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Dans le petit communiqué de presse accompagnant cet album, on informait le courageux chroniqueur que contrairement à la précédente sortie du très bon label [Noir Prod], les non moins bons ni, celle-ci n’était pas franchement rigolote. Un instant de surprise, tout d’abord, car le groupe se nomme le Grumpf Quartet, ce qui fait tout de même plus sourire que mal au crâne. Suivi d’un rapide constat : les chargés de presse de chez [Noir] sont des gens de bonne foi, ce qui n’est pas toujours la règle dans cette délicieuse corporation. Parce que dans Grumpf Quartet, c’est bien le mot quartet qu’il faut retenir, terme qui en général a plutôt tendance à annoncer des gens se prenant très au sérieux.
A sa décharge, le Grumpf Quartet joue du math-rock, nous étions donc prévenu. Quoi ? Vous ne connaissez pas le math-rock ? Sans déconner ? Bon alors, je vous explique, mais attention tout de même car cette leçon est sujette à caution – puisque écrite par un rigolo, lui. Le math-rock, on pourrait dire qu’en gros, c’est du rock progressif joué par des mecs, souvent issus du milieu hardcore, à qui ont a tellement raconté que le prog était l’Ennemi avec un grand E que du coup, il se sont sentis obligé d’inventer une autre étiquette pour pouvoir faire des morceaux longs, très techniques, avec tout plein de signatures rythmiques différentes, souvent instrumentaux. Là vous êtes en train de vous dire que ouais, c’est du prog, quoi. Bah non : c’est du math-rock on vous dit. Essayez de suivre, s’il vous plaît. D’ailleurs la meilleure preuve de ce que ce n’est pas du prog, c’est que les math-rockers ont eu l’idée (assez géniale, il faut le reconnaître) de remplacer toute l’imagerie crétine par… des maths. Histoire d’être sûr de ne pas vraiment pas passer pour des bouffons. Inutile de le préciser, c’est complètement raté : le simple fait de voir le mot math (donc carré, cartésien) accolé au mot rock (donc bordélique) a de quoi faire sourire. Comme si les premiers de la classe avaient décidé de jouer avec les cancres. Ou l’inverse.
Bon. On rigole, on rigole, parce que toutes ces petites chapelles aux noms pas possibles sont tout de même amusantes, mais le fait est que l’auteur de ces lignes, paradoxalement, est grand amateur de math-rock. Double paradoxe : il aime tellement le math-rock qu’il n’écrit jamais dessus. Ceci dit, un coup d’oreille rapide à un album comme celui du Grumpf Quartet devrait suffire à l’excuser : il en faut du courage, de l’abnégation et de la folie pour essayer d’écrire sur une telle musique. Qui elle-même n’en manque pas, de folie. Le premier titre, "Stravinsky on da Rocks", annonce la couleur : sombre, abrasive et particulièrement chaotique. Impression parfaitement renforcée par les morceaux suivants, bruitistes et hoquetants, évoquant aussi souvent John Zorn (un certain sens de la concision en plus) que le Dillinger Escape Plan (les chansons en moins). Saines influences pour un disque dont la santé mentale ne semble pourtant pas être l’objectif premier, plutôt une quête permanente de la rupture et une manière assez fascinante d’éviter le piège de l’esbroufe gratuite (dans lequel se sont vautrés tant de grands noms du math-rock… ou du prog). Ainsi "Ougah", qui alterne avec panache contemplation et déflagration, anxiolytiques et euphorisants.
Il est vrai que dans le genre, cet album sans titre n’est probablement pas ce que l’on a entendu de plus original en 2010. Il n’a ni le côté frapadingue du dernier Louise Mitchels, ni le côté imprévisible des Work Tapes de Thinking Machine – encore moins l’inventivité du Marnie Stern. Pourtant, étrangement, il n’est pas loin d’être mieux. Solide, il affiche une cohérence pas si fréquente sur les albums du genre, privilégiant toujours l’efficacité et – surtout – l’émotion sur la technique pure (voir "La Triste fin d’Horace", plus planant que sophistiqué, dont les coups de pédale relèvent plus du nerf que de l’enluminure). Venant d’un jeune trio (oui parce qu’on a oublié de vous le dire, mais le Grumpf Quartet est un trio, comme quoi quelque part, il doit bien avoir un poil d’humour) n’accusant que quatre petites années d’existence, c’est tout à fait inattendu, et cela méritait d’être souligné.
Grumpf Quartet, du Grumpf Quartet (2010)
Dans le petit communiqué de presse accompagnant cet album, on informait le courageux chroniqueur que contrairement à la précédente sortie du très bon label [Noir Prod], les non moins bons ni, celle-ci n’était pas franchement rigolote. Un instant de surprise, tout d’abord, car le groupe se nomme le Grumpf Quartet, ce qui fait tout de même plus sourire que mal au crâne. Suivi d’un rapide constat : les chargés de presse de chez [Noir] sont des gens de bonne foi, ce qui n’est pas toujours la règle dans cette délicieuse corporation. Parce que dans Grumpf Quartet, c’est bien le mot quartet qu’il faut retenir, terme qui en général a plutôt tendance à annoncer des gens se prenant très au sérieux.
A sa décharge, le Grumpf Quartet joue du math-rock, nous étions donc prévenu. Quoi ? Vous ne connaissez pas le math-rock ? Sans déconner ? Bon alors, je vous explique, mais attention tout de même car cette leçon est sujette à caution – puisque écrite par un rigolo, lui. Le math-rock, on pourrait dire qu’en gros, c’est du rock progressif joué par des mecs, souvent issus du milieu hardcore, à qui ont a tellement raconté que le prog était l’Ennemi avec un grand E que du coup, il se sont sentis obligé d’inventer une autre étiquette pour pouvoir faire des morceaux longs, très techniques, avec tout plein de signatures rythmiques différentes, souvent instrumentaux. Là vous êtes en train de vous dire que ouais, c’est du prog, quoi. Bah non : c’est du math-rock on vous dit. Essayez de suivre, s’il vous plaît. D’ailleurs la meilleure preuve de ce que ce n’est pas du prog, c’est que les math-rockers ont eu l’idée (assez géniale, il faut le reconnaître) de remplacer toute l’imagerie crétine par… des maths. Histoire d’être sûr de ne pas vraiment pas passer pour des bouffons. Inutile de le préciser, c’est complètement raté : le simple fait de voir le mot math (donc carré, cartésien) accolé au mot rock (donc bordélique) a de quoi faire sourire. Comme si les premiers de la classe avaient décidé de jouer avec les cancres. Ou l’inverse.
Bon. On rigole, on rigole, parce que toutes ces petites chapelles aux noms pas possibles sont tout de même amusantes, mais le fait est que l’auteur de ces lignes, paradoxalement, est grand amateur de math-rock. Double paradoxe : il aime tellement le math-rock qu’il n’écrit jamais dessus. Ceci dit, un coup d’oreille rapide à un album comme celui du Grumpf Quartet devrait suffire à l’excuser : il en faut du courage, de l’abnégation et de la folie pour essayer d’écrire sur une telle musique. Qui elle-même n’en manque pas, de folie. Le premier titre, "Stravinsky on da Rocks", annonce la couleur : sombre, abrasive et particulièrement chaotique. Impression parfaitement renforcée par les morceaux suivants, bruitistes et hoquetants, évoquant aussi souvent John Zorn (un certain sens de la concision en plus) que le Dillinger Escape Plan (les chansons en moins). Saines influences pour un disque dont la santé mentale ne semble pourtant pas être l’objectif premier, plutôt une quête permanente de la rupture et une manière assez fascinante d’éviter le piège de l’esbroufe gratuite (dans lequel se sont vautrés tant de grands noms du math-rock… ou du prog). Ainsi "Ougah", qui alterne avec panache contemplation et déflagration, anxiolytiques et euphorisants.
Il est vrai que dans le genre, cet album sans titre n’est probablement pas ce que l’on a entendu de plus original en 2010. Il n’a ni le côté frapadingue du dernier Louise Mitchels, ni le côté imprévisible des Work Tapes de Thinking Machine – encore moins l’inventivité du Marnie Stern. Pourtant, étrangement, il n’est pas loin d’être mieux. Solide, il affiche une cohérence pas si fréquente sur les albums du genre, privilégiant toujours l’efficacité et – surtout – l’émotion sur la technique pure (voir "La Triste fin d’Horace", plus planant que sophistiqué, dont les coups de pédale relèvent plus du nerf que de l’enluminure). Venant d’un jeune trio (oui parce qu’on a oublié de vous le dire, mais le Grumpf Quartet est un trio, comme quoi quelque part, il doit bien avoir un poil d’humour) n’accusant que quatre petites années d’existence, c’est tout à fait inattendu, et cela méritait d’être souligné.
Grumpf Quartet, du Grumpf Quartet (2010)
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