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Proverbe chinois : quand les pigeons se piquent d’imiter les aigles, c’est le chroniqueur qui s’arrache les plumes. Malgré des heures de recherches, nous ne sommes pas parvenus à trouver l’équivalent bayou de cette pénétrante pensée, c’est bien dommage – l’animal qui nous intéresse aujourd’hui étant le crocodile. Et croyez-nous, on ne parle pas assez de ceux qui hantent les égouts de San Diego.
Auteures l’an passé d’un album au titre couillon (Summer of Hate) et au répertoire peu convaincant, les deux sales bestioles répondant aux doux noms de Charles Rowell et Brandon Welchez nous reviennent cette année transfigurées, ou quasiment. Que s’est-il passé entre temps ? Aucune idée, leurs disques ne sortent pas chez nous et l’on n’est probablement pas près de les croiser pour leur poser question. Toujours est-il que l’année dernière, l’écoute de leur album provoquait au mieux une réaction bien connue de quiconque a suivi l’actualité musicale des dernières années : oh tiens. Encore un groupe garage qui sonne comme The Jesus & Mary Chain. Alors que cette année…
… bon d’accord : on se dit exactement la même chose. Sauf que cette fois, ça passe – et plutôt deux fois qu’une. Les Crocodiles ont bouffé du lion (elle est facile, je sais), et si le premier morceau fait un peu bailler, on ne saura que conseiller fortement à nos lecteurs de zapper directement jusqu’au deuxième, terrible "Stoned to Death" dont la rythmique imparable et le refrain cosmique devraient consoler tous ceux que le dernier Black Rebel Motorcycle Club a laissé déconfits.
Archétype de l’album qui file la patate le matin, Sleep Forever est aussi le typique album de l’année 2010. Garage et vaporeux, sans un pet d’originalité mais avec suffisamment de bonnes chansons pour que sa réinvention du passé ne laisse pas de marbre (enfin, de cuir). En bons fans d’Echo & The Bunnymen (dont Crocodiles était le titre du premier album, il y a de cela trente ans), les duettistes de San Diego savent jouer de la reverb’ et des alternances de climats ; il faut cela dit reconnaître que c’est dans le répertoire le plus rageur qu’ils convainquent le mieux, avec quelques belles échappées dark ("Hollow Hollow Eyes", "Hearts of Love") et même un blues post-moderne de plus bel effet ("Billy’s Speed").
De quoi s’arracher les plumes ? Bah… oui, un peu. On avait déjà du mal à s’y retrouver dans la colonie de groupes garage apparus depuis deux ans, alors si les groupes de seconde zone se mettent subitement à jouer les premiers rôles, il y a de quoi désespérer. Tout serait-il à refaire ? Faudra-t-il réviser à la hausse nos jugements sur les Dum Dum Girls et autres Carnivores ? Non, pas les Dum Dum, quand même. Soyons sérieux.
Sleep Forever, de Crocodiles (2010)
Proverbe chinois : quand les pigeons se piquent d’imiter les aigles, c’est le chroniqueur qui s’arrache les plumes. Malgré des heures de recherches, nous ne sommes pas parvenus à trouver l’équivalent bayou de cette pénétrante pensée, c’est bien dommage – l’animal qui nous intéresse aujourd’hui étant le crocodile. Et croyez-nous, on ne parle pas assez de ceux qui hantent les égouts de San Diego.
Auteures l’an passé d’un album au titre couillon (Summer of Hate) et au répertoire peu convaincant, les deux sales bestioles répondant aux doux noms de Charles Rowell et Brandon Welchez nous reviennent cette année transfigurées, ou quasiment. Que s’est-il passé entre temps ? Aucune idée, leurs disques ne sortent pas chez nous et l’on n’est probablement pas près de les croiser pour leur poser question. Toujours est-il que l’année dernière, l’écoute de leur album provoquait au mieux une réaction bien connue de quiconque a suivi l’actualité musicale des dernières années : oh tiens. Encore un groupe garage qui sonne comme The Jesus & Mary Chain. Alors que cette année…
… bon d’accord : on se dit exactement la même chose. Sauf que cette fois, ça passe – et plutôt deux fois qu’une. Les Crocodiles ont bouffé du lion (elle est facile, je sais), et si le premier morceau fait un peu bailler, on ne saura que conseiller fortement à nos lecteurs de zapper directement jusqu’au deuxième, terrible "Stoned to Death" dont la rythmique imparable et le refrain cosmique devraient consoler tous ceux que le dernier Black Rebel Motorcycle Club a laissé déconfits.
Archétype de l’album qui file la patate le matin, Sleep Forever est aussi le typique album de l’année 2010. Garage et vaporeux, sans un pet d’originalité mais avec suffisamment de bonnes chansons pour que sa réinvention du passé ne laisse pas de marbre (enfin, de cuir). En bons fans d’Echo & The Bunnymen (dont Crocodiles était le titre du premier album, il y a de cela trente ans), les duettistes de San Diego savent jouer de la reverb’ et des alternances de climats ; il faut cela dit reconnaître que c’est dans le répertoire le plus rageur qu’ils convainquent le mieux, avec quelques belles échappées dark ("Hollow Hollow Eyes", "Hearts of Love") et même un blues post-moderne de plus bel effet ("Billy’s Speed").
De quoi s’arracher les plumes ? Bah… oui, un peu. On avait déjà du mal à s’y retrouver dans la colonie de groupes garage apparus depuis deux ans, alors si les groupes de seconde zone se mettent subitement à jouer les premiers rôles, il y a de quoi désespérer. Tout serait-il à refaire ? Faudra-t-il réviser à la hausse nos jugements sur les Dum Dum Girls et autres Carnivores ? Non, pas les Dum Dum, quand même. Soyons sérieux.
Sleep Forever, de Crocodiles (2010)
Je n'ai pas la traduction en bayou, mais bien une citation du malien Seydou Kouyate Badian, probablement reprise de la culture populaire et qui se prête bien :
RépondreSupprimer"Le séjour dans l'eau ne transforme pas le tronc d'arbre en crocodile".
Waouh ! Merci de nous faire partager ça ! :-)
RépondreSupprimerJ'en ai un autre dans le même genre (exactitude de la formulation non garantie) :
RépondreSupprimer"Attends d'avoir traversé la rivière pour dire que le crocodile a une sale gueule."
Exact ou pas ça m'a l'air plein de sagesse...
RépondreSupprimerAH, ENFIN :D
RépondreSupprimerJe me sens moins seul. Très belle chronique pour un album qui, mieux produit (merci James Ford), est plus "jouissif". Rien que pour 'Mirrors'...
J'avais beaucoup aimé leur premier 'Summer of Hate' (nom à la con en fait ouais) mais celui là, quoique différent au final, me plait tout autant.
Comment ça "ah enfin" ?... dit le gars qui arrive deux semaines après l'article (trois, même, puisque je l'avais posté sur Interlignage encore avant) :-))
RépondreSupprimer(ou alors tu voulais "enfin j'arrive pour plussoyer, je suis partie de loin, il m'a fallu deux semaines, mais j'y suis voilà !)
Bon allez, nous sommes d'accord sur le titre Summer of Hate, alors tout est pardonné ! Youhou !
"Ah enfin" parce que j'en avais parlé chez moi, en mettant en avant le titre Mirrors et les retours (presque nombreux) avaient été catastrophiques. Et j'avais pas compris parce que pour le coup, je trouve cette chanson super efficace et très facile d'accès. :)
RépondreSupprimerDonc ouais, "Ah enfin" même si j'imagine bien qu'on n'est pas deux à aimer ce disque (et encore moins à en avoir parlé). :)
Je crois même qu'on est facile quatre ou cinq :-)
RépondreSupprimer@ Thomas : -Twist- exagère ; nous n'avions été que quatre commentateurs (Mmarsu, Benjamin, Erwan & moi) à exprimer de fortes réserves sur ce groupe... Perso, je ne comprends pas comment on peut oser un tel pillage de l'oeuvre des JAMC et pas que sur un titre... ("I Wanna Kill" reprise déguisée de "Head On" par ex.)
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