Celui-ci fut une incroyable révélation pour un très petit nombre de gens. Le cadavre de Kurt Cobain était à peine froid que déjà le monde se cherchait de nouveaux héros écorchés et vifs, il voyait bien Buckley, il croyait en Beck... et voilà qu'Elliott Smith débarquait discrètement avec cet album renversant, mélancolie vissée au corps et look de poète beat qui aurait par mégarde grandi au milieu des ploucs du Texas. Certains le connaissaient déjà via le rock taciturne de Heatmiser (un label serait d'ailleurs bien inspiré d'en rééditer les trois albums). La plupart seraient amenés à le découvrir avec Roman Candle, premier opus solo crépusculaire et redoutable de fausse candeur.
D'une certaine manière, Roman Candle disait déjà tout de ce que serait la carrière du chanteur à la dégaine de Droopy. Un mélange d'affection et de spontanéité, de douleur sourde et d'étonnante fraîcheur. Enregistré sur un huit pistes dans l'appartement de sa petite amie, jamais prévu pour être vendu (si vous vous demandiez pourquoi quatre morceaux n'avaient pas de titre, voici la réponse), distribué ou même joué à des amis (Smith, dans son incroyable naïveté, voulait juste qu'on lui permette de le presser... comme si un directeur artistique pouvait laisser passer un tel génie !), il est malgré tout d'une beauté inimaginable dans une époque où les progrès technologiques n'avaient pas encore facilité le homemade. Son auteur aurait pu n'être qu'un singer-songwriter parmi des milliers d'autres. Mais son sens de l'arrangement irradiait déjà tellement ce petit disque sans prétention qu'il eût été impensable de le ranger dans une telle poubelle. Le moins peut le plus, et il suffit écouter la guitare virevoltante de 'Last Call' pour comprendre que Smith, bien avant d'être devenu le maître de l'harmonie pop que l'on connaît, était déjà sacrément au-dessus de la moyenne.
En fait, c'est flagrant sur la sublime 'No Name #1', Elliott était quasiment les Beatles à lui tout seul, Paul qui aurait fusionné avec Art pour devenir Mister Simon Garfunkel. Il était Jeff Buckley sans les vocalises, Pavement sans les dissonances, Big Star sans l'arrogance, Tom Waits sans le calcul. Il était tous ces gens à la fois, mais jamais on ne sentait d'influence trop prégnante - à l'exact inverse de ses héritiers qui aujourd'hui le pastichent souvent jusqu'à l'écœurement. A peine fini mais quasiment parfait, Roman Candle fait partie de ces albums miraculeux que tout amateur se doit d'avoir entendu au moins une fois. Mais est-il possible de ne l'entendre qu'une seule fois sans mourir d'envie d'y revenir ?
D'une certaine manière, Roman Candle disait déjà tout de ce que serait la carrière du chanteur à la dégaine de Droopy. Un mélange d'affection et de spontanéité, de douleur sourde et d'étonnante fraîcheur. Enregistré sur un huit pistes dans l'appartement de sa petite amie, jamais prévu pour être vendu (si vous vous demandiez pourquoi quatre morceaux n'avaient pas de titre, voici la réponse), distribué ou même joué à des amis (Smith, dans son incroyable naïveté, voulait juste qu'on lui permette de le presser... comme si un directeur artistique pouvait laisser passer un tel génie !), il est malgré tout d'une beauté inimaginable dans une époque où les progrès technologiques n'avaient pas encore facilité le homemade. Son auteur aurait pu n'être qu'un singer-songwriter parmi des milliers d'autres. Mais son sens de l'arrangement irradiait déjà tellement ce petit disque sans prétention qu'il eût été impensable de le ranger dans une telle poubelle. Le moins peut le plus, et il suffit écouter la guitare virevoltante de 'Last Call' pour comprendre que Smith, bien avant d'être devenu le maître de l'harmonie pop que l'on connaît, était déjà sacrément au-dessus de la moyenne.
En fait, c'est flagrant sur la sublime 'No Name #1', Elliott était quasiment les Beatles à lui tout seul, Paul qui aurait fusionné avec Art pour devenir Mister Simon Garfunkel. Il était Jeff Buckley sans les vocalises, Pavement sans les dissonances, Big Star sans l'arrogance, Tom Waits sans le calcul. Il était tous ces gens à la fois, mais jamais on ne sentait d'influence trop prégnante - à l'exact inverse de ses héritiers qui aujourd'hui le pastichent souvent jusqu'à l'écœurement. A peine fini mais quasiment parfait, Roman Candle fait partie de ces albums miraculeux que tout amateur se doit d'avoir entendu au moins une fois. Mais est-il possible de ne l'entendre qu'une seule fois sans mourir d'envie d'y revenir ?
👍👍👍 Roman Candle
Elliott Smith | Kill Rock Stars/Domino, 1994
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