...
C'est un problème bien de chez nous, que l'on commence à identifier mais dont on peine encore à dire exactement comment s'en départir. On pourrait l'appeler de manière ronflante syndrome de la série conceptuelle. Il n'y a qu'un seul symptôme, mais il est hélas largement suffisant pour plomber un programme dans son ensemble. Surtout, il présente en tout point l'aspect extérieur d'une bénédiction, ce qui le rend d'autant plus redoutable à éradiquer.
L'équation tient en peu de mots. Pendant très longtemps, les auteurs de séries françaises semblèrent incapables de trouver un concept qui en jette, du genre l'histoire d'un super médecin-détective spécialiste des diagnostiques, ou les aventures tragicomiques d'un mafieux dépressif - ce genre de truc. Depuis quelques années, ce problème est soldé. Sauf que les concepts ont un effet indésirable particulièrement dangereux : une fois qu'on les a trouvés, il faut les remplir. Maison close, un peu à la manière de la première saison d'Un village français, a trouvé le sien : le quotidien d'un bordel de luxe des années 1870. Elle a par-là même trouvé son contexte socio-politique (l'immédiat après-Commune), son esthétique (glacée et calfeutrée) et même une partie de son style (c'est un quasi huis clos). Tout cela, avouons-le, est fort bien. Mais malheureusement, cela ne fait pas tout. Le plus dur reste à faire. Le plus dur n'est que très partiellement fait.
Car de même que Mad Men ne raconte pas juste le quotidien de publicitaires des années soixante, Maison close ne peut, pour perdurer et surtout fédérer, se satisfaire de ne narrer que le quotidien des pensionnaires d'une maison close en 1871. Or, et c'est là que le bât blesse, passée son idée de départ Maison close ne raconte pas grand-chose. Il y a bien le destin de Rose, enrôlée de force au Paradis et tentant de s'y acclimater., auquel s'adjoint une quête de la mère dont l'originalité ne saute pas aux yeux. C'est peu, d'autant que ce personnage comme la plupart des autres est à peine esquissé. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir une ribambelles d'excellentes comédiennes pour donner chair (sans mauvais jeu de mot) à ce beau monde. Anne Charrier, Valérie Karsenti, Jemima West ou Blandine Bellavoir s'acquittent de leur tâche avec un évident talent, d'autant que leurs personnages, par définition ou presque, son condamnés à l'intériorité. Mais elles remplissent leur office dans le vide. Embryonnaire, l'intrigue met rien moins que cinq épisodes (sur seulement huit) à se dessiner. Le rythme est volontairement lent, et après tout pourquoi pas ? Le problème est que si filmer la routine peut être intéressant, cela ne peut constituer une fin en soi. Mad Men, réputée pour la minutie de sa reconstitution et l'extrême pesanteur de ses intrigues, a elle-même fini par accélérer au fil des épisodes. Deadwood est extrêmement contemplative, mais elle compense par la projection d'un univers décadent et spectaculaire, assorti de personnages extrêmement forts et charismatiques. The Tudors, qui s'assume pourtant clairement comme une série "historique", est construite sur le rythme d'un feuilleton moderne déroulant son récit tambour-battant. Maison close, sans doute volontairement, s'enlise dans la répétition et le train-train, et ce n'est pas la réalisation sagement académique qui va dynamiter tout ça. Car à quoi bon passer huit épisodes à raconter quelque chose qui tiendrait parfaitement dans un long-métrage de deux heures ?
Pourtant il y a de bonnes idées, et il serait idiot de faire semblant de ne pas le voir. Le premier épisode est des plus efficaces, en dépit de ficelles grosses comme des poteaux téléphoniques. Mais le vernis ne fait pas illusion très longtemps, et les scènes mi-dionysiaques mi-cauchemardesques émaillant ces cinquante premières minutes se font au fil des épisodes de plus en plus rares - et de moins en moins percutantes. C'est que voyons ! Nous sommes en France, pays de Zola, pays du réalisme à outrance, auquel il semble hélas que l'on n'ait pas fini de régler son compte (Les Funérailles du Naturalisme ne datent pourtant pas de la semaine dernière). Maison close fait beaucoup d'efforts pour ne pas être une énième série historique qualité France, mais plus elle essaie et moins elle y parvient. Plutôt que de tricoter une bande-son ridiculement décalée (et surtout très moche), au risque de virer à la crétinerie post-moderne (écueil que la série évite finalement... mais on a eu peur), il eut été plus judicieux d'accepter de s'éloigner de la somme documentaire et se dire que merde, dans le fond, on s'en moque que ce soit exactement montré comme c'était. Injecter un peu de romanesque, somme toute, histoire de remuer un chouïa le cocotier. C'est exactement la direction que la série semble prendre dans ses deux derniers épisodes, mais cela survient de telle manière que l'on assiste à une rupture stylistique brutale et assez perturbante. C'est que l'on sort alors de trois quarts de temps où Maison close, vendue par Canal comme une quasi-révolution, restait sagement dans les clous avec ses beaux passages misérabilistes sur la condition des pauvres prostituées. Oh bien sûr, on ne pourra pas reprocher à la série de pratiquer le racolage, de vendre du fantasme ou du cul facile. Mais filmer le sordide sans racolage n'est hélas pas le filmer sans complaisance (la scène du dépucelage de Rose est l'illustration parfaite de cela, et le fait qu'elle ait été l'objet d'une bien ridicule polémique ne change au rien au fait que dans l'absolue, elle demeure ratée).
Finalement comme trop souvent avec trop de séries françaises, on n'adhère qu'à moitié, incapable d'être de suffisamment mauvaise foi pour clamer que c'est nul (et ça ne l'est pas), mais incapable de s'oublier en regardant son programme. On a une pensée émue pour certains projets qui avaient tout bon et qui furent avortés pour quoi ? reculer ?... Oui, reculer. Dans ses six premiers épisodes au moins, Maison close constitue clairement un recul par rapport à la production française des dernières années (tout comme l'était Braquo, pour d'autres raisons). Comme presque toujours, on compte les points. Il y a tel défaut mais il y a telle qualité. Cette intrigue est lourde mais ce dialogue tient la route. Cette scène est grotesque mais la comédienne est vraiment bonne. Le feuilleton s'achève de manière totalement tirée par les cheveux (le coup du retournement à la Sarah Waters marche généralement beaucoup moins bien à l'écran) mais le traitement est plutôt efficace et cette absurdité, dans le fond, plus excitante que ce qui a précédé. Et ainsi de suite. C'est malheureusement souvent ça, l'amer constat concernant les séries hexagonales : elles ne sont pas nulles, comme le clament quelques abrutis ; elles ne sont pas géniales, comme veulent s'en convaincre leurs exégètes. Elles sont le plus souvent inégales, pétries de bonnes idées, parfois ambitieuses, mais péchant toujours quelque part, le plus souvent par manque de savoir faire plutôt que par manque de talent. En cela, Maison close a quelque chose d'un cas d'école.
Maison close (saison 1), créée par Jacques Ouaniche (Canal +, 2010)
C'est un problème bien de chez nous, que l'on commence à identifier mais dont on peine encore à dire exactement comment s'en départir. On pourrait l'appeler de manière ronflante syndrome de la série conceptuelle. Il n'y a qu'un seul symptôme, mais il est hélas largement suffisant pour plomber un programme dans son ensemble. Surtout, il présente en tout point l'aspect extérieur d'une bénédiction, ce qui le rend d'autant plus redoutable à éradiquer.
L'équation tient en peu de mots. Pendant très longtemps, les auteurs de séries françaises semblèrent incapables de trouver un concept qui en jette, du genre l'histoire d'un super médecin-détective spécialiste des diagnostiques, ou les aventures tragicomiques d'un mafieux dépressif - ce genre de truc. Depuis quelques années, ce problème est soldé. Sauf que les concepts ont un effet indésirable particulièrement dangereux : une fois qu'on les a trouvés, il faut les remplir. Maison close, un peu à la manière de la première saison d'Un village français, a trouvé le sien : le quotidien d'un bordel de luxe des années 1870. Elle a par-là même trouvé son contexte socio-politique (l'immédiat après-Commune), son esthétique (glacée et calfeutrée) et même une partie de son style (c'est un quasi huis clos). Tout cela, avouons-le, est fort bien. Mais malheureusement, cela ne fait pas tout. Le plus dur reste à faire. Le plus dur n'est que très partiellement fait.
Car de même que Mad Men ne raconte pas juste le quotidien de publicitaires des années soixante, Maison close ne peut, pour perdurer et surtout fédérer, se satisfaire de ne narrer que le quotidien des pensionnaires d'une maison close en 1871. Or, et c'est là que le bât blesse, passée son idée de départ Maison close ne raconte pas grand-chose. Il y a bien le destin de Rose, enrôlée de force au Paradis et tentant de s'y acclimater., auquel s'adjoint une quête de la mère dont l'originalité ne saute pas aux yeux. C'est peu, d'autant que ce personnage comme la plupart des autres est à peine esquissé. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir une ribambelles d'excellentes comédiennes pour donner chair (sans mauvais jeu de mot) à ce beau monde. Anne Charrier, Valérie Karsenti, Jemima West ou Blandine Bellavoir s'acquittent de leur tâche avec un évident talent, d'autant que leurs personnages, par définition ou presque, son condamnés à l'intériorité. Mais elles remplissent leur office dans le vide. Embryonnaire, l'intrigue met rien moins que cinq épisodes (sur seulement huit) à se dessiner. Le rythme est volontairement lent, et après tout pourquoi pas ? Le problème est que si filmer la routine peut être intéressant, cela ne peut constituer une fin en soi. Mad Men, réputée pour la minutie de sa reconstitution et l'extrême pesanteur de ses intrigues, a elle-même fini par accélérer au fil des épisodes. Deadwood est extrêmement contemplative, mais elle compense par la projection d'un univers décadent et spectaculaire, assorti de personnages extrêmement forts et charismatiques. The Tudors, qui s'assume pourtant clairement comme une série "historique", est construite sur le rythme d'un feuilleton moderne déroulant son récit tambour-battant. Maison close, sans doute volontairement, s'enlise dans la répétition et le train-train, et ce n'est pas la réalisation sagement académique qui va dynamiter tout ça. Car à quoi bon passer huit épisodes à raconter quelque chose qui tiendrait parfaitement dans un long-métrage de deux heures ?
Pourtant il y a de bonnes idées, et il serait idiot de faire semblant de ne pas le voir. Le premier épisode est des plus efficaces, en dépit de ficelles grosses comme des poteaux téléphoniques. Mais le vernis ne fait pas illusion très longtemps, et les scènes mi-dionysiaques mi-cauchemardesques émaillant ces cinquante premières minutes se font au fil des épisodes de plus en plus rares - et de moins en moins percutantes. C'est que voyons ! Nous sommes en France, pays de Zola, pays du réalisme à outrance, auquel il semble hélas que l'on n'ait pas fini de régler son compte (Les Funérailles du Naturalisme ne datent pourtant pas de la semaine dernière). Maison close fait beaucoup d'efforts pour ne pas être une énième série historique qualité France, mais plus elle essaie et moins elle y parvient. Plutôt que de tricoter une bande-son ridiculement décalée (et surtout très moche), au risque de virer à la crétinerie post-moderne (écueil que la série évite finalement... mais on a eu peur), il eut été plus judicieux d'accepter de s'éloigner de la somme documentaire et se dire que merde, dans le fond, on s'en moque que ce soit exactement montré comme c'était. Injecter un peu de romanesque, somme toute, histoire de remuer un chouïa le cocotier. C'est exactement la direction que la série semble prendre dans ses deux derniers épisodes, mais cela survient de telle manière que l'on assiste à une rupture stylistique brutale et assez perturbante. C'est que l'on sort alors de trois quarts de temps où Maison close, vendue par Canal comme une quasi-révolution, restait sagement dans les clous avec ses beaux passages misérabilistes sur la condition des pauvres prostituées. Oh bien sûr, on ne pourra pas reprocher à la série de pratiquer le racolage, de vendre du fantasme ou du cul facile. Mais filmer le sordide sans racolage n'est hélas pas le filmer sans complaisance (la scène du dépucelage de Rose est l'illustration parfaite de cela, et le fait qu'elle ait été l'objet d'une bien ridicule polémique ne change au rien au fait que dans l'absolue, elle demeure ratée).
Finalement comme trop souvent avec trop de séries françaises, on n'adhère qu'à moitié, incapable d'être de suffisamment mauvaise foi pour clamer que c'est nul (et ça ne l'est pas), mais incapable de s'oublier en regardant son programme. On a une pensée émue pour certains projets qui avaient tout bon et qui furent avortés pour quoi ? reculer ?... Oui, reculer. Dans ses six premiers épisodes au moins, Maison close constitue clairement un recul par rapport à la production française des dernières années (tout comme l'était Braquo, pour d'autres raisons). Comme presque toujours, on compte les points. Il y a tel défaut mais il y a telle qualité. Cette intrigue est lourde mais ce dialogue tient la route. Cette scène est grotesque mais la comédienne est vraiment bonne. Le feuilleton s'achève de manière totalement tirée par les cheveux (le coup du retournement à la Sarah Waters marche généralement beaucoup moins bien à l'écran) mais le traitement est plutôt efficace et cette absurdité, dans le fond, plus excitante que ce qui a précédé. Et ainsi de suite. C'est malheureusement souvent ça, l'amer constat concernant les séries hexagonales : elles ne sont pas nulles, comme le clament quelques abrutis ; elles ne sont pas géniales, comme veulent s'en convaincre leurs exégètes. Elles sont le plus souvent inégales, pétries de bonnes idées, parfois ambitieuses, mais péchant toujours quelque part, le plus souvent par manque de savoir faire plutôt que par manque de talent. En cela, Maison close a quelque chose d'un cas d'école.
Maison close (saison 1), créée par Jacques Ouaniche (Canal +, 2010)
Bon, je n'en attendais pas grand chose si ce n'est la critique sur le Golb. 3/6 chez toi ...
RépondreSupprimerJ'efface du DD directement.
Le golb = time saver, thank you, Thomas :-)
Super critique! J'ai vu des (gros) morceaux d'épisodes, donc je ne prétends pas donner un avis vraiment sérieux, mais j'ai trouvé ça vraiment mal réalisé et surtout très mal écrit, au niveau de l'intrigue général je ne sais pas, mais les dialogues... C'est surement facile de cracher violemment dessus, et ta critique mesurée est surement plus juste et pertinente, mais quand on voit le slogan prétentieux de canal + "créateur original de séries originales" et la grosse campagne de pub afférente, je pense que j'aurais pris moins de gants... Canal veut être le HBO français mais faut quand même plaire à son téléspectateur de base, le footeux. Bref, ça a même fait remonter Carlos dans mon estime du coup.
RépondreSupprimerTiens et réflexe d'interlignage, petite coquille à "reproche/reprocher"
C'est nul et les bonnes critiques "pros" sur cette série m'ont affligé. Canal a quand même un bon réseau et de bonnes amitiés pour que des journalistes sérieux et cultivés disent du bien d'une des plus mauvaises séries que Canal a jamais faites. Et paf.
RépondreSupprimerbon ça m'épargner du temps, ouf je commençais à saturer avec toutes ces séries et bouquins qui s'entassent. J'avais un gros doute quand j'ai vu les premiers extraits, je peus donc me plonger dans walking dead pour de bon
RépondreSupprimerC'est dommage car c'est vrai, il y a vraiment des trucs pas mal. Mais les scénaristes n'ayant pas souhaité écrire de scénario...
RépondreSupprimerPour rebondir sur ce que dis Boebis, s'il n'y avait que les dialogues qui péchaient, on sablerait le champagne ! Le problème c'est surtout que comme tout le monde l'a dit, cette série n'a rien à dire mais le dit quand même pendant huit heures, et de manière ô combien sentencieuse et stylisée. Je ne suis donc pas d'accord avec la conclusion : il n'y a pas chez Maison close un manque de savoir-faire, il n'y a justement que du savoir-faire et pas le début d'une idée ou d'une émotion.
RépondreSupprimerJe ne vois pas pourquoi la scène du viol (faut appeler un chat un chat) ne méritait pas la polémique. C'est de la complaisance sordide et une scène totalement inutile et insoutenable. Ce qui prouve une fois de plus que Canal se complait dans le glauque pour promouvoir ses séries. Du cul et du sang et vive les audiences!
RépondreSupprimerT's été généreux, je n'aurai mis qu'une diode...
RépondreSupprimerQuestion série historique, je vais plutôt rebâffrer Spartacus : Blood and Sand <3
Thierry & Diane >>> vous me connaissez, toujours prêt à rendre service !
RépondreSupprimerBoebis >>> je ne me sens pas trop de reprocher à Canal sa campagne promo - ce que beaucoup ont fait - parce que... les Américains font pareil. Avoir une vraie programmation française passe aussi, selon moi, par un véritable soutien promotionnel et la même armada promo qu'un HBO ou AMC (qui créent un buzz monstrueux des mois et des mois avant la diffusion, comme on l'a encore vu récemment avec Boardwalk Empire ou The Walking Dead, au point que l'on puisse parfois avoir l'impression - pas totalement fausse à mon avis - que certaines séries de ces chaînes sont proclamées "chefs-d'œuvre" avant même que quiconque les ai vues).
Serious & Lil' >>> là vous êtes carrément sévères...
Bloom >>> voilà.
Chloé >>> ouais enfin dans le genre grosse purge, Sparcatus et son demi-neurone pour tout le casting se pose là, quand même :-)
Jay >>> je ne suis absolument pas d'accord. D'une part, par "du cul et du sang", c'est carrément d'une autre série que tu parles (Spartacus ?). Ensuite je ne vois aucun problème avec cette scène de viol (appelle ça comme tu veux), mis à part qu'elle n'est ni très bien filmée ni très intense (encore heureux vu que même sans cela, elle a effrayé la ménagère... et toi, donc).
Ça me fait quand même bien marrer, parce que d'un côté les gens passent leur temps à se plaindre de ne pas avoir des séries françaises qui osent - sous-entendu comme les séries américaines - ... et de l'autre dès que l'une d'entre elles ose, elle se fait flinguer. Ah mais oui, c'est vrai : c'est inutile, et tout est dit.
Mais quand Vic Mackey écrase le visage d'Armadillo contre une plaque électrique, est-ce "utile" ? Quand Cy Tolliver éclate la gueule d'une jeune pute toute mimi à coups de poings, est-ce "utile" ? Quand Betty Draper se branle sur une machine à laver, est-ce "utile" ?
Pourquoi ce qui est trop cool chez les Américains devrait être choquant et glauque chez nous ? J'aimerais comprendre. Je préfère que Maison close ne la joue pas "couvrez ce sein que je ne saurais voir" et tente, quitte à foirer. Les séries françaises ne pourront jamais "s'épanouir" si chaque fois qu'elles mettent le doigt là où ça fait chouiner la ménagère on lit des commentaires comme le tien. La meilleure scène de toute la série est d'ailleurs probablement l'exécution ratée de Pierre dans le dernier épisode, à la fois sordide, violente et complètement burlesque.
"Mais filmer le sordide sans racolage n'est hélas pas le filmer sans complaisance"
RépondreSupprimerje n'ai pas compris cette phrase. ca m'intéresse, car j'avais justement l'impression que Canal racolait à mort avec la promo de cette série...
Basiquement on pourrait dire que la différence est la même qu'entre "faire plaisir" et "se faire plaisir" :-)
RépondreSupprimerBon alors je dois être le seul, mais moi j'ai plutôt bien aimé. Les comédiennes sont très bien, l'ambiance est assez particulière. L'histoire bon, pas géniale, mais pas nulle non plus. Un bon moment.
RépondreSupprimerMoi aussi j'ai assez aimé. Je trouve aussi que les comédiennes sont vraiment bien, l'ambiance est assez décadente et reflète bien une certaine idée de la femme qu'on eu beaucoup d'hommes à une autre époque et qui malheureusement perdure chez quelques uns encore aujourd'hui.
RépondreSupprimerOk la fin est nullissime.
Je serais curieuse de voir ce qu'on pourrait imaginer comme saison 2...
Ça ne serait que mieux et plus original, puisque la fin de la saison 1 rompt avec le réalisme (de manière à mon sens très brutale). Donc on aurait sans doute une série tentant de se rapprocher de Deadwood, qui est son modèle le plus évident.
RépondreSupprimerJe suis du même avis que toi. Autant l'esthétique peut être bien, les filles jolies et bonnes actrices, autant les scénaristes n'ont pas le talent de Ronald D. Moore (Battlestar Galactica) ou de Joss Whedon (buffy, firefly) pour créer des personnages féminins à égalité avec les hommes.
RépondreSupprimerNon, 8 épisodes où les femmes ne sont que des putes au services de ces messieurs (voire de ces dames), qui ne peuvent espérer se libérer de leur condition et qui ne le souhaitent d'ailleurs pas à de rares exceptions (ratées et en plus lorsqu'elles veulent quitter leur bordel c'est pour dépendre de quelqu'un d'autre). Au lieu de créer un personnage qui pourrait incarner ce qu'est la liberté en dehors de toute dépendance ou appartenance à un mec ou un mac (type calamity jane ou starbuck), les épisodes se suivent et insufflent l'idée saugrenue que la femme, la pute, peut à loisir se faire posséder par tous les trous, tant qu'elle contrôle tout avec son cerveau, elle est le boss. Du grand nimporte quoi. Ou une tragédie mal expliquée, étant donné que la plupart des personnages féminins ont à un moment ou un autre la possibilité de se casser (physiquement), et qu'aucune ne le fait. Et pas parce que c'est pire ailleurs. Non. Parce que on sait pas.
Mais ça, à la limite, ce n'est pas forcément absurde. Parce qu'à l'époque les putains dans les maisons closes ne rêvaient pas toutes de s'enfuir (c'était même plutôt l'inverse : elles y trouvaient une position sociale qu'elles ne trouvaient pas à l'extérieur). Donc cet espèce de duel intérieur, entre l'envie de partir et de rester, qu'on retrouve surtout très bien dans le personnage de Véra, ça ne m'a pas choqué plus que ça.
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerParce que tu es un homme. De tous temps et en tous lieux, il y a toujours eu des femmes différentes, qui se battaient pour être l'égale des hommes, avec ou sans la conscience de le faire.
RépondreSupprimer- calamity jane (1853-1906), même période, et de ce qu'on en connait, très libre pour cette époque
- olympe de gouges (1748-1793), 100 ans avant donc, s'est battue pour les droits des femmes
Y'en a des dizaines d'exemples connus comme ceux là, des milliers sans doute non connus.
Toi tu pars du principe qu'à cette époque c'était comme ça en grande majorité.
Moi je dis que quand je regarde une série, je ne suis pas intéressée par la majorité, mais par des personnages d'exception. Je ne souhaite pas voir un documentaire de ce qu'il s'est probablement passé, je souhaite voir une histoire extraordinaire de ce qu'il pouvait se passer à l'époque, afin de pouvoir le transposer aujourd'hui, et me dire que tout est toujours possible, en tous temps et en tous lieux. C'est pour ça que j'aime Joss Whedon.
Alors là, tu me déçois un peu. Tu crois que les hommes ne savent pas qui sont Calamity Jane ou Olympe de Gouges ? Tu crois que les hommes ne se sont jamais intéressés au féminisme ou à l'évolution du statut (ou de l'image) de la femme à travers les siècles ? Quand même, nous sommes en 2010... :-)
RépondreSupprimerPour revenir à Maison close je comprends bien ton point de vue ; mais ce qui est amusant, c'est que tout en ayant le point de vue contraire, je n'aime pas plus la série !!! :-)
Je m'explique : en ce qui me concerne je trouve qu'il n'est pas très intéressant, dans le cadre d'une fiction historique, d'inventer des destins "exceptionnels". Attention : je ne dis pas qu'il faut être hyper réaliste et appliqué (au contraire). Je rebondis sur ce que tu dis des personnages. C'est - à mon avis bien sûr - une facilité narrative, parce que l'on raccroche ainsi de manière très commode le personnage au public contemporain, donc on flatte ce dernier, et finalement on ne dit plus grand-chose à la fin. Plutôt que de dire quelque chose de notre époque au travers du passé, on se contente de dire ce que notre époque veut entendre. C'est le syndrome des vétérans du Viêt Nam. Des milliers de séries, de films, de livres US mettent en scène des vétérans du Viêt Nam, même quand ça n'a rien à voir avec le sujet, on jurerait parfois qu'il y a un quota de vétérans du Viât Nam dans les productions américaine. Or c'est une distorsion totale de la réalité, car la vérité c'est que des vétérans du Viêt Nam, aux USA, il y en a relativement peu (j'ai oublié le pourcentage sur une classe d'âge, mais je me souviens qu'il est infime). Mais à force de chercher le destin exceptionnel, on a fini par inventer un cliché de toute pièce, à partir d'un truc ultra-minoritaire. L'autre exemple évident, c'est, en France, le syndrome du Résistant : on a écrit, tourné, réalisé un milliard d'histoires sur de courageux résistants pendant la guerre. Le hic, c'est que des résistants, pendant l'occupation, il y en avait en fait très peu. Alors c'est séduisant de vouloir montrer des destins exceptionnels, mais selon moi cela n'apporte pas grand-chose, sinon à terme une vision totalement déformée du passé. C'est un point de vue discutable, et on pourrait le discuter longtemps :-)
(j'ajouterais que tu parles de Joss Whedon, mais que précisément Joss Whedon - que j'adore aussi - ne fait pas de trucs historiques... quand tu t'attaques à un ouvrage historique j'imagine que tu attaques des ambitions assez différentes)
Là où je ne suis pas du tout d'accord avec toi, c'est que justement pour moi, Rose est ce que tu appelles "un destin exceptionnel". J'ai pas mal étudié le sujet autrefois (en fait j'étudiais cette période, je ne suis pas spécialiste des maisons closes... mais je connais un peu tout de même), et pour moi Rose n'a strictement RIEN de représentatif des femmes que l'on trouvait dans les maisons closes de l'époque. Rose, c'est un personnage contemporain, une énième variation sur la fille victime-traumatisée-mais-rebelle-qui-a-sa-vengeance-à-la-fin... bref ce n'est vraiment la putain de l'image d'Épinal.
Bref ! un long commentaire pour dire que quand même, cette série est bien ratée. En ayant des aspirations totalement opposées, on aurait pu croire qu'au moins l'un de nous deux serait satisfait... eh bien non. C'est raté. Ce que je comprends car dans le fond, je me demande ce qui peut plaire dedans.
Ah ah ah.
RépondreSupprimerJe relis mon commentaire et je me dis que les mots nous font souvent dire tout autre chose que ce que l'on pense.
Bien loin de moi l'idée de penser que les hommes ne connaissent pas calamity jane ou olympe de gouges.
Je répondais à ton "ça ne m'a pas choqué plus que ça" par mon "parce que tu es un homme". Parce que c'est vrai qu'en tant que femme, putain qu'est-ce que tous ces personnages féminins m'ont semblé chiants et fades, et à l'heure où on parle de ré-ouvrir les maisons closes, faire une série où c'est présenté comme un moyen trop cool de gagner sa vie tant qu'on contrôle tout dans sa tête, ça ne m'a pas plu.
Après quelques recherches google, je suis tombée sur ton article, très intéressant au demeurant, et sur celui ci qui décrit comment s'est construit le scénario : http://www.a-suivre.org/levillage/article.php3?id_article=2175 (ce qui explique pas mal de choses) et un autre que j'ai perdu qui faisait un parallèle avec l'historique et qui expliquait entre autre que si la plupart des faits historiques décrits dans la série sont vrais, ils en sont très adoucis (par exemple les visites chez le docteur se faisaient dans des conditions plus misérables, et surtout à cette époque seules les femmes pouvaient tenir des maisons closes, ce qui remettait en question le fait qu'elle appartenait au frère...)
Quand j'étais plus jeune et qu'internet n'existait pas, il passait une série sur la deux : l'équipée du poney express. Je ne sais pas si tu la regardais, mais ça retraçait un fait historique avec beaucoup de libertés certes, mais des personnages intéressants, et des femmes pas gnan-gnan.
Parce que pour moi, ce personnage de Rose, qui apparemment était l'idée de départ de la série (super glauque comme idée de base déjà), il est foiré. Son mec vient racheter sa dette, elle préfère rester pute (v'la la logique); son boss lui signe les papiers pour que le bordel lui appartienne, elle préfère jouer la macasse plutôt que de tout vendre et de s'offrir un nouveau départ.
Quand à Vera, elle est libre et elle retourne dans le bordel.
Angèle se fait tabasser pile poil le jour où elle va s'enfuir avec la bénédiction de la macasse.
Cette dernière pourrait partir incognito avec l'argent d'une soirée fructueuse, mais elle préfère rester.
Quand je parlais de personnages d'exception ou d'histoire extraordinaire, je ne cherche pas à voir des héroines ou des super héroines. Je ne sais pas ce que je cherchais à voir à vrai dire. Ce devait être LA série à ne pas louper.
Nos avis ne sont pas divergents, je suis d'accord avec les tiens, et en plus des tiens, je trouve que les personnages féminins sont particulièrement ratés (les masculins le sont tout autant, mais ça m'a moins dérangée).
De toutes façons en séries françaises je n'aime que "les bleus", et je reste très étonnée par le sabordage qu'en a fait M6.
Bref, je vais quand même lire d'autres articles de ton blog, on ne va pas dépenser notre énergie et notre fougue sur un truc qui n'en vaut pas la peine ;o)
Bon alors dans ce cas, je m'en tiens à ta conclusion :-)
RépondreSupprimer(mais sinon je suis quand même d'accord pour dire que le personnage de Rose suit une évolution au minimum très bizarre ^^)
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