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Non mais sérieusement, il n'y a pas grand-chose à dire en fait. Les Mains d'Œuvres, où on n'avait jusqu'ici jamais mis les pieds, est clairement l'une des salles les plus sympas qu'on ait eu l'occasion de fréquenter. Et je ne dis pas ça parce que plein de gens fumaient à l'intérieur (d'autant que ce fut la seule soirée de toute l'année où je n'avais pas de clopes). Je le dis parce que c'est vrai, même si la bière, certes pas chère, est assez infâme. Et même si la surchauffe fait mal au crâne, mais en même temps difficile de voir cela comme un défaut, n'est-ce pas ?
Le public continuera donc à débouler massivement durant le set de Frustration, qui s'il ne pourra probablement prétendre pas au grand prix 2010 de l'originalité s'avère tout de même d'une efficacité indéniable, avec même un soupçon de classe pas dégueu. Ce n'est que contraint et forcé qu'on précise qu'il s'agit de revival post-punk, car la réalité est plus complexe que cela : on oublie assez facilement que Frustration n'est pas un vrai groupe post-punk labellisé Manchester. C'est quand même très très bien imité, au sens où justement ça ne l'est pas : le groupe est on ne peut plus crédible dans ce registre, "authentique" - pour parler ronflant - comme en témoigne par ailleurs son très bon album Relax, qui dans le fond n'a pas à rougir face aux productions récentes d'un The Fall ou d'un Wire (il est vrai aussi que le dernier opus de ceux-ci est un peu l'exception confirmant la règle d'excellence des londoniens). Non, franchement, c'est bien. Pas original pour deux sous, mais du genre qui gagne à être connu, reconnu et soutenu - il y a vraiment des morceaux imparables dans leur répertoire.
Cheveu, c'est un peu l'inverse. Marrant d'ailleurs, vu qu'ils se présentent eux-mêmes comme leurs "meilleurs copains". Cheveu, donc, à l'exact opposé, échappe à à peu près toutes les qualifications possibles. Il faut le souligner : de nos jours, beaucoup de groupes aiment à se prétendre inclassables alors qu'ils ne le sont que trop, "on ne joue pas un style particulier, on fait juste du rock'n'roll, man !" - dira le gars dont le dernier album a tous les stigmates de la britpop. Cheveu n'a aucune prétention de ce genre, mais amusez-vous bien si d'aventure vous souhaitiez les étiqueter. C'est certainement le groupe le plus bizarre et excitant qui soit apparu ces dernières années, et depuis le temps qu'on voulait les voir live on ne risquait pas de louper ça.
Effectivement, ça valait le détour. Il leur faut moins de deux morceaux pour changer la salle over-mega-blindée en fournaise, cela doit autant à une puissance instrumentale monstrueuse (et vu le son pourrave de leur album c'est un bonheur d'entendre les 'Clara Venus' et autres 'Happiness' dans de bonnes conditions) qu'à un aspect visuel assez fascinant, dans la mesure où ce groupe a quelque chose de profondément invraisemblable. Le chanteur est un grand échalas aux airs d'idiot du village baragouinant et/ou braillant des textes auxquels on ne comprend globalement rien, le guitariste, on dirait George Costanza relooké par les Deschiens... c'est assez étonnant à voir.
Ce qui est beaucoup moins étonnant, c'est de voir à quel point le public est enthousiaste. Il y a quelque chose de profondément réjouissant dans la musique de Cheveu, dans son désir d'embra(s)ser tous les styles et dans son mépris des conventions et du rock'n'rollement correct. C'est aussi punk que discoïde, c'est un peu pop mais carrément psyché, c'est garage mais ça ne ressemble à rien de ce que vous avez jamais entendu en terme de garage. C'est drôle et c'est violent et c'est dansant. Quelqu'un à côté de nous suggère une ressemblance avec le Jon Spencer Blues Explosion des débuts. Ce n'est pas idiot, mais ce n'est pas tout à fait exact car justement, Cheveu a ce petit quelque chose en plus, ce petit truc magique qui fait que son n'importe quoi n'a jamais l'air d'être incohérent, idiot ou décousu. Autant dire qu'après ce concert énervé et torride, sans doute l'un des meilleurs qu'on ait vus cette année, on a hâte d'entendre ce nouvel album annoncé pour l'automne !
(oui, je conclus sur un point d'exclamation alors que je n'en utilise jamais - ce qui montre bien mon enthousiasme (c'est d'ailleurs l'une des fonctions du point d'exclamation, rappelons-le à tous ceux qui l'utilisent à tort et à travers))
Devinette : qu'est-ce qu'un migraineux agoraphobe et potomane fait dans un concert archi-blindé dans une salle archi-pas-grande ? Rien ? Hum. C'est une réponse acceptable. Enfin il pleure sa maman, aussi. Et bien sûr, une fois rentré, il râle dans sa chronique, parce que de toute façon vous savez bien que s'il ne critique pas un peu l'organisation d'un concert son papier n'est pas complet.
Non mais sérieusement, il n'y a pas grand-chose à dire en fait. Les Mains d'Œuvres, où on n'avait jusqu'ici jamais mis les pieds, est clairement l'une des salles les plus sympas qu'on ait eu l'occasion de fréquenter. Et je ne dis pas ça parce que plein de gens fumaient à l'intérieur (d'autant que ce fut la seule soirée de toute l'année où je n'avais pas de clopes). Je le dis parce que c'est vrai, même si la bière, certes pas chère, est assez infâme. Et même si la surchauffe fait mal au crâne, mais en même temps difficile de voir cela comme un défaut, n'est-ce pas ?
Le public continuera donc à débouler massivement durant le set de Frustration, qui s'il ne pourra probablement prétendre pas au grand prix 2010 de l'originalité s'avère tout de même d'une efficacité indéniable, avec même un soupçon de classe pas dégueu. Ce n'est que contraint et forcé qu'on précise qu'il s'agit de revival post-punk, car la réalité est plus complexe que cela : on oublie assez facilement que Frustration n'est pas un vrai groupe post-punk labellisé Manchester. C'est quand même très très bien imité, au sens où justement ça ne l'est pas : le groupe est on ne peut plus crédible dans ce registre, "authentique" - pour parler ronflant - comme en témoigne par ailleurs son très bon album Relax, qui dans le fond n'a pas à rougir face aux productions récentes d'un The Fall ou d'un Wire (il est vrai aussi que le dernier opus de ceux-ci est un peu l'exception confirmant la règle d'excellence des londoniens). Non, franchement, c'est bien. Pas original pour deux sous, mais du genre qui gagne à être connu, reconnu et soutenu - il y a vraiment des morceaux imparables dans leur répertoire.
Cheveu, c'est un peu l'inverse. Marrant d'ailleurs, vu qu'ils se présentent eux-mêmes comme leurs "meilleurs copains". Cheveu, donc, à l'exact opposé, échappe à à peu près toutes les qualifications possibles. Il faut le souligner : de nos jours, beaucoup de groupes aiment à se prétendre inclassables alors qu'ils ne le sont que trop, "on ne joue pas un style particulier, on fait juste du rock'n'roll, man !" - dira le gars dont le dernier album a tous les stigmates de la britpop. Cheveu n'a aucune prétention de ce genre, mais amusez-vous bien si d'aventure vous souhaitiez les étiqueter. C'est certainement le groupe le plus bizarre et excitant qui soit apparu ces dernières années, et depuis le temps qu'on voulait les voir live on ne risquait pas de louper ça.
Effectivement, ça valait le détour. Il leur faut moins de deux morceaux pour changer la salle over-mega-blindée en fournaise, cela doit autant à une puissance instrumentale monstrueuse (et vu le son pourrave de leur album c'est un bonheur d'entendre les 'Clara Venus' et autres 'Happiness' dans de bonnes conditions) qu'à un aspect visuel assez fascinant, dans la mesure où ce groupe a quelque chose de profondément invraisemblable. Le chanteur est un grand échalas aux airs d'idiot du village baragouinant et/ou braillant des textes auxquels on ne comprend globalement rien, le guitariste, on dirait George Costanza relooké par les Deschiens... c'est assez étonnant à voir.
Ce qui est beaucoup moins étonnant, c'est de voir à quel point le public est enthousiaste. Il y a quelque chose de profondément réjouissant dans la musique de Cheveu, dans son désir d'embra(s)ser tous les styles et dans son mépris des conventions et du rock'n'rollement correct. C'est aussi punk que discoïde, c'est un peu pop mais carrément psyché, c'est garage mais ça ne ressemble à rien de ce que vous avez jamais entendu en terme de garage. C'est drôle et c'est violent et c'est dansant. Quelqu'un à côté de nous suggère une ressemblance avec le Jon Spencer Blues Explosion des débuts. Ce n'est pas idiot, mais ce n'est pas tout à fait exact car justement, Cheveu a ce petit quelque chose en plus, ce petit truc magique qui fait que son n'importe quoi n'a jamais l'air d'être incohérent, idiot ou décousu. Autant dire qu'après ce concert énervé et torride, sans doute l'un des meilleurs qu'on ait vus cette année, on a hâte d'entendre ce nouvel album annoncé pour l'automne !
(oui, je conclus sur un point d'exclamation alors que je n'en utilise jamais - ce qui montre bien mon enthousiasme (c'est d'ailleurs l'une des fonctions du point d'exclamation, rappelons-le à tous ceux qui l'utilisent à tort et à travers))