Les Américains ont beau souvent se prendre pour les maîtres du monde, si vous écoutez bien leurs scénaristes de séries, tous (ou presque) vous diront la même chose : ils jalousent les anglais. Pour beaucoup d'entre eux, ce sont bien leurs vieux rivaux de la toujours perfide Albion les meilleurs créateurs de série du monde. Et il faut reconnaître que quand ils sont en forme, ils éclatent sans problème la concurrence. Leur secret ? En dehors d'un savoir-faire incontestable, probablement l'absence de tout complexe. A faire passer les Français pour de petits être craintifs planqués dans les jupes de Tonton Sam (ce qu'ils sont parfois, il faut le reconnaître, nous en parlions encore il y a peu).
En regardant Misfists, on comprend assez aisément le pourquoi du comment de cette réputation largement méritée, tout comme d'adaptations de plus en plus nombreuses (Life on Mars, Little Britain, The Office, prochainement Skins... la liste est sans fin). C'est un peu tout ce qu'ils n'ont jamais réussi à faire avec leurs Heroes ou Chuck. En mieux. Certes, il faut être de bonne foi : Misfits fait partie de ces quelques séries britonnes qui se la jouent à l'américaine. Il n'empêche : en s'inspirant très vaguement d'une gentillette série des eighties (Misfits of Science) et en se plaquant sur le canevas typiquement US du supernatural-teen-drama (séries héritières de Buffy montrant des ados apprenant les responsabilités dans des circonstances fantastiques), le feuilleton de seulement six épisodes va beaucoup plus loin que n'importe quelle production de CW (*).
C'est ici que l'absence de complexes entre en ligne de compte. Car niveau trame de base, on ne peut pas dire que les scénaristes se soient beaucoup foulés : un quintette de jeunes délinquants se retrouve obligé de cohabiter dans le cadre de TIG, jusqu'au moment où un orage électro-magnétique transforme tout ce joli monde en... genre de super-héros, dirons-nous - même si la série a justement l'intelligence de faire de ces gamins des bourreaux et victimes plutôt que des justiciers. Bien évidemment ces "pouvoirs", pour certains particulièrement handicapants, ne sont qu'une allégorie. L'idée est que cette situation exceptionnelle les rapproche, leur apprenne la solidarité, la vie en communauté... et le moins qu'on puisse dire est que c'est assez mal barré tant cette bande de branquignols est prodigieusement insupportable, forte en gueule et pour le moins dissipée.
Ici réside évidemment la principale originalité de Misfits : dans une écriture hallucinée, une réalisation ultra-léchée et un ton très Skins (bah tiens). Soit donc un peu trash, plutôt sombre et surtout particulièrement caustique. Subtils, les rapports entre personnages évoluent par petites touches, en s'opposant par la vanne qui tue et l'insolence à une autorité plus moralisatrice et pontifiante que réellement castratrice. Ce qui donne dans les faits quelques scènes absolument réjouissantes, portées par des jeunes comédiens particulièrement convaincants (au nombre desquels l'excellent Robert Sheehan, vu dans Red Riding, et qui rappelle parfois de manière troublante le jeune Jonathan Rhys Meyer) et des dialogues revendiquant de manière presque explicite l'héritage de Joss Whedon, dont on retrouve également l'influence dans l'utilisation métaphoriques des pouvoirs (chaque don reflétant en effet plus ou moins directement le caractère ou la nature profonde du personnage).
D'une rare efficacité, le résultat oscille entre drame et comédie acide. C'est étonnamment addictif, attachant et d'une qualité assez épatante. On croit s'attaquer à une série parodique et un peu désopilante, on se trouve embarqué dans une histoire prenante dont on ne peut plus décrocher. Le tournage de la saison deux venant de commencer en Angleterre, on attend désormais la suite avec impatience.
Misfits (saison 1), créée par Howard Overman (E4, 2009)
(*) Ex-WB, qui diffusa 90 % de séries pour ados qui vous viendront à l'esprit dans les dix minutes, et qui depuis Buffy s'est fait une spécialité des "supernatural-teen-dramas", puisqu'elle produit ou a produit également Angel, Smallville, Supernatural, Roswell... etc.
En regardant Misfists, on comprend assez aisément le pourquoi du comment de cette réputation largement méritée, tout comme d'adaptations de plus en plus nombreuses (Life on Mars, Little Britain, The Office, prochainement Skins... la liste est sans fin). C'est un peu tout ce qu'ils n'ont jamais réussi à faire avec leurs Heroes ou Chuck. En mieux. Certes, il faut être de bonne foi : Misfits fait partie de ces quelques séries britonnes qui se la jouent à l'américaine. Il n'empêche : en s'inspirant très vaguement d'une gentillette série des eighties (Misfits of Science) et en se plaquant sur le canevas typiquement US du supernatural-teen-drama (séries héritières de Buffy montrant des ados apprenant les responsabilités dans des circonstances fantastiques), le feuilleton de seulement six épisodes va beaucoup plus loin que n'importe quelle production de CW (*).
C'est ici que l'absence de complexes entre en ligne de compte. Car niveau trame de base, on ne peut pas dire que les scénaristes se soient beaucoup foulés : un quintette de jeunes délinquants se retrouve obligé de cohabiter dans le cadre de TIG, jusqu'au moment où un orage électro-magnétique transforme tout ce joli monde en... genre de super-héros, dirons-nous - même si la série a justement l'intelligence de faire de ces gamins des bourreaux et victimes plutôt que des justiciers. Bien évidemment ces "pouvoirs", pour certains particulièrement handicapants, ne sont qu'une allégorie. L'idée est que cette situation exceptionnelle les rapproche, leur apprenne la solidarité, la vie en communauté... et le moins qu'on puisse dire est que c'est assez mal barré tant cette bande de branquignols est prodigieusement insupportable, forte en gueule et pour le moins dissipée.
Ici réside évidemment la principale originalité de Misfits : dans une écriture hallucinée, une réalisation ultra-léchée et un ton très Skins (bah tiens). Soit donc un peu trash, plutôt sombre et surtout particulièrement caustique. Subtils, les rapports entre personnages évoluent par petites touches, en s'opposant par la vanne qui tue et l'insolence à une autorité plus moralisatrice et pontifiante que réellement castratrice. Ce qui donne dans les faits quelques scènes absolument réjouissantes, portées par des jeunes comédiens particulièrement convaincants (au nombre desquels l'excellent Robert Sheehan, vu dans Red Riding, et qui rappelle parfois de manière troublante le jeune Jonathan Rhys Meyer) et des dialogues revendiquant de manière presque explicite l'héritage de Joss Whedon, dont on retrouve également l'influence dans l'utilisation métaphoriques des pouvoirs (chaque don reflétant en effet plus ou moins directement le caractère ou la nature profonde du personnage).
D'une rare efficacité, le résultat oscille entre drame et comédie acide. C'est étonnamment addictif, attachant et d'une qualité assez épatante. On croit s'attaquer à une série parodique et un peu désopilante, on se trouve embarqué dans une histoire prenante dont on ne peut plus décrocher. Le tournage de la saison deux venant de commencer en Angleterre, on attend désormais la suite avec impatience.
Misfits (saison 1), créée par Howard Overman (E4, 2009)
(*) Ex-WB, qui diffusa 90 % de séries pour ados qui vous viendront à l'esprit dans les dix minutes, et qui depuis Buffy s'est fait une spécialité des "supernatural-teen-dramas", puisqu'elle produit ou a produit également Angel, Smallville, Supernatural, Roswell... etc.
Excellente série, en effet.
RépondreSupprimerLes Anglais ont un véritable talent pour traiter les histoires d'adolescents. Sans racolage, sans mièvrerie, très loin de ce que font les Américains, dans le genre.
Bon week-end.
Déjà Misfits, je leur mets d'emblée un A++ pour l'accent, puis un A++ pask'ils sont anglais :-) Ok, y'a un lien de cause à effet entre les deux éléments précités, mais attention.... Allez, rien que pour ce lien, ça nous fait un combo, donc A+++++++++++++ pour Misfits !!!
RépondreSupprimerEuh sinon, l'article résume très bien ce que j'en pense, et j'ajouterais que le schéma condensé (6 épisodes) est rafraîchissant!
Tu pourrais même mettre A+++++ pour la musique anglaise, A+++++++++++++++ pour le fait que ça se passe dans une ville anglaise... y a plus de limites ;-)
RépondreSupprimer(sinon, tu aimes l'Angleterre ? :-)
RépondreSupprimerRien n'échappe au Golb! Une autre série underground du genre à nous filer?
RépondreSupprimerL'Angleterre, c'est mon premier amour, on vit une histoire assez exclusive (enfin de mon côté!), du garage au rock anglais en passant par la drum'n'bass, multiplié par David Lodge, Thomas More et les boutiques de chaussettes, je prends tout! Même la reine, c'est pour dire!
RépondreSupprimerMais attention tout de même de ne pas mettre trop de +++, faudrait pas que Misfits dépasse Breaking Bad :-)
Suzanne >>> je vais à réfléchir à ça.
RépondreSupprimerElodie >>> oui, allons-y mollo sur les "+" :-D
J'en suis à mi-parcours et c'est vraiment +++++++++++ bien ;-)
RépondreSupprimerEt les Anglais, ils ont le chic pour nous trouver des castings d' "inconnus" au talent hallucinant.
Une vraie pépinière de jeunes talents, ce pays.
RépondreSupprimerCe qui me déchire à chaque fois, c'est qu'on a l'impression qu'ils ne sont pas "professionnels", juste des amateurs à la spontanéité éclairée.
RépondreSupprimerEt en France, on se tape Lorant ("tête à claques") Deutsch, Melvil Poupaud, Emmanuel Mouret, ..., qui, même s'ils jouent volontairement décalé, sont très mauvais .. à mes yeux.
@Suzanne
RépondreSupprimerJ'avais oublié... Le maître de ces lieux s'apprète à faire un billet PLUS QU'ÉLOGIEUX sur The I.T. Crowd... (je croise les doigts, vu qu'il a eu l'air de ne pas avoir aimé TBBT, on peut espérer qu'il aura aimé The I.T. Crowd... Pour le mettre sur la bonne voie, je lui conseillerai de (re)voir l'épisode 1 de la saison pour la mise en bouche (et puis toute la saison 1 s'il est d'humeur) et l'épisode 1 de la saison 2, The Work Outing, qui va définitivement le mettre dans des conditions optimales pour écrire ce billet!
Ah bon ? Je vais faire ça, moi ? Ca m'étonnerait, je n'ai vu que quelques épisode de The IT Crowd il y a très longtemps :-)
RépondreSupprimer(épisodes au pluriel, c'est toujours mieux)
RépondreSupprimerAh mince... ça a l'air mal parti!
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