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Ah là là ma brav’ dame ! La folie ? C’est plus ce que c’était. Avant quand on était fou, il suffisait en gros d’être soi-même, de publier des albums nous ressemblant un tant soit peu… et c’était dans la poche, on acquérait assez facilement le statut d’artiste totalement barré – donc culte.
En 2010 hélas, tout cela est bel et bien fini. La folie est devenue quelque chose d’ordinaire. Une donnée économiquement viable parmi d’autres. Tout le monde veut être plus fou que son voisin et le grand public est convaincu que Lady GaGa est une artiste folle et décalée. Comment les vrais foufous peuvent-ils donc s’y retrouver, si les faufous ne leur laissent aucun grain de folie à picorer ? Eh bien je vais vous dire : ils se déguisent. Un sombrero, un hangar abandonné, les pieds d’un cadavre qui dépassent. La pochette de Narco Corridos ne dit absolument rien de son contenu, mais c’est pas grave : ça attire l’œil et c’est déjà ça.
Alors bien sûr, toute cette réflexion sur la fofolie peut sembler un peu dérisoire appliquée à Narrow Terence. Ce pour cette raison évidente que si les Marseillais sont assurément foufous, l’originalité ici revendiquée s’écrabouille bien vite contre un mur d’influences difficile à sauter (d’autant qu’il est connu que les Mexicains sont nuls en saut en hauteur). L’intro fait irrémédiablement penser à Dionysos, le second titre évoque sans hésiter Mark Lanegan et la pièce maîtresse de l’album, "Weekness of the Sheep", a la même senteur de clochardise céleste que bon nombres de morceaux de Tom Waits. La seule surprise, à la rigueur, serait de constater que le groupe est Français… mais même pas tant que ça, s’il y a bien un pays où l’on voue culte monstrueux – et parfois déraisonnable – à ces deux champions de la grosse voix cassée, c’est le nôtre.
Pourtant, il faut bien reconnaître que s’ils ne parviennent jamais vraiment à transcender leurs influences, ces jeunes gens proposent un cocktail efficace dont l’on se reprend chaque fois une dernier lampée avec plaisir. Capables d’offrir un aperçu inattendu de ce que donnerait Venus revisité par le heavy ("How She Ruined My Days"), basculant sans tambour ni maracasses du blues au power-metal et du power-metal à la surf music… ils affichent une absence de complexes n’ayant d’égale que leur (high) energy, au point que l’on ressente rapidement un impérieux besoin d’aller les voir sur scène, convaincu de se prendre quelques mandales bien senties. Il est vrai qu’ils s’avèrent clairement plus convaincants sur les tempos enlevés, à l’image du tempétueux "Wet Dead Horses", qui dévoile quelque chose de Marylin Manson qui assumerait enfin son amour pour Maiden peu après avoir forniqué avec un fan de Calexico (ne riez pas, l’idée n’est pas si fantaisiste). Dans ces moments-là, Narco Corridos se boit comme du petit lait, jusqu’à faire oublier ses faiblesses et autres petites peaux séchées flottant à la surface. Peut-être pas une prouesse, mais un relativement joli coup tout de même.
Narrow Terence presents Narco Corridos (2010)
Ah là là ma brav’ dame ! La folie ? C’est plus ce que c’était. Avant quand on était fou, il suffisait en gros d’être soi-même, de publier des albums nous ressemblant un tant soit peu… et c’était dans la poche, on acquérait assez facilement le statut d’artiste totalement barré – donc culte.
En 2010 hélas, tout cela est bel et bien fini. La folie est devenue quelque chose d’ordinaire. Une donnée économiquement viable parmi d’autres. Tout le monde veut être plus fou que son voisin et le grand public est convaincu que Lady GaGa est une artiste folle et décalée. Comment les vrais foufous peuvent-ils donc s’y retrouver, si les faufous ne leur laissent aucun grain de folie à picorer ? Eh bien je vais vous dire : ils se déguisent. Un sombrero, un hangar abandonné, les pieds d’un cadavre qui dépassent. La pochette de Narco Corridos ne dit absolument rien de son contenu, mais c’est pas grave : ça attire l’œil et c’est déjà ça.
Alors bien sûr, toute cette réflexion sur la fofolie peut sembler un peu dérisoire appliquée à Narrow Terence. Ce pour cette raison évidente que si les Marseillais sont assurément foufous, l’originalité ici revendiquée s’écrabouille bien vite contre un mur d’influences difficile à sauter (d’autant qu’il est connu que les Mexicains sont nuls en saut en hauteur). L’intro fait irrémédiablement penser à Dionysos, le second titre évoque sans hésiter Mark Lanegan et la pièce maîtresse de l’album, "Weekness of the Sheep", a la même senteur de clochardise céleste que bon nombres de morceaux de Tom Waits. La seule surprise, à la rigueur, serait de constater que le groupe est Français… mais même pas tant que ça, s’il y a bien un pays où l’on voue culte monstrueux – et parfois déraisonnable – à ces deux champions de la grosse voix cassée, c’est le nôtre.
Pourtant, il faut bien reconnaître que s’ils ne parviennent jamais vraiment à transcender leurs influences, ces jeunes gens proposent un cocktail efficace dont l’on se reprend chaque fois une dernier lampée avec plaisir. Capables d’offrir un aperçu inattendu de ce que donnerait Venus revisité par le heavy ("How She Ruined My Days"), basculant sans tambour ni maracasses du blues au power-metal et du power-metal à la surf music… ils affichent une absence de complexes n’ayant d’égale que leur (high) energy, au point que l’on ressente rapidement un impérieux besoin d’aller les voir sur scène, convaincu de se prendre quelques mandales bien senties. Il est vrai qu’ils s’avèrent clairement plus convaincants sur les tempos enlevés, à l’image du tempétueux "Wet Dead Horses", qui dévoile quelque chose de Marylin Manson qui assumerait enfin son amour pour Maiden peu après avoir forniqué avec un fan de Calexico (ne riez pas, l’idée n’est pas si fantaisiste). Dans ces moments-là, Narco Corridos se boit comme du petit lait, jusqu’à faire oublier ses faiblesses et autres petites peaux séchées flottant à la surface. Peut-être pas une prouesse, mais un relativement joli coup tout de même.
Narrow Terence presents Narco Corridos (2010)