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On en revient encore aux bêtes, bah oui - mais que voulez-vous ? Il faut bien appeler un chat un chat, et saluer des chiens de guerre lorsqu'on en croise un détachement. Dans le genre commando, I Love UFO se pose-là, et son général impressionne tant par sa présence scénique que par une prestation vocale par instants étourdissante, comme si Nick Cave avait rejoint un groupe de heavy (on a une pensée émue pour Grinderman et son dernier album pépère ; on n'a pas été les voir sur scène, mais on doute sérieusement qu'ils offrent quoi que ce soit égalant en puissance un 'Die with the Snake' ou un 'Trouble'). On ne sait d'ailleurs si l'on doit regretter qu'emporté par sa propre énergie, le groupe accumule les approximations dans la seconde moitié du concert. L'intensité et la violence finissent par avoir raison de la précision instrumentale - n'est-ce pas justement cela le rock'n'roll ? On a failli aller poser la question à Scott Kelly, qui juste à côté de nous scrutait le spectacle sans qu'on puisse jamais décrypter ses pensées. Etait-il en train de prendre - comme nous - une formidable claque, ou bien se demandait-il simplement qui étaient ces grands malades ?
Il y a les vantards et il y a les autres. Quand I Love UFO publie un album au titre objectivement ridicule, Dirty Animals, on n'a bizarrement pas envie d'en rire. Et l'on sent bien que la sauce à laquelle on va être mangé risque d'être épicée. Du dirty animal, il y en a de toute évidence chez Butch McKoy, lorsqu'il foule la scène du Glazart et donne le LA d'un set en apesanteur, très hardcore durant les premiers instants (monstrueux 'Like in the Movies' en ouverture), puis de plus en plus psychédélique et inclassable au fil des morceaux. Le groupe ne le sait pas mais il nous rassure, tant on avait été interloqué par le dernier album, séduisant mais un peu trop lourd à notre goût. Pas assez fluide, trop gratuitement bourrin par instants. Sur scène, I Love UFO n'a heureusement rien perdu de sa sauvagerie ni de son groove ; quasiment tous les morceaux de Dirty Animals seront trois fois supérieurs à leurs pendants studio - c'était le moins que l'on pusse attendre de telles bêtes de scènes.
Lorsque vient son tour de fouler la scène, on n'a pas plus de réponse mais on sent immédiatement que l'on a changé de monde. Le metal/hardcore alternatif d'I Love UFO cède la place au doom très traditionnel, limite traditionaliste de Shrinebuilder. Marrant d'ailleurs que ces gens s'illustrent dans un registre ultra-balisé, alors qu'avec un Neurosis, un Om, un Melvins et un Obsessed, on tient théoriquement une dream-team de mecs ayant passés les vingt-cinq dernières années (un peu plus, même) à repousser les frontières du heavy. Sauf que là, non : Shrinebuilder, c'est du stoner/doom tout ce qu'il a de plus basique (on n'a pas dit "banal", hein), particulièrement efficace sur disque et par instants légèrement pénible sur scène. Il faut dire que réussir à aligner trois chanteurs dont pas un ne fait le taf relève de la performance. Autant on adore Scott Kelly tout seul avec sa guitare, autant là, il fait peine à voir dans les passages les plus gutturaux. Faut-il s’en plaindre ? Dans le fond et même si l'album éponyme de Shrinebuilder est très bon, on était surtout venus pour I Love UFO et son heavy hybride, bruyant et en montagnes russes. Niveau émotions fortes, on avait sans doute déjà largement notre compte, et si Shrinebuilder ne nous enthousiasma pas plus que cela, l'honnêteté oblige à noter qu'aucun groupe succédant à Butch et ses chiens de guerre n'y serait parvenu.