...
C'était à l'hiver 2007. Deux mois avant que HBO ne diffuse l'ultime arc des Soprano, NBC jetait une bouteille à la mer frappée de ces quelques mots cherche histoire de gangsters, vendable de préférence. Contacter la chaîne.. Paul Haggis pêcha accidentellement le message et y vit une aubaie : réussir, enfin, à s'incruster durablement dans le paysage télévisuel, devenu très compliqué depuis l'époque où avec quelques copains il réinventait les héros américains sous les traits d'un Texas Ranger monoexpressif. Rassurez-vous, moi aussi j'ignorais jusqu'à tout récemment que l'attachant cinéaste de Crash était le co-créateur de Walker (dont il réalisa même les téléfilms post-annulation).
Le pire, c'est que tout ceci aurait très bien pu fonctionner. Si les Black Donnellys marchent de manière évidente dans les pas des Soprano (vous transformez les Irlandais en Italiens, vous avez un simili prequel sur la jeunesse de Tony), la série renferme pas mal d'idées qui auraient pu faire mouche. Un décor qui en jette (Hell's Kitchen, temple de la mafia irlandaise au début du XXe), une bonne dose de guerre des gangs (Irlandais contre Italiens, bien sûr, un énième remake de l'affrontement Main Noir / Main Blanche étant toujours payant), une histoire de fraternité, de loyauté et de fidélité (ou non) à la tradition (merci Mystic River), Olivia Wilde et ses yeux de chat... rien que du très ordinaire (Olivia mise à part), mais de quoi écrire un petit polar efficace, et pourquoi pas intéresser le public.
Le problème, c'est qu'on a la fâcheuse impression que dès le départ, la production ne suit pas. Avec leurs têtes de mignons premiers de la classe, les quatre frères Donnelly ne sont pas vraiment crédibles, et si Tom Guiry et Jonathan Tucker parviennent au fil des épisodes à donner une certaine ampleur à leurs personnages (le premier fracassé et hargneux, le second tout en violence contenue), les autres restent lamentablement sur le carreau, incapables de trouver leur place dans un scénario il est vrai bizarrement construit. Sans doute le pilote se veut-il une introduction tapageuse, avec explosion de violence, sang et nerf. Il donne surtout la désagréable impression de prendre l'histoire en cours de route, et commet l'erreur absolument stupide de séparer presque immédiatement les quatre frères (en expédiant un à l'hôpital et un autre en taule) au lieu de nous laisser faire tranquillement connaissance avec eux. Curieuse idée que de vouloir nous montrer la spirale de violence dans laquelle s'embarque le gentil Tommy Donnelly avant de planter le décor.
La série met au bas mot six épisodes à se remettre de cette étrange ouverture. Au bout de ce laps de temps proprement interminable, les quatre frères sont de retour et The Black Donnellys devient (enfin !) ce qu'elle était censée être au départ : une chronique douce-amère sur fond de guerre des gangs et d'amours impossibles. Autant dire qu'on a failli attendre (mais plus que la chaîne, qui cessa la diffusion un épisode plus tard). A partir de là, c'est presque une autre série qui débute, plus légère et à la tendresse moins artificielle. Les seconds rôles se voient accorder un peu plus de place et prennent les choses en main (ce qui n'est pas peu dire lorsqu'il s'agit d'un Peter Greene, d'un Kirk Acevedo ou d'un Kevin Corrigan). Bref tout ce qui aurait dû servir d'ouverture à la série arrive au milieu et on a apprécie un peu plus. Avouons-le, on passe même un bon moment en compagnie de tous ces gentils garçons. Le problème étant que justement... ils sont gentils. Leur spirale de violence et de haine fera probablement sourire quiconque a vu Les Soprano, The Shield ou n'importe laquelle des influences crânement revendiquée par le feuilleton. Et si les jeunes comédiens enrichissent leur palette au fil des épisodes, la réalisation pour sa part reste assez lisse. Le tout baigne dans une ambiance presque bon-enfant qu'on a parfois du mal à comprendre. Ce n'est pas forcément désagréable (surtout en période de disette estivale), mais pour la dimension tragique il faudra repasser.
The Black Donnellys, créée par Paul Haggis & Robert Moresco (NBC, 2007)
C'était à l'hiver 2007. Deux mois avant que HBO ne diffuse l'ultime arc des Soprano, NBC jetait une bouteille à la mer frappée de ces quelques mots cherche histoire de gangsters, vendable de préférence. Contacter la chaîne.. Paul Haggis pêcha accidentellement le message et y vit une aubaie : réussir, enfin, à s'incruster durablement dans le paysage télévisuel, devenu très compliqué depuis l'époque où avec quelques copains il réinventait les héros américains sous les traits d'un Texas Ranger monoexpressif. Rassurez-vous, moi aussi j'ignorais jusqu'à tout récemment que l'attachant cinéaste de Crash était le co-créateur de Walker (dont il réalisa même les téléfilms post-annulation).
Le pire, c'est que tout ceci aurait très bien pu fonctionner. Si les Black Donnellys marchent de manière évidente dans les pas des Soprano (vous transformez les Irlandais en Italiens, vous avez un simili prequel sur la jeunesse de Tony), la série renferme pas mal d'idées qui auraient pu faire mouche. Un décor qui en jette (Hell's Kitchen, temple de la mafia irlandaise au début du XXe), une bonne dose de guerre des gangs (Irlandais contre Italiens, bien sûr, un énième remake de l'affrontement Main Noir / Main Blanche étant toujours payant), une histoire de fraternité, de loyauté et de fidélité (ou non) à la tradition (merci Mystic River), Olivia Wilde et ses yeux de chat... rien que du très ordinaire (Olivia mise à part), mais de quoi écrire un petit polar efficace, et pourquoi pas intéresser le public.
Le problème, c'est qu'on a la fâcheuse impression que dès le départ, la production ne suit pas. Avec leurs têtes de mignons premiers de la classe, les quatre frères Donnelly ne sont pas vraiment crédibles, et si Tom Guiry et Jonathan Tucker parviennent au fil des épisodes à donner une certaine ampleur à leurs personnages (le premier fracassé et hargneux, le second tout en violence contenue), les autres restent lamentablement sur le carreau, incapables de trouver leur place dans un scénario il est vrai bizarrement construit. Sans doute le pilote se veut-il une introduction tapageuse, avec explosion de violence, sang et nerf. Il donne surtout la désagréable impression de prendre l'histoire en cours de route, et commet l'erreur absolument stupide de séparer presque immédiatement les quatre frères (en expédiant un à l'hôpital et un autre en taule) au lieu de nous laisser faire tranquillement connaissance avec eux. Curieuse idée que de vouloir nous montrer la spirale de violence dans laquelle s'embarque le gentil Tommy Donnelly avant de planter le décor.
La série met au bas mot six épisodes à se remettre de cette étrange ouverture. Au bout de ce laps de temps proprement interminable, les quatre frères sont de retour et The Black Donnellys devient (enfin !) ce qu'elle était censée être au départ : une chronique douce-amère sur fond de guerre des gangs et d'amours impossibles. Autant dire qu'on a failli attendre (mais plus que la chaîne, qui cessa la diffusion un épisode plus tard). A partir de là, c'est presque une autre série qui débute, plus légère et à la tendresse moins artificielle. Les seconds rôles se voient accorder un peu plus de place et prennent les choses en main (ce qui n'est pas peu dire lorsqu'il s'agit d'un Peter Greene, d'un Kirk Acevedo ou d'un Kevin Corrigan). Bref tout ce qui aurait dû servir d'ouverture à la série arrive au milieu et on a apprécie un peu plus. Avouons-le, on passe même un bon moment en compagnie de tous ces gentils garçons. Le problème étant que justement... ils sont gentils. Leur spirale de violence et de haine fera probablement sourire quiconque a vu Les Soprano, The Shield ou n'importe laquelle des influences crânement revendiquée par le feuilleton. Et si les jeunes comédiens enrichissent leur palette au fil des épisodes, la réalisation pour sa part reste assez lisse. Le tout baigne dans une ambiance presque bon-enfant qu'on a parfois du mal à comprendre. Ce n'est pas forcément désagréable (surtout en période de disette estivale), mais pour la dimension tragique il faudra repasser.
The Black Donnellys, créée par Paul Haggis & Robert Moresco (NBC, 2007)
Ah c'est pas un gros machin con pour teenagers en fait ?
RépondreSupprimerIl y a un peu de ça, mais ce serait quand même assez réducteur de dire que ce n'est "que" ça.
RépondreSupprimerOh :-(
RépondreSupprimerDésolé, dear.
RépondreSupprimerta geuuuulllllleeeeuh!
RépondreSupprimerHmm... un esthète !
RépondreSupprimerBon sinon Thom, tu m'évites de justesse une recherche de dvd.
Oui, c'est beau ce genre de com' :-)
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