[Article précédemment paru sur Interlignage] Un jour ou l’autre il y aura un retour de bâton. Nos lecteurs finiront bien par nous faire payer cette année 2010 durant laquelle nous n’aurons eu de cesse de les tanner avec tous ces groupes belges dont il n’ont rien à foutre. Ou bien les groupes suisses nous boycotteront au moment de leurs passages en France. Ou nous serons mis en demeure par la CLLI (Confédération des Lecteurs Luxembourgeois d’Interlignage) de parler longuement de leur production nationale, aussi.
En attendant ce jour inévitable où nous devront rendre des comptes, réjouissons-nous, puisque Miam Monster Miam est de retour, accompagné pour l’occasion d’une bandes de terroristes garages répondant à l’à moitié doux nom de Loved Drones. Une Femme plastique en réponse à cet Homme libellule qui donnait son titre au précédent album, pour une suite presque logique au travail de rudimentarisation de la pop auquel le gaillard se livre depuis quelques années maintenant. Après une triplette d’albums parfaits en tant que musicien et/ou producteur (Phantom feat. Marie France, le dernier Jacques Duvall et Phantom feat. Lio), le temps était sans doute venu de remettre le couvert sous son propre nom (enfin, pseudonyme, Miam n’étant pas, vous l’aurez deviné, le patronyme du fils de Monsieur Monster et de Madame Miam-épouse-Monster).
Et pourtant malgré l’a priori archi-positif présidant à son écoute, Femme plastique nous aura fait une belle frayeur. C’est que l’album s’ouvre une intro franchement atroce, rappelant le pire hard des années 80. Un leurre, heureusement, qui ne trompera que ceux de nos confrères n’écoutant pas les albums jusqu’au bout (mais non bien sûr : ils n’existent pas). On pourrait même se dire, avec un esprit un peu pervers, que Benjamin Schoos a décidé de faire l’inverse de tous les autres, plaçant tous les meilleurs morceaux dans la seconde moitié de l’ouvrage. On pourrait mais on ne le fera pas, car ce serait entendre qu’un titre comme "Le Roi des paranos" (en piste trois) manquerait de quelque manière que ce soit d’efficacité. Ce qui est faux : l’entrée en matière est particulièrement incisive, entre une chanson éponyme évoquant le meilleur Jad Wio et un "Blues Automatik" à la rythmique impeccable.
Ce qui est vrai en revanche, c’est que Femme plastique est un album vicieux, que se livre moins immédiatement que ce que son registre (rock plutôt garage, pop plutôt power) laisse théoriquement supposer. Comme quoi les préliminaires ne sont pas toujours le mieux, puisque c’est bien une fois dans le feu de l’action – c’est-à-dire très précisément l’imparable "Der Computer nr3" – que l’on prend le plus de plaisir. L’on se régale alors ici d’une ballade cosmique ("Je vois dans le noir", le genre de morceau que Daniel Darc ne parvient plus à faire depuis quinze ans), d’un blues un peu moins automatique mais nettement plus hypnotique ("Charleroi 2015") ou d’une des ces comptines simili-gainsbouriennes dont peu maîtrisent la recette ("Drôle d’époque pour les ventriloques").
Comme toujours l’ensemble est excellemment produit, et c’est peut-être finalement ce qui frappe le plus : au gré d’albums pluriels et presque toujours réussis, pas forcément les siens en premier lieu, du reste, Miam Monster Miam a fini par développer un son à nul autre pareil – reconnaissable quasiment dès la première note. Les références affluent mais Schoos ne sonne jamais que comme lui-même, genre de cousin belge de Burgalat, qui lui aussi serait parvenu à rassembler pléthore de talents autour d’un style et d’une esthétique. On attend chaque nouvelle livraison avec impatience, on a envie de découper les pochettes pour les afficher dans le salon (1), on se repasse les albums jusqu’à plus soif et l’on tente de convertir les copains, bien conscient que nous sommes encore trop peu de fidèles dans cette Église garage, pop et classy. Généralement, c’est à ce moment précis de la réflexion que l’on bondit sur le clavier, et qu’on décide d’aller un peu évangéliser les foules.
Femme plastique, de Miam Monster Miam & Les Loved Drones (2010)
(1) Il faut reconnaître, hélas, que ce très bon Femme plastique est affligé de ce qui est peut-être la pire pochette de toute l’histoire de Freaksville… en même temps nous sommes 2010 : « Pochettes hideuses pour disques virtuels » pourrait être le slogan annuel.
En attendant ce jour inévitable où nous devront rendre des comptes, réjouissons-nous, puisque Miam Monster Miam est de retour, accompagné pour l’occasion d’une bandes de terroristes garages répondant à l’à moitié doux nom de Loved Drones. Une Femme plastique en réponse à cet Homme libellule qui donnait son titre au précédent album, pour une suite presque logique au travail de rudimentarisation de la pop auquel le gaillard se livre depuis quelques années maintenant. Après une triplette d’albums parfaits en tant que musicien et/ou producteur (Phantom feat. Marie France, le dernier Jacques Duvall et Phantom feat. Lio), le temps était sans doute venu de remettre le couvert sous son propre nom (enfin, pseudonyme, Miam n’étant pas, vous l’aurez deviné, le patronyme du fils de Monsieur Monster et de Madame Miam-épouse-Monster).
Et pourtant malgré l’a priori archi-positif présidant à son écoute, Femme plastique nous aura fait une belle frayeur. C’est que l’album s’ouvre une intro franchement atroce, rappelant le pire hard des années 80. Un leurre, heureusement, qui ne trompera que ceux de nos confrères n’écoutant pas les albums jusqu’au bout (mais non bien sûr : ils n’existent pas). On pourrait même se dire, avec un esprit un peu pervers, que Benjamin Schoos a décidé de faire l’inverse de tous les autres, plaçant tous les meilleurs morceaux dans la seconde moitié de l’ouvrage. On pourrait mais on ne le fera pas, car ce serait entendre qu’un titre comme "Le Roi des paranos" (en piste trois) manquerait de quelque manière que ce soit d’efficacité. Ce qui est faux : l’entrée en matière est particulièrement incisive, entre une chanson éponyme évoquant le meilleur Jad Wio et un "Blues Automatik" à la rythmique impeccable.
Ce qui est vrai en revanche, c’est que Femme plastique est un album vicieux, que se livre moins immédiatement que ce que son registre (rock plutôt garage, pop plutôt power) laisse théoriquement supposer. Comme quoi les préliminaires ne sont pas toujours le mieux, puisque c’est bien une fois dans le feu de l’action – c’est-à-dire très précisément l’imparable "Der Computer nr3" – que l’on prend le plus de plaisir. L’on se régale alors ici d’une ballade cosmique ("Je vois dans le noir", le genre de morceau que Daniel Darc ne parvient plus à faire depuis quinze ans), d’un blues un peu moins automatique mais nettement plus hypnotique ("Charleroi 2015") ou d’une des ces comptines simili-gainsbouriennes dont peu maîtrisent la recette ("Drôle d’époque pour les ventriloques").
Comme toujours l’ensemble est excellemment produit, et c’est peut-être finalement ce qui frappe le plus : au gré d’albums pluriels et presque toujours réussis, pas forcément les siens en premier lieu, du reste, Miam Monster Miam a fini par développer un son à nul autre pareil – reconnaissable quasiment dès la première note. Les références affluent mais Schoos ne sonne jamais que comme lui-même, genre de cousin belge de Burgalat, qui lui aussi serait parvenu à rassembler pléthore de talents autour d’un style et d’une esthétique. On attend chaque nouvelle livraison avec impatience, on a envie de découper les pochettes pour les afficher dans le salon (1), on se repasse les albums jusqu’à plus soif et l’on tente de convertir les copains, bien conscient que nous sommes encore trop peu de fidèles dans cette Église garage, pop et classy. Généralement, c’est à ce moment précis de la réflexion que l’on bondit sur le clavier, et qu’on décide d’aller un peu évangéliser les foules.
Femme plastique, de Miam Monster Miam & Les Loved Drones (2010)
(1) Il faut reconnaître, hélas, que ce très bon Femme plastique est affligé de ce qui est peut-être la pire pochette de toute l’histoire de Freaksville… en même temps nous sommes 2010 : « Pochettes hideuses pour disques virtuels » pourrait être le slogan annuel.
Très sympa, comme d'hab. Mais je préférais quand même Miam en crooner romantique.
RépondreSupprimerClair que la pochette est hideuse. Putain c'est vraiment ça le classement 2010 qu'il fallait faire, pas les meilleurs albums :)
RépondreSupprimertu es fin prêt pour devenir belge, Thomas ;-)!
RépondreSupprimerPas encore écouté mais le titre ci-dessus est particulièrement infâme :) Il n'y aurait pas eu ton texte à côté, j'aurai cru qu'il s'agissait d'une parodie (Il fait exprès pour l'accent Indochine ?). Enfin je tenterai le coup par estime pour toi...
RépondreSupprimerBien évidemment ce commentaire n'est nullement à mettre en corrélation avec le fait que tu ais dit du mal de mon That Summer ce matin :p
La pochette n'est pas si laide pour 2010. Par contre, le titre en vidéo est, comment dire, ..., ... , ..., peu convaincant, voilà, ..., ... , on va dire comme ça. :-)
RépondreSupprimerLil' >>> aaaaah, c'était autre chose, c'est sûr.
RépondreSupprimerAlf >>> franchement quand je lis les commentaires des autres j'ai vraiment envie de demander l'asile.
Ben & Lyle >>> il y a une part de second degré dans ce morceau (et dans tout l'album), c'est assez évident il me semble. Mais peu importe, vous exagérez beaucoup. Ce qui ne m'étonne pas tellement de vous :-)
Vu de Belgique, c'est déjà incroyable que Miam soit connu à plus de 50Km de Liège, mais ça l'est encore plus qu'il fasse l'objet d'un article sérieux, lui qui est le maître du troisième degré !
RépondreSupprimer... à moins que ton article ne soit en fait du quatrième degré ? ;-)
Écoute, je le vois cet aprem, donc je transmettrai :-)
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