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Les rééditions des Bad Seeds continuent tranquillement, et avec elles notre voyage en des terres parfois hostiles mais passionnantes, organisé rappelons-le par Voyage Rock et DLMDS (n'oubliez pas, soit dit en passant, d'envoyer le second accompte).
Ce mois-ci, étape dans une zone grise et un peu flippante : le Pays Jenesaispas, lieu neutre et brumeux des hésitations et autres albums de transitions. Les Bad Seeds y résidèrent à la fin des années quatre-vingt et ce, bon an mal, jusqu'à 1992 environ. Non sans façonner au passage quelques-unes ces cathédrales biscornues dont elles avaient le secret, au nombre desquelles bien sûr 'The Mercy Seat', crèche délabrée et sordide qui demeure aujourd'hui encore l'un des grands chefs-d'oeuvre de l'art pré-letlovinien.
Pourtant à bien y regarder, cette période transitoire demeure partiellement inaboutie, la faute à l'époque (merde, le post-punk et tout ça, c'est fini...) autant qu'à des changements d'importance au sein de la communauté : Barry Adamson, gourou de la basse, s'en est allé ; Roland Wolf et Kid Congo ont débarqué, et l'on reconnaîtra que recruter un si grand guitariste pour un album aussi peu branché guitares que Tender Prey relevait d'une insolence toute cavienne. Il est de toute façon évident, si l'on jette un coup d'oeil aux ruines de la production, que cette City n'était qu'un Refuge temporaire avant de voguer vers d'autres lunes.
Détail important, c'est à cette époque que Nick Cave entreprit de jouer tous les soirs des berceuses au piano, dans l'unique but d'aider ses ouailles à s'endormir à la belle étoile. Certains apôtres ne se remirent jamais vraiment de l'entendre interpréter un hymne protestant et brésilien (mais quelle idée) intitulé 'Foi Na Cruz', avec qui plus est des violons et des choeurs. "Ca devient n'importe quoi, cette secte !" s'exclama Kid Congo, avant de retourner vaquer à ses guitares chez les voisins du Gun Club qui, eux, avaient vraiment envie de les entendre plutôt que de les noyer sous les pianos et autres choses de ce genre. Bouleversé par cette perte, Cave s'effondra au pied d'un grand chêne et écrivit 'Sorrow's Child', tandis que Mick Harvey, un peu vexé, gravait 'The Hammer Song'. La suite est connue : ces chansons douces et meurtries virent le jour sur un disque à la pochette terrifiante, montrant Cave assis au piano, entouré de petites filles. Choqués par cet hommage à peine voilé au Patrick Bruel de 'Qui a le droit ?', de nombreux thuriféraires déserteraient la communauté peu après. Les Bad Seeds, elles, emménageraient un peu plus loin, sur les rives d'un fleuve pollué au bord duquel Cave ferait un rêve étrange dans lequel il s'appelait Henry et n'avait plus rien dans son godet.
Nick Cave & The Bad Seeds :
Tender Prey (1988)
The Good Son (1990)
Les rééditions des Bad Seeds continuent tranquillement, et avec elles notre voyage en des terres parfois hostiles mais passionnantes, organisé rappelons-le par Voyage Rock et DLMDS (n'oubliez pas, soit dit en passant, d'envoyer le second accompte).
Ce mois-ci, étape dans une zone grise et un peu flippante : le Pays Jenesaispas, lieu neutre et brumeux des hésitations et autres albums de transitions. Les Bad Seeds y résidèrent à la fin des années quatre-vingt et ce, bon an mal, jusqu'à 1992 environ. Non sans façonner au passage quelques-unes ces cathédrales biscornues dont elles avaient le secret, au nombre desquelles bien sûr 'The Mercy Seat', crèche délabrée et sordide qui demeure aujourd'hui encore l'un des grands chefs-d'oeuvre de l'art pré-letlovinien.
Pourtant à bien y regarder, cette période transitoire demeure partiellement inaboutie, la faute à l'époque (merde, le post-punk et tout ça, c'est fini...) autant qu'à des changements d'importance au sein de la communauté : Barry Adamson, gourou de la basse, s'en est allé ; Roland Wolf et Kid Congo ont débarqué, et l'on reconnaîtra que recruter un si grand guitariste pour un album aussi peu branché guitares que Tender Prey relevait d'une insolence toute cavienne. Il est de toute façon évident, si l'on jette un coup d'oeil aux ruines de la production, que cette City n'était qu'un Refuge temporaire avant de voguer vers d'autres lunes.
Détail important, c'est à cette époque que Nick Cave entreprit de jouer tous les soirs des berceuses au piano, dans l'unique but d'aider ses ouailles à s'endormir à la belle étoile. Certains apôtres ne se remirent jamais vraiment de l'entendre interpréter un hymne protestant et brésilien (mais quelle idée) intitulé 'Foi Na Cruz', avec qui plus est des violons et des choeurs. "Ca devient n'importe quoi, cette secte !" s'exclama Kid Congo, avant de retourner vaquer à ses guitares chez les voisins du Gun Club qui, eux, avaient vraiment envie de les entendre plutôt que de les noyer sous les pianos et autres choses de ce genre. Bouleversé par cette perte, Cave s'effondra au pied d'un grand chêne et écrivit 'Sorrow's Child', tandis que Mick Harvey, un peu vexé, gravait 'The Hammer Song'. La suite est connue : ces chansons douces et meurtries virent le jour sur un disque à la pochette terrifiante, montrant Cave assis au piano, entouré de petites filles. Choqués par cet hommage à peine voilé au Patrick Bruel de 'Qui a le droit ?', de nombreux thuriféraires déserteraient la communauté peu après. Les Bad Seeds, elles, emménageraient un peu plus loin, sur les rives d'un fleuve pollué au bord duquel Cave ferait un rêve étrange dans lequel il s'appelait Henry et n'avait plus rien dans son godet.
Nick Cave & The Bad Seeds :
Tender Prey (1988)
The Good Son (1990)
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