...
Commençons par ce qui fâche : Carlos n'est pas une série télé. En aucune manière. On a beaucoup dégoisé sur ce point, aussi bien dans le monde du cinéma que dans celui de la télévision, le premier se crispant à Cannes de ce que l'œuvre était diffusée sur le petit écran (beurk), le second s'enorgueillissant de ce que le rapprochement avec son grand frère était entériné par un grand réalisateur (ne riez pas : quand on est habitué à regarder Desperate Housewives il est difficile de ne pas s'emballer face à un mec capable de réussir - accrochez-vous bien - un cadrage !!!). C'est un vieux complexe de fan de séries, ça : se rapprocher du cinéma, voire rivaliser avec lui. On pourrait même ajouter un vieux complexe "très français", les Américains ne se posant pas tant de questions lorsque J.J. Abrams ou prochainement Matt Weiner partent à l'assaut du grand écran. Et pourtant Carlos devrait encourager les fans de séries du monde entier à relever la tête : il démontre qu'il ne suffit d'avoir un petit succès au cinéma pour faire un bon feuilleton, et n'arrive pas à l'ongle du petit orteil des meilleurs de la décennie.
Mais qu'importe, puisque Carlos n'est pas une série, mais un film découpé en trois grosses rondelles. Assayas n'a jamais voulu faire une série (il pense pis que pendre de la télé), il n'a pas cherché à s'approprier le genre ou ses codes, même pas à les tourner en dérision comme Lynch dans Twin Peaks. Il s'en contrefout comme je peux me contrefoutre de la plupart de ses films. Sans quoi l'idée l'aurait effleuré que plutôt que de condenser vingt ans en quelques heures, il y avait largement matière à proposer une vraie série, peut-être même étalée sur plusieurs saisons. Peut-être ainsi aurait-il pu capter en quoi le terroriste le plus célèbre de son temps était intimement lié à lui, plutôt que de le récréer scolairement. La question de la diffusion de Carlos à la télévision ? Une belle valse aux hypocrisies. Quelque intégriste du ciné va reprocher à Assayas d'avoir produit sur Canal un film que l'industrie cinématographique ne lui aurait jamais permis de faire, Assayas va cracher sur la télé sans même avoir à tout le moins la reconnaissance du ventre, et les défenseurs de cette dernière vont se rengorger du projet alors que la télévision n'y fait office que de bouche-trou et que, plus risible encore, elle n'aurait jamais laissé autant de liberté et d'argent à un type ne s'appelant pas Assayas et ne défendant pas un projet de biopic (= jackpot).
Tout cela ne serait pas bien grave en soi si Carlos n'était pas profondément victime de la bâtardise de son format, ni film ni série, objet filmesque non-identité (et croyez bien qu'en l'occurrence, ce n'est pas un compliment). Entendons-nous bien : il souffre aussi de défauts de fond, tout entier écrit en ellipses (on n'ose imaginer ce que donne la version condensée), best of déguisé d'un artiste du terrorisme quasiment présenté comme tel, dont la vision édulcorée paraît presque mignonne par instants (vous pensiez - comme tout le monde - que Carlos était un affreux sale type impie, ignoble brigand se cachant derrière de pseudos idéaux ? Le voici dépeint comme un compromis consternant entre le révolutionnaire romantique et Jacques Mesrine, prince des voleurs à rouflaquettes). La reconstitution colossale étouffe en partie l'émotion, le montage d'images d'archives ne sert à rien d'autre qu'à crier "regardez comme tout cela est vrai" (alors que le tout est en réalité très romancé), Carlos est à poil, Carlos baise, Carlos pète (ah non, là c'était moi)... ce pendant des heures où il discute révolution en sirotant des mojitos (ah non, c'est encore moi), parce que comme tout terroriste digne de ce nom il a dans le fond passé l'essentiel de son temps à ne rien faire.
Justement, Carlos souffre d'un manque de rythme d'autant plus flagrant lorsqu'on le regarde en forme de... série. L'écriture télévisuelle, on ne le dira jamais assez, n'est pas l'écriture cinématographique. Comparer les deux n'a aucun sens. Pour faire court et simple, disons qu'à la télé, on a à la fois plus et moins de temps. Plus en nombre de minutes, mais moins de temps relatif, nécessité que le spectateur revienne la semaine suivante faisant loi. Carlos est très lent, mais il n'a pas la même gestion de la lenteur que dans un épisode de - au pif - Treme, où elle fait office de parti pris esthétique et est totalement intégrée à une narration plus vaste. D'ailleurs, dans les faits, le récit de Carlos est une spirale infernale, une étouffante suite d'évènements... dont la sensation de vitesse n'est jamais convaincante, le tout étant rendu d'une manière désespérément molle et dépourvue d'intensité (il faut voir la prise d'otages de l'OPEP pour y croire). Le désir monomaniaque de réalisme n'y est sans doute pas pour rien., on l'a suffisamment fustigé dans de meilleurs programmes pour louper celui-ci. Oui, la réalité est souvent moins intense que la fiction. C'est bien pourquoi on aime cette dernière. Une scène de la première partie est de ce point de vue éloquente : un des terroriste vire la photo de Giscard, prend celle de Pompidou et la mitraille. L'ambassadeur se plante en face de lui et lui lâche d'un air pénétré : "Vous savez que le Président George Pompidou est mort en avril dernier ?". C'est peut-être vraiment arrivé, je ne sais pas et je m'en moque. Dans le cadre d'une fiction, c'est juste mauvais et effarant de didactisme grossier. Dommage qu'Assayas méprise la télévision : en matière de reconstitution subtile, il aurait beaucoup à apprendre de Matt Weiner et de ses sublimes Mad Men. Ou même des Anglais, tenez : dans le genre, on préfèrera mille fois recommander l'excellente série britannique House of Saddam, bien plus maîtrisée du point de vue formel et - cela ne gâte rien - bien plus profonde et dérangeante.
Mais qu'importe, puisque Carlos n'est pas une série, mais un film découpé en trois grosses rondelles. Assayas n'a jamais voulu faire une série (il pense pis que pendre de la télé), il n'a pas cherché à s'approprier le genre ou ses codes, même pas à les tourner en dérision comme Lynch dans Twin Peaks. Il s'en contrefout comme je peux me contrefoutre de la plupart de ses films. Sans quoi l'idée l'aurait effleuré que plutôt que de condenser vingt ans en quelques heures, il y avait largement matière à proposer une vraie série, peut-être même étalée sur plusieurs saisons. Peut-être ainsi aurait-il pu capter en quoi le terroriste le plus célèbre de son temps était intimement lié à lui, plutôt que de le récréer scolairement. La question de la diffusion de Carlos à la télévision ? Une belle valse aux hypocrisies. Quelque intégriste du ciné va reprocher à Assayas d'avoir produit sur Canal un film que l'industrie cinématographique ne lui aurait jamais permis de faire, Assayas va cracher sur la télé sans même avoir à tout le moins la reconnaissance du ventre, et les défenseurs de cette dernière vont se rengorger du projet alors que la télévision n'y fait office que de bouche-trou et que, plus risible encore, elle n'aurait jamais laissé autant de liberté et d'argent à un type ne s'appelant pas Assayas et ne défendant pas un projet de biopic (= jackpot).
Tout cela ne serait pas bien grave en soi si Carlos n'était pas profondément victime de la bâtardise de son format, ni film ni série, objet filmesque non-identité (et croyez bien qu'en l'occurrence, ce n'est pas un compliment). Entendons-nous bien : il souffre aussi de défauts de fond, tout entier écrit en ellipses (on n'ose imaginer ce que donne la version condensée), best of déguisé d'un artiste du terrorisme quasiment présenté comme tel, dont la vision édulcorée paraît presque mignonne par instants (vous pensiez - comme tout le monde - que Carlos était un affreux sale type impie, ignoble brigand se cachant derrière de pseudos idéaux ? Le voici dépeint comme un compromis consternant entre le révolutionnaire romantique et Jacques Mesrine, prince des voleurs à rouflaquettes). La reconstitution colossale étouffe en partie l'émotion, le montage d'images d'archives ne sert à rien d'autre qu'à crier "regardez comme tout cela est vrai" (alors que le tout est en réalité très romancé), Carlos est à poil, Carlos baise, Carlos pète (ah non, là c'était moi)... ce pendant des heures où il discute révolution en sirotant des mojitos (ah non, c'est encore moi), parce que comme tout terroriste digne de ce nom il a dans le fond passé l'essentiel de son temps à ne rien faire.
👎👎 Carlos
créée par Olivier Assayas
Canal +, 2010
De toute facon Assayas... tout est dit...
RépondreSupprimerLa chronique d'une ligne, c'est un concept...
RépondreSupprimerSinon je te suis sur Houde of Sadam, excellente.
RépondreSupprimereuh House of Saddam desole...
RépondreSupprimerah quand même, d'Assayas il y a Irma Vep, avec une scène fabuleuse sur fond de Sonic youth :-)
RépondreSupprimerexcusez du pneu
Ah ! justement je me demandais dans quel film c'était, déjà...
RépondreSupprimerPas vu, pas l'intention de voir paske 1) ça passe pas à la télé ici 2) on vend pas ça dans mon DVD Shop et 3) non, je ne suis pas de mauvaise foi :-). Et en plus l'article m'enlève toute envie de voir ça, ça a l'air super chiant!
RépondreSupprimerEn parlant de gestion de la lenteur, Mad Men prend doucement (à son rythme, quoi) la route du chef d'œuvre...
Et sinon, M. Sinaeve, "Carlos est à poil, Carlos baise, Carlos pète (ah non, là c'était moi)" : j'ai été franchement choquée!
:-)
Comme souvent, avec Assayas, je trouve que le film ne manque pas d'idées, mais il a ce côté "opportuniste" qui est assez, j'y pense, représentatif de Carlos, lui-même. 2 sur 6, je trouve cela sévère, d'autant que votre article est presque un "Top Of The Flops" (à ce propos, vous semblez très "chaud" en ce moment, cela présage le meilleur, pour la saison 4 des éditos).
RépondreSupprimerBBB.
P.S. : j'aime bien, moi, quand vous pétez :-)
Je n'ai vu que la version condensée mais je suis assez d'accord avec toi. Déjà je n'aime pas Assayas, Clean était pas terrible, Demon lover était un gros navet, mais peut être qu'il avait quelque chose à raconter dans ses premiers films?
RépondreSupprimerSur le côté film-série, le plus idiot de l'histoire c'est que personne à part à Cannes n'a pu voir le film dans sa version longue sur grand écran! Pour un type qui méprise la télé, c'est cocasse.
Ce qui m'a géné, c'est le côté attendu de gros méchant charismatique égale bête de sexe macho. C'était déjà le cas dans Vincere (sur Mussolini) où ça fonctionnait bien, mais là ça ne passe pas du tout! Entre le fait que toutes les femmes sont très belles, la scène de la pipe de l'allemande ou celle de la latino avec la grenade, ou celle où il se mate à poil avec évidemment le plan où on montre sa bite... toutes sont risibles et pas crédibles. On dirait une mauvaise série B érotique. Et encore, je n'ai vu que la version courte...
En fait j'ai trouvé les même défaut qu'aux autres films d'Assayas que j'avais vu. Le packaging est bien, avec de l'énergie, de la bonne musique, des bons acteurs etc. mais tout ça au service de rien. L'histoire, le point de vue, le personnage de Carlos sont complétement inintéressants. L'exemple typique du mec doué, passionné de cinéma, bon technicien, mais qui n'a rien à exprimer. Une sorte de Soderbergh français.
Et enfin, quel gros gâchis que cette histoire. Le fait pour Canal de confier leur série vitrine à un réalisateur de cinéma (et même pas à un bon), en dit long sur la mentalité des producteurs de télévision et des directeurs littéraires français qui ne s'intéressent pas à la télévision! Quand ton rêve en tant que producteur de télé c'est de passer à Cannes, tu as un problème! D'ailleurs plus que de complexe de la télé française par rapport au cinéma, c'est probablement plus profondément le culte du réalisateur au détriment du scénariste, alors que c'est ce dernier qui est le plus important à la télé!
parlons en d'Irma Vep, un film ou il se passe rien et penible, il a Maggie Cheung en catsuit et corset cuir/latex et on s'emmerde faut vraiment avoir les deux bras cassé et des culs de bouteille sur les yeux pour se planter autant
RépondreSupprimer(note à Thomas: on ne boit pas de Mojito comme tout le monde, on boit un martini, un old fashioned, un americano...)
RépondreSupprimerÉlodie >>> je sais, je sais... j'ai détruit un mythe. Si tu savais la vérité ! Ah là là. Des fois même... je te jure... je fais caca. Dingue ^^
RépondreSupprimerBoebis >>> je te rejoins tout à fait pour ce qui est du culte du réalisateur au détriment du scénariste (j'en ai déjà parlé plein de fois). Et c'est encore pire quand le réalisateur est connu. Tout le monde vénère Twin Peaks, mais très peu de savent qu'en réalité c'est avant tout l'œuvre de Mark Frost, qu'il a conçu quasiment tous les personnages, et s'est de manière générale bien plus investi. D'ailleurs, très peu de gens même savent qui il est. Tu me diras, aux USA ce n'est pas forcément mieux, puisque là-bas c'est le culte du showrunner, qui est plus un super-producteur qu'un véritable auteur...
Diane >>> en même temps Maggie Cheung en corset latex, n'est-ce pas suffisant ? :-)
Miss >>> qui a dit "comme tout le monde" ?...
Ma réaction : OooooooooH (avec la main devant la bouche!)...
RépondreSupprimerBon on va s'arrêter là pour les présentations... intimes!!!
bah si c'est pour avoir des mignonnes en latex autant regarder les films de Maria Beatty et pour les mignons ya le batman du cordonnier.
RépondreSupprimerBen, moi, j'ai aimé, j'ai vraiment été surpris (alors que le sujet, a priori, ne m'intéressait vraiment pas). Et particulièrement, justement, la partie centrale, la prise d'otage de l'OPEP... Que j'ai trouvé très tendue, très nerveuse... Comme quoi...
RépondreSupprimerPar ailleurs, cessons les comparaisons avec les séries télé. Ce n'en est pas une. C'est un film de cinq heures que l'on a saucissonné en trois parties par commodité. Faire porter ce choix sur Assayas est un peu injuste (c'est Canal qui l'a décidé) même si lui était forcément conscient que son film serait ainsi traité. Quand Bertolucci faisait 1900 ou Leone Il était une fois en Amérique (des films de près de six ou quatre heures), il n'étaient pas confronté à ce problème, encore que les deux films aient été aussi montré il y a longtemps à la télé sous forme de mini série. Idem pour les Parrains de Coppola(avec, scandale, un remontage chronologique - hérésie totale pour le deuxième...). Bref qu'un film de cinéma soit découpé (dénaturé ?) pour passer à la télé, c'est pas nouveau. L'emballage dit que c'est une mini série, la réalité dit tout autre chose : que c'est du cinéma.
Il faut dire que j'aime beaucoup certains films d'Assayas (pas tous, mais quand même Irma Vep, Désordre, L'eau froide, Clean et Demonlover dans une moindre mesure). Assayas, c'est un peu, je crois, le cinéaste français que les gens aiment détester, tant il est emblématique - comme le fut Rohmer - de ce que serait le cinéma français d'auteur pour ceux qui n'aiment pas ça ou qui en ont une idée un peu fausse. Pourtant, le versant classique (et assez bourgeois) de son cinéma (je pense à L'heure d'été, Fin août, début septembre, Les destinées sentimentales) est toujours contrebalancé, dans sa filmographie, par la tentation du genre, du thriller (cela pouvant d'ailleurs être assez catastrophique, cf le nullissime Boarding Gate). Du coup, plaisir ici à le voir s'effacer derrière un grand sujet, jouer le jeu du genre, libéré sans doute par la commande de Canal+. Ainsi, Carlos ne ressemble pas tant que ça, je trouve, aux autres d'Assayas. Il demeure d'ailleurs un cinéaste assez insaisissable, certes capable du meilleur comme du pire, mais toujours assez stimulant quand même dans ses propositions...
Je n'aime pas Assayas (en tout cas les films que j'ai vu de lui) mais j'aime le cinéma d'auteur français... même le contemporain. J'adore Desplechin par exemple, qui est probablement encore plus emblématique du cinéma d'auteur français bourgeois/intello/parisien.
RépondreSupprimerLa partie géopolitique est plutôt pas mal, quoi que un peu elliptique (dans la partie courte). Mais l'ambition d'Assayas était clairement de faire le portrait de Carlos en, terroriste rock star, et c'est cette partie plus ambitieuse qui est raté. Le côté reconstitution est réussi, c'est sûr, mais c'est un peu le minimum. Après il y a toujours pire, comme la bande annonce d'un film que j'ai vu sur l'intifada (je crois primé à Venise et qui sort bientôt...), genre drame réaliste politique, où israéliens comme palestiniens parlent exclusivement anglais!!!
Et pour continuer le débat série/film, est bien non, ce n'est pas qu'une histoire d'emballage. Un film c'est fait pour être vu au cinéma, l'image, le son sont super importants. A la télé, on est pas tous censé avoir des home cinéma dernier cri pour profiter pleinement de ce qui passe. Et réciproquement, une série ça n'aurait pas de sens de la voir au cinéma. Et pour le coup, Assayas a fait comme si c'était équivalent, et c'est dommage. Et oui, contrairement à ce que peut croire, la taille (de l'écran), ça compte ;-)
Moi j'ai aimé quelques films d'Assayas, cela dit je ne peux pas être en désaccord total avec Boebis. En fait je dirais qu'il fait beaucoup de style, mais que je ne vois pas trop quel est son style à lui.
RépondreSupprimerConcernant le découpage, je suis en revanche d'accord avec tout le monde. Bien entendu ce n'est pas une série, bien entendu ce n'est pas forcément juste de le mettre sur le dos d'Assayas. Mais j'ai deux "mais" : 1°) il pouvait faire contre mauvaise fortune bon coeur, et même en profiter pour exploiter à fond le format, ce qu'il n'a pas du tout fait ; 2°) il y a pour moi une erreur stratégique autant de la chaîne que de lui, dans le sens où même si cela a toujours existé, faire une mini-série (que tu le veuilles ou pas, Ska, c'est ainsi que ç'a été présenté partout, avec convocation de toute la presse spécialisée qui a bien sûr rivalisé de commentaires consensuels... mais c'est une autre histoire), en 2010, ce n'est plus du tout aussi anodin et ça ne se fait plus du tout pareil qu'il y a 30 ans. Surtout sur Canal, qui se construit peu à peu une image de "chaînes des séries made in France" et qui se sert bien évidemment de la venue d'Assayas pour renforcer plus ou moins artificellement cette image...
Tu as raison, Thomas, mais j'ai l'impression qu'il y a depuis le début un relatif hiatus entre la manière dont Assayas et Canal+ envisagent Carlos...
RépondreSupprimerEnfin, Boebis, il y a beaucoup plus de cinéma dans beaucoup de séries (voire dans certains clips, dans des jeux vidéos, etc) que dans des films distribués en salles. Si le Cinéma (avec un grand C) ne correspondait qu'à ce qui se montre en salles, ça se saurait...
Il est tout à fait possible que chacun ait espéré pouvoir tirer profit de l'autre et que chacun se soit fait, d'une manière ou d'une autre, baiser dans l'histoire...
RépondreSupprimerSur le cinéma dans les séries, je suis évidemment d'accord. Après tout dépend la conception qu'on a du ce qu'est le cinéma.
"Il est tout à fait possible que chacun ait espéré pouvoir tirer profit de l'autre et que chacun se soit fait, d'une manière ou d'une autre, baiser dans l'histoire..."
RépondreSupprimerVoilà... :-)
Oui apres la baisure est quand meme relative si on considere le succes de la serie et du dvd de la serie sortit avant la version cinema... dans le genre plan marketing imparable cela se pose la...
RépondreSupprimerQuand je dis que le cinéma c'est fait pour être sur vu grand écran, je ne dis pas que le reste est moins bien. Il y a des clips, des jeux vidéos, et des séries géniales, j'en suis le premier persuadé. Mais un clip sera comme une série est fait pour être vu à la télé et ça influe forcément sur le contenu, même si ça peut s'inspirer du cinéma pour plein de choses. Et que le ciné s'inspire bien évidemment et à raison des clips, des séries et des jeux vidéos.
RépondreSupprimerLa durée d'une série adaptée à la durée des pubs(le 52 min = 1h moins 8 min de pub, un sitcom c'est en général 26+4), le cliffhanger pour les suites, les plans spéciaux qui annoncent le début et la fin des pubs, le "rappel des épisodes précédents"... tout ça c'est intimement lié au fait que l'oeuvre a été créé pour la télé et ça perd son utilité si on change de support. Même la durée encore. Le cinéma, tu te déplaces, tu fais la queue, et tu paies, tu ne vas pas faire des films de 45 min. Et en même temps tu ne peux pas mettre sur pause, donc on ne va pas faire de films de plus de 3h non plus. Donc 99,9% des films faits aujourd'hui pour le cinéma font entre 1h15 et 3h. C'est juste ça que je dis quand je dis qu'un film de cinéma est fait pour être vu au cinéma. Et pareil pour le nombre de personnage, sur la construction dramatique qui découlent de la durée totale. Je suis sûr qu'on pourrait trouver des milliers d'exemples.
D'ailleurs le fait qu'on regarde les séries en dvd ou sur le cable sans pub a aussi influencé leur conception j'imagine. Par exemple ne pas avoir à gérer le rythme par rapport aux coupures pubs. Et si un jour tout le monde a des télé 16/9, les séries et les téléfilms se tourneront en 16/9 comme ça s'est passé avec le cinemascope pour le cinéma. Et si un jour tout le monde a des home cinema de malade, ils feront des images et un son en conséquence.
Et même les téléfilms qui ressemblent très fortement à des films sont soumis à plein de règles économiques et juridiques différentes qui font que ça ne peut être des films exactement comme au cinéma (ce qui ne signifie pas moins bien encore une fois). Que ce soit la possibilité de mentionner des marques (très encadrée à la télé), du budget, du public visé, du vivier d'acteurs et de réalisateurs différents, du poids des chaînes, des sujets tabous sur tel ou tel chaine, de l'heure de diffusion...
Et bien sûr qu'il y a des films qui sont sortis avant sur la télé avant d'être diffusé au ciné, et des films de ciné qui passent parfaitement à la télé. Ca n'empêche que si le média est interchangeable, quelque part c'est qu'il y a des possibilités qui n'ont pas été exploitées à fond.
Ce qui est marrant concernant les formats, c'est qu'ils sont de plus en plus en train de muter, le temps où la série faisait 52 minutes (enfin en France parce que dans tous les autres pays occidentaux - où il y a beaucoup plus de pubs - les épisodes se rapprochent plus de 40 minutes) étant de plus en plus proche révolu (Cf la multiplication des séries au format assez "bâtard" de 30 minutes où les séries des réseaux câblés US où on voit de plus en plus d'épisodes de 60 min, parfois plus)... sauf en France où l'on reste bloqué sur cette idée assez rigide, exactement de la manière dont on a sanctifié le sacro-saint téléfilm durant trente ans. Par contre ça ne pose aucun problème aux chaînes de faire muter le format d'une série en cours de route, ce qui serait totalement impensable aux USA ou un Angleterre...
RépondreSupprimer@ Boebis
RépondreSupprimerc'est juste que en France vous n'êtes pas encore passé au 16/9 systématique. La télé US est en hd et en 16/9 depuis plus de 5 ans dans la majorité des cas. Pour 2011 la transmission analogique 4/3 c'est fini, on passe au tout numérique 4/3 letterbox pour la sd et 16/9 natif pour la hd. C'est d'ailleurs un gros foutoir en post-prod, les pubs pour la France je les faits en 4/3 mais ça switche doucement alors que pour la Belgique je les faits en 16/9 depuis 5 ans. Les anglais veulent du 14/9 eux ;-)
Les Français veulent du 16/9 avec safety 14/9 mais pour l'Espagne et l'Italie c'est que du 4/3.
Pis ya les formats pour le web 1/1, 16/10, 16/9, 4/3, 21/9, etc...
alors les formats hein... en série télé on pense format dominant des télés donc 16/9 et pis c'est tout
Boebis, dis toi surtout que le Cinéma, ce n'est pas forcément ce qui passe "dans les salles de cinéma". Comme je le disais plus haut, il y a "du cinéma" un peu partout, c'est plus une question de regard ou de mise en scène qu'une question de lieu de diffusion... Serge Daney a écrit de très beaux textes sur le tennis et sa retransmission, d'autres ont pu parler de la mise en scène des matchs de foot voire du Loft ou de la télé-réalité, dans tous les cas, c'était des questions de cinéma, de mise en scène, souvent plus stimulantes que celles soulevées par des films vus en salles...
RépondreSupprimerPar ailleurs, sache que des tas de films sont produits de par le monde - et j'entends par là professionnellement - qui durent moins d'une heure. Et qui ne sont pas pour autant des épisodes de série télé ou des documentaires d'une durée standard télé (26' ou 52'). On appelle ça des courts métrages (= films de moins d'une heure, c'est la définition administrative de ce format en France). Et ces films-là sont parfois des oeuvres de cinéma à part entière (je ne vais pas te lister le nombre de classiques du cinéma français durant moins d'une heure, de Renoir à Marker, en passant par Resnais, Varda, Godard, Bunuel ou Pialat), même si elles ne sortent pas en salles le mercredi après-midi, même si elles sont souvent plus vus en festivals (mais en salles tout de même) que dans le multiplexe du coin. C'est là aussi le rôle des salles art et essai ou de lieux alternatifs que de diffuser ce genre de films.
Enfin, sur la question des formats, non, tous les films n'ont pas d'un coup été tournés systématiquement en cinémascope, loin de là. Et encore aujourd'hui, certains cinéastes ont à coeur de tourner en 1.37 (4/3 si on parle de vidéo...) Malheureusement, les écrans 16/9 imposent une sorte de dictature et poussent à aller systématiquement vers ce format (quitte à ce qu'on ne puisse plus correctement - c'est-à-dire dans déformation, sans anamorphose - regarder des films en 1.37 sur un téléviseur 16/9...). Ce sont là des choix industriels plutôt que des choix artistiques. Tout comme cette fameuse question de la durée standard qui est imposée aux cinéastes alors qu'elle se pose beaucoup moins - ou pas du tout - pour un peintre (qui choisit la taille de sa toile) ou un écrivain (qui peut signer un roman de 100 ou de 1000 pages).
Voilà quelques évidences qu'il me paraissait important de rappeler...
Je ne sais pas si la précision était nécessaire ou non, mais en tout cas je te rejoins tout à fait - et comment ! - sur la dictature du 16/9.
RépondreSupprimer1,33 le 4/3
RépondreSupprimerpour le reste on met les films en pillarbox ou letterbox si on veut garder son ratio d'origine
et le premier qui régle sa télé en recadrage automatique aura mon pied au cul.
non mais
amicalement
le front de défense des pauvres monteurs qu'on se fait chier à faire des films au bon ratio c'est pas pour que le pekin moyen regarde tout en zoom ou resize
Ah M. Cairn, je n'ai aucune idée de ce dont vous parlez! La prochaine fois que je regarderai un film, j'essaierai vaguement de me souvenir de ces conseils, mais j'ai déjà du mal à traiter l'information, voire la mettre en pratique :-)
RépondreSupprimer"c'est pas pour que le pekin moyen regarde tout en zoom ou resize"
RépondreSupprimerC'est pourtant malheureusement le cas. Et c'est effrayant. Notamment pour le patrimoine et ces milliers de DVD, de films, inadaptés à la connexion HDMI qui d'emblée choisit d'occuper toute la taille de l'écran (Ah ! Mes Rohmer, mes Hitchcock, mes Powell en 16/9)
c'est comme tout les scopes qui sont passés au pan scan en VHS et qui ont été amputé de 2/3 de l'image
RépondreSupprimerquant à la dictature du 16/9...
RépondreSupprimerc'est un compromis des fabriquant de télé.
On a assisté à l'arrivée des home cinema et du dvd on s'est dit qu'il fallait avoir des écrans de tv ayant un format plus proche de ceux des salles de ciné MAIS le 35mm européen à un ratio de 1,66 et l'américain de 1,85, on a coupé la poire en deux et on a fait du 16/9 dont le ratio est de 1,77 (pour le scope je vous laisse au tv phillips en 21/9 dont le ratio 2,33 s'apparente au scope 2,35) bon je vous laisse j'ai déjà assez troller comme ça
Le pékin moyen n'a pas de fonction zoom/resize... ma télé doit dater d'une bonne décennie au moins :-)
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