...
C'est fou quand même, ce temps qui défile à toute allure. C'est déjà le dernier édito de la saison ! Celle-là, je ne l'ai vraiment pas vue passer. Je crois que je ne vois pas le temps passer - tout court. Et que le Net, du moins pratiqué de manière aussi soutenue, a tendance à abattre les distances temporelles. En ce moment je passe pas mal de temps chaque week-end à recoller les archives du vieux Golb (celui de 2006-08) sur le nouveau (celui créé en 2009), et je suis parfois étonné de la proximité que je ressens vis-à-vis de certains textes antédiluviens. Comme si le temps avait fini par perdre pas mal de son sens. Par exemple : cette saison d'éditos qui s'achève fut la troisième. Cela fait deux ans-et-demi qu'Alf collabore à ces chroniques régulières. C'est énorme. Mais j'ai l'impression que c'est très court. La seule chose qui me rappelle l'écoulement du temps c'est l'évolution de la mise en page, dont il n'aura échappé à personne qu'elle a légèrement évolué depuis une semaine. J'aime cette idée du blog comme d'un objet en perpétuel mouvement, se métamorphosant, changeant de formule... je m'amuse même à faire des captures d'écran de chaque look avant de l'éradiquer. Le précédent tenait depuis un an et demi, c'est à la fois beaucoup et totalement dérisoire en regard de la longévité du blog en lui-même. Et là en ce moment, j'ai une crise... même les sacrosaintes diodes ont failli y passer ! Heureusement que je suis totalement nul avec The Gimp, sinon Le Golb aurait une tronche différente chaque lundi.
Assez curieusement toutes ces réflexions me sont venues d'un coup, lorsqu'une amie m'a dit l'autre jour, pensant sans doute énoncer une évidence "Dieu sait où je serai dans six mois." Une phrase que j'ai beaucoup écrite ici, que je n'écris plus jamais depuis quelques temps, et qui s'est mise à me hanter d'une manière que je ne saurais décrire. Il est vrai qu'elle faisait écho à certaines de mes préoccupations du moment, puisque parallèlement à cela je regardais FlashForward, cette série où durant deux minutes et dix-sept secondes l'humanité toute entière évanouie a une vision d'elle-même six mois plus tard. Chacun à son flash, sa vision, et cette connaissance brutalement acquise de bouleverser les existences dans des proportions insoupçonnables. La série a bien des défauts - nous en reparlerons dans un prochain article - mais elle a ce mérite indiscutable de poser des questions essentielles sur notre rapport au temps, en tant que donnée philosophique bien entendu, mais aussi en tant qu'accumulation de faits concrets. Souvenirs (en l'occurrence pré-cognition, ce qui est très amusant, puisque les personnages parlent au passé d'une vision future), projets, évènements. Rencontres.
Là où j'aurais mieux fait de m'abstenir de continuer à y penser, c'est lorsque je me suis dit que d'un autre côté, on nous servait encore cette bonne vieille analogie du temps/mouvement. La vie des protagonistes suit un mouvement permanent, ascendant ou descendant, mais continu. Pas un parmi eux ne semble destiné à connaître la stagnation. Chacune des visions promet - ou formule la menace d' - une vie différente et changée, posant du coup une question biaisée, parce qu'adaptée à une rhétorique de thriller. La question que ferais-je à la place de ces héros ? n'a pas réellement de sens, parce que si j'avais un flashforward il est fort probable que je ne verrais... rien de bien palpitant. Il est en effet on ne peut plus plausible que dans six mois, à cette heure précise, je sois en train de faire exactement ce que je fais en ce moment : écrire l'édito de la semaine, assis sur ce même fauteuil, devant ce même ordinateur. Ma vie étant réglée comme du papier à musique, toute pleine de rituels, de manies, il y a peu de chances pour que mon flashforward me montre quoi que ce soit qui puisse être susceptible de bouleverser ma vision de l'existence. Et ça, ça m'a carrément déprimé. Et ce qui m'a encore plus déprimé, c'est que j'ai réalisé peu après qu'il en allait fort probablement de même pour une grosse part de l'humanité. Parce que c'est ainsi. Parce que la plupart d'entre nous sommes enfermés dans des habitudes dont nous ne sommes même pas toujours responsables, parce qu'on nous a appris très tôt que la vie, en gros, c'était : bébé > l'école > le boulot > la retraite > la mort. Vous noterez la place centrale de boulot dans ce schéma. Je passe sur le fait que fondamentalement, je n'ai jamais compris pourquoi le boulot entrait dans cette équation, en quoi il est essentiel de suer sang et tripes toute sa vie. J'ai du mal à ne pas voir cela comme un préjugé moral issu du double héritage de a) la Bible, b) l'aristocratie - rien que des trucs très sympathiques. Passons, disais-je. Ce qui m'a encore plus déprimé (oui : j'étais vraiment très déprimé la semaine dernière), c'est que j'ai réalisé qu'il était probable qu'aucun de nous ne sache réellement quoi faire de sa vie en dehors de cette équation. Moi le premier. Sans doute parce qu'à force de nous entendre répéter qu'il n'y avait pas d'autre voie, nous avons fini par perdre toute imagination sur ce point.
On n'a pas le choix... comme je hais cette expression. On l'entend souvent ces derniers temps, à propos de nos retraites. Enfin, celles de nos enfants. C'est l'argument imparable : On n'a pas le choix, il faut faire cela pour nos enfants. Ah la vache. Si c'est pour nos enfants, alors... mais dites, même si on ne veut pas d'enfants on est quand même obligé de travailler plus longtemps pour gagner moins ? Oui ? Bah oui : On n'a pas le choix, c'est pour l'équité. Et là en général, le gars vous balance dans la foulée On est tous le même bateau. Tiens donc. Et vers où vogue-t-il donc ? Et à quoi carbure-t-il ? Car en admettant que nous soyons tous sur le même bateau, il faut bien dire que nous n'y occupons pas tous la même place. Celui qui se fait dorer la pilule sur le pont voit tout même la perspective d'une meilleure traversée que tous ceux qui sont aux galères, qui rament un boulet au pied - nommez-le crédit ou chômage ou emploi des seniors si cela vous sied. C'est un peu facile de dire qu'on est tous dans le même bateau quand on n'assure pas le service dans la cabine restaurant, qu'on ne nettoie pas le pont et qu'on tient le gouvernail plutôt que de pagayer. Seul Maître à bord après Dieu. Bah tiens. Nous sommes tous dans le même bateau, dans la bouche d'un Fillon ou d'un Sarkozy, ça veut dire ce que ça veut dire. D'expérience, j'ai constaté que les capitaines n'aimaient pas trop partager le gouvernail avec les galériens d'en bas.
Je sais, je sais... je vous avais habitué à des season finals plus rieurs, ou du moins avec quelques morceaux d'espoirs à l'intérieur. Mais n'allez pas croire que je sois totalement désespéré. Certes, toutes ces réflexions m'ont déprimé, mais à la fin j'ai tout de même eu une illumination : j'ai fini par comprendre - après quatre ans il était plus que temps - pourquoi je me dépensais à ce point sur ce blog et sur tant d'autres sites. Parce que j'y vois une manière un peu vaine mais vitale d'échapper à toutes ces contingences, le temps comme le principe d'une vie schématique, finalement tracée dans ses grandes lignes. Une manière d'exister autrement, aussi librement que faire se peut (même si cela induit de se réduire à un intellect, ce qui est certes moyennement satisfaisant en terme de désir). J'aime bien me dire que si je meurs demain, Le Golb restera en ligne. Que la faucheuse passée, Thomas Sinaeve existera toujours dans ces pages, autrement que par la vie (banale) qu'il vécut et les choses (il était caractériel et arrogant, mais gentil et serviable aussi... tu parles d'une postérité !) qu'en diront ses rares proches. Au moins il gagneront du temps : quand on leur demandera Il était comment, Thomas ?, il pourront offrir le meilleur de moi-même (la seule part aimable ?) en un seul CLIC.
Bel été à tous, même si je ne pars pas et que ce n'est que le dernier édito de la saison.
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C'est fou quand même, ce temps qui défile à toute allure. C'est déjà le dernier édito de la saison ! Celle-là, je ne l'ai vraiment pas vue passer. Je crois que je ne vois pas le temps passer - tout court. Et que le Net, du moins pratiqué de manière aussi soutenue, a tendance à abattre les distances temporelles. En ce moment je passe pas mal de temps chaque week-end à recoller les archives du vieux Golb (celui de 2006-08) sur le nouveau (celui créé en 2009), et je suis parfois étonné de la proximité que je ressens vis-à-vis de certains textes antédiluviens. Comme si le temps avait fini par perdre pas mal de son sens. Par exemple : cette saison d'éditos qui s'achève fut la troisième. Cela fait deux ans-et-demi qu'Alf collabore à ces chroniques régulières. C'est énorme. Mais j'ai l'impression que c'est très court. La seule chose qui me rappelle l'écoulement du temps c'est l'évolution de la mise en page, dont il n'aura échappé à personne qu'elle a légèrement évolué depuis une semaine. J'aime cette idée du blog comme d'un objet en perpétuel mouvement, se métamorphosant, changeant de formule... je m'amuse même à faire des captures d'écran de chaque look avant de l'éradiquer. Le précédent tenait depuis un an et demi, c'est à la fois beaucoup et totalement dérisoire en regard de la longévité du blog en lui-même. Et là en ce moment, j'ai une crise... même les sacrosaintes diodes ont failli y passer ! Heureusement que je suis totalement nul avec The Gimp, sinon Le Golb aurait une tronche différente chaque lundi.
Assez curieusement toutes ces réflexions me sont venues d'un coup, lorsqu'une amie m'a dit l'autre jour, pensant sans doute énoncer une évidence "Dieu sait où je serai dans six mois." Une phrase que j'ai beaucoup écrite ici, que je n'écris plus jamais depuis quelques temps, et qui s'est mise à me hanter d'une manière que je ne saurais décrire. Il est vrai qu'elle faisait écho à certaines de mes préoccupations du moment, puisque parallèlement à cela je regardais FlashForward, cette série où durant deux minutes et dix-sept secondes l'humanité toute entière évanouie a une vision d'elle-même six mois plus tard. Chacun à son flash, sa vision, et cette connaissance brutalement acquise de bouleverser les existences dans des proportions insoupçonnables. La série a bien des défauts - nous en reparlerons dans un prochain article - mais elle a ce mérite indiscutable de poser des questions essentielles sur notre rapport au temps, en tant que donnée philosophique bien entendu, mais aussi en tant qu'accumulation de faits concrets. Souvenirs (en l'occurrence pré-cognition, ce qui est très amusant, puisque les personnages parlent au passé d'une vision future), projets, évènements. Rencontres.
Là où j'aurais mieux fait de m'abstenir de continuer à y penser, c'est lorsque je me suis dit que d'un autre côté, on nous servait encore cette bonne vieille analogie du temps/mouvement. La vie des protagonistes suit un mouvement permanent, ascendant ou descendant, mais continu. Pas un parmi eux ne semble destiné à connaître la stagnation. Chacune des visions promet - ou formule la menace d' - une vie différente et changée, posant du coup une question biaisée, parce qu'adaptée à une rhétorique de thriller. La question que ferais-je à la place de ces héros ? n'a pas réellement de sens, parce que si j'avais un flashforward il est fort probable que je ne verrais... rien de bien palpitant. Il est en effet on ne peut plus plausible que dans six mois, à cette heure précise, je sois en train de faire exactement ce que je fais en ce moment : écrire l'édito de la semaine, assis sur ce même fauteuil, devant ce même ordinateur. Ma vie étant réglée comme du papier à musique, toute pleine de rituels, de manies, il y a peu de chances pour que mon flashforward me montre quoi que ce soit qui puisse être susceptible de bouleverser ma vision de l'existence. Et ça, ça m'a carrément déprimé. Et ce qui m'a encore plus déprimé, c'est que j'ai réalisé peu après qu'il en allait fort probablement de même pour une grosse part de l'humanité. Parce que c'est ainsi. Parce que la plupart d'entre nous sommes enfermés dans des habitudes dont nous ne sommes même pas toujours responsables, parce qu'on nous a appris très tôt que la vie, en gros, c'était : bébé > l'école > le boulot > la retraite > la mort. Vous noterez la place centrale de boulot dans ce schéma. Je passe sur le fait que fondamentalement, je n'ai jamais compris pourquoi le boulot entrait dans cette équation, en quoi il est essentiel de suer sang et tripes toute sa vie. J'ai du mal à ne pas voir cela comme un préjugé moral issu du double héritage de a) la Bible, b) l'aristocratie - rien que des trucs très sympathiques. Passons, disais-je. Ce qui m'a encore plus déprimé (oui : j'étais vraiment très déprimé la semaine dernière), c'est que j'ai réalisé qu'il était probable qu'aucun de nous ne sache réellement quoi faire de sa vie en dehors de cette équation. Moi le premier. Sans doute parce qu'à force de nous entendre répéter qu'il n'y avait pas d'autre voie, nous avons fini par perdre toute imagination sur ce point.
On n'a pas le choix... comme je hais cette expression. On l'entend souvent ces derniers temps, à propos de nos retraites. Enfin, celles de nos enfants. C'est l'argument imparable : On n'a pas le choix, il faut faire cela pour nos enfants. Ah la vache. Si c'est pour nos enfants, alors... mais dites, même si on ne veut pas d'enfants on est quand même obligé de travailler plus longtemps pour gagner moins ? Oui ? Bah oui : On n'a pas le choix, c'est pour l'équité. Et là en général, le gars vous balance dans la foulée On est tous le même bateau. Tiens donc. Et vers où vogue-t-il donc ? Et à quoi carbure-t-il ? Car en admettant que nous soyons tous sur le même bateau, il faut bien dire que nous n'y occupons pas tous la même place. Celui qui se fait dorer la pilule sur le pont voit tout même la perspective d'une meilleure traversée que tous ceux qui sont aux galères, qui rament un boulet au pied - nommez-le crédit ou chômage ou emploi des seniors si cela vous sied. C'est un peu facile de dire qu'on est tous dans le même bateau quand on n'assure pas le service dans la cabine restaurant, qu'on ne nettoie pas le pont et qu'on tient le gouvernail plutôt que de pagayer. Seul Maître à bord après Dieu. Bah tiens. Nous sommes tous dans le même bateau, dans la bouche d'un Fillon ou d'un Sarkozy, ça veut dire ce que ça veut dire. D'expérience, j'ai constaté que les capitaines n'aimaient pas trop partager le gouvernail avec les galériens d'en bas.
Je sais, je sais... je vous avais habitué à des season finals plus rieurs, ou du moins avec quelques morceaux d'espoirs à l'intérieur. Mais n'allez pas croire que je sois totalement désespéré. Certes, toutes ces réflexions m'ont déprimé, mais à la fin j'ai tout de même eu une illumination : j'ai fini par comprendre - après quatre ans il était plus que temps - pourquoi je me dépensais à ce point sur ce blog et sur tant d'autres sites. Parce que j'y vois une manière un peu vaine mais vitale d'échapper à toutes ces contingences, le temps comme le principe d'une vie schématique, finalement tracée dans ses grandes lignes. Une manière d'exister autrement, aussi librement que faire se peut (même si cela induit de se réduire à un intellect, ce qui est certes moyennement satisfaisant en terme de désir). J'aime bien me dire que si je meurs demain, Le Golb restera en ligne. Que la faucheuse passée, Thomas Sinaeve existera toujours dans ces pages, autrement que par la vie (banale) qu'il vécut et les choses (il était caractériel et arrogant, mais gentil et serviable aussi... tu parles d'une postérité !) qu'en diront ses rares proches. Au moins il gagneront du temps : quand on leur demandera Il était comment, Thomas ?, il pourront offrir le meilleur de moi-même (la seule part aimable ?) en un seul CLIC.
Bel été à tous, même si je ne pars pas et que ce n'est que le dernier édito de la saison.
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Certes, cela n'est pas très joyeux. Mais quel édito, toutefois. Du grand Thom, comme on dit.
RépondreSupprimerBBB.
Les plus désespérés sont les chants les plus beaux.
RépondreSupprimerUne bonne nouvelle et une mauvaise nouvelle.
La mauvaise : Thomas est parti en apnée rejoindre les dauphins dans le grand bleu.
La bonne : Alf aura du temps libre pour Libellus.
Le bleu des uns fait le bonheur des autres, et toute cette sorte de choses, je dis.
Tu m'étonnes que même la Mort flippe :)
RépondreSupprimerMerde, je viens d'avoir un flashforward : dans six mois je serai en train de lire le Golb !!
RépondreSupprimerMoi je dis réussir à formaliser sa déprime post-équipe de France sans jamais la nommer, ça c'est fort !! ;-)
RépondreSupprimerT'as raison mon Jamon, et le mieux c'est que j'avais écrit cet article depuis une semaine. Comme quoi on l'avait tous vu venir :-)
RépondreSupprimerAh et Lou, je veux bien te laisser Alf pour les vacances mais mets quand même un portail autour de la piscine, je voudrais pas le retrouver noyé à la rentrée.
RépondreSupprimerAh j'étais presque sérieux. On vit quand même avec un sentiment de déliquescence généralisée (enfin moi) et je trouve que ça s'inscrit hélas trop bien dans le tableau.
RépondreSupprimerJe rejoins ce cher BBB., et je dois avouer être fasciné par ce texte, surement un des tout meilleurs éditos de cette année, ça c'est sur.
RépondreSupprimer(Remarque: tu le sais très bien, que le Golb n'est pas ta seule part aimable, sale garnement! ;-) )
tout cela est fort bien dit. On était manifestement synchro dans la déprime...:)
RépondreSupprimerEL-JAM >>> Et je suis assez d'accord avec ça...
RépondreSupprimerGuic' >>> Et encore, je compte Le Golb dans son ensemble... sans doute suis-je très généreux avec moi-même...
Choupy >>> Quel dommage qu'on soit si loin l'un de l'autre, on aurait pu noyer nos déprimes dans quelques verres de picon :-)
Lou a écrit :
RépondreSupprimer"La mauvaise : Thomas est parti en apnée rejoindre les dauphins dans le grand bleu."
> qu'il se grouille avant de prendre la tasse dans la Grande noire ;)...
"La bonne : Alf aura du temps libre pour Libellus."
> ... y perd jamais le Nord le Lou ;-)... bon je penserai a prendre ma bouée, promis, car je reste un peu méfiant malgré tout des systèmes D du Comte de Libellus ;)...
Dis donc Alf, tu pourrais trouver un autre endroit pour faire des œillades à la concurrence :-)
RépondreSupprimerOui on écrit jamais autant sans cause profonde.
RépondreSupprimer"J'aime bien me dire que si je meurs demain, Le Golb restera en ligne" --> Oui c'est plus un rapport au besoin de postérité qu'une volonté d'exploiter différemment le temps imparti, mais en tout cas c'est bien une condition sine qua non et nécessaire de l'exercice.
Pendant longtemps, j'ai eu l'impression que Playlist Society jouait le même rôle dans ma vie, mais j'ai vite réalisé que ce n'était pour moi qu'un schéma de plus qui me permettrait "d'organiser" ma vie culturelle, de la structurer. J'ai beau n'écrire plus que pour le plaisir et au feeling, je ne peux nier le côté : bébé > l'école > le boulot & le blog > la retraite & le blog > la mort.
Perso dans une vision assez romantico-artistico-clichesque, j'ai encore l'impression que seule l'écriture de romans pourra me sauver.
(Sinon, c'était vraiment cool hier soir. A ta dispo pour remettre ça^^)
(On s'est pas compris: je disais justement l'inverse, qu'au contraire tu étais bien réducteur vis à vis de toi-même. Faudrait penser à arrêter avec ta tendance à t'auto-déprécier en permanence, Thomas ;-)!)
RépondreSupprimerMoi qui pensais lire un édito super drôle sur l'équipe de France ! Vivement la rentrée, c'est vrai que les éditos, cette année, ont pris un tour assez sinistre (ce n'est pas une critique).
RépondreSupprimerCe que dit Benjamin est pas faux...
RépondreSupprimerIl y a un côté super romantique à imaginer qu'on peut d'une façon ou d'une autre sortir de ce putain de carcan Bébé >>>> Mort...
Le plus dur n'est pas forcément d'en avoir conscience, c'est juste d'arriver à s'y faire. Sachant qu'en attendant, on aura surement tendance à chercher à saisir la moindre perche donnant l'illusion de pouvoir en sortir, avant finalement de revenir dans ce quotidien, qui finalement apparait plus morne et déprimant qu'il ne l'est en fait dans l'absolu.
(On est tous des Emma Bovary en puissance en fait.)
Benjamin >>> parce qu'il n'y a pas de rapport avec le besoin de postérité dans le désir d'écrire des romans ? ;-)
RépondreSupprimerPlus sérieusement, je ne l'ai pas mis dans le texte (c'était vraiment trop déprimant) mais je me disais en écrivant ça que pour beaucoup d'entre nous, ce serait un cataclysme personnel le jour où un blogueur de ma connaissance viendrait à décéder. Or il ne faut pas se leurrer, ç'arrivera bien un jour ou l'autre...
Guic' >>> j'avais bien compris ta première remarque - ma réponse était ironique.
Sevie >>> je ne le prends pas comme une critique, je suis de toute façon le premier à le dire. Ce qui est marrant c'est que pour y remédier, j'avais songé un temps à arrêter les éditos deux semaines plus tôt et à faire des chroniques du Mondial, ce qui s'annonçait par définition beaucoup plus léger... je me dis que j'ai été bien inspiré de ne pas le faire ! :-)
"Ce qui est marrant c'est que pour y remédier, j'avais songé un temps à arrêter les éditos deux semaines plus tôt et à faire des chroniques du Mondial, ce qui s'annonçait par définition beaucoup plus léger... je me dis que j'ai été bien inspiré de ne pas le faire ! :-)"
RépondreSupprimerAH AH AH excellent!
ce serait un cataclysme personnel le jour où un blogueur de ma connaissance viendrait à décéder.
RépondreSupprimerMais t'es pas malade d'évoquer ce genre de trucs?
(Non, faut garder la perspective la plus réjouissante: au bout d'un moment on va se lasser, et puis quand quelqu'un mourra, on sera tous bien loin du Web (désormais) 5.0 , chacun mourra de sa bonne mort sans que les autres le sachent.)
Oui oui et on se trouvera tous dans un sanctuaire multi-religieux, on se dirigera vers la lumière et on réalisera que "l'art" n'était pas important et que ce qui comptait c'est la manière dont on a fait interagir nos blogs... hum... :)
RépondreSupprimer(Et à tous les coups, Thomas nous dira qu'il doit rester parce qu'il a encore des choses à régler)
"Ce qui est marrant c'est que pour y remédier, j'avais songé un temps à arrêter les éditos deux semaines plus tôt et à faire des chroniques du Mondial, ce qui s'annonçait par définition beaucoup plus léger... je me dis que j'ai été bien inspiré de ne pas le faire ! :-) "
RépondreSupprimer> je ne suis pas d'accord!!, moi j'aurais bien aimé faire des crobs sur le foot ;)))...
Ce qui est marrant c'est que pour y remédier, j'avais songé un temps à arrêter les éditos deux semaines plus tôt et à faire des chroniques du Mondial, ce qui s'annonçait par définition beaucoup plus léger... je me dis que j'ai été bien inspiré de ne pas le faire ! :-)
RépondreSupprimer> je ne suis pas d'accord!!!, moi j'aurais bien aimé faire des Crobs sur ce Mooondial ;))))...
alf
Et mmeeeeeeeeeeer... c quoi ce bazar??, sorry pr la doublure de com. je retourne sur le banc de touche.
RépondreSupprimeralf
@ Alf, mon chéri,
RépondreSupprimerThomas est avec sa grande noire, Dieu est avec sa grande Clémence, et avec nous.
Viens vite avec tes crobs en foot, laisse la bouée, tu mettras le string en dentelle que je t'ai offert pour tes Pâques.
Je n'en dis pas plus, le lémur a des oreilles (et aussi... oui, Thomas, inutile de le mettre, si je puis dire, en commentaire, des enfants nous lisent).
Moi, je saurai mettre en valeur tes dessins, et pas que.
Toc !
: - )))
On est une bande de jeunes, on se fend - la gueule, hein !
Si j'étais méchant, je dirais que ce qui est sûr, c'est que dans six mois plus personne ne se souviendra de cette série, Flashforward ^_^
RépondreSupprimerComme Choupynette, synchros dans la déprime. Mais toi, tu sais l'écrire de belle façon. On pourrait noyer notre chagrin dans les Idées noires de Franquin, ou dans du champagne (désolée, j'aime pas la bière).
RépondreSupprimerGuic' >>> en même temps ce n'est pas d'aujourd'hui que l'idée me travaille...
RépondreSupprimerBenjamin >>> oui, voilà. Exactement :-)
Alf >>> je démens évidemment formellement ces propos (et j'enverrai Raymond Domenech lire mon communiqué).
J-C >>> j'aurais plutôt tendance à croire qu'elle sera réévaluée.
Mélanie >>> oui, champagne, vin, bière... peu importe, du moment que nous oublions tout ! :-)
Bravo pour cet article.
RépondreSupprimerDésolé, c'est tout ce que je trouve à dire, après une telle partie de rigolade...
Bonne soirée.
Bonsoir, c'est ici, la surprise-party ? J'amène des bières, et des anti-dépresseurs, je pose tout ça où ? :D
RépondreSupprimerMoi qui aime particulièrement les Finals tragiques, je ne peux qu'applaudir!
RépondreSupprimerEt sinon, pour fêter mon retour au suivi du Golb après 10 jours d'abstinence internet, j'avais envie d'écrire un commentaire pertinent, mais après ce texte, je n'ai rien trouvé... Tu crois que j'en serai toujours là dans six mois? ;)
@Laiezza : pose ça dans la cuisine à côté du revolver :)
RépondreSupprimerD'accord, mais il y a déjà plein de pilules, je ne voudrais pas que quelqu'un se trompe...
RépondreSupprimerDe toute façon on est là pour en finir :)
RépondreSupprimerOui mais justement ! C'est pas le moment de confondre le prozac et les dragibus !
RépondreSupprimerS'il y a des Dragibus je ne suis pas sûr de vouloir en finir...
RépondreSupprimerC'est pas plus mal de finir là-dessus ;)
RépondreSupprimerTant de couleurs de Dragibus et si peu de temps à vivre :D
RépondreSupprimerJ'ai dit que je partageais mon Prozac, pas mes Dragibus ;)
RépondreSupprimerIncroyable! C'est le premier édito que je lis et j'aime beaucoup ce que je lis. Cet investissement réel sur du virtuel comme une manière d'arrêter le temps sur une construction réelle de soi, sortir du schéma imposé. J'ai aussi l'idée que ce que je laisse (aux autres) est presque mieux que ce que je suis dans la vie... comme aussi presque une part plus "tangible" de moi.
RépondreSupprimerCet édito a eu le mérite de créer une superbe réflexion, merci
Ce texte est parfaitement brillant. Sur les derniers éditos, je vous ai trouvé parfois un peu juste, paresseux ou fatigué. Je crois que vous le reconnaissez vous-même. Celui-ci est sûrement le meilleur de l'année, comme quelqu'un l'a dit plus haut. A très bientôt. H.
RépondreSupprimerque penses tu de ma journée:
RépondreSupprimer5h30 lever > 6h30-11h00 voiture > 11h00-20h30 réunion > 20h30-00h00 voiture > 00h15 lecture d'un edito hyper déprimant sur le golb > 00h30 coucher. ouinnnnnnnnnnn :(
Et hop, une reflexion profonde pour la fin de semaine.
RépondreSupprimerEn fait j'ai amorce ce genre de reflexion lorsque des problemes de sante m'ont pas mal rapproche de la mort. C'est parti d'une phrase lachee par une psy, "What's your legacy?". L'heritage, ce que l'on laisse derriere nous, ce qui reste une fois parti. En est-on satisfait?
Je pense que c'est une pensee qui est centrale pour les personnes agees et qui du coup declenche la peur de la mort (la vraie peur, pas juste 'ce serait pas cool').
Le bon cote des choses c'est que tu as encore le temps de changer ce qui ne te convient pas, d'arranger ca avant qu'il ne soit trop tard.
Pour ce qui est du bateau qui navigue inlassablement dans la meme direction, cela fait quelques annees que je cherche un echappatoire, et reste convaincu qu'il en existe...
Je me joins donc aux louages des autres lecteurs, et je pique même le commentaire de Lil'. Très fort comme édito!
RépondreSupprimerà tete à peu près reposée, cet edito amène au moins autant à la réflexion qu'à la déprime.
RépondreSupprimerpar exemple, sur "j'ai réalisé qu'il était probable qu'aucun de nous ne sache réellement quoi faire de sa vie en dehors de cette équation.", je me demande si c'est pas pour ca qu'on fait des enfants. avec un gamin, le papier à musique de la vie se prend pas mal de taches et de déchirures... justement, j'allais faire un article sur ma soirée de la fete de la musique, en la comparant celle d'il y a deux ans: tout pareil, mais rien à voir...
On rigole toujours autant ici ? Oh là !! oui :D
RépondreSupprimerMelou >>> j'espère quand même que dans six mois tu auras retrouvé ton niveau habituel :-)
RépondreSupprimerVanessa >>> merci. Concernant les schémas j'avais même pensé à me lancer dans un parallèle avec l'écoulement du temps sur un blog, qui change d'apparence, devient transversal via l'usage de liens ou d'un moteur de recherche, quasiment circulaire (on peut "faire le tour" d'un blog en trois clics et sans bouger)... mais bon, ça n'amenait pas à grand-chose. Reste qu'Internet a réellement transformé les rapports espace/temps traditionnel.
Tireub >>> comme la moitié des gens je mettrai un bon coup de règle au moment de la midflife crisis, sans doute...
Xavier >>> je vais pas trop te pousser dans cette voie, je ne voudrais pas devenir responsable de ton abandon du domicile conjugal :-)
Pourquoi, laisser un héritage et etre surpris tout les jours, c'est quand meme bien pour ca qu'on fait des enfants, non? bon après, c'est peut etre une grossière erreur, mais heureusement je ne m'en suis pas encore apercu!
RépondreSupprimerJe plaisantais !
RépondreSupprimerMoi, je ne trouve pas ce texte "plombant". Je dirais que cette lucidité est plutôt "émouvante"...
RépondreSupprimerMoi aussi je trouve que ce texte est d'une grande lucidité et appelle à l'espoir et au changement...
RépondreSupprimerD'ailleurs, il me rappelle un texte que j'ai mis sur mon blog il y a juste quelques semaines, The Awakening (je ne fais pas de pub pour mon blog :-), je poste le lien original: http://elise.com/quotes/webwisdom/awakening.htm)
J'avais lu The Awakening sur ton blog-pour-lequel-tu-ne-fais-pas-de-pub l'autre fois, en effet :-)
RépondreSupprimerEh ouais, c'est comme ça qu'on se fait baiser depuis des millénaires... avant, c'était "travaillez, Dieu vous le rendra", bienheureux les pauvres, trimez comme des cons toute votre vie, vous serez récompensés par une place au paradis, 90 vierges, le bien-être éternel, des angelots qui jouent de douces mélopées sur leurs harpes etc, etc... Et la religion a fini par décliner dans nos sociétés occidentales... alors le nouveau truc de ceux qui ont le pouvoir et ont besoin de moutons, c'est... travaillez pour les générations futures ! Et si ça ne vous parle pas suffisamment, "travaillez pour vos enfants !" Ben oui, faut les culpabiliser, ces cons, pour qu'ils acceptent de continuer à se faire entuber... Et pour les indécrotables égoïstes, il reste "travaillez pour vos retraites", "tout travail est noble" "il n'y a pas de sot métier" (la bonne blague), et, pire, "on se réalise par le travail"... alors que le travail est, en général, ce qui te détourne de toi-même... comme ces gens qui ont bossé toute leur vie et sont paumés une fois mis à la retraite, parce qu'ils ne savent rien faire d'autre, parce qu'ils se sont véritablement "oubliés" dans le travail...
RépondreSupprimerMais le top, la divine aubaine pour les privilégiés, c'est le chômage... la "peur du chômage", qui pousse des millions de gens à continuer à accepter un boulot qu'il n'aime pas, des conditions de travail injustes, des salaires trop bas etc... parce qu'ils craignent de ne rien trouver d'autre...
Dans le genre, "paumé après la retraite", Depardieu est vraiment génial, dans la première partie de "Mammuth". On prend cette solitude, ce désœuvrement, de plein fouet.
RépondreSupprimerTrès beau film, d'ailleurs.
RépondreSupprimerEt très bel édito, Thom :-)
Surtout la première partie. J'ai trouvé la seconde moitié, on va dire : pas à la hauteur des ambitions. Enfin, cela reste un bon film. Rien que la scène inaugurale...
RépondreSupprimerGT >>> dis donc je te sens remonté comme un coucou tout d'un coup ! Evidemment, je suis d'accord.
RépondreSupprimerLaiezza & Emily >>> moi j'ai beaucoup aimé ce film.
ah bah t'es pas gai aujourd'hui p'tit frère... j'aime pas trop ces histoires de bateau genre titanic qu'on nous sert à toutes les sauces pour nous faire prendre des choix politiques pour des nécessités... quelle blaque!
RépondreSupprimersinon dans la série je m'interroge sur la grande énigme de la vie, Marshall Sahlins dans les années 70 (non je ne l'ai pas lu à sa sortie merci de ne pas se moquer de ta sœur née après toi) a révolutionné la vision des besoins et nécessité en décrivant les sociétés de chasseur cueilleur comme des sociétés d'abondance et non de dénuement... en gros dans ces cultures, en une ou deux heures de cueillette ou de chasse en moyenne par jour, on avait le nécessaire... après c'était du loisir... cool non... en même temps ces gens là ne lisaient pas cruel dilemme ! bosser une heure par jour ça m'irait moi... ça s'appelle Age de pierre age d'abondance en français... quelle belle idée :-)
Ça me dit quelque chose... je me demande si je n'ai pas lu ce livre. Mais c'est très lié aux fantasmes de l'époque post-hippie aussi, tout ça...
RépondreSupprimerouip moi aussi lecteur tres occasionnel sous-marin, j'aime bien cet edito, franc, simple, et touchant.
RépondreSupprimerPersonnel quoi
Merci...
RépondreSupprimerJe ne crois pas non, c'est surtout intéressant plus tourné vers l'humanité comme une espèce de primates et moins comme représentant sur terre un dieu quelconque avec apologie de l'effort et de la souffrance.
RépondreSupprimerOui bah c'est ce que je dis, c'est typiquement le genre de livres qu'on nous sortait dans les seventies ^^
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