lundi 2 août 2010

The Dandy Warhols - Plus mauvais grand groupe de sa génération

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Et ainsi les Dandy Warhols publièrent-ils un best of dans l’indifférence générale, tel le paradoxal point d’orgue d’une des carrières les plus inégales, gâchées et pour tout dire : incompréhensibles, de ces quinze dernières années. On ne sait si l’on doit le déplorer. On a toujours un peu envie de rire lorsque l’on voit que des labels n’ayant décidément rien compris aux profonds bouleversement des habitudes de consommation de la musique persistent à publier ce genre de compilation inepte à l’époque du MP3, du téléchargement (illégal ou non), de l’iPod et du streaming. Cela dit, d’une manière générale, on a de toute façon toujours un peu envie de rire lorsqu’il s’agit d’évoquer les Dandy Warhols, leur nom ridicule, leur prétentieux chanteur ou leurs albums parfois désastreux sur lesquels s’égarent occasionnellement – personne n’a jamais trop su comment – un ou deux morceaux extraordinaire(s), tel l’inespéré "Wasp in the Lotus" il y a deux ans.

Au cas où vous auriez été trop âgé au début de la décennie pour entendre parler de ce groupe, précisons tout de même qu’il vaut avant tout pour un seul album, le troisième, pompeusement intitulé : Thirteen Tales from Urban Bohemia. Avant, ce n’est pas encore ça. Après, ça ne l’est plus du tout. Mais le temps d’un disque et sans qu’on ait réellement compris pourquoi, les Dandy Warhols furent le meilleur groupe de leur génération, signant un chef-d’œuvre à la croisée des chemins d’Exile on Main Street et du meilleur rock psyché des seventies. La moitié des chansons furent des tubes (même vaguement en France, c'est vous dire), et l’on peut raisonnablement considérer avec le recul que le succès totalement inattendu de ce disque marqua le véritable coup d’envoi du revival rock qui déferlera durant toutes les années 2000.


Hélas ! Les seconds couteaux devenus enfin (ils en rêvaient depuis tout petits) des stars ne parvinrent jamais à dépasser cet album, réussissant la prouesse de devenir le groupe le plus surestimé du monde après avoir été durant des années l’un des plus sous-estimés. Seul Oasis peut se vanter d’une si fascinante trajectoire (mais à l'envers). Oasis avec qui, d’ailleurs, les Dandys partagèrent le goût de la citation comme celui de l’excès. En pire. Branleurs invraisemblables, véritables connards réputés pour leur prestations scéniques catastrophiques, pas du tout sains de corps et très rarement d’esprit… les quatre de Portland ont probablement eux-mêmes largement contribué à saccager leur carrière à coups de caprices, d’engueulades et de bad-trips. Nourrissant un malentendu entamé dès leur premier album (Dandys Rule, Ok?, en 1995). Personne n’a jamais réellement pu déterminer si ce groupe était une bande d’incroyables poseurs incapables de tenir la distance quand on grattait le vernis, ou bien un quatuor de génies frappadingues comme seul le rock américain sait en accoucher. Et ceux qui crurent détenir enfin la réponse avec Thirteen Tales from Urban Bohemia déchantèrent rapidement après, lorsque sortit Welcome to the Monkey House, album réunissant en une poignée de mots-clés tout ce qui peut rendre dingue un fan de rock’n'roll : funk-pop, électro, catchy, eighties, Simon Le Bon à la production. N’en jetez plus ! Rock & Folk perdit le semblant de crédibilité qui lui restait en en faisant son album de l’année. Encore les gens ayant lâché le groupe à cette époque (2003) ne savent-ils pas leur chance : le pire restait à venir, et rétrospectivement Monkey House, alors considéré comme une déception, s’avère un album très écoutable.

Depuis, la carrière du groupe oscille entre éternelle rédemption et inexorables rechutes, dans une indifférence de plus en plus grandissante à chaque nouvel album (que celui qui a le moindre souvenir – à part « c’était affreux ! » – de leur dernier en date nous jette la première pierre). Aucun greatest hits ne pourra sans doute inverser une tendance si violemment ancrée dans les mœurs de l’irascible Courtney Taylor-Taylor, compositeur surdoué un instant et crétin prétentieux la seconde suivante. Mais après au bas mot dix ans de consternation cyclique… on se dit que oui, peut-être, il est possible que les Dandys ne soient dans le fond qu’un groupe à best of. Force est de noter que bien que les extraits Thirteen Tales… aient été réduits à trois, ces Capitol Years sont plutôt efficaces et renferment quelques grands moments de rock’n'roll débridé ("Not If You Were the Last Junkie on Earth", "Get off") et de pop acide ("We Used to Be Friends") qui feraient presque oublier que le groupe a, au bout du compte, publié autant de mauvaises que de bonnes chansons. Et le lecteur inspiré de rétorquer « certes, mais c’est heureux : si un besf of n’a même pas ce résultat, c’est à désespérer ».

Ce à quoi nous répondrons : oui, bien sûr, mais d’un autre côté les Dandy Warhols furent si souvent désespérants ! Pas autant que les albums best of, soit. Mais suffisamment pour ce qu’on en conclue qu’ils étaient définitivement faits pour se rencontrer.


👍 The Capitol Years 1995–2007 
The Dandy Warhols | Capitol, 2011