vendredi 16 avril 2010

Devo, un groupe que personne n'a jamais vraiment compris

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Ah ! Devo ! Devo ! Devo ! Je pourrais répéter leur nom inlassablement tellement je le trouve... ridicule. Oui, allons-y. Balançons ! Devo, voilà un groupe que j'ai mis très longtemps à comprendre (si tant est que je l'aie jamais vraiment compris). Leur concept m'échappait, et pour être tout à fait honnête je n'avais pas du tout envie d'essayer de comprendre ce que faisaient ces gens.

Quelle importance, d'ailleurs ? Fut un temps, personne ne citait Devo comme référence, sans doute parce qu'à l'époque où j'étais gamin le groupe existait encore... et était devenu très très mauvais. Personne n'aurait donc eu l'idée saugrenue de dire, par exemple, que les Pixies leurs devaient tout ou presque. A ces gros ringards. C'est pourtant ce qui sautera à l'oreille de l'auditeur égaré si d'aventure on venait à lui passer l'excellentissime Duty Now for the Future (sans doute leur meilleur album (à Devo, pas aux Pixies hein)). L'exemple le plus évident étant probablement 'Blockhead' (rien à voir avec l'oncle de Robbie Williams), qui ne peut que faire penser à Black Francis... enfin, c'est l'inverse, bien sûr. Vous l'aurez compris.

Réédité au gré d'une reformation que l'on imagine uniquement motivée par l'envie de jouer une musique avant-gardiste changeant la face du rock contemporain (ah ah), Duty Now for the Future permettra aux plus jeunes vieux de se remettre un peu dans le bain et de rédécouvrir les éternels bouffons du post-punk, qui à n'en pas douter méritaient inifiniment mieux que cette image restée malgré eux dans l'inconscient collectif (donc la mémoire de tout le monde, sauf les fans de rock). Pas sûr que ce soit d'ailleurs une si bonne idée que ça : le second album de Devo est tellement brillant qu'à côté, le mal nommé Fresh, à paraître en mai (s'il n'est pas décalé pour la Xème fois depuis deux ans), a de grandes chances de faire pâle figure.

C'est qu'on parle là d'un disque franchement singulier, post-punk certes, mais très en marge de la production de l'époque. Pour s'être formé bien avant la plupart de ses collègues (ses balbutiements remontent à 1972), pour être originaire des Etats-Unis aussi, bien sûr, Devo développait sur ses premiers albums un son unique en son genre, devant autant au punk qu'au rock psyché ou au glam. C'est frappant sur des morceaux comme 'Secret Agent Man' (bizarrerie sonnant comme un titre de Zappa chanté par Ozzy Osbourne), le heavy 'Wiggly World' (qui évoque immanquablement les Spiders From Mars) ou l'invraissemblable 'Pink Pussycat' (qui transforme Can en comique troupier). Et dire que certains pensent sincèrement que Mike Patton est un artiste fou et déjanté ! On rigole. Duty Now for the Future, lui, ne ressemble toujours à rien d'autre aujourd'hui. Eternellement étrange, éternellement déroutant... éternellement Devo. Comprendre par-là qu'on pourrait accoler les adjectifs "invraisemblable", "improbable" ou "surprenant" à chacun de ses morceaux.

Niveau bonus on est dans l'efficace et l'honnête (en terme de qualité, il va sans dire qu'aucune réédition précédant le nouvel album d'une reformation ne peut être moralement tout à fait honnête, pas vrai Iggy ?). Passé un spoken-word inutile les faces B sont de très bonne facture (surtout 'Soo Bawlz'). On aurait sans doute pu se passer de la version live de 'Secret Agent Man', mais il faut reconnaître que là aussi, c'est du bon.


Duty Now for the Future, de Devo (1979)


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