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Un truc que je n'ai jamais compris depuis presque deux décennies que je lis de la fantasy, c'est ce besoin étrange, maladif et souvent contre-productif que peuvent avoir des auteurs spécialisés dans les grandes sagas de centaines/milliers de pages de s'essayer à l'art délicat de la nouvelle. Envie de se changer les idées ? De s'évader ? De capitaliser sur leur succès du moment en publiant des textes plus rapidement finalisés que leurs oeuvres majeures ? Il y a sans doute un peu trois. Ou rien de tout cela et la véritable raison m'échappe. Peu importe : cela demeure toujours quelque chose d'assez perturbant.
George R.R. Martin a beau être l'auteur du cycle de fantasy le plus fascinant des quinze dernières années, il ne fait pas exception à cette curieuse règle. C'est d'autant plus troublant dans son cas qu'à la lecture de sa chanson de glace et de feu, on a réellement le sentiment que cet écrivain en particulier ne sait s'épanouir que sur une forme longue - pour ne pas dire le cas échéant très longue. On entre donc dans The Hedge Knight avec un mélange de gourmandise et d'inquiétude. Gourmandise parce que ces deux courts récits entendent raconter des histoires se déroulant dans le même univers que le susnommée série, quelques siècles plutôt. Inquiétude parce que l'on voit mal ce que cela pourrait apporter.
De fait, on se rend rapidement compte que cela n'apporte rien. Pire : ça enlève (si j'ose dire). Un esprit taquin (vous savez que ce n'est pas le genre de la maison) pourrait même sans peine démontrer que tout ce qui est génial dans A Song of Ice & Fire ne figure pas au générique de The Hedge Knight. Les intrigues complexes et sinueuses ? Sur si peu de pages, on n'osait même pas en rêver. Les personnages aux multiples facettes, fascinants jusque dans leurs pires travers ? Martin n'a aucunement le temps de les développer. Les architectures narratives étourdissantes ? Vous avez déjà vu une chambre de bonne réaliser des prouesses en matière d'architecture, vous ?
Dans The Hedge Knight, il n'y a guère que le style impeccable de l'auteur pour convaincre le lecteur d'aller jusqu'au bout de récits de fantasy assez bateaux, sans grande originalité et même relativement manichéens. Hormis le plaisir de retrouver des noms connus (les lieux, les grandes maisons aristocratiques), le fait que les "intrigues" (guillemets obligatoires) se déroulent dans l'univers des Sept Couronnes n'a même pas vraiment d'intérêt, l'auteur ne semblant pas s'être dit que c'était l'occasion ou jamais de lever un coin de voile sur ses (innombrables) mystères. On lui souhaite de s'être bien amusé quand même. Pour le lecteur, c'était assez emmerdant.
The Hedge Knight, George R.R. Martin (2005)
Un truc que je n'ai jamais compris depuis presque deux décennies que je lis de la fantasy, c'est ce besoin étrange, maladif et souvent contre-productif que peuvent avoir des auteurs spécialisés dans les grandes sagas de centaines/milliers de pages de s'essayer à l'art délicat de la nouvelle. Envie de se changer les idées ? De s'évader ? De capitaliser sur leur succès du moment en publiant des textes plus rapidement finalisés que leurs oeuvres majeures ? Il y a sans doute un peu trois. Ou rien de tout cela et la véritable raison m'échappe. Peu importe : cela demeure toujours quelque chose d'assez perturbant.
George R.R. Martin a beau être l'auteur du cycle de fantasy le plus fascinant des quinze dernières années, il ne fait pas exception à cette curieuse règle. C'est d'autant plus troublant dans son cas qu'à la lecture de sa chanson de glace et de feu, on a réellement le sentiment que cet écrivain en particulier ne sait s'épanouir que sur une forme longue - pour ne pas dire le cas échéant très longue. On entre donc dans The Hedge Knight avec un mélange de gourmandise et d'inquiétude. Gourmandise parce que ces deux courts récits entendent raconter des histoires se déroulant dans le même univers que le susnommée série, quelques siècles plutôt. Inquiétude parce que l'on voit mal ce que cela pourrait apporter.
De fait, on se rend rapidement compte que cela n'apporte rien. Pire : ça enlève (si j'ose dire). Un esprit taquin (vous savez que ce n'est pas le genre de la maison) pourrait même sans peine démontrer que tout ce qui est génial dans A Song of Ice & Fire ne figure pas au générique de The Hedge Knight. Les intrigues complexes et sinueuses ? Sur si peu de pages, on n'osait même pas en rêver. Les personnages aux multiples facettes, fascinants jusque dans leurs pires travers ? Martin n'a aucunement le temps de les développer. Les architectures narratives étourdissantes ? Vous avez déjà vu une chambre de bonne réaliser des prouesses en matière d'architecture, vous ?
Dans The Hedge Knight, il n'y a guère que le style impeccable de l'auteur pour convaincre le lecteur d'aller jusqu'au bout de récits de fantasy assez bateaux, sans grande originalité et même relativement manichéens. Hormis le plaisir de retrouver des noms connus (les lieux, les grandes maisons aristocratiques), le fait que les "intrigues" (guillemets obligatoires) se déroulent dans l'univers des Sept Couronnes n'a même pas vraiment d'intérêt, l'auteur ne semblant pas s'être dit que c'était l'occasion ou jamais de lever un coin de voile sur ses (innombrables) mystères. On lui souhaite de s'être bien amusé quand même. Pour le lecteur, c'était assez emmerdant.
The Hedge Knight, George R.R. Martin (2005)
Mais c'est un comic-book, non ?
RépondreSupprimerIl a peut-être été adapté en comic-book après, je ne sais pas, en tout cas mon édition est bien un paperback "normal"...
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