait revivre l'Angleterre de l'immédiat après-guerre comme si vous étiez. On pense à Sarah Waters. Comme chez l'auteure de Tipping the Velvet, on a l'impression d'y être pour de vrai, de pouvoir sentir les rues et de distinguer la peur au ventre de toute une communauté. Rien que pour cela, The Facts of Life est à lire absolument, sans aucun doute l'un des meilleurs livres qu'on ait écrit sur cette époque. Mais il n'y a pas que cela.
Comme tous les grands auteurs fantastique, Graham Joyce n'écrit pas sur le fantastique et semble s'en tamponner pas mal (le surnaturel arrive d'ailleurs assez tard dans le récit). Non que ce soit nécessairement un prétexte (même si on pourrait le dire ainsi) ; mais ce qui l'intéresse avant tout, dans la construction de sa narration, c'est le mystère. L'étrange. Et quoi de plus étrange qu'un univers où ce qui sort de l'ordinaire pour le lecteur semble tout à fait banal pour l'ensemble des protagonistes ? La méthode n'est certes pas nouvelle (Nodier ou Nerval en usaient déjà à loisir), mais Joyce s'y entend comme personne pour bâtir des histoire toutes d'atmosphères, de faux-semblants, à la fois spectaculaires et intimistes. The Facts of Life, c'est une espèce d'alliage déroutant et fascinant entre roman historique, chronique sociale et littérature fantastique de haut vol. Le titre n'est en rien mensonger : à l'horreur ou au surnaturel, l'auteur de Requiem préfère incontesablement le facteur humain, la chaleur d'une famille, la tendresse d'une fratrie. Ce qui au demeurant ne lasse pas d'étonner lorsqu'on se souvient que The Stormwatcher, monumental roman mésestimé et méconnu, est pour sa part une espèce de sommet de noirceur et de glauquerie. En voilà un drôle d'auteur, dont le talent semble aussi singulier que multiple, aussi à l'aise dans le désespoir que dans la joie de vivre, la description hurlante de vérité et la gallerie de personnages complexes et poignants. Non vraiment, ce Joyce n'est pas comme les autres - à se demander pourquoi j'ai mis si longtemps à le relire. Une chose est sûre : j'y reviendrai plus vite à l'avenir.
PLUS CHEZ CHIMERE, CUNE, LHISBEI & PAPILLON
Ce qui est ennuyeux avec ce Joyce-là, c'est qu'il écrit tellement bien qu'on a parfois le sentiment qu'il pourrait parfaitement se passer d'une histoire. Un grand conteur assurément... un conteur avant tout qui en un clignement de sourcil vous fait revivre l'Angleterre de l'immédiat après-guerre comme si vous étiez. On pense à Sarah Waters. Comme chez l'auteure de Tipping the Velvet, on a l'impression d'y être pour de vrai, de pouvoir sentir les rues et de distinguer la peur au ventre de toute une communauté. Rien que pour cela, The Facts of Life est à lire absolument, sans aucun doute l'un des meilleurs livres qu'on ait écrit sur cette époque. Mais il n'y a pas que cela.
Comme tous les grands auteurs fantastique, Graham Joyce n'écrit pas sur le fantastique et semble s'en tamponner pas mal (le surnaturel arrive d'ailleurs assez tard dans le récit). Non que ce soit nécessairement un prétexte (même si on pourrait le dire ainsi) ; mais ce qui l'intéresse avant tout, dans la construction de sa narration, c'est le mystère. L'étrange. Et quoi de plus étrange qu'un univers où ce qui sort de l'ordinaire pour le lecteur semble tout à fait banal pour l'ensemble des protagonistes ? La méthode n'est certes pas nouvelle (Nodier ou Nerval en usaient déjà à loisir), mais Joyce s'y entend comme personne pour bâtir des histoire toutes d'atmosphères, de faux-semblants, à la fois spectaculaires et intimistes. The Facts of Life, c'est une espèce d'alliage déroutant et fascinant entre roman historique, chronique sociale et littérature fantastique de haut vol. Le titre n'est en rien mensonger : à l'horreur ou au surnaturel, l'auteur de Requiem préfère incontesablement le facteur humain, la chaleur d'une famille, la tendresse d'une fratrie. Ce qui au demeurant ne lasse pas d'étonner lorsqu'on se souvient que The Stormwatcher, monumental roman mésestimé et méconnu, est pour sa part une espèce de sommet de noirceur et de glauquerie. En voilà un drôle d'auteur, dont le talent semble aussi singulier que multiple, aussi à l'aise dans le désespoir que dans la joie de vivre, la description hurlante de vérité et la gallerie de personnages complexes et poignants. Non vraiment, ce Joyce n'est pas comme les autres - à se demander pourquoi j'ai mis si longtemps à le relire. Une chose est sûre : j'y reviendrai plus vite à l'avenir.
👍👍👍 The Facts of Life [Lignes de vie]
Graham Joyce | Gollancz, 2002
PLUS CHEZ CHIMERE, CUNE, LHISBEI & PAPILLON
Un auteur fabuleux, que j'avais découvert grâce à votre blog. Depuis, j'ai lu tous ses livres traduits en français (il y en a trop peu). Je crois que celui-ci est celui que j'ai préféré, en effet parce que l'on y trouve une chaleur, une tendresse un peu absente des autres. H.
RépondreSupprimerJ'avais lu un ou deux Graham Joyce en français (chez Pocket?) et j'avais pas été convaincu...
RépondreSupprimerMais bon, pour moi l'horreur, c'est Masterton...
C'est tentant, mais ça ne va pas améliorer l'état de ma PAL !
RépondreSupprimerLyle >>> Masterton... j'avoue que je m'en suis un peu lassé, avec le temps...
RépondreSupprimerMiss Sunalee >>> tu devrais peut-être prendre des vacances du Net :-)
Ce n'est pas le net qui m'empêche de lire, ce sont les autres activités comme en vrac, le boulot, le ménage, les séries télé, le shopping, la cuisine, les discussions entre amoureux... Aaah si seulement j'avais plus de jours de congé: j'ai lu deux romans et entamé un essai en une semaine de vacances en Croatie !
RépondreSupprimerJe me doute... mais reconnais que le Net la fait grossir, la PAL, aussi ? ;-)
RépondreSupprimerben oui, à cause de toutes les suggestions que je trouve partout sur les blogs !
RépondreSupprimerCouvrez-moi ce billet que je ne saurais lire... ^^
RépondreSupprimerJe n'ai pas lu Masterton depuis longtemps mais c'est un peu l'auteur qui m'a fait arrêter de lire des livres de genre tant le reste me paraissait fade...
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