samedi 18 décembre 2010

Martina Topley Bird Wishes You a Merry Christmas

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Un jour il faudra bien lancer une révolution culturelle. Un jour il faudra bien se décider à abolir les premières parties. Le concept est inepte (LA star et son page lui déroulant le tapis rouge ? Fuck it !), la programmation souvent absurde, le résultat régulièrement lénifiant. Prenez Holly-Siz : le groupe ouvre ce soir pour la grande Martina Topley Bird ; il y a quelques semaines, c’était pour l’infâme Yodelice. Peut-on imaginer plus improbable grand écart ? Le pire étant que Holly-Siz n’a pas plus de points communs avec la première qu’avec le second, ce qui relève presque de la performance dans la mesure où en revanche, Holly-Siz sonne comme des centaines et des centaines de groupes. C’est simple, le terme « insipide » semble avoir été inventé tout exprès pour ce genre d’artiste, qui n’a à offrir ni identité forte, ni mélodies intéressantes, ni même un chouïa de présence scénique digne de ce nom. C’est vide, creux, ennuyeux, et en plus la nana n’arrête pas de raconter des trucs sans intérêt entre les morceaux. Si l’on ajoute à cela que derrière la voix, le son est une pure et simple bouillie (et il faut le faire, pour avoir un si mauvais au son au Café de la Danse)… on comprendra que nous soyons rapidement sortis fumer une cigarette. La pop-rock de balloches, très peu pour nous.

Il faudra au moins toute la grâce (terme qui n’existe pas dans le vocabulaire de Holly-Siz) de Martina Topley Bird pour corriger cette agaçante entame de soirée. Bonne nouvelle : elle en a revendre, ce qui n’a rien d’une surprise pour quiconque a eu l’occasion d’écouter son adorable dernier opus, lequel semble touché par la Grâce (oui, avec un « G » majuscule) de la première note de "Baby Blue" à la dernière de "Harpsichord Kiss". Allure de ballerine déglinguée, inamovible sourire, voix d’une incroyable pureté… Martina n’est peut-être pas ni la plus grande songwriteuse du monde ni la chanteuse la plus charismatique que l’on puisse voir sur scène en 2010, mais son univers et son charme constituent de solides arguments. Seule en scène, accompagnée comme toujours cette année de son Fergus Gerrand de ninja-percussionniste, elle se lance dans un set intimiste, chaleureux et romantique. Assez similaire dans les faits à celui (déjà fort réussi) de Rock en Seine cet été, l’atmosphère feutrée du Café de la Danse en plus (et l’odeur de merguez-frites en moins, ce que personne ne pourra décemment regretter). Faisant de beaux efforts pour s’adresser au public en français, rareté qui mérite d’être soulignée 1, la jeune femme dénoyaute quelques jolis morceaux de poésie ("Lying", "Snowman"), souhaite un joyeux Noël à tout le monde ou lance au public des ballons (qu’elle avait oubliés dans un premier temps) avec chaque fois cette même simplicité, cette spontanéité et cette gentillesse évidente, qui feraient presque oublier qu’elle a contribué à quelques uns des plus grands albums de tous les temps. L’un d’eux au moins sera d’ailleurs transcendé ce soir : l’essentiel Maxinquaye, évidemment, dont elle interprètera "Overcome" et surtout une version impériale de "Black Steel". Le temps de ces deux titres, on est pris de compassion pour ceux qui se sont ruinés pour aller voir Tricky et sa nouvelle chanteuse massacrer ces mêmes titres dans cette même ville, à deux semaines d’écart. Le génie n’étant plus que l’ombre de lui-même, on peut légitimement supposer qu’il y a toujours tromperie sur la marchandise, ce qui n’est jamais le cas avec cette soul girl à laquelle il doit tant. Et qui nous gratifiera même, à la surprise générale, d’une reprise (très touchante) du "Marlène" de Noir Désir. La Grâce, on vous dit.


1. Par pudeur on ne listera pas les dizaines d’artistes anglo-saxons parlant parfaitement le français et ne faisant pas le moindre effort pour l’utiliser en concert, par pure paresse la plupart du temps.