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Tout a commencé dans le Classement des blogueurs. Tandis que je pestais contre les notes de mes petits camarades, ce qui est vous le savez mon sport favori, voilà que mon regard se trouva soudain capté par une étrange discussion entre GT et Nyko, autour d'un album au nom improbable et au titre nul que ni l'un ni l'autre ne savait par quel bout prendre pour une chronique, même s'ils l'aimaient beaucoup. Je me suis dit "tiens, voilà qui pourrait être intéressant". Voyez comme je suis sympathique : j'étais prêt à aller l'écouter juste pour leur rendre service et faire une chronique après. Trouvez-moi un blogueur aussi gentil que moi, après ça.
J'ai rapidement compris ma douleur. Non que l'album de Land Of Kush's Egyptian Light Orchestra (je vous avais prévenu) m'ait déplu - il m'a immédiatement captivé. Mais quel angle adopter pour l'aborder, ça, c'était une autre histoire. Et la meilleure preuve de cela c'est que quelques semaines plus tard, alors que Monogamy accédait à une première place (méritée) dans le CDB, GT l'affligeait du petit "E" de électro pour désigner à quelle famille musicale un album est censé se rattacher. Ce qui est rien plus discutable : il suffit d'écouter "Tunnel Visions", la fascinante pièce centrale, pour douter très sérieusement de ne pas être plutôt en face d'un album de jazz. Quoique l'atmosphère orientalisante de l'ensemble puisse également le rattacher aux musiques du monde. Et d'un autre côté, l'approche générale demeure rock, arty, psychédélique et décalée... pas si éloignée d'un Beefheart. Sans surprise, le disque est édité chez Constellation.
Avec un tel cocktail d'influences inconciliables, on comprendra un peu mieux que le chroniqueur, même volontaire, soit dans de beaux draps. Il est pourtant assez facile de se laisser fasciner par le mélange de technique et de sensualité de l'album. Les titres s'enchaînent sans se ressembler, pièces-montées parfois tribales, d'autres fois aériennes, ailleurs encore sombres et hypnotiques. Le paradoxe de Monogamy, c'est que si c'est assurément un album délicat à cerner, à comprendre ou à définir, ce n'est pas non plus spécialement le disque le plus radical et difficile d'accès que l'on ait entendu en 2010. Au contraire : les mélodies sont assez limpides et s'insinuent aisément dans l'esprit ; la technicité n'étouffe à aucun moment le côté incantatoire et profondément charnel de l'ensemble (qui groove pas mal, par instants). Dans l'absolu, Monogamy pourrait sans doute servir de passerelle entre les genres (et les gens). Aussi pour une fois, et puisqu'il semble si compliqué d'en parler, contentons-nous d'écouter un extrait. C'est encore la meilleure manière pour le lecteur de savoir s'il marchera ou non dans cette lancinante combine.
Monogamy, de Land Of Kush's Egyptian Light Orchestra (2010)
Tout a commencé dans le Classement des blogueurs. Tandis que je pestais contre les notes de mes petits camarades, ce qui est vous le savez mon sport favori, voilà que mon regard se trouva soudain capté par une étrange discussion entre GT et Nyko, autour d'un album au nom improbable et au titre nul que ni l'un ni l'autre ne savait par quel bout prendre pour une chronique, même s'ils l'aimaient beaucoup. Je me suis dit "tiens, voilà qui pourrait être intéressant". Voyez comme je suis sympathique : j'étais prêt à aller l'écouter juste pour leur rendre service et faire une chronique après. Trouvez-moi un blogueur aussi gentil que moi, après ça.
J'ai rapidement compris ma douleur. Non que l'album de Land Of Kush's Egyptian Light Orchestra (je vous avais prévenu) m'ait déplu - il m'a immédiatement captivé. Mais quel angle adopter pour l'aborder, ça, c'était une autre histoire. Et la meilleure preuve de cela c'est que quelques semaines plus tard, alors que Monogamy accédait à une première place (méritée) dans le CDB, GT l'affligeait du petit "E" de électro pour désigner à quelle famille musicale un album est censé se rattacher. Ce qui est rien plus discutable : il suffit d'écouter "Tunnel Visions", la fascinante pièce centrale, pour douter très sérieusement de ne pas être plutôt en face d'un album de jazz. Quoique l'atmosphère orientalisante de l'ensemble puisse également le rattacher aux musiques du monde. Et d'un autre côté, l'approche générale demeure rock, arty, psychédélique et décalée... pas si éloignée d'un Beefheart. Sans surprise, le disque est édité chez Constellation.
Avec un tel cocktail d'influences inconciliables, on comprendra un peu mieux que le chroniqueur, même volontaire, soit dans de beaux draps. Il est pourtant assez facile de se laisser fasciner par le mélange de technique et de sensualité de l'album. Les titres s'enchaînent sans se ressembler, pièces-montées parfois tribales, d'autres fois aériennes, ailleurs encore sombres et hypnotiques. Le paradoxe de Monogamy, c'est que si c'est assurément un album délicat à cerner, à comprendre ou à définir, ce n'est pas non plus spécialement le disque le plus radical et difficile d'accès que l'on ait entendu en 2010. Au contraire : les mélodies sont assez limpides et s'insinuent aisément dans l'esprit ; la technicité n'étouffe à aucun moment le côté incantatoire et profondément charnel de l'ensemble (qui groove pas mal, par instants). Dans l'absolu, Monogamy pourrait sans doute servir de passerelle entre les genres (et les gens). Aussi pour une fois, et puisqu'il semble si compliqué d'en parler, contentons-nous d'écouter un extrait. C'est encore la meilleure manière pour le lecteur de savoir s'il marchera ou non dans cette lancinante combine.
Monogamy, de Land Of Kush's Egyptian Light Orchestra (2010)
Eh, eh, tu as suivi le même chemin que moi mais tu publies avant. Tant mieux, j'aurai quelqu'un à qui renvoyer...
RépondreSupprimer:-D
Pour ma part, étant entendu que cet album est fascinant et que c'est le genre d'opus sur lequel on a envie d'attirer l'attention, je serai moins affirmatif que toi sur son "accessibilité". Moi dont la culture (et le goût pour le) jazz frise le niveau zéro, il y a tout de même certains passages qui me sont indigestes.
Tiens, dans la part "fusions musicales" de l'album et pour en rajouter deux couches, j'aurais volontiers aussi parlé, par moments, de post-rock. Et, peut-être plus étonnant, j'ai eu l'impression que la façon dont est utilisé le saxo avec un contrepoint donne à un ou deux morceaux une ambiance "Vander Graaf Generator"...
J'aime pas mal, un seul petit bémol, certains morceaux sont pour moi un peu trop lancinants justement et contiennent un peu trop de notes aigues. Ce qui veut donc dire que je ne pourrais peut-être pas écouter ça pendant des heures!
RépondreSupprimer"Fisherman", qui groove un peu plus, est pas si pire du tout, du tout, du tout (les "du tout" se rajoutent au fur et à mesure de l'écoute!)... (13:30 à 13:50, ça fait mal aux oreilles quand même!)... J'aime beaucoup.
Merci pour la découverte :-)
Vous etes allé le chercher loin, le disque de l'année, cette fois...
RépondreSupprimerc'est clair que certains passages ressemblent un peu trops à du Diamanda Galas, et sur la longueur c'est un peu irritant pour le reste musicalement c'est très buvable
RépondreSupprimerMmarsu >>> post-rock bien sûr, tu as tout à fait raison. D'ailleurs l'album est édité par Constellation, ce n'est pas un hasard...
RépondreSupprimerÉlodie >>> ah bon, tu fais une allergie aux notes aiguës ? ^^
Xavier >>> je ne vois pas trop pourquoi tu dis ça...
Diane >>> Diamanda Galas ??
Carrément, oui ;-)
RépondreSupprimerdisons que ca m'a l'air d'un disque confidentiel pas facilement abordable. Mais c'est juste une impression...
RépondreSupprimerMais ce n'est l'album de l'année de personne en même temps...
RépondreSupprimerparfois ça me fait penser à ça
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=9T29Lqpi2RQ
"cette lancinante combine" : c'est ça ^^
RépondreSupprimerUn drôle d'ovni, sur le papier ça fait un peu peur, mais quand on le lance... Ô surprise ! Même cette voix robotique qui court tout le long du disque se fond étrangement bien à l'ensemble, un drone sans drone qui pourrait taper sur le système, mais non...
- Mais si, c'est chanté mais c'est pas vraiment des chansons, tu vois...
- ...
- D'ailleurs, il est super beau le deuxième morceau, je t'assure !
- ...
- C'est parce qu'il fait 17 minutes que tu dis rien ?
- ...
- En fait, ça sonne oriental mais c'est vachement occidental, enfin il y a du oud et plein de percussions mais c'est presque que des Canadiens qu'en jouent, 'fin tu sais, c'est un peu comme les mélodies curieuses de certains groupes folk comme Fairport Convention ou Incredible String Band, ou même Nick Drake !
- ???
- ...
- ...
- Bon, tu préfères que je mette Harlem ?
- ^^
Pas évident d'inciter du monde à l'écouter, et pourtant ;)
Ah ah ah ! j'ai vécu cette scène à la ligne près !
RépondreSupprimerMerci pour cette découverte, j'ai bien aimé être totalement embarquée dans une musicalité qui m'est totalement inconnue. =)
RépondreSupprimerC'est vrai que dans le genre territoire inconnu, ça se pose là :-)
RépondreSupprimerOui, enfin Diamanda Galas c'est une autre voix évidemment. La comparaison me paraît un peu hâtive. Il y a un côté un peu eighties (ringard, j'aime beaucoup ce moment). Je comprends que ça ait pu laisser perplexe notre bon Dominique A.
RépondreSupprimerJ'aurais dit un peu kitsch, mais je suis d'accord sur l'idée générale...
RépondreSupprimerEuh, juste pour dire qu'à chaque fois que j'écoute Fisherman, j'apprécie de plus en plus, et "particulièrement" (c'est du chipotage, parce que j'aime tout le morceau en fait) la partie commençant à 9:35 :-)
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