...
On a oublié de vous dire que cet album était remarquable. En fait, on avait même carrément oublié de l’écouter. Double honte. On triple la mise ? Ok : nous ne connaissions même pas Mary Gauthier. Autant dire que la beauté suffocante d’une chanson comme "Mama Here, Mama Gone" nous rend pour le moins morveux.
Mais après tout, c’est à cela que servent les fins d’années depuis ce jour où quelques patrons de labels, réunis autour d’une table et s’adonnant à un repas rabelaisien, décidèrent que rien de potable ne sortirait plus jamais entre décembre et février. La fin d’année, pour le chroniqueur ? L’occasion ou jamais de sortir des trucs qui avaient fini par prendre la poussière, enfin non – même pas : ils étaient trop bien cachés sous la pile. Ce truc-ci, que l’on pourrait aussi bien nommer très bel album, est en fait sorti depuis mai. Au moment où tant de choses sortaient simultanément qu’il était bien difficile de trouver cinq minutes pour accorder du temps à un énième album de country/folk/americana.
Pourtant il y a dans The Foundling, septième disque de Mary Gauthier, une forme d’élégance, de dignité qui démontre quasiment dès les premières notes que l’on n’est justement pas en face du proverbial énième album de country/folk/americana. On est d’emblée frappé par la qualité de la production et des arrangements, qui ajoutés à un joli sens de la mélodie font de morceaux comme "The Foundling" ou "Slideshow" de véritables pépites.
Album intimiste sur la détresse de l’orphelin, à consommer de préférence en début de soirée (la pochette – très belle, il faut le dire, c’est devenu si rare – n’est pas mensongère), The Foundling renferme aussi quelques belles embardées électriques, impeccablement captées et carrément entraînantes. Ce sera un "Blood Is Blood" que n’aurait pas renié Steve Earle. Ou un "Walk in the Water" tout de tension électrique (on aimerait bien entendre ça sur scène, manque de chance la dame ne semble pas pressée de nous rendre visite). On n’est pas forcément très loin de l’excellente Gillian Welch, quoiqu’on pense le plus souvent à un genre de Lucinda Williams en plus raffinée (sinon tout simplement plus classe). On se demande surtout, parvenu à la remarquable "Another Day Borrowed", ballade lunaire façon Townes Van Zandt catchy, quel malin génie s’est emparé de nous il y a six mois, qui sut nous convaincre de faire passer l’un des plus beaux albums folk de l’année en-dessous de la pile. De piteuses excuses viennent à l’esprit : surmenage, produits stupéfiants en tout genre (il faut bien ça pour survivre au rythme effréné de la vie de chroniqueur), mauvaise humeur passagère manquant d’être fatale. Il faut reconnaître que parmi les quelques vingt disques qu’on a exhumés pour célébrer le mois décembre, celui-ci était quasiment le seul digne d’intérêt. On ne regrette cependant pas une seconde d’avoir perdu du temps à écouter tous les autres, si c’était pour finir par tomber sur une merveille comme "March 11, 1962", chanson fulgurante rivalisant avec les plus grands noms de la folk. « Hello, this is Mary / March 11, 1962 / It took me five hundred dollars / And forty years to find you ».
On espère ne pas mettre aussi longtemps pour la retrouver, elle.
The Foundling, de Mary Gauthier (2010)
On a oublié de vous dire que cet album était remarquable. En fait, on avait même carrément oublié de l’écouter. Double honte. On triple la mise ? Ok : nous ne connaissions même pas Mary Gauthier. Autant dire que la beauté suffocante d’une chanson comme "Mama Here, Mama Gone" nous rend pour le moins morveux.
Mais après tout, c’est à cela que servent les fins d’années depuis ce jour où quelques patrons de labels, réunis autour d’une table et s’adonnant à un repas rabelaisien, décidèrent que rien de potable ne sortirait plus jamais entre décembre et février. La fin d’année, pour le chroniqueur ? L’occasion ou jamais de sortir des trucs qui avaient fini par prendre la poussière, enfin non – même pas : ils étaient trop bien cachés sous la pile. Ce truc-ci, que l’on pourrait aussi bien nommer très bel album, est en fait sorti depuis mai. Au moment où tant de choses sortaient simultanément qu’il était bien difficile de trouver cinq minutes pour accorder du temps à un énième album de country/folk/americana.
Pourtant il y a dans The Foundling, septième disque de Mary Gauthier, une forme d’élégance, de dignité qui démontre quasiment dès les premières notes que l’on n’est justement pas en face du proverbial énième album de country/folk/americana. On est d’emblée frappé par la qualité de la production et des arrangements, qui ajoutés à un joli sens de la mélodie font de morceaux comme "The Foundling" ou "Slideshow" de véritables pépites.
Album intimiste sur la détresse de l’orphelin, à consommer de préférence en début de soirée (la pochette – très belle, il faut le dire, c’est devenu si rare – n’est pas mensongère), The Foundling renferme aussi quelques belles embardées électriques, impeccablement captées et carrément entraînantes. Ce sera un "Blood Is Blood" que n’aurait pas renié Steve Earle. Ou un "Walk in the Water" tout de tension électrique (on aimerait bien entendre ça sur scène, manque de chance la dame ne semble pas pressée de nous rendre visite). On n’est pas forcément très loin de l’excellente Gillian Welch, quoiqu’on pense le plus souvent à un genre de Lucinda Williams en plus raffinée (sinon tout simplement plus classe). On se demande surtout, parvenu à la remarquable "Another Day Borrowed", ballade lunaire façon Townes Van Zandt catchy, quel malin génie s’est emparé de nous il y a six mois, qui sut nous convaincre de faire passer l’un des plus beaux albums folk de l’année en-dessous de la pile. De piteuses excuses viennent à l’esprit : surmenage, produits stupéfiants en tout genre (il faut bien ça pour survivre au rythme effréné de la vie de chroniqueur), mauvaise humeur passagère manquant d’être fatale. Il faut reconnaître que parmi les quelques vingt disques qu’on a exhumés pour célébrer le mois décembre, celui-ci était quasiment le seul digne d’intérêt. On ne regrette cependant pas une seconde d’avoir perdu du temps à écouter tous les autres, si c’était pour finir par tomber sur une merveille comme "March 11, 1962", chanson fulgurante rivalisant avec les plus grands noms de la folk. « Hello, this is Mary / March 11, 1962 / It took me five hundred dollars / And forty years to find you ».
On espère ne pas mettre aussi longtemps pour la retrouver, elle.
The Foundling, de Mary Gauthier (2010)
Très bon en effet. Je ne connaissais pas du tout.
RépondreSupprimerLa fin d’année, pour le chroniqueur ? L’occasion ou jamais de partir loin et de se désintoxiquer quelques jours de la musique...
RépondreSupprimerDu coup j'ai pas écouté :)
^^
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