The Boy Least Likely To - Pour un Noël choupidou

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Dans ce monde sans cœur, toutes les traditions se perdent les unes après les autres, et celle de l'album de Noël en est une qui a pris bien du plomb dans l'aile. Certes phénomène plus anglo-saxon que français, quel bonheur était-ce, toutefois, que de se noyer dans les Christmas Spirit (Johnny Cash, 1963) et autres A Jolly Christmas from Frank Sinatra (1957). Il y eut bien quelques tentatives ces dernières années, notamment l'excellent EP Christmas, de Low... mais bon, soyons franc, passées la pochette et le premier morceau le contenu n'était pas ni très festif, ni très pieux. Le reste ? De simple singles, valant généralement autant que leur prix de vente. C'est-à-dire rien.

Dans une indifférence à peu près proportionnelle à leur popularité (donc colossale) (l'indifférence, pas la popularité), les sympathiques anglais de The Boy Least Likely To (pléonasme, tout groupe portant le titre d'une chanson du Moz étant par définition sympathiques) tentent de ressusciter un peu de cet esprit sur le dernier album, paru le 30 novembre mais que l'on jurerait calibré pour être chroniqué sur Le Golb un 24 décembre. Bien joué, les mecs ! Je suis tombé dans le panneau et plutôt deux fois qu'une, ce qui n'était certes pas dur lorsqu'on sait que chaque année je passe tout décembre à errer comme une âme en peine jusqu'à trouver ce que je vais publier pour Noël. Pour 2010, ce sera donc un court billet sur cet album carrément choupidou.

Ok, ok : je me doute bien que l'argument de l'album dit choupidou risque de ne pas toucher le plus gros de mon lectorat. En même temps, je ne sais pas vous, mais moi pour Noël, j'ai rarement envie de me taper un Current 93 ou un Suuns. Chacun son truc, hein. Vous avez le droit d'être des mormons dépressifs si cela vous sied. Moi, j'avoue que ce Christmas Special tout pop, tout doux, un peu kitsch parfois... correspond beaucoup mieux à l'idée que je me fais de Noël. Qui est tout de même la période de l'année kitsch par excellence.

Et puis il faut dire qu'au-delà de la mignonneté inhérente à leurs mélodies enveloppées de barbe-à-papa (-noël), les Boys se démerdent plutôt pas mal pour capter l'esprit de Noël - le vrai. C'est-à-dire les sentiments mitigés que l'on peut tous nourrir vis-à-vis d'une fête qui peut aussi souvent s'avérer heureuse que déprimante, où l'on savoure autant la présence de ceux qui restent que l'on pleure ceux qui sont partis. Christmas Special a beau être des plus choupidous, ce n'est pas un album béni-oui-oui, plutôt un ouvrage mélancolique, oscillant entre euphorie et clochettes d'une part, détresse dissimulée derrière de grandes bouchées de dindes de l'autre. Ca ne changera aucune vie, mais ça peut occuper en attendant le Père Noël.

Bon réveillon à tous.

Christmas Special, de The Boy Least Likely To (2010)