...
Ce n'est rien d'autre qu'on bon vieil adage de grand-mère, mais l'amateur de musique est bien obligé de lui prêter allégeance, sous peine de passer pour un cuistre, un inculte, un imbécile heureux ou tout simplement un jeune con. Les disques ont été faits à l'époque où ils ont été faits - si t'es pas content petit, c'est le même prix. Allons donc ! C'est tout de même un peu court. C'est surtout un peu commode. Cela évite de s'interroger sur certains point plus discutables. Et dans le pire des cas, le critique de mauvaise foi n'aura aucun scrupule à renverser l'argument sur le mode "oui bon, ça a vieilli, mais il faut replacer ça dans le contexte de l'époque." Fuck this ! Closer n'a pas besoin d'être replacé dans le contexte de l'époque pour être génial. Ni Revolver. Ni aucun des véritables chefs-d’œuvre du rock. Et là, vous noterez la finesse (que dis-je ? la rouerie !) du critique de mauvaise foi, quand vous vous apercevrez que dans le fond, toutes ces règles, tous ces arguments, il ne les applique jamais qu'aux disques des années quatre-vingt. La vérité, c'est que s'il fallait exercer un droit d'inventaire sur les années 1986-91, beaucoup n'en réchapperaient pas. Alors on préfère se taire. Se cacher derrière des grands mots : "classique", "culte". "Séminal" même, des fois.
C'est bien involontairement que The Cure se retrouve aujourd'hui l'otage de ces réflexions, mais comment pourrait-il en être autrement alors que la première chose qui vient à l'esprit quand résonne l'intro de 'Plain Song' est "Mon Dieu ! Que ceci est laid !". Vous avez bien lu : "est laid" et non "a vieilli". Sans doute si un tel morceau sortait aujourd'hui tout le monde le trouverait-il kitsch - à raison. Et il en va pour une grosse moitié de cet album.
Mille excuses pourraient être trouvées à Robert Smith pour avoir enregistré Disintegration, album essentiel pour son existence au moins autant que pour quelques millions de fans. Mais la vérité, quasiment indiscutable avec le recul, c'est que le super classique de Cure n'est que rarement de bon goût, et se vautre dans pas mal d'écueils. D'accord, peut-être que par rapport au tout-venant de la production pop anglaise de l'époque, c'était vachement bien, profond et mélancolique. Les Smiths avaient déjà rendu les armes. Les Banshees étaient sur le point de sombrer. Je veux bien essayer de l'imaginer, même si la comparaison avec la trilogie glacée fait tout de même passer ces douze chansons pour de gentilles bluettes (ce qu'elles sont, en fait). Cependant même en faisant un effort d'imagination (voire d'abstraction), Disintegration est tout de même sacrément plombé par une production du genre qu'aucune remasterisation ne pourra jamais sauver, et des claviers si moches qu'on peine à croire que déjà, en 1989, ils n'étaient pas ringards. C'est vraiment plus un problème d'arrangements que de songwriting, car globalement les chansons sont potables (quoique quasiment toutes trop longues d'une à trois minutes). Le problème c'est que tout à fait sincèrement, et sans vouloir charger un groupe dont tout le monde sait que je l'adore, il y a là-dedans des passages qu'il est extrêmement difficile d'écouter sans rire (de manière plus ou moins crispée selon le degré d'amour qu'on a pu avoir pour Disintegration lorsque l'on était jeune).
En fait, on a même un peu de mal à comprendre comment les fans de The Cure ont pu supporter cet album à l'époque. C'est que Disintegration, c'est un peu l'histoire d'une rupture. En l'espace de deux disques (l'excellent The Head on the Door et l'éternellement mésestimé Kiss Me Kiss Me Kiss Me), Robert Smith est arrivé à produire l'exact inverse de ce qui fit sa gloire au début des années quatre-vingt. Disintegration est l'antithèse de Faith, le double inversé (voire maléfique) de Seventeen Seconds. L'austérité a cédé la place à la grandiloquence, l'épure est devenue rococo, l'ascétisme... le pompiérisme. Disintegration est un album boursouflé, parfois trop sucré ('Lullaby', of course), qui 'Pictures of You' et (éventuellement) 'Prayers for Rain' mis à part s'écoute avec plus de souffrance que de plaisir. Kiss Me et Wish ont beau être régulièrement conspués, ils sont bien plus passionnants.
Après un tel taillage de costard faut-il parler de la réédition elle-même, que dans un élan de folie bien de chez nous on a... oui, acheté ? Pour faire court, disons que ce n'est pas nécessairement une bonne idée de rajouter deux CD supplémentaires à un album dont le premier est déjà deux fois trop long. Dans un élan masochiste, il est cependant possible d'apprécier le CD d'instrumentaux, pour certains plus agréables et épurés (enfin... ça reste Disintegration, hein) que les originaux. Le CD live en revanche ne sert pas à grand-chose, sinon à affirmer preuve à l'appui qu'à une époque, il y a eu des gens qui payaient pour aller voir ça sur scène. Le plus flippant étant qu'aux dernières nouvelles, il en existe toujours.
Dinsintegration, de The Cure (1989)
Ce n'est rien d'autre qu'on bon vieil adage de grand-mère, mais l'amateur de musique est bien obligé de lui prêter allégeance, sous peine de passer pour un cuistre, un inculte, un imbécile heureux ou tout simplement un jeune con. Les disques ont été faits à l'époque où ils ont été faits - si t'es pas content petit, c'est le même prix. Allons donc ! C'est tout de même un peu court. C'est surtout un peu commode. Cela évite de s'interroger sur certains point plus discutables. Et dans le pire des cas, le critique de mauvaise foi n'aura aucun scrupule à renverser l'argument sur le mode "oui bon, ça a vieilli, mais il faut replacer ça dans le contexte de l'époque." Fuck this ! Closer n'a pas besoin d'être replacé dans le contexte de l'époque pour être génial. Ni Revolver. Ni aucun des véritables chefs-d’œuvre du rock. Et là, vous noterez la finesse (que dis-je ? la rouerie !) du critique de mauvaise foi, quand vous vous apercevrez que dans le fond, toutes ces règles, tous ces arguments, il ne les applique jamais qu'aux disques des années quatre-vingt. La vérité, c'est que s'il fallait exercer un droit d'inventaire sur les années 1986-91, beaucoup n'en réchapperaient pas. Alors on préfère se taire. Se cacher derrière des grands mots : "classique", "culte". "Séminal" même, des fois.
C'est bien involontairement que The Cure se retrouve aujourd'hui l'otage de ces réflexions, mais comment pourrait-il en être autrement alors que la première chose qui vient à l'esprit quand résonne l'intro de 'Plain Song' est "Mon Dieu ! Que ceci est laid !". Vous avez bien lu : "est laid" et non "a vieilli". Sans doute si un tel morceau sortait aujourd'hui tout le monde le trouverait-il kitsch - à raison. Et il en va pour une grosse moitié de cet album.
Mille excuses pourraient être trouvées à Robert Smith pour avoir enregistré Disintegration, album essentiel pour son existence au moins autant que pour quelques millions de fans. Mais la vérité, quasiment indiscutable avec le recul, c'est que le super classique de Cure n'est que rarement de bon goût, et se vautre dans pas mal d'écueils. D'accord, peut-être que par rapport au tout-venant de la production pop anglaise de l'époque, c'était vachement bien, profond et mélancolique. Les Smiths avaient déjà rendu les armes. Les Banshees étaient sur le point de sombrer. Je veux bien essayer de l'imaginer, même si la comparaison avec la trilogie glacée fait tout de même passer ces douze chansons pour de gentilles bluettes (ce qu'elles sont, en fait). Cependant même en faisant un effort d'imagination (voire d'abstraction), Disintegration est tout de même sacrément plombé par une production du genre qu'aucune remasterisation ne pourra jamais sauver, et des claviers si moches qu'on peine à croire que déjà, en 1989, ils n'étaient pas ringards. C'est vraiment plus un problème d'arrangements que de songwriting, car globalement les chansons sont potables (quoique quasiment toutes trop longues d'une à trois minutes). Le problème c'est que tout à fait sincèrement, et sans vouloir charger un groupe dont tout le monde sait que je l'adore, il y a là-dedans des passages qu'il est extrêmement difficile d'écouter sans rire (de manière plus ou moins crispée selon le degré d'amour qu'on a pu avoir pour Disintegration lorsque l'on était jeune).
En fait, on a même un peu de mal à comprendre comment les fans de The Cure ont pu supporter cet album à l'époque. C'est que Disintegration, c'est un peu l'histoire d'une rupture. En l'espace de deux disques (l'excellent The Head on the Door et l'éternellement mésestimé Kiss Me Kiss Me Kiss Me), Robert Smith est arrivé à produire l'exact inverse de ce qui fit sa gloire au début des années quatre-vingt. Disintegration est l'antithèse de Faith, le double inversé (voire maléfique) de Seventeen Seconds. L'austérité a cédé la place à la grandiloquence, l'épure est devenue rococo, l'ascétisme... le pompiérisme. Disintegration est un album boursouflé, parfois trop sucré ('Lullaby', of course), qui 'Pictures of You' et (éventuellement) 'Prayers for Rain' mis à part s'écoute avec plus de souffrance que de plaisir. Kiss Me et Wish ont beau être régulièrement conspués, ils sont bien plus passionnants.
Après un tel taillage de costard faut-il parler de la réédition elle-même, que dans un élan de folie bien de chez nous on a... oui, acheté ? Pour faire court, disons que ce n'est pas nécessairement une bonne idée de rajouter deux CD supplémentaires à un album dont le premier est déjà deux fois trop long. Dans un élan masochiste, il est cependant possible d'apprécier le CD d'instrumentaux, pour certains plus agréables et épurés (enfin... ça reste Disintegration, hein) que les originaux. Le CD live en revanche ne sert pas à grand-chose, sinon à affirmer preuve à l'appui qu'à une époque, il y a eu des gens qui payaient pour aller voir ça sur scène. Le plus flippant étant qu'aux dernières nouvelles, il en existe toujours.
Dinsintegration, de The Cure (1989)
Roh.. Disintegration.
RépondreSupprimerJ'ai passé mon adolescence à dire que j'étais fan de Cure. J'aimais beaucoup et j'ai découvert avec Disintegration. J'avais 14 ans et c'est évidemment le clip de Lullaby qui m'a séduit d'entrée. J'adorais la pochette de l'album, Lovesong.. J'ai acheté tous les disques précédents, mes préférés étant Pornography et kiss me.
Aujourd'hui avec le recul, je suis assez d'accord avec tout ce que tu écris là et ça me donne (presque) envie de réécouter Disintegration pour rire et pleurer (de rire) avec toi.
Quand j'ai eu 17 ans, j'ai été voir Cure en concert pour le Wish tour (wish : quelle horreur !) puis j'ai acheté l'album suivant, il avait une pochette jaune.
Je l'ai écouté deux fois puis j'ai commencé à oublier Cure.
Parfois, je jette un oeil sur leur wiki et je suis content de voir que Robert tourne encore, qu'il y a d'autres albums, je télécharge une chanson ou deux mais plus jamais ça ne m'accroche ...
A cause de toi, des souvenirs remontent.
RépondreSupprimer"Friday i'm in love", mon dieu, le summum ! Mais quelle daube.
Wish ... Que c'était dur de se convaincre qu'on pouvait aimer cette merde.