AVERTISSEMENT : Cette chronique est susceptible de heurter les âmes les plus sensibles :-)
Me voilà fort marri, étonné et pour le moins confus d'ouvrir un livre au pouvoir d'attraction hormonale pour le moins inattendu. A tomber, à mon corps défendant ou presque, sur un incipit des plus explicites, le genre de chose à faire peur à la plus libérale des ménagères :
"Je peux bien l'avouer à ma meilleure amie : j'ai vraiment besoin d'une bonne partie de jambes en l'air."
Page suivante : "Rien qui concerne le sexe, donc rien qui vaille la peine de s'y attarder."
Quelques lignes encore : "C'est simple : je suis en manque !"
Vous me direz que j'aurais pu m'y attendre. C'est le genre choses auxquelles on est censé s'être préparé lorsque l'on se lance dans la lecture d'un Harlequin érotique (collection Audace). Certes. Mais voyez-vous, j'ai une bonne excuse : la dernière fois que j'ai lu un Harlequin on m'avait promis un livre historique et poignant, je me suis retrouvé avec un bouquin bourré d'anachronismes et totalement risible. Alors forcément, quand j'ai vu marqué érotique j'ai rigolé - profondément convaincu que c'était de l'érotisme à la Harlequin. Grossière erreur ! Harlequin n'intervient dans cette histoire que parce que mon chat écrirait mieux que la nommée Elle Kennedy. Mais pour le reste nulle tromperie sur la marchandise - comme en attestent les extraits ci-dessus. On lira même plus tard la phrase "J'ai joui", c'est vous dire si c'est chaud.
De fait l'incipit n'est rétrospectivement pas du tout ridicule, il remplit même parfaitement sa fonction : la première page annonce la couleur, et l'on ne sera pas surpris de constater que dès le chapitre deux, notre héroïne (Hayden) se fera rentrer dans le vif du sujet (ok, elle était facile... mais comment résister alors que j'ai vu des pornos dont le scénario était plus travaillé ?). Sacré chaudasse au passage, la Hayden. Certes son petit ami n'a pas encore couché avec elle alors qu'ils sortent ensemble depuis deux mois. Sans juger (ce n'est pas le genre de la maison) reconnaissons que le côté "approfondir notre connaissance mutuelle avant de traverser ensemble le pont de l'intimité", ça va cinq minutes - Hayden et sa copine-confidente en rient et c'est vrai qu'il y a de quoi (au passage on notera le double sens subtil de la phrase, l'occasion ou jamais de saluer l'excellent travail de la traductrice). De là à sauter sur le premier mec venu histoire d'évacu-er ses pulsions... franchement ça commence bien, cette histoire d'amour.
Oui parce que quand même, il y a une histoire d'amour dans tout ça - faut quand même pas trop pousser mémé (des fois qu'elle se casserait la gueule dans les orties). On est chez Harlequin, pas chez La Musardine. Certes entrecoupée de "Tu es serrée, et si chaude..." et autres "Veux-tu jouir pour moi ?", mais histoire d'amour tout de même, ce qui n'a pas manqué de gâcher mon plaisir (un comble). Parce que franchement, niveau intrigue, dialogues, personnages... on nage dans une zone quelque part entre Nulle Part et Rien (à l'extrême ouest du Vide, donc). Je ne connais pas Elle Kennedy, mais je ne saurais trop lui conseiller de se concentrer à l'avenir sur ce qu'elle sait faire le mieux (et de loin) : la séquence érotique burlesque, parcourue de fulgurances poétiques (je suis confus, j'avais une citation mais je peux quand même pas écrire un truc aussi hard sur mon blog, blogger pourrait avoir l'idée de me censurer), d'annotations comme de juste pénétrantes ("elle poussa un râle brisé"... ouais je sais, c'est sacrément violent) et portée par des héros qui, lorsqu'ils parlent pendant l'amour, font preuve d'une maîtrise grammaticale et linguistique hors du commun (alors que moi, c'est pas pour vous raconter ma vie, mais j'aurais plutôt tendance à faire des phrases nominales... autant dire que le gars Brody m'a sacrément complexé). Dans ces moments, si j'ose dire, elle atteint l'extase. Rien moins !
(ah au fait : ça s'appelle Brûlant corps à corps, j'étais tellement ému que j'ai oublié de vous le dire...)
En voici une belle surprise, un joli post récréatif sur la collection "Audace" de Harlequin, moi qui croyait que la dernière chronique concernant ces romans qui font chavirer les cœurs n'aurait pas de suite... ^^
RépondreSupprimerHILARIOUS !
RépondreSupprimerAh mais : j'avais promis.
RépondreSupprimerD'ailleurs j'en ai encore un troisième sous la main, de Harlequin. Mais j'ai peur que ça fasse trop, peur d'être déçu après un tel orgasme littéraire...
la collection "Audace" donc... Visiblement, il n'y a pas un poil d'humour mais au 3e degré on se prend carrément la grosse touffe ;)!
RépondreSupprimerTu es quand même un grand malade de t'envoyer ces trucs...
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerJ'avais commencé à le lire mais ça m'a trop rappelé les moins bons passages de Beigbeder...
RépondreSupprimerCa ferait presque envie, ma parole (envie de le lire, soyons clairs :)!
RépondreSupprimerC'est vrai que ce genre d'articles rend tolérable l'intolérable ;)
RépondreSupprimerAh oui. J'adore. Je ne connaissais pas la collection hot d'Harlequin, tu m'intéresses !! C'était beaucoup moins hot quand j'en lisais en douce et que j'avais douze ans.
RépondreSupprimerBah oui... pffff... le sexe est partout de nos jours, même chez Harlequin. Même Christine Boutin s'y met. Tout fout le camp...
RépondreSupprimerHoula! si t'as la sextape, tu la gardes pour toi....
RépondreSupprimer"je peux quand même pas écrire un truc aussi hard sur mon blog"
RépondreSupprimermais si, mais si...
Non, je t'assure, je peux pas. Y a des gosses qui nous lisent ^^
RépondreSupprimernon non ya pas de gosses!
RépondreSupprimer"un troisieme harlequin sous la main", il t'en faut trois dans une main pdt que l'autre..! sacré acrobate, chapeau l'artiste!
(sic...)
Ah ah. Bien vu ;-)
RépondreSupprimerOn ne se méfie jamais assez de la ménagère de moins de cinquante ans qui fait ses achats chez France Loisirs.
RépondreSupprimer"elle poussa un râle brisé" : quelle puissance d'évocation ; et pourquoi pas "il en eut le brame coupé net", voire "son brame s'en trouva circoncis".
Je me doutais que tu écrivais du Harlequin à tes heures perdues !
RépondreSupprimer