lundi 14 juin 2010

We Insist!, en chair et en son

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On se languissait de voir enfin We Insist! sur scène. On les avait loupés en septembre pour cause de migraine carabinée (pas les meilleures conditions pour apprécier leur heavy jazzcore... oh tiens ! j'ai enfin trouvé un nom pour ce qu'ils font...), et c'est peu dire qu'on en attendait beaucoup. C'est qu'avec leur dernier l'album (l'excellent The Babel Inside Was Terrible), les cinq Parisiens ont indubitablement franchi un cap. Restait à voir ce que cela donnait en live. Publier d'excellents disques en étant une bande de biquettes sur scène ne servant, nous sommes bien d'accord, à rien du tout. A charge donc pour We Insist! de transporter on stage l'incroyable intensité de leur dernier opus (et des précédents, pas dégueus non plus).

On en aura eu pour notre argent, et même sans doute un peu plus vu que la place ne coûtait pas bien cher. Sans plus de round d'échauffement que de première partie, le groupe joue fort, vite, incroyablement bien. Tout est immédiatement en place, ce qui n'est pas rien quand on pense à tous ces artistes qu'on a pu voir peiner à l'allumage durant quatre, cinq, six morceaux. Et si la voix est très (trop) en retrait sur l'inaugural 'Déjà-vu', ça s'arrange très vite derrière. Il faut dire que le groupe est admirablement servi par un son remarquable, ce qui est rarement le cas à Paris (d'ailleurs le Triton n'est pas à Paris, mais aux Lilas - soit donc le bout du monde pour votre serviteur... n'empêche qu'on y reviendra avec plaisir). On apprécie presque mieux certaines subtilités qu'en écoutant tranquillement chez soi - autant dire que ce n'est pas le genre de truc qu'on se dit à la sortie du premier concert venu. Bien plus audible qu'à l'accoutumée c'est le saxo, particulièrement, qui retient l'attention.

Niveau set-list, on a droit à un petit panaché plutôt appréciable (on s'est laissé dire qu'en septembre à la Maro le groupe avait principalement joué son dernier album), notamment parce que les vieux morceaux, sur CD, n'étaient pas toujours gâtés niveau prod. Aucun problème ici, forcément, à plus forte raison parce que le groupe a considérablement progressé depuis quelques années. C'est peu dire que 'Beaten Black & Blue' en sort grandie, tout comme 'Early Recollections', l'une et l'autre d'une rare intensité. En fait, pour vous dire... c'était presque trop parfait (vous le sentiez venir, non ? C'est vrai que c'est un peu le marronnier, ce genre de remarque). Ou disons par instants trop carré. On s'attendait à ce que le groupe se lâche plus dans l'impro, que le set soit plus orienté jam... bref à ce que le tout soit un poil plus progressif (un comble). C'est un peu ce que l'on aura niveau rappels, après le touchant speech de Julien Divisia, guitariste, dont c'est le dernier concert et qui aura eu bien du mal à contenir son émotion. Nous aussi d'ailleurs, ce qui est un peu stupide vu qu'on ne savait même pas son nom la veille. Mais We Insist! a quelque chose de terriblement attachant au-delà de ses qualités artistiques intrinsèques, qui transparaissait mieux que jamais dans ce rappel tout épris d'énergie et spontanéité. Il semble que le groupe continue à quatre. On suivra bien entendu tout cela très près.