Je me souviens très bien quand le buzz a commencé à gonfler. Coldplay par-ci, Coldplay par-là... l'album n'était pas encore sorti (ce fut fait seulement début juillet) mais tout le monde, déjà, n'avait que ce nom-là à la bouche. C'était en l'an 2000. Je vous jure, jeunes qui me lisez : à l'époque, il semblait tout à fait invraisemblable de se moquer de Chris Martin ou de critiquer ce gentil groupe indie-pop que, vrai de vrai, tout le monde aimait plutôt bien.
Bon, j'exagère sans doute un peu. Tout le monde n'aimait sans doute pas Coldplay. Mais disons qu'il ne suscitait aucune animosité particulière, ce pour deux raisons évidentes :
- c'était un petit groupe relativement confidentiel qui n'était pas (encore) matraqué sur toutes les radios
- sa musique n'avait rien de la boursouflure qu'on lui connaît aujourd'hui.
J'ai raconté dans un précédent article comme rétrospectivement je m'étais aperçu que le premier album de Muse contenait en germe tous les excès que l'on peut dénoncer aujourd'hui chez ce groupe de poseurs kitsch. Le cas Coldplay est différent, et autrement plus délicat, en cela que rien ne prédestinait Martin et son Jonny Buckland de binôme à devenir les nouveaux U2. Vous me direz : à l'origine, rien ne prédestinait non plus U2 à devenir les anciens U2, et réécouter l'excellent Boy permet de mesurer à quel point un groupe, parfois, n'a besoin de l'aide de personne pour se fourvoyer tout seul sur trois décennies.
Parachutes, le premier opus de Coldplay, peut donc presque être vu comme l'inverse de son dernier, Viva la Vida!. "Presque" parce que quand même, dès le début, Chris Martin a un goût assez prononcé pour le lyrisme. Mais à l'époque (dix ans déjà ! Rendez-vous compte, j'avais encore tous mes cheveux... et - encore plus fou - Chris Martin aussi !), son lyrisme se parait d'une forme de délicatesse qui ne manqua pas de faire mouche chez nombre d'amateurs de pop neurasthénique (dont je n'étais pas spécialement, d'ailleurs, mais bref). Prenez "Spies" : c'est quand même le genre de petite douceur à laquelle il est difficile de résister. Je passe sur "Yellow", qui est certes une ballade un peu guimauve (mais mignonne, cela dit). Je passe sur "Trouble", qui est certes une ballade très guimauve (mais j'adore, cela dit). Parachutes regorge malgré tout de morceaux malins, un peu folk, un peu pop, pas racoleurs pour deux sous, évoquant plus Jeff Buckley, Echo & The Bunnymen ou même Radiohead et lorgnant, de fait, sur la même forme de lyrisme digne et classieux. "We Never Change", par exemple, fait montre de jolis passages. "Everything's Not Lost" a un côté jazzy assez exquis. Et puis bien sûr il y a "Don't Panic", ce morceau délicieux, chaleureux et jovial.
Oui. C'est un bon disque, ce Parachutes. Pas extraordinaire, mais de bonne tenue et bien plus touchant que tout ce que le groupe fera par la suite. Parce qu'à dimension humaine. Feutré plutôt que calibré pour faire péter les stades d'Angleterre et de Navarre. D'ailleurs la pire chose qu'on pouvait lui reprocher à l'époque, c'était d'être un peu chiant par moment. Ah ça, c'est sûr que par la suite, Coldplay n'a plus jamais été chiant. Il est devenu bruyant, démonstratif, clinquant, pompier, prétentieux, délicieusement burlesque et con comme la pluie à la pèche. Et pourtant, j'avoue que j'ai du mal à les haïr, probablement à cause de ce joli Parachutes, disque simple, digne, sincère... totalement à contre-courant de ce qui faisait à l'époque, qui me rappelle une fois l'an que les gentils garçons Coldplay n'ont jamais, mais alors jamais rien fait pour devenir des stars, et qu'en ce sens ils sont une espèce d'antithèse du racoleur Bellamy.
Parachutes, de Coldplay (2000)
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Bon, j'exagère sans doute un peu. Tout le monde n'aimait sans doute pas Coldplay. Mais disons qu'il ne suscitait aucune animosité particulière, ce pour deux raisons évidentes :
- c'était un petit groupe relativement confidentiel qui n'était pas (encore) matraqué sur toutes les radios
- sa musique n'avait rien de la boursouflure qu'on lui connaît aujourd'hui.
J'ai raconté dans un précédent article comme rétrospectivement je m'étais aperçu que le premier album de Muse contenait en germe tous les excès que l'on peut dénoncer aujourd'hui chez ce groupe de poseurs kitsch. Le cas Coldplay est différent, et autrement plus délicat, en cela que rien ne prédestinait Martin et son Jonny Buckland de binôme à devenir les nouveaux U2. Vous me direz : à l'origine, rien ne prédestinait non plus U2 à devenir les anciens U2, et réécouter l'excellent Boy permet de mesurer à quel point un groupe, parfois, n'a besoin de l'aide de personne pour se fourvoyer tout seul sur trois décennies.
Parachutes, le premier opus de Coldplay, peut donc presque être vu comme l'inverse de son dernier, Viva la Vida!. "Presque" parce que quand même, dès le début, Chris Martin a un goût assez prononcé pour le lyrisme. Mais à l'époque (dix ans déjà ! Rendez-vous compte, j'avais encore tous mes cheveux... et - encore plus fou - Chris Martin aussi !), son lyrisme se parait d'une forme de délicatesse qui ne manqua pas de faire mouche chez nombre d'amateurs de pop neurasthénique (dont je n'étais pas spécialement, d'ailleurs, mais bref). Prenez "Spies" : c'est quand même le genre de petite douceur à laquelle il est difficile de résister. Je passe sur "Yellow", qui est certes une ballade un peu guimauve (mais mignonne, cela dit). Je passe sur "Trouble", qui est certes une ballade très guimauve (mais j'adore, cela dit). Parachutes regorge malgré tout de morceaux malins, un peu folk, un peu pop, pas racoleurs pour deux sous, évoquant plus Jeff Buckley, Echo & The Bunnymen ou même Radiohead et lorgnant, de fait, sur la même forme de lyrisme digne et classieux. "We Never Change", par exemple, fait montre de jolis passages. "Everything's Not Lost" a un côté jazzy assez exquis. Et puis bien sûr il y a "Don't Panic", ce morceau délicieux, chaleureux et jovial.
Oui. C'est un bon disque, ce Parachutes. Pas extraordinaire, mais de bonne tenue et bien plus touchant que tout ce que le groupe fera par la suite. Parce qu'à dimension humaine. Feutré plutôt que calibré pour faire péter les stades d'Angleterre et de Navarre. D'ailleurs la pire chose qu'on pouvait lui reprocher à l'époque, c'était d'être un peu chiant par moment. Ah ça, c'est sûr que par la suite, Coldplay n'a plus jamais été chiant. Il est devenu bruyant, démonstratif, clinquant, pompier, prétentieux, délicieusement burlesque et con comme la pluie à la pèche. Et pourtant, j'avoue que j'ai du mal à les haïr, probablement à cause de ce joli Parachutes, disque simple, digne, sincère... totalement à contre-courant de ce qui faisait à l'époque, qui me rappelle une fois l'an que les gentils garçons Coldplay n'ont jamais, mais alors jamais rien fait pour devenir des stars, et qu'en ce sens ils sont une espèce d'antithèse du racoleur Bellamy.
Parachutes, de Coldplay (2000)
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Supernatural, Coldplay...tu veux ma mort?!
RépondreSupprimerbel article, je signe, sauf sur un point. Tu fais une grosse différence avec le Coldplay de l'époque et celui d'aujourd'hui, que tu qualifies, de boursouflé, bruyant, démonstratif, clinquant, pompier, prétentieux etc...
RépondreSupprimerOr si X&Y n'a pas un intéret énorme, je trouve ta charge assez disproportionnée... A moins que tu parles essentiellement de Viva La Vida, que je n'ai pas écouté...
(ah, Everything's not lost en live, c'est quand meme excellent)
Plutôt d'accord avec toi. D'ailleurs, avec le deuxième album (que je n'ai pas vraiment réécouté depuis), je continuai à apprécier ce groupe.
RépondreSupprimerX&Y m'a par contre prodigieusement ennuyé et je n'ai pas écouté le dernier...
En fait, à la même époque, et dans un registre assez proche, je préférais quand même nettement Travis...
Grompf ! Swoupf ! Mouarf !
RépondreSupprimer(même si t'as plutôt pas tort^^)
J'irai même plus (trop?) loin en disant que Viva La Vida, bien qu'un peu boursoufflé, possède ses jolis moments, et que le groupe est plus plombé par ses ambitions "musicales" que par des ambitions de stade.
RépondreSupprimerPersonnellement, je dois dire que j'aime plutôt Coldplay. J'imagine, le cauchemar, pour vous : vous pensiez vous "payer la honte", et voilà que nous vous trouvons tous trop dur avec eux !
RépondreSupprimer;-)
BBB.
mais non BBB, c'est une tactique bien connue pour provoquer des coming out en série afin de pouvoir ensuite se moquer à foison (ou pire, de garder un dossier sous le coude en cas de besoin...)
RépondreSupprimerMince ! Je suis eu !
RépondreSupprimerhé oui! heureusement que vous etes (il me semble), plus spécialiste en littérature, car avec votre "Personnellement, je dois dire que j'aime plutôt Coldplay" votre réputation était ruinée et vous n'aviez plus qu'à vous exiler sur les blogs de rtl! ;)
RépondreSupprimerBBB : je tiens à préciser que je ne trouve pas Thomas "trop dur avec eux", mes borborygmes étant la transcription de mon étonnement à la vue d'un article à propos de Coldplay sur le Golb ;-)
RépondreSupprimerMême si, comme je l'ai dit, difficile de lui donner tort, en particulier au sujet de cet album, et je suis bien d'accord qu'il serait déplacé de leur faire un procès d'intention : Coldplay n'a jamais sombré dans le racolage hyperactif, je crois que leurs ambitions étaient plus humbles à la base et qu'ils ont été quelque peu dépassé par leur propre succès.
Il n'empêche, ce groupe est complètement inaudible à mes oreilles (t'as vu, Thom, j'essaye de faire preuve d'un peu plus de mesure qu'au sujet des Red Hot^^).
J'ai vu le truc venir, aussi je ne dirais pas que j'aime beaucoup "A rush of blood to the head" ;)
RépondreSupprimerC'est pas le bon album mais bon, quand on connait des kitscheries, on a envie de les partager:
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=VXqSPJpuDBM
Xavier >>> jette une oreille à Viva la Vida, tu devrais mieux comprendre...
RépondreSupprimerBBB., Xavier, Dahu, Lil'... >>> il n'y avait aucun piège, promis. Mais je suis assez content de lire vos commentaires. Bon évidemment, ils seront archivés :-)
Benjamin >>> moui... il est quand même bien kitsch...
Sunalee >>> tu m'as fait une frayeur, là !
ma douce tu m'en cache des choses, c'est puissant !
RépondreSupprimerColdplay n'était pas un groupe destiné à un tel succès.
RépondreSupprimerVu quelques mois avant la sortie de l'album dans une petite salle, le groupe semblait s'éclater. Quelques mois plus tard au festival des Inrocks, il semblait coincé et mal à l'aise. Comme si le fait d'être devenu la bouée de Parlophone avait totalement annihilé le plaisir et la créativité.
Je reste très curieux de ce qu'aurait pu devenir le groupe s'il n'avait eu qu'un succès modéré...
Ils auraient peut-être déjà splitté...
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