...
[Article précédemment paru sur Interlignage] Il faisait chaud cette nuit, mon oreiller était moite et le ventilateur toussotait, signifiant la fin prochaine de sa triste existence. Lentement mais sûrement, je sombrais dans un demi-sommeil (à demi) agité, me retournant sans cesse, incapable de trouver le repos. Quand j'ouvris les yeux, Richard Thompson était assis près de mon lit. Vous imaginez le choc : MÔSSIEUR Richard Thompson, LE Richard Thompson de Richard & Linda Thompson, LE Richard Thompson de Fairport Convention, LE légendaire guitariste, chanteur, songwriter... le mec à qui Springsteen a tout piqué, celui qui publia le chef-d'œuvre ABSOLU I Want to See the Bright Lights Tonight... bref : Richard Thompson, quoi. L'un des quatre ou cinq plus grands songwriters de toute l'histoire de la folk-music, bien que notre beau pays ne lui ait jamais réellement accordé l'attention qu'il méritait.
Richard Thompson était donc là, à côté de moi... mais alors que je me levais pour lui serrer la main (vous imaginez : serrer la main de Richard Thompson !) mon rêve sembla se flouter aux entournures. Mon champ de vision se brouilla, des symboles étranges vinrent imprimer ma rétine (du moins le croyais-je - car évidemment j'ignorais que je rêvais et pensais sincèrement que Richard Thompson voulait me saluer, moi), et lorsque je pus enfin regarder autour de moi, Richard tenait un objet étrange. "Come on ! Here's my brand new record, buddy !"
J'étais tellement heureux que Richie m'appelle "buddy" qu'il me fallut quelques minutes avant de réaliser que l'objet était habillé d'une pochette absolument hideuse, du genre que même Marillion période Fish aurait refusé... bon, j'exagère un peu quand même. Mais c'était vraiment pas beau. J'en ai fait une photo mentale, regardez :
Cherchant mes mots, j'essayai d'exprimer à Richie mon désarroi à la vue d'une telle horreur. C'est ça qui est bien avec les rêves : dans la vie, je n'oserais évidemment JAMAIS dire à Richard Thompson que la pochette de son dernier album est affreuse ; alors qu'en rêve bizarrement, ça passait très bien, même s'il eut tout de même l'air désolé. "On ne peut pas dire que j'aie viré prog-rock, quand même. N'exagère pas, buddy-boy », lâcha-t-il en plaçant le disque sur une platine que je n'avais jamais vue de ma vie. Certes, on ne pouvait pas le lui reprocher, quoique la piste 7 - la platine était en mode shuffle - renfermât tout de même un solo pour le moins compromettant. Mais que de fautes de goût en quelques minutes. Entre la très ennuyeuse "Burning Man" et un morceau celtique à faire rougir Alan Stivell lui-même, il n'y avait tout de même pas de quoi se réjouir. Quel affreux cauchemar, quand j'y pense...
Alors bien sûr, tandis que Richard se préparait une tisane ("Tu n'as que menthe-réglisse ? Sérieusement ?..."), j'entendis aussi quelques morceaux plutôt agréables, notamment le premier titre, tout à fait charmant. Le Maître n'était pas tombé aussi bas que Springsteen sur son innommable dernier album (en même temps qui l'eût pu, même dans un univers onirique ? Vous me direz : chacun ses fantasmes). Il n'empêche qu'après cette écoute exclusive à domicile, j'eus bien du mal à masquer mon trouble. "Ça ne te plaît pas ?", demanda Richard. Comment lui dire ? Comment lui faire comprendre que je le préférais dans d'autres registres, moins emphatiques, plus bruts, que sur ce simili-live où le public semblait inerte, ce qu'on pouvait hélas comprendre à l'écoute du contenu ? Même en rêve, vexer une de ses idoles n'est pas chose aisée...
... heureusement je me suis réveillé à ce moment-là. Il faisait toujours aussi chaud et le ventilateur venait de rendre l'âme. Je ne me sentais pas très à l'aise mais du moins avais-je le plaisir de constater que tout ceci, l'affreuse pochette et l'album ennuyeux, n'était qu'un rêve tout pourri évadé de mon imagination malade. Je me servis un verre d'eau et me rendormis rapidement après cela, rasséréné. L'image du grand Richard Thompson, immortel auteur de "The Calvary Cross" et d'"I'll Regret It All in the Morning", était intacte. Ouf.
[Article précédemment paru sur Interlignage] Il faisait chaud cette nuit, mon oreiller était moite et le ventilateur toussotait, signifiant la fin prochaine de sa triste existence. Lentement mais sûrement, je sombrais dans un demi-sommeil (à demi) agité, me retournant sans cesse, incapable de trouver le repos. Quand j'ouvris les yeux, Richard Thompson était assis près de mon lit. Vous imaginez le choc : MÔSSIEUR Richard Thompson, LE Richard Thompson de Richard & Linda Thompson, LE Richard Thompson de Fairport Convention, LE légendaire guitariste, chanteur, songwriter... le mec à qui Springsteen a tout piqué, celui qui publia le chef-d'œuvre ABSOLU I Want to See the Bright Lights Tonight... bref : Richard Thompson, quoi. L'un des quatre ou cinq plus grands songwriters de toute l'histoire de la folk-music, bien que notre beau pays ne lui ait jamais réellement accordé l'attention qu'il méritait.
Richard Thompson était donc là, à côté de moi... mais alors que je me levais pour lui serrer la main (vous imaginez : serrer la main de Richard Thompson !) mon rêve sembla se flouter aux entournures. Mon champ de vision se brouilla, des symboles étranges vinrent imprimer ma rétine (du moins le croyais-je - car évidemment j'ignorais que je rêvais et pensais sincèrement que Richard Thompson voulait me saluer, moi), et lorsque je pus enfin regarder autour de moi, Richard tenait un objet étrange. "Come on ! Here's my brand new record, buddy !"
J'étais tellement heureux que Richie m'appelle "buddy" qu'il me fallut quelques minutes avant de réaliser que l'objet était habillé d'une pochette absolument hideuse, du genre que même Marillion période Fish aurait refusé... bon, j'exagère un peu quand même. Mais c'était vraiment pas beau. J'en ai fait une photo mentale, regardez :
Cherchant mes mots, j'essayai d'exprimer à Richie mon désarroi à la vue d'une telle horreur. C'est ça qui est bien avec les rêves : dans la vie, je n'oserais évidemment JAMAIS dire à Richard Thompson que la pochette de son dernier album est affreuse ; alors qu'en rêve bizarrement, ça passait très bien, même s'il eut tout de même l'air désolé. "On ne peut pas dire que j'aie viré prog-rock, quand même. N'exagère pas, buddy-boy », lâcha-t-il en plaçant le disque sur une platine que je n'avais jamais vue de ma vie. Certes, on ne pouvait pas le lui reprocher, quoique la piste 7 - la platine était en mode shuffle - renfermât tout de même un solo pour le moins compromettant. Mais que de fautes de goût en quelques minutes. Entre la très ennuyeuse "Burning Man" et un morceau celtique à faire rougir Alan Stivell lui-même, il n'y avait tout de même pas de quoi se réjouir. Quel affreux cauchemar, quand j'y pense...
Alors bien sûr, tandis que Richard se préparait une tisane ("Tu n'as que menthe-réglisse ? Sérieusement ?..."), j'entendis aussi quelques morceaux plutôt agréables, notamment le premier titre, tout à fait charmant. Le Maître n'était pas tombé aussi bas que Springsteen sur son innommable dernier album (en même temps qui l'eût pu, même dans un univers onirique ? Vous me direz : chacun ses fantasmes). Il n'empêche qu'après cette écoute exclusive à domicile, j'eus bien du mal à masquer mon trouble. "Ça ne te plaît pas ?", demanda Richard. Comment lui dire ? Comment lui faire comprendre que je le préférais dans d'autres registres, moins emphatiques, plus bruts, que sur ce simili-live où le public semblait inerte, ce qu'on pouvait hélas comprendre à l'écoute du contenu ? Même en rêve, vexer une de ses idoles n'est pas chose aisée...
... heureusement je me suis réveillé à ce moment-là. Il faisait toujours aussi chaud et le ventilateur venait de rendre l'âme. Je ne me sentais pas très à l'aise mais du moins avais-je le plaisir de constater que tout ceci, l'affreuse pochette et l'album ennuyeux, n'était qu'un rêve tout pourri évadé de mon imagination malade. Je me servis un verre d'eau et me rendormis rapidement après cela, rasséréné. L'image du grand Richard Thompson, immortel auteur de "The Calvary Cross" et d'"I'll Regret It All in the Morning", était intacte. Ouf.
👎 Dream Attic
The Richard Thomspon Band, 2010
Album très ennuyeux, hélas, comme la plupart des disques récents de Richard Thompson...
RépondreSupprimerBBB.