On avait laissé Chuck à la fin de la saison deux sur un twist invraisemblable (mais très drôle), gesticulant comme dans Matrix et cassant du méchant avec une aisance dont il était bien le premier surpris. Concluant un arc d'épisodes ayant vu la série prendre pas mal d'épaisseur, ce rebondissement final laissait présager un renouveau bienvenu au sein d'un programme aspirant à être un peu plus qu'un feuilleton de remplissable (de la grille de NBC autant que de nos longues soirées estivales). C'est non sans plaisir que l'on retrouve notre geek favori (loin devant les abrutis régressifs de The Big Bang Theory), mais c'est avec un certain désappointement que l'on constate que le changement annoncé n'a pas eu lui. Au gré d'un artifice de scénario habile quoiqu'un peu voyant - Chuck ne parvient pas à contrôler ses nouveaux pouvoirs - les auteurs ont en effet trouvé un moyen pas bête mais inévitablement décevant de ne surtout rien changer à une mécanique certes bien huilée, mais pas franchement concluante au vu des audiences catastrophiques de la série l'an passé.
Durant les premiers épisodes on retrouve donc le Buy More et toute sa clique avec une certaine appréhension, sans trop savoir si l'on est réellement déçu ou si dans le fond, tout cela n'a aucune espèce d'importance. La réponse met quelques épisodes à venir, mais elle arrive finalement : c'est tout de même moins bien. Pas nul, mais moins attachant qu'autrefois. En évitant un écueil (transformer Chuck en superhéros ordinaire), les scénaristes ont en effet sauté à pieds joints dans un autre : ils ont métamorphosé notre espion malgré lui en vulgaire Inspectateur Gadget. Et ont situé leurs ambitions à peu près à ce niveau, soit donc l'inverse de tout ce que l'on pouvait espérer d'une série qui, jusqu'alors, n'avait fait que se bonifier avec le temps.
Plus ennuyeux encore : on serait presque tenté de dire que les auteurs ont pris la direction exactement inverse à celle qu'ils avaient suivi depuis le début. Chuck était certes une série mineure, pur divertissement aux ambitions relativement modestes. Soit. Cela ne l'avait pas empêchée, au fil de la première saison et plus encore de la seconde, de se densifier considérablement pour devenir régulièrement touchante, intelligente et même parfois prenante. Or de cela, il ne reste plus rien dans ce troisième chapitre. Chuck est redevenu une parodie ordinaire, un pastiche dans le meilleur des cas, reproduisant toutes les séquences imposées du genre espionnage sans plus de talent pour les scènes d'action que pour l'humour à froid vers lequel elle veut pencher. Quant aux intrigues hors missions... non seulement le retour de Chuck et Morgan au Buy More (qu'ils quittaient en fin de saison précédente) relève de l'aveu d'impuissance des scénaristes, mais encore ceux-ci s'y lancent-ils résolumment dans une surenchère burlesque un peu fatigante par instants, métamorphosant une série plus futée qu'elle en avait l'air en chant d'amour permanent pour le too much et l'excès. Le résultat, pour le moins paradoxal, c'est que Chuck perd énormément de son identité et de sa cohérence. Privée des ruptures de ton qui étaient sa marque de fabrique, elle est devenue une comédie ordinaire, efficace mais plus vraiment attachante, plus vraiment pertinente et plus tellement scotchante. A la surprise générale, elle a encore gagné un an de sursis, et a encore offert un final promettant qu'un nouveau jour se lève et que tout va changer. Vu que c'était déjà tout pareil l'an passé, on y croit moyen. Pas sûr en tout cas que Le Golb aurait choisi de prolonger l'assistance respiratoire.
Chuck (saison 3), créée par Josh Schwartz & Chris Fedak (NBC, 2010)
Durant les premiers épisodes on retrouve donc le Buy More et toute sa clique avec une certaine appréhension, sans trop savoir si l'on est réellement déçu ou si dans le fond, tout cela n'a aucune espèce d'importance. La réponse met quelques épisodes à venir, mais elle arrive finalement : c'est tout de même moins bien. Pas nul, mais moins attachant qu'autrefois. En évitant un écueil (transformer Chuck en superhéros ordinaire), les scénaristes ont en effet sauté à pieds joints dans un autre : ils ont métamorphosé notre espion malgré lui en vulgaire Inspectateur Gadget. Et ont situé leurs ambitions à peu près à ce niveau, soit donc l'inverse de tout ce que l'on pouvait espérer d'une série qui, jusqu'alors, n'avait fait que se bonifier avec le temps.
Plus ennuyeux encore : on serait presque tenté de dire que les auteurs ont pris la direction exactement inverse à celle qu'ils avaient suivi depuis le début. Chuck était certes une série mineure, pur divertissement aux ambitions relativement modestes. Soit. Cela ne l'avait pas empêchée, au fil de la première saison et plus encore de la seconde, de se densifier considérablement pour devenir régulièrement touchante, intelligente et même parfois prenante. Or de cela, il ne reste plus rien dans ce troisième chapitre. Chuck est redevenu une parodie ordinaire, un pastiche dans le meilleur des cas, reproduisant toutes les séquences imposées du genre espionnage sans plus de talent pour les scènes d'action que pour l'humour à froid vers lequel elle veut pencher. Quant aux intrigues hors missions... non seulement le retour de Chuck et Morgan au Buy More (qu'ils quittaient en fin de saison précédente) relève de l'aveu d'impuissance des scénaristes, mais encore ceux-ci s'y lancent-ils résolumment dans une surenchère burlesque un peu fatigante par instants, métamorphosant une série plus futée qu'elle en avait l'air en chant d'amour permanent pour le too much et l'excès. Le résultat, pour le moins paradoxal, c'est que Chuck perd énormément de son identité et de sa cohérence. Privée des ruptures de ton qui étaient sa marque de fabrique, elle est devenue une comédie ordinaire, efficace mais plus vraiment attachante, plus vraiment pertinente et plus tellement scotchante. A la surprise générale, elle a encore gagné un an de sursis, et a encore offert un final promettant qu'un nouveau jour se lève et que tout va changer. Vu que c'était déjà tout pareil l'an passé, on y croit moyen. Pas sûr en tout cas que Le Golb aurait choisi de prolonger l'assistance respiratoire.
Chuck (saison 3), créée par Josh Schwartz & Chris Fedak (NBC, 2010)
Abandonné à la première saisons, donc...
RépondreSupprimerHé, hé... je sens que cet article va être le gros flop du moment... surtout que BBB. est en vacances (il adore cette série)
RépondreSupprimerComme prévu, ça a l'air d'être le vide intersidéral ici :-D
RépondreSupprimerJe passais juste histoire de remplir la pièce...
J'aimais beaucoup cette série sur les deux premières saisons. Et le twist final de la deuxième m'avait également donné envie de voir la suite. Mais la désillusion est arrivée très vite, dès le premier épisode et un scénario (maladroit) montrant l'incapacité des auteurs à faire évoluer la série (vis à vis du Buy More ou de la relation avec Sarah). Du coup j'ai abandonné en milieu de saison, et cette chronique ne m'incite pas à m'y remettre. Dommage...
RépondreSupprimerÉlodie >>> c'est gentil, merci ^^
RépondreSupprimerGuilhem >>> je ne peux malheureusement pas de te donner tort. D'ailleurs si j'ai été au bout, c'est vraiment à deux à l'heure...