« Il n'y a pas de limites à la mélancolie humaine et la peinture de Sainte-Rose est à placer sur la pyramide des larmes... »
Ah ces peintres ! Depuis Dorian Gray on sait bien qu'il faut s'en méfiez - mais pensez-vous que les gens y prêtent attention ? Ils sont trop occupés à être fascinés par leur peinture pour prendre la juste mesure de la perversité profonde qui les animent. Le couple de héros de Bord cadre, un écrivain lunaire et une femme à « l'érotisme de veuve », n'échappe pas à cette règle immuable, qui manipulé comme se doit par Sainte-Rose se retrouve face au plus improbable des paris : tout se dire, sans exception. Faire durer cet amour tout en ne dissimulant rien de leurs pensées les plus fantasques, crues, ambivalentes - en un mot : inavouables.
Oh le risque est là, bien sûr - mais à quoi bon l'amour si l'on ne risque pas de le perdre ? Toute entité porte en elle le germe de sa propre destruction. C'est dit au début du livre, c'est presque une lapalissade. Aimer c'est déjà risquer de ne plus aimer, de ne plus être aimé. Alors pourquoi ne pas parier que tout cela puisse durer - coûte que coûte ? Eux, ils veulent y croire. Nous aussi. Même si nous savons que tout cela n'existe dans les romans, et qu'eux ignorent qu'ils ne sont que des personnages de fable. De toute façon sous la plume d'un Jean Teulé au sommet de son art tout ceci ne sera plus, bientôt, qu'une incroyable odyssée onirique dans laquelle viendront se mêler le rêve, la poésie, l'art, le fantasme, la fiction. Un jeu sans conséquence, dans le fond : puisque tout est littérature, rien ne saurait jamais être complètement sérieux - n'est-ce pas ?
Faut voir. En attendant de trouver la réponse est cette question pour le moins épique (c'est le cas de le dire) vous ne sauriez que trop vous dépêcher de vous procurer ce petit livre remarquable de tendresse et de poésie, drôlement cruel et cruellement drôle. Comme auparavant dans Balade pour un père oublié, ce petit livre attachant et méconnu, Jean Teulé part d'une idée aussi simple que redoutable et bâtit un univers sensuel et imagé dans la droite ligne des surréalistes. En mieux que dans Balade pour un père oublié - il a entre temps acquis ses galons de grand écrivain (avec Darling). Atmosphère délicieusement désuète (le début donne l'impression de s'être égaré chez Agatha Christie), émotions à fleur de peau et fantaisie à revendre... immanquable !
Ah ces peintres ! Depuis Dorian Gray on sait bien qu'il faut s'en méfiez - mais pensez-vous que les gens y prêtent attention ? Ils sont trop occupés à être fascinés par leur peinture pour prendre la juste mesure de la perversité profonde qui les animent. Le couple de héros de Bord cadre, un écrivain lunaire et une femme à « l'érotisme de veuve », n'échappe pas à cette règle immuable, qui manipulé comme se doit par Sainte-Rose se retrouve face au plus improbable des paris : tout se dire, sans exception. Faire durer cet amour tout en ne dissimulant rien de leurs pensées les plus fantasques, crues, ambivalentes - en un mot : inavouables.
Oh le risque est là, bien sûr - mais à quoi bon l'amour si l'on ne risque pas de le perdre ? Toute entité porte en elle le germe de sa propre destruction. C'est dit au début du livre, c'est presque une lapalissade. Aimer c'est déjà risquer de ne plus aimer, de ne plus être aimé. Alors pourquoi ne pas parier que tout cela puisse durer - coûte que coûte ? Eux, ils veulent y croire. Nous aussi. Même si nous savons que tout cela n'existe dans les romans, et qu'eux ignorent qu'ils ne sont que des personnages de fable. De toute façon sous la plume d'un Jean Teulé au sommet de son art tout ceci ne sera plus, bientôt, qu'une incroyable odyssée onirique dans laquelle viendront se mêler le rêve, la poésie, l'art, le fantasme, la fiction. Un jeu sans conséquence, dans le fond : puisque tout est littérature, rien ne saurait jamais être complètement sérieux - n'est-ce pas ?
Faut voir. En attendant de trouver la réponse est cette question pour le moins épique (c'est le cas de le dire) vous ne sauriez que trop vous dépêcher de vous procurer ce petit livre remarquable de tendresse et de poésie, drôlement cruel et cruellement drôle. Comme auparavant dans Balade pour un père oublié, ce petit livre attachant et méconnu, Jean Teulé part d'une idée aussi simple que redoutable et bâtit un univers sensuel et imagé dans la droite ligne des surréalistes. En mieux que dans Balade pour un père oublié - il a entre temps acquis ses galons de grand écrivain (avec Darling). Atmosphère délicieusement désuète (le début donne l'impression de s'être égaré chez Agatha Christie), émotions à fleur de peau et fantaisie à revendre... immanquable !
👍👍 Bord cadre
Jean Teulé | Julliard, 1999