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Ça devient vraiment ridicule, cette histoire d’occupation de la scène. Vous n’êtes pas obligés de nous croire, mais initialement nous n’avions pas prévu de faire un triptyque sur le sujet. C’est venu tout seul, un running gag qui était là malgré notre mauvais esprit naturel. Là, tout tassé devant le mur d’amplis et d’instrus au milieu de la scène, et même si on suppute que ce n’est pas de sa faute, Edgar Pilot pousse involontairement la plaisanterie jusqu’à son paroxysme. Impossible de ne pas rire en voyant cela. Ce qui n’a, précisons-le, aucun rapport direct avec leur prestation, honnête et assez efficace dans le genre big-rock seventies. Rien de très original, de très personnel ni de très marquant, mais du solide, par des mecs qui ne sont de toute évidence pas des manchots. De manière générale, la qualité de la sélection locale aura été appréciable. Au moins maintenant, on sait que Boulogne rocke et rolle, ce qui n’allait pas forcément de soi il y a quelques jours.
Laissons ensuite notre running gag favori de côté le temps de la prestation de James Blackshaw ; pour occuper l’espace, le Britannique était disqualifié d’office, vu qu’il joue seul (!), assis (oh !) et en chaussons (oh !!!) de la guitare acoustique douze cordes (double ooooh !!!!!). Si l’on ajoute que sa musique se veut instrumentale et contemplative, vous aurez compris de vous-mêmes de quoi il retournait. Quelques heures après que Pierre Mikaïloff nous a régalés d’une conférence sur le punk, ouverte par le remarquable documentaire de Don Letts, Punk Attitude… James Blackshaw vient donc nous rappeler que trente-trois ans plus tard, la masturbation guitaristique a encore de beaux restes. Mention spéciale aux passages dans lesquels le guitare-héraut fait montre de son incommensurable virtuosité en jouant à une seule main (ceci n’est pas un jeu de mots), ce qu’on applaudirait avec joie si ce n’était relativisé par le fait qu’au bout de trois morceaux interminables, on a l’impression de toujours entendre le premier. Pénible, et qui plus est si totalement dépourvu de charisme et de présence scénique que l’on ne comprend même pas l’intérêt de proposer des concerts de ce qui n’est, au mieux, qu’une aimable bande-son pour apéritifs bobos.
On est bête, aussi, faut dire. L’intérêt, c’est surtout que James Blackshaw, comme par hasard, est signé sur Young God Records, label mythique du non moins mythique Michael Gira. Lequel nous démontrera moins d’une demi-heure plus tard que lui aussi, il adore se caresser.
Le problème des Swans, c’est sans doute et avant tout qu’ils sont l’un des plus grands groupes des trente dernières années, et qu’ils viennent de publier un album absolument extraordinaire, à faire rougir de honte des groupes bien plus jeunes et vigoureux. On attend donc beaucoup. Voire plus : on attend qu’ils nous offrent un sublime orgasme, sinon plusieurs, plutôt que de s’exhiber en train de se masturber égoïstement (ce qui peut être excitant, au demeurant). Or il faut bien reconnaître qu’entre l’intro de presque vingt minutes de "No Words/No Thoughts", qui plus est matraquée à un volume sonore à la limite de la résistance humaine, et les morceaux mettant quatre minutes à se terminer sur les deux mêmes notes répétées jusqu’à l’écœurement… les légendes vivantes furent plus souvent dans l’auto-érotisme que dans le coït. Si l’on ajoute à cela une longue interruption parce que le groupe a fini par « faire péter le son » (ce sont les mots de Gira – nous étions trop loin pour en savoir plus), difficile de ne pas en sortir avec un sentiment mitigé. Et pourtant, lorsqu’il ne pratiquait pas cet onanisme bruyant et malgré tout assez élégant, le groupe aura été plutôt sublime. Sauvage, intense, porté un Gira totalement habité et un Thor Harris impérial jusqu’au bout du carillon. Ce fut noir, ce fut lourd, ce fut abrasif. Ce fut bon, là où l’on attendait du grandiose en conclusion d’un festival qui avait placé la barre très haut dès la première soirée.
Ça devient vraiment ridicule, cette histoire d’occupation de la scène. Vous n’êtes pas obligés de nous croire, mais initialement nous n’avions pas prévu de faire un triptyque sur le sujet. C’est venu tout seul, un running gag qui était là malgré notre mauvais esprit naturel. Là, tout tassé devant le mur d’amplis et d’instrus au milieu de la scène, et même si on suppute que ce n’est pas de sa faute, Edgar Pilot pousse involontairement la plaisanterie jusqu’à son paroxysme. Impossible de ne pas rire en voyant cela. Ce qui n’a, précisons-le, aucun rapport direct avec leur prestation, honnête et assez efficace dans le genre big-rock seventies. Rien de très original, de très personnel ni de très marquant, mais du solide, par des mecs qui ne sont de toute évidence pas des manchots. De manière générale, la qualité de la sélection locale aura été appréciable. Au moins maintenant, on sait que Boulogne rocke et rolle, ce qui n’allait pas forcément de soi il y a quelques jours.
Laissons ensuite notre running gag favori de côté le temps de la prestation de James Blackshaw ; pour occuper l’espace, le Britannique était disqualifié d’office, vu qu’il joue seul (!), assis (oh !) et en chaussons (oh !!!) de la guitare acoustique douze cordes (double ooooh !!!!!). Si l’on ajoute que sa musique se veut instrumentale et contemplative, vous aurez compris de vous-mêmes de quoi il retournait. Quelques heures après que Pierre Mikaïloff nous a régalés d’une conférence sur le punk, ouverte par le remarquable documentaire de Don Letts, Punk Attitude… James Blackshaw vient donc nous rappeler que trente-trois ans plus tard, la masturbation guitaristique a encore de beaux restes. Mention spéciale aux passages dans lesquels le guitare-héraut fait montre de son incommensurable virtuosité en jouant à une seule main (ceci n’est pas un jeu de mots), ce qu’on applaudirait avec joie si ce n’était relativisé par le fait qu’au bout de trois morceaux interminables, on a l’impression de toujours entendre le premier. Pénible, et qui plus est si totalement dépourvu de charisme et de présence scénique que l’on ne comprend même pas l’intérêt de proposer des concerts de ce qui n’est, au mieux, qu’une aimable bande-son pour apéritifs bobos.
On est bête, aussi, faut dire. L’intérêt, c’est surtout que James Blackshaw, comme par hasard, est signé sur Young God Records, label mythique du non moins mythique Michael Gira. Lequel nous démontrera moins d’une demi-heure plus tard que lui aussi, il adore se caresser.
Le problème des Swans, c’est sans doute et avant tout qu’ils sont l’un des plus grands groupes des trente dernières années, et qu’ils viennent de publier un album absolument extraordinaire, à faire rougir de honte des groupes bien plus jeunes et vigoureux. On attend donc beaucoup. Voire plus : on attend qu’ils nous offrent un sublime orgasme, sinon plusieurs, plutôt que de s’exhiber en train de se masturber égoïstement (ce qui peut être excitant, au demeurant). Or il faut bien reconnaître qu’entre l’intro de presque vingt minutes de "No Words/No Thoughts", qui plus est matraquée à un volume sonore à la limite de la résistance humaine, et les morceaux mettant quatre minutes à se terminer sur les deux mêmes notes répétées jusqu’à l’écœurement… les légendes vivantes furent plus souvent dans l’auto-érotisme que dans le coït. Si l’on ajoute à cela une longue interruption parce que le groupe a fini par « faire péter le son » (ce sont les mots de Gira – nous étions trop loin pour en savoir plus), difficile de ne pas en sortir avec un sentiment mitigé. Et pourtant, lorsqu’il ne pratiquait pas cet onanisme bruyant et malgré tout assez élégant, le groupe aura été plutôt sublime. Sauvage, intense, porté un Gira totalement habité et un Thor Harris impérial jusqu’au bout du carillon. Ce fut noir, ce fut lourd, ce fut abrasif. Ce fut bon, là où l’on attendait du grandiose en conclusion d’un festival qui avait placé la barre très haut dès la première soirée.